"Les défaillances et les triomphes..." - Ma bite dans mon cul. - A bas les Boches ! Vive les Juifs ! Vive les pédés !
Le premier jet de ce texte date d'il y a trois semaines. Pour des raisons diverses et qui ne lui sont pas toutes liées, j'ai eu un peu de mal à l'achever. Je lui garde son aspect bigarré et daté.
"Le supplice du pal / Qui commence si bien / Et finit si mal…" (V. Hugo)
Quelques remarques de rentrée des classes et des artistes, en attendant mieux j'espère :
- "L'avenir de l'Allemagne, pour nous", déclare de Gaulle [en 1949], "ce n'est pas le Reich. C'est une Allemagne reconstruite à partir des États allemands. Bien entendu, nous ne voyons aucun inconvénient à une fédération de ces États, dans laquelle chacun jouira de ses droits naguère écrasés par le Reich.
On peut et on doit refaire une Bavière, un Wurtemberg, une Rhénanie, un Palatinat, une Whestphalie, des Hesse, etc… Il faut organiser les morceaux d'Allemagne. (…)
Si l'on persiste, on va manquer une occasion historique de ramener le peuple allemand dans le giron des peuples de l'Europe. Du même coup, on va manquer l'occasion, peut-être la dernière, de faire l'Europe. Que peut être l'Europe en pratique ? Ou bien ce sera un accord entre le peuple français et le peuple allemand, ou bien ce ne sera rien. Or, il n'y aura pas d'accord, même si on écrit le contraire sur des papiers, si l'Allemagne, sous une forme ou une autre, redevient un Reich. Je dis que dans ce cas il n'y aura jamais d'accord entre nos deux peuples." (cité par J.-R. Tournoux, La tragédie du Général, Plon, 1967, pp. 70-71.)
Le Reich a changé de nom, s'appelle maintenant « l'Allemagne réunifiée », prosit !, et il n'y a à l'heure actuelle aucun accord entre les peuples français et allemand. De Gaulle voulait éviter la résurgence de l'« impérialisme germanique », le voilà en plein renouveau ces dernières années, sous une forme certes différente de l'époque de Guillaume II ou de tonton Adolf. Il n'est pas inutile - intellectuellement parlant, car dans la pratique le mal est fait, merci Tonton tout court -, de constater à quel point ce fut le bordel en Europe depuis que l'Allemagne a été unifiée. Guerres extrêmement meurtrières en série jusqu'en 1945, un petit holocauste au passage, et maintenant la guerre économique, plus soft, pour l'instant, mais bien réelle. Sans doute y a-t-il eu des spécialistes de géopolitique pour traiter cette question : on a le sentiment que l'Allemagne unifiée est, tout simplement, trop grande pour l'Europe. On me parlera des guerres napoléoniennes et du bordel qu'elles ont mis en Europe, mais, sans angélisme à l'égard de notre politique extérieure, elles ne furent qu'une exception, ne revêtent pas le caractère structurel qu'il me semble déceler dans le poids excessif de la grande Allemagne. Demandez aux Autrichiens, qui n'ont plus aucun intérêt politique, ni, après quelques années de flamboyance typique des peuples qui se sentent entrer en décadence, aucun intérêt culturel, depuis que Bismarck a unifié le Reich, demandez aux Russes, aux Polonais…, ce qu'ils en pensent. Même l'extermination des Juifs d'Europe, en ce qu'elle découle en partie de la notion d'espace vital, peut à certains égards être reliée à l'existence du Reich.
A ce propos, il m'a fallu quelques jours pour la regarder depuis qu'elle a été mise en ligne par Égalité et réconciliation, mais j'ai trouvé tout à fait excellente, y compris dans ses hésitations, cette réponse d'Emmanuel Todd à une question sur Israël :
Emmanuel Todd, Israel, Gaza et la Shoah
Enfin, dans la série « nous entrons dans la civilisation du (godemichet dans le) cul », je vous signale cet article d'enculés, au sens « propre ». Autant le reproduire :
"Spécial sexe: hétéros passifs, la fin d'un tabou
Se faire pénétrer analement par sa copine ? Une pratique qui ne semble plus un tabou. Enquête sur ces hétéros qui jouissent sans complexe avec leur cul.
"Bonjour, j'aimerais savoir si les hommes qui aiment se dilater l'anus sont tous gays, car j'ai vu sur un forum un gars qui dit qu'il s'enfile des tournevis, mais il affirme également qu'il n'est pas gay, je trouve ça étrange."
La question que pose un jeune internaute avec une candeur de SMS peut faire sourire par son aspect désintéressé ; elle n'en reste pas moins cruciale.
