dimanche 18 juin 2006

Ben Laden est beau, mais ne sert plus à rien.

Je lisais hier, dans une intéressante interview de Carl Lewis publiée par L'équipe-Magazine, que 50% des nouveaux-nés "Afro-américains" étaient diabétiques et sujets à l'obésité. La majorité de leur famille n'ayant pas de couverture médicale, ce n'est pas demain la veille qu'ils seront soignés. Une belle arme de destruction massive utilisée contre son propre peuple, et qui, parmi d'autres indices (la mortalité infantile si l'on suit Emmanuel Todd) augure mal de l'avenir de l'"hyperpuissance" américaine. Ces gens-là ont activé avec enthousiasme leur décadence au moment même où ils commencent à clamer qu'ils sont un empire, chapeau. Un suicide de masse par la graisse et le sucre, plus subtil et lent que Waco, nettement plus meurtrier que le 11 septembre ! Un génocide tranquillement et juteusement perpétré contre soi-même, Hiroshima à domicile, durant des dizaines d'années ! (Il y a quelque chose de pourri dans le sang des nègres en ce moment, saturé de sucre aux Etats-Unis, sidéen en Afrique, parfois gangrené d'opportunisme en France, que l'esprit de Lumumba vaudouise Louis-Georges Tin et Serge Bilé). Pendant ce temps une bonne partie des 50% restant vont accomplir les sales besognes de l'Oncle Sam en Irak, pendant ce temps les Etats-Unis veulent empêcher des hispaniques en bonne santé de diminuer un peu, même temporairement, le poids moyen de leurs citoyens - et l'on prétend qu'il n'y a pas de quoi rire de nos jours. Tutto nel monde è burla, le monde entier est bouffonnerie, clamait, non pas un obèse, mais un admirable gros, Sir John Falstaff. - Il faudra un jour faire l'histoire de notre civilisation, qui réussit l'exploit unique de nous faire chier (même pas sainement, d'ailleurs, la preuve) tous les jours sous les injonctions hygiéniques tout en produisant plus d'obèses qu'aucune autre avant elle, du point de vue des gros, les vrais, les beaux, fictifs ou réels, Pantagruel, Händel, Balzac, Falstaff, Henri Langlois...

Je suis déjà trop vieux pour espérer voir ça un jour, mais une part de moi se réjouit à l'idée que le pays du Dieu Argent (et du jazz, et du polar, et de Faulkner, et de l'Hollywood des années 50, je sais...) va peu à peu étouffer dans ses propres sécrétions. Il est triste évidemment que ce processus démarre par l'élite de la nation alors que le WASP a encore quelques belles années à vivre et à folâtrer dans son agressif ennui, mais c'est ainsi, comme disent les Chinois qui pendant ce temps-là se frottent les mains, le poisson pourrit par la tête.





(Un peu de Nietzsche pour prolonger ce propos :

"Fi ! avoir un prix auquel on cesse d'être une personne pour devenir un rouage ! Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu'à produire le plus possible et à s'enrichir le plus possible ? Votre tâche serait de leur présenter l'addition négative : quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure ! (...) Voilà l'état d'esprit qu'il conviendrait d'avoir : les ouvriers, en Europe, devraient déclarer désormais qu'ils sont une impossibilité humaine en tant que classe, au lieu de se déclarer seulement, comme il arrive d'habitude, les victimes d'un système dur et mal organisé ; ils devraient susciter dans la ruche européenne un âge de grand essaimage, tel qu'on n'en a encore jamais vu, et protester par cet acte de nomadisme de grand style [Ben Laden !] contre la machine, le capital et l'alternative qui les place aujourd'hui : devoir choisir entre être esclave de l'Etat [ - i.e. de l'argent] ou esclave d'un parti révolutionnaire [ - i.e. de la misère, donc encore de l'argent]." (Aurore, §200)

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