Gauchet (presque) baudelairien.
Allez, chauffe Marcel !
"L'expansion du modèle du marché, y compris et surtout au-delà de la sphère des relations marchandes proprement dites, est rendue possible par la cohésion sous-jacente qu'assure l'Etat. Idéologiquement, celui-ci est sur la défensive, on dénonce son inefficacité et son autorité abusive ; il n'empêche que c'est lui qui permet au marché d'élargir son entreprise. Les acteurs l'ont d'ailleurs confusément compris : ils réclament à l'Etat davantage de marché. Ils lui demandent de garantir davantage de liberté de rapports entre eux grâce à une prise en charge encore plus systématique de leur espace de coexistence. A lui de fournir le cadre, à nous de mettre le contenu, dans l'ajustement sans contrainte des offres et des demandes. Il n'y a pas de limites à cette confiance investie dans le pouvoir d'organisation et de contrôle de la puissance publique. Pourquoi pas le droit du consommateur à une drogue certifiée pure et sans danger par des organismes dûment subventionnés ? Cette confiance n'a d'égale que la défiance à l'égard des intrusions de l'Etat dans ce qui ne le regarde pas. Les Pères fondateurs de la pensée libérale n'avaient pas songé à cette alliance insolite des revendications d'une liberté totale et d'une surveillance pointilleuse ! C'est l'ambiguïté actuelle de la crise de la politique. Autant il est vrai que l'Etat est descendu de son piédestal, qu'on n'attend plus des gouvernements qu'ils indiquent l'avenir et qu'ils pilotent le devenir, autant il est faux qu'on ne leur demande plus rien. Jamais au contraire on n'a autant compté sur eux. La demande multiforme de sécurité qui monte de partout dans nos sociétés est éloquente à cet égard ; on n'a plus besoin de l'autorité publique pour tracer la voie, gouverner les esprits et mener le troupeau collectif ; elle est irremplaçable, en revanche, pour constituer le cadre collectif à l'intérieur duquel peut s'épanouir le marché des libertés privées.
Il faut sortir des dichotnomies naïves : la vérité est que l'Etat a produit le marché. La grande inflexion des années 1970, l'émancipation des sociétés civiles et de la sphère des relations individuelles, est le résultat de l'action en profondeur de l'Etat d'organisation, de planification et de régulation surgi des deux guerres mondiales. Le phénomène s'est présenté sous deux faces, une face positive et une face négative, et c'est ce qui a brouillé ses racines. Ce qu'on a surtout vu et retenu, c'est la critique des dysfonctionnements de cet Etat grandi trop vite et dont la croissance a été mal maîtrisée. L'arbre a caché la forêt. Car le principal du mouvement a consisté bien moins dans le recul de l'Etat que dans l'exploitation des ressources qu'il avait créées.
Mais le plus important est de reconnaître à cette montée en puissance de l'Etat d'infrastructure sa véritable portée. Elle représente la substitution d'une unité produite par le politique à l'unité produite par la religion."
- Peut-être analyserons-nous un jour les développements, contestables, qui suivent cette citation (où je me suis d'ailleurs forcé pour ne pas rajouter des guillemets à des mots comme "liberté", "émancipation", etc., mais passons.) Ce n'est pas l'objectif du jour. Reprenons quelques pages plus loin :
"Le constat de dépolitisation ne suffit pas. Si l'éloignement des citoyens vis-à-vis de la chose publique est une donnée patente, la situation comporte un autre versant : la politique est assiégée, simultanément, par une énorme demande. La vérité est que nous lui demandons tout. Le petit entrepreneur de Birmingham en 1850 ou le pionnier de l'Ouest américain n'attendaient pas grand-chose de la politique et espéraient bien se débrouiller seuls. Ces figures héroïques d'une autre âge font ressortir le contraste : tout le monde aujourd'hui a quelque chose à demander à la politique, à commencer par la reconnaissance d'une existence ressentie comme tellement précaire qu'elle appelle une certification publique. La demande de sécurité, qui est si profonde au sein de notre monde, me semble typique du sentiment de vulnérabilité qui hante les individus et de l'attente qu'ils investissent sur la collectivité. Mais la collectivité, où est-elle ? Qu'elle est-elle ? Ses traits sont brouillés. Elle est récusée dès lors qu'elle se présente comme une appartenance contraignante. Cela ne l'empêche pas d'être intensément sollicitée. On se trouve devant des individus qui voudraient tenir tout seuls, exister par eux-mêmes, ne pas appartenir, et qui en sont en réalité à demander l'assurance d'exister à cette entité insaisissable.