La pratique anale chez les garçons est-elle - tournevis mis à part - une affaire de pédés ? On ne parle pas de la pratique anale qui consiste à sodomiser sa partenaire. On sait depuis les années 1950 et le rapport Kinsey, qui a ouvert les yeux du monde sur les comportements sexuels des Terriens, que la sodomie est une activité, sinon habituelle, du moins courante chez les couples de toutes obédiences. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la plupart des pornos hétéros et d'observer la régularité du triumvirat pipe-baise-sodo, cette dernière étant devenue une obligation du genre. Ou d'écouter avec une attention soutenue une conversation de vestiaire (qui est publique, comme chacun sait depuis les propos d'Anelka) et son lot de vantardises anales.
Mais pour ce qui est du propre cul des mecs hétérosexuels, la littérature scientifique est pauvre et les déclarations de type "j'adore me faire prendre" sont rares, voire risquées dans certains contextes. Pourtant, la stimulation anale est tout aussi agréable pour l'homme que pour la femme et la sodomie peut être la source d'orgasmes puissants dont sont privées les demoiselles, faute de prostate.
"L'orgasme prostatique peut provoquer un plaisir d'une intensité qui n'a rien à voir avec l'orgasme éjaculatoire, confirme le sexologue Alain Héril. Alors que l'orgasme classique ne concerne que les parties génitales, celui de la prostate, qu'on peut atteindre même avec les doigts, remonte le long de la colonne vertébrale et engage le corps entier."
Pourquoi diable les garçons se priveraient-ils dès lors de ce nirvana sensoriel ? "Ils ne s'en privent pas du tout, affirme Cécile, dont le CV sexuel tient de l'entreprise sociologique. Les mecs un tant soit peu libérés refusent rarement qu'on s'occupe de leur cul, quand ils ne prennent pas eux-mêmes l'initiative", raconte la jeune trentenaire. Pour elle, le fait de pratiquer l'anulingus "fait partie des conditions de politesse" que l'on doit à son partenaire. "Le cul des mecs, tu peux t'en occuper mais il ne faut pas la ramener après. La règle tacite, c'est qu'on ne doit jamais en parler", confirme l'une des auteurs de Kata Sutra, la vérité crue sur la vie sexuelle des filles, ouvrage dans lequel un chapitre est consacré à cette question taboue.
L'internet et ses formidables possibilités d'anonymat fournissent un bon indicateur du drame intérieur que vivent les garçons qui ont découvert les joies interdites de l'anus. Les forums fourmillent de topics dont l'interrogation centrale se résume ainsi : "Je prends du plaisir avec mon anus, suis-je un homosexuel refoulé ?" Trouble normal selon Louis-Georges Tin, auteur de L'Invention de la culture hétérosexuelle :
"Une injonction non verbalisée, mais présente partout, prescrit qu'un vrai garçon n'est ni un bébé, ni une fille, ni un pédé. Et ce statut masculin ne s'acquiert pas une fois pour toutes comme un diplôme : l'homme doit démontrer chaque jour qu'il est un homme, y compris à lui-même."
Bref, l'hétérosexualité, ce douloureux problème, implique, en plus de cracher dans la rue, de se tenir à une distance raisonnable de ses fesses. "Les garçons apprennent très tôt la fierté de dominer leur anus et la société dresse la liste des parties du corps avec lesquelles ils sont censés prendre du plaisir. Les tétons et l'anus n'y figurent pas. Or, les individus se définissent sexuellement autant par leurs goûts que par leurs dégoûts. Et il existe un véritable rejet de l'anus, qui confine à la sodophobie", analyse Tin.
Au point que certains hommes, pourtant à l'aise dans leur identité hétérosexuelle, se refusent à impliquer leur derrière. C'est le cas de Romain, dont la copine a tenté plusieurs fois d'approcher la croupe.
"Je ne peux pas dire que je trouve ça désagréable, mais ça me paralyse, comme si c'était sale ou trop subversif. Ça me coupe du trip. Ce serait pareil si elle me sortait un fouet, je découvrirais peut-être que j'adore qu'elle me fasse un peu mal, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de le savoir."
Les filles ne sont pas non plus à l'abri de ces blocages psychologiques qui font barrière à leurs fantasmes de pénétration :
"Je peux ressentir une certaine excitation devant un cul offert, avoue Anne, mais j'ai toujours un peu peur que le mec soit un pédé refoulé. Si je lui mets un doigt, je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression d'être méchante, et si je m'imagine en train de le prendre debout avec un gode, c'est carrément comme s'il se mettait en robe."
"Le couple masculin-féminin s'est construit dans nos sociétés autour de la notion d'actif et de passif, explique le psychiatre Serge Hefez, auteur de Dans le coeur des hommes. Le garçon doit être actif et érigé, la femme accueillante, dans tous les sens du terme. On retrouve ce point de vue dans l'antagonisme vagin-pénis. Pourtant nous assistons à un mouvement de fond : garçons et filles se rapprochent psychiquement."
