Sacrés droitards...
Quelques mois à peine après l'avoir commencé, j'ai fini le Maurras de P. Boutang, qui sans doute n'a pas fini de nous accompagner. Avant d'oublier, je voulais juste (vous signaler que j'étais encore de ce monde, et) noter « noir sur blanc » et devant témoins que pour un livre qui se vante fréquemment de son courage théorique, c'est-à-dire de sa volonté d'assumer jusqu'au bout les conséquences de ces idées - principe ô combien louable -, il est un peu étonnant de ne pas mentionner, hors une vague allusion à la volonté de lutter contre le communisme, la guerre d'Espagne et les positions alors prises par Maurras, notamment, si je puis me permettre, dans son livre Vers l'Espagne de Franco (1942), dont l'existence même n'est, sauf erreur de ma part, pas évoquée.
Pas un mot précis sur la polémique avec Bernanos à ce sujet, mais seulement le regret que le chef de l'Action française n'ait pas mieux su utiliser les compétences de quelqu'un de cette ampleur. Il y avait pourtant de quoi faire, tant les positions de Maurras sur le franquisme, comme d'ailleurs sur le fascisme italien, méritent l'étude. Où finissent les soucis d'ordre, d'organisation, de perpétuation de la nation, où commencent l'injustice, la répression excessive, voire la férocité, c'est bien un des points cruciaux d'une doctrine comme celle du « nationalisme intégral ». De même, en lisant Mes idées politiques, que Maurras conçut justement en 1937, aimerait-on que l'auteur fasse plus précisément la part entre l'acceptation d'une forme d'injustice inévitable dans la société et ce qui pourrait devenir vite de l'insouciance ou du cynisme à l'égard de toute inégalité. La confrontation des écrits de Maurras avec Les grands cimetières aurait fourni, sur l'exemple certes fort complexe mais au moins concret de la guerre d'Espagne, un champ d'étude certainement fécond. Tant pis, Pierrot s'est un peu déballonné sur le coup... Le pire étant, j'exagère certes un peu, que l'on en vient presque à se demander ce qui aurait tellement gêné Maurras dans le nazisme si sa haine profonde de l'« Allemagne éternelle » - que certes je ne lui reproche pas -, n'avait pas joué alors son rôle.
(A pragmatique, pragmatique et demi...)
- Ce que je regrette d'autant plus qu'en parcourant un autre livre de Maurras, je tombe, en ouverture, sur cette sentence remarquable :
"Cet antipatriotisme sauvage respire encore, continue de propager les mêmes vanités, dans l'espoir de surprendre l'innocence et l'irréflexion par un assortiment d'idées qu'il vante comme généreuses.
Il n'y a pas d'idées généreuses. L'idée est vraie ou fausse. La libéralité ou la parcimonie sont affaire de coeur. Mais le coeur humain, s'il est animé d'une véritable bonté, comporte d'abord le désir de voir les choses ou les gens tels qu'ils sont. De la lumière même froide vaut mieux que les fausses couleurs qui menèrent toujours aux massacres." (C. Maurras, Au signe du Flore, Les oeuvres représentatives, 1931, pp. XI-XII.)
J'ai laissé l'allusion à l'antipatriotisme pour vous donner une idée du contexte, mais vous êtes bien sûr libres de généraliser cette sentence à toute « idée généreuse » de votre choix, croisade contre le communisme comprise...
Ce n'est pas vraiment un contrepoint à ce qui précède, mais ce n'est pas non plus sans rapport. Suite à un commentaire que j'ai laissé récemment chez M. Cinéma, j'ai repensé à la magnifique adaptation de Villon par Léo. La voici sans autre commentaire.
Merci !
Pas un mot précis sur la polémique avec Bernanos à ce sujet, mais seulement le regret que le chef de l'Action française n'ait pas mieux su utiliser les compétences de quelqu'un de cette ampleur. Il y avait pourtant de quoi faire, tant les positions de Maurras sur le franquisme, comme d'ailleurs sur le fascisme italien, méritent l'étude. Où finissent les soucis d'ordre, d'organisation, de perpétuation de la nation, où commencent l'injustice, la répression excessive, voire la férocité, c'est bien un des points cruciaux d'une doctrine comme celle du « nationalisme intégral ». De même, en lisant Mes idées politiques, que Maurras conçut justement en 1937, aimerait-on que l'auteur fasse plus précisément la part entre l'acceptation d'une forme d'injustice inévitable dans la société et ce qui pourrait devenir vite de l'insouciance ou du cynisme à l'égard de toute inégalité. La confrontation des écrits de Maurras avec Les grands cimetières aurait fourni, sur l'exemple certes fort complexe mais au moins concret de la guerre d'Espagne, un champ d'étude certainement fécond. Tant pis, Pierrot s'est un peu déballonné sur le coup... Le pire étant, j'exagère certes un peu, que l'on en vient presque à se demander ce qui aurait tellement gêné Maurras dans le nazisme si sa haine profonde de l'« Allemagne éternelle » - que certes je ne lui reproche pas -, n'avait pas joué alors son rôle.
(A pragmatique, pragmatique et demi...)
- Ce que je regrette d'autant plus qu'en parcourant un autre livre de Maurras, je tombe, en ouverture, sur cette sentence remarquable :
"Cet antipatriotisme sauvage respire encore, continue de propager les mêmes vanités, dans l'espoir de surprendre l'innocence et l'irréflexion par un assortiment d'idées qu'il vante comme généreuses.
Il n'y a pas d'idées généreuses. L'idée est vraie ou fausse. La libéralité ou la parcimonie sont affaire de coeur. Mais le coeur humain, s'il est animé d'une véritable bonté, comporte d'abord le désir de voir les choses ou les gens tels qu'ils sont. De la lumière même froide vaut mieux que les fausses couleurs qui menèrent toujours aux massacres." (C. Maurras, Au signe du Flore, Les oeuvres représentatives, 1931, pp. XI-XII.)
J'ai laissé l'allusion à l'antipatriotisme pour vous donner une idée du contexte, mais vous êtes bien sûr libres de généraliser cette sentence à toute « idée généreuse » de votre choix, croisade contre le communisme comprise...
Ce n'est pas vraiment un contrepoint à ce qui précède, mais ce n'est pas non plus sans rapport. Suite à un commentaire que j'ai laissé récemment chez M. Cinéma, j'ai repensé à la magnifique adaptation de Villon par Léo. La voici sans autre commentaire.
Merci !
Libellés : Bernanos, Boutang, Ferré, Maubreuil, Maurras, Villon
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