Cette ambivalence est au coeur du malaise politique des démocraties. Les populations ne se sentent pas exprimées par leurs représentants. Les gouvernés se plaignent de l'éloignement et de l'indifférence des gouvernants vis-à-vis de leurs préoccupations. Jamais ceux-ci, en réalité, n'ont été si proches de leurs électeurs, jamais ils ne se sont autant tracassés de leurs opinions et de leurs attentes. Mais cette proximité effective est impuissante contre la perception de la distance. L'étrangeté ne tient pas à l'ignorance des gouvernants, mais au fait que le ressort du pouvoir collectif échappe aux citoyens. Le plan où s'effectue l'agrégation globale des activités collectives est impensable pour les acteurs sociaux [quel charabia]. Ceux qui le représentent sont d'ailleurs, quoi qu'ils fassent et disent. L'extériorité qui leur est attribuée est celle d'une communauté politique dont on ne sait plus se reconnaître membre, tout en attendant qu'elle reconnaisse votre identité. Ce mélange de demande sans limite et de protestation résignée témoigne d'une perturbation majeure de l'articulation entre l'individuel et son collectif. Le citoyen ne parvient plus à s'ajuster au corps politique. Socialisation et individualisation n'ont jamais été aussi corrélatives, et cependant elles se disjoignent."
(La condition historique, 2003, "Folio", pp. 389-91 et 427-28.)
Dans ces dernières formulations M. Gauchet reste prudent et quelque peu flou - c'est "corrélatif" ou c'est "cependant" ? Est-ce que ce n'est pas "cependant" justement parce que c'est "corrélatif" ? Une telle forme de demande de socialisation n'est-elle pas vouée à être déçue ? L'individu moderne est un enfant gâté et à ce titre mérite des baffes, ce qui peut d'ailleurs lui redonner un sentiment de réalité (cf. la coda ci-dessous) - en même temps on ne peut nier qu'il soit seul, et que cela est, d'abord et fondamentalement, triste.
A part ça, on me souffle qu'il y a eu, pour l'élection à venir, deux fois plus de sondages qu'il y a cinq ans. Cela n'est guère étonnant si l'on repense à tous ces titres de journaux qui depuis des mois commentent les sondages que lesdits journaux ont commandés, parfois en lieu et place de la présentation des programmes sur lequels les sondés (honni soit...) sont justement supposés avoir un avis (et, comme on dit, un avis, à l'instar de certain orifice, tout le monde en a un). Cela l'est plus si l'on pense aux brillants résultats obtenus pas les sondeurs (honni soit...) en 2002 et 2005. L'inconséquence, cet "habitus moderne", comme disait le vieux Bouveresse ("On peut craindre qu’il n’y ait malheureusement rien à quoi l’homme d’aujourd’hui s’habitue aussi facilement et qui finisse par lui sembler aussi naturel que l’inconséquence. Penser d’une façon et agir d’une autre peut malheureusement devenir un habitus et même constituer l’habitus moderne par excellence.") - ach, finissons comme nous avons commencé, par un hommage aux Charlots : "Je dis n'importe quoi, je fais tout ce qu'on me dit..."
