jeudi 7 juin 2018

Déshinibez vous...

"Ce manque de sang et ce manque de caractère, cette lacune physiologique et cette lacune de l’âme prennent leur force en ceci, qu’ils se sentent justifiés par une certaine morale, qui est presque la morale officielle qu’on inculque au peuple français depuis longtemps. Celui qui, victime d’un tort grave, répond par des voies de fait, sait qu’il sera traité d’énergumène. Celui qui n’accepte pas qu’on lui manque sait qu’il aura l’opinion contre lui. Et c’est la peur du blâme qui le fait se tenir coi, autant sinon plus que la peur des coups. (…) Le mot d’ordre : « Pas d’histoires ! » ; la maladie nationale : l’inhibition. Depuis près d’un siècle, depuis vingt ans plus encore, on injecte à notre peuple une morale où tout ce qui est résistant est appelé « tendu », où ce qui est fier est appelé « hautain », où l’indignation est appelée « mauvais caractère », où le juste dégoût est appelé « agressivité », où la clairvoyance est appelée « méchanceté », où l’expression de ce qui est est appelée « inconvenance » ; où tout homme qui se tient à des principes, et dit non, est décrété « impossible » ; où tout homme qui sort du conformisme est marqué (comme on dit dans le langage du sport) ; où la morale se réduit presque uniquement à être « bon », que dis-je, à être « gentil », à être aimable, à être facile ; où la critique se réduit à chercher si on est moral, et moral de cette morale-là."

Comme disait Jean-Pierre Voyer, ne peut être décemment et noblement qualifié de gentil que celui qui a prouvé qu’il pouvait être, sinon méchant, du moins courageux. Sans cela, gentil n’a rien d’un compliment. 


La suite demain j’espère !