J'ai découvert ces lignes hier, elles sont trop en rapport avec ce qui précède pour que je m'abstienne de les citer :
"Ce n'est même pas parce qu'il s'est aperçu de la puérilité des fomentations du cercle Petrachevski auquel il a participé (si peu) que [Dostoievski] devient un fan du Tsar, au point de passer pour un avili, lèche-cul, conservateur, réac, super-facho, etc., mais parce qu'il fallait bien remercier l'autorité de l'avoir remis sur la bonne voie de la compréhension de soi et des autres, qu'il a découverte dans La Maison des morts. Grâce au Tsar, il a accédé au salut et à la jouissance car punir sauve, et pardonner fait jouir : la plupart des hommes inversent les verbes ! Dostoïevski adule dans la loi, ce qu'elle punit inconsciemment de médiocrement mauvais ou de banalement rebelle chez l'homme. Ce que lui a fait comprendre la Sibérie sur lui-même est inestimable par rapport à ce qu'il pouvait, dans sa vanité, s'imaginer changer du pays. Voilà pourquoi il est si sévère à son tour contre les velléitaires idéalistes qui, sous couvert d'altruisme humanitaire, ne croient au fond qu'à l'idée qu'ils se font de la réalité d'autrui, ce qui leur permet à bon compte de fuir leur vérité personnelle. En gros, rien ne vaut une gifle pour vous faire comprendre que vous avez une joue. La volonté, de la part des socialistes, avec toute la fausse religiosité que cela comporte, de supprimer la souffrance des hommes, est peut-être le fléau principal que Dostoïevski voulait combattre. Qui peut prétendre s'attaquer à la souffrance ? En tant qu'"excès de liberté individuelle" (Powys), elle est sacrée."
(Préface de M.-E. Nabe au Dostoïevski de J. C. Powys, Bartillat, 2000, pp. 15-16.)
Allez, un dernier cadeau pour tous les esclaves salariés !
- Ce que vous faites ici-bas / Un jour Dieu vous le rendra...
"L'expansion du modèle du marché, y compris et surtout au-delà de la sphère des relations marchandes proprement dites, est rendue possible par la cohésion sous-jacente qu'assure l'Etat. Idéologiquement, celui-ci est sur la défensive, on dénonce son inefficacité et son autorité abusive ; il n'empêche que c'est lui qui permet au marché d'élargir son entreprise. Les acteurs l'ont d'ailleurs confusément compris : ils réclament à l'Etat davantage de marché. Ils lui demandent de garantir davantage de liberté de rapports entre eux grâce à une prise en charge encore plus systématique de leur espace de coexistence. A lui de fournir le cadre, à nous de mettre le contenu, dans l'ajustement sans contrainte des offres et des demandes. Il n'y a pas de limites à cette confiance investie dans le pouvoir d'organisation et de contrôle de la puissance publique. Pourquoi pas le droit du consommateur à une drogue certifiée pure et sans danger par des organismes dûment subventionnés ? Cette confiance n'a d'égale que la défiance à l'égard des intrusions de l'Etat dans ce qui ne le regarde pas. Les Pères fondateurs de la pensée libérale n'avaient pas songé à cette alliance insolite des revendications d'une liberté totale et d'une surveillance pointilleuse ! C'est l'ambiguïté actuelle de la crise de la politique. Autant il est vrai que l'Etat est descendu de son piédestal, qu'on n'attend plus des gouvernements qu'ils indiquent l'avenir et qu'ils pilotent le devenir, autant il est faux qu'on ne leur demande plus rien. Jamais au contraire on n'a autant compté sur eux. La demande multiforme de sécurité qui monte de partout dans nos sociétés est éloquente à cet égard ; on n'a plus besoin de l'autorité publique pour tracer la voie, gouverner les esprits et mener le troupeau collectif ; elle est irremplaçable, en revanche, pour constituer le cadre collectif à l'intérieur duquel peut s'épanouir le marché des libertés privées.
Il faut sortir des dichotnomies naïves : la vérité est que l'Etat a produit le marché. La grande inflexion des années 1970, l'émancipation des sociétés civiles et de la sphère des relations individuelles, est le résultat de l'action en profondeur de l'Etat d'organisation, de planification et de régulation surgi des deux guerres mondiales. Le phénomène s'est présenté sous deux faces, une face positive et une face négative, et c'est ce qui a brouillé ses racines. Ce qu'on a surtout vu et retenu, c'est la critique des dysfonctionnements de cet Etat grandi trop vite et dont la croissance a été mal maîtrisée. L'arbre a caché la forêt. Car le principal du mouvement a consisté bien moins dans le recul de l'Etat que dans l'exploitation des ressources qu'il avait créées.
Mais le plus important est de reconnaître à cette montée en puissance de l'Etat d'infrastructure sa véritable portée. Elle représente la substitution d'une unité produite par le politique à l'unité produite par la religion."
- Peut-être analyserons-nous un jour les développements, contestables, qui suivent cette citation (où je me suis d'ailleurs forcé pour ne pas rajouter des guillemets à des mots comme "liberté", "émancipation", etc., mais passons.) Ce n'est pas l'objectif du jour. Reprenons quelques pages plus loin :
"Le constat de dépolitisation ne suffit pas. Si l'éloignement des citoyens vis-à-vis de la chose publique est une donnée patente, la situation comporte un autre versant : la politique est assiégée, simultanément, par une énorme demande. La vérité est que nous lui demandons tout. Le petit entrepreneur de Birmingham en 1850 ou le pionnier de l'Ouest américain n'attendaient pas grand-chose de la politique et espéraient bien se débrouiller seuls. Ces figures héroïques d'une autre âge font ressortir le contraste : tout le monde aujourd'hui a quelque chose à demander à la politique, à commencer par la reconnaissance d'une existence ressentie comme tellement précaire qu'elle appelle une certification publique. La demande de sécurité, qui est si profonde au sein de notre monde, me semble typique du sentiment de vulnérabilité qui hante les individus et de l'attente qu'ils investissent sur la collectivité. Mais la collectivité, où est-elle ? Qu'elle est-elle ? Ses traits sont brouillés. Elle est récusée dès lors qu'elle se présente comme une appartenance contraignante. Cela ne l'empêche pas d'être intensément sollicitée. On se trouve devant des individus qui voudraient tenir tout seuls, exister par eux-mêmes, ne pas appartenir, et qui en sont en réalité à demander l'assurance d'exister à cette entité insaisissable.
Cette ambivalence est au coeur du malaise politique des démocraties. Les populations ne se sentent pas exprimées par leurs représentants. Les gouvernés se plaignent de l'éloignement et de l'indifférence des gouvernants vis-à-vis de leurs préoccupations. Jamais ceux-ci, en réalité, n'ont été si proches de leurs électeurs, jamais ils ne se sont autant tracassés de leurs opinions et de leurs attentes. Mais cette proximité effective est impuissante contre la perception de la distance. L'étrangeté ne tient pas à l'ignorance des gouvernants, mais au fait que le ressort du pouvoir collectif échappe aux citoyens. Le plan où s'effectue l'agrégation globale des activités collectives est impensable pour les acteurs sociaux [quel charabia]. Ceux qui le représentent sont d'ailleurs, quoi qu'ils fassent et disent. L'extériorité qui leur est attribuée est celle d'une communauté politique dont on ne sait plus se reconnaître membre, tout en attendant qu'elle reconnaisse votre identité. Ce mélange de demande sans limite et de protestation résignée témoigne d'une perturbation majeure de l'articulation entre l'individuel et son collectif. Le citoyen ne parvient plus à s'ajuster au corps politique. Socialisation et individualisation n'ont jamais été aussi corrélatives, et cependant elles se disjoignent."
(La condition historique, 2003, "Folio", pp. 389-91 et 427-28.)
Dans ces dernières formulations M. Gauchet reste prudent et quelque peu flou - c'est "corrélatif" ou c'est "cependant" ? Est-ce que ce n'est pas "cependant" justement parce que c'est "corrélatif" ? Une telle forme de demande de socialisation n'est-elle pas vouée à être déçue ? L'individu moderne est un enfant gâté et à ce titre mérite des baffes, ce qui peut d'ailleurs lui redonner un sentiment de réalité (cf. la coda ci-dessous) - en même temps on ne peut nier qu'il soit seul, et que cela est, d'abord et fondamentalement, triste.
A part ça, on me souffle qu'il y a eu, pour l'élection à venir, deux fois plus de sondages qu'il y a cinq ans. Cela n'est guère étonnant si l'on repense à tous ces titres de journaux qui depuis des mois commentent les sondages que lesdits journaux ont commandés, parfois en lieu et place de la présentation des programmes sur lequels les sondés (honni soit...) sont justement supposés avoir un avis (et, comme on dit, un avis, à l'instar de certain orifice, tout le monde en a un). Cela l'est plus si l'on pense aux brillants résultats obtenus pas les sondeurs (honni soit...) en 2002 et 2005. L'inconséquence, cet "habitus moderne", comme disait le vieux Bouveresse ("On peut craindre qu’il n’y ait malheureusement rien à quoi l’homme d’aujourd’hui s’habitue aussi facilement et qui finisse par lui sembler aussi naturel que l’inconséquence. Penser d’une façon et agir d’une autre peut malheureusement devenir un habitus et même constituer l’habitus moderne par excellence.") - ach, finissons comme nous avons commencé, par un hommage aux Charlots : "Je dis n'importe quoi, je fais tout ce qu'on me dit..."
J'ai découvert ces lignes hier, elles sont trop en rapport avec ce qui précède pour que je m'abstienne de les citer :
"Ce n'est même pas parce qu'il s'est aperçu de la puérilité des fomentations du cercle Petrachevski auquel il a participé (si peu) que [Dostoievski] devient un fan du Tsar, au point de passer pour un avili, lèche-cul, conservateur, réac, super-facho, etc., mais parce qu'il fallait bien remercier l'autorité de l'avoir remis sur la bonne voie de la compréhension de soi et des autres, qu'il a découverte dans La Maison des morts. Grâce au Tsar, il a accédé au salut et à la jouissance car punir sauve, et pardonner fait jouir : la plupart des hommes inversent les verbes ! Dostoïevski adule dans la loi, ce qu'elle punit inconsciemment de médiocrement mauvais ou de banalement rebelle chez l'homme. Ce que lui a fait comprendre la Sibérie sur lui-même est inestimable par rapport à ce qu'il pouvait, dans sa vanité, s'imaginer changer du pays. Voilà pourquoi il est si sévère à son tour contre les velléitaires idéalistes qui, sous couvert d'altruisme humanitaire, ne croient au fond qu'à l'idée qu'ils se font de la réalité d'autrui, ce qui leur permet à bon compte de fuir leur vérité personnelle. En gros, rien ne vaut une gifle pour vous faire comprendre que vous avez une joue. La volonté, de la part des socialistes, avec toute la fausse religiosité que cela comporte, de supprimer la souffrance des hommes, est peut-être le fléau principal que Dostoïevski voulait combattre. Qui peut prétendre s'attaquer à la souffrance ? En tant qu'"excès de liberté individuelle" (Powys), elle est sacrée."
(Préface de M.-E. Nabe au Dostoïevski de J. C. Powys, Bartillat, 2000, pp. 15-16.)
Allez, un dernier cadeau pour tous les esclaves salariés !
- Ce que vous faites ici-bas / Un jour Dieu vous le rendra...
Libellés : Baudelaire, Bouveresse, démocratie, Dostoievski, Gauchet, Les Charlots, Muray, Nabe, Powys, Voyer
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