Mathieu, 31 ans, papa d'un petit garçon, se définit comme un hétéro classique, "peut-être un peu plus ouvert que la moyenne". Il y a huit ans, sa copine de l'époque lui a fait découvrir qu'il disposait d'un organe sexuel supplémentaire. "Depuis, j'y vais. Ça doit se voir que j'aime ça, je suis partant pour tout même si je ne me suis jamais fait prendre complètement, plutôt parce que ça ne dit pas trop à ma copine."
Cette passivité, loin de lui faire craindre une homosexualité refoulée, semble le conforter dans son identité d'homme et approfondir sa relation de couple :
"C'est quasiment une forme d'honnêteté pour moi, comme assumer une part de soi avec elle, ça nous sort du rôle où le mec coupe du bois pendant que la fille fait la cuisine, ça enrichit notre relation. Elle m'offre un truc, mais je n'ai pas l'impression d'être plus féminin quand je le fais, ça n'est pas plus passif qu'une pipe. Par exemple, quand elle me pénètre avec ses doigts pendant que je suis en elle, il y a une sensation de partage super jouissive." Complètement à l'aise avec le sujet, Mathieu en parle même volontiers avec ses potes : "Ce n'est pas de la fierté, mais j'ai une certaine satisfaction à me montrer comme un garçon moderne", convient-il.
De là à dire que le doigt dans le cul est la meilleure arme féministe, il n'y a qu'un pas, comme le laisse entendre Serge Hefez : "L'autorité parentale est en train de remplacer la puissance paternelle dans l'imaginaire collectif. Les papas actifs accompagnent leur enfant de manière différente, depuis leur présence à l'accouchement jusqu'à la manière d'élever leur fils. Si bien que le garçon ne voit plus l'utilité de se construire un bouclier défensif."
Siegfried, un garçon de 37 ans au look légèrement ambigu, affirme ne pas s'être construit de manière très libre : "Sade m'a plus influencé que mes parents, raconte cet amateur de gode-ceinture, de fist-fucking et de SM. Déjà ado, j'accueillais beaucoup d'objets dans mon cul, j'ai ensuite fait mon chemin, même si certaines personnes m'ont quitté à cause de mes pratiques anales. Ce qui m'a orienté vers des cercles plus transgressifs qui m'ont permis d'éclore à la vie."
Dans cette éclosion, il découvre son corps comme outil de toutes les pratiques, sexuelles, sportives, artistiques (Siegfried est très tatoué) au point "que ces pratiques peuvent parfois prendre le pas sur la nature du partenaire". S'il préfère les filles (mais pas forcément celles correspondant aux clichés féminins), la recherche du plaisir l'a amené à faire l'amour avec des garçons.
"A la fois parce que je trouve dans le monde homosexuel une facilité d'accès à ces choses qui sont moins évidentes pour les filles, mais aussi parce qu'il y a un véritable plaisir à se faire prendre par un organe vivant et pas toujours par du latex, où les sensations sont complètement partagées."
L'industrie du sex-toy commence à envisager des godes pour mecs qui procurent en même temps du plaisir à la partenaire. Le Share que met en vente Passage du désir, le sex-shop parisien et lillois, qui s'affranchit du gode-ceinture en s'accrochant dans le vagin de la femme, mutualise ainsi les sensations lors de la pénétration.
"C'est l'outil idéal pour moi, reconnaît Cécile, parce qu'il me permet de ressentir à la fois le plaisir cérébral de baiser un mec dans des rôles complètement renouvelés et en même temps de prendre mon pied physiquement." Selon Siegfried, cette démocratisation ne doit pas amoindrir l'expérience : "Si le dernier truc à la mode, c'est de se faire sodomiser, les mecs le feront, mais il ne faudrait pas que cela perde son côté révolutionnaire."
Bon, que dire… D'abord, on ne peut s'empêcher de penser à la réponse de Bataille à Benjamin, qui lui demandait à quoi servait le Collège de Sociologie : "à créer de nouveaux tabous". Ça ne se crée pas comme ça, hélas. L'air de rien, et en faisant mine d'oublier le côté prescripteur de ce genre d'articles - qui m'énervait déjà il y a cinq ans (avec déjà l'inénarrable Tin pour nous conseiller de nous faire élargir le fondement) -, même si la conclusion de Siegfried sur la « démocratisation » et le côté « révolutionnaire » de la chose ne manque pas de sel, l'air de rien, disais-je, cet article pose d'intéressantes questions. Quelques remarques en vrac :
- on touche ici du doigt, c'est un mauvais jeu de mots, la question qui fait mal, c'en est un autre, et après j'arrête de les souligner : jusqu'à quel point peut-on porter des jugements moraux sur des activités privées et inoffensives pour les tiers ? Si ce merveilleux papa « moderne » qu'est Mathieu trouve un enrichissement à sa vie de couple en se faisant un-peu-pénétrer par sa compagne, qui suis-je pour le critiquer ? D'un certain point de vue, je n'ai rien à dire, et de ce même certain point de vue, je m'en fous, d'autant qu'il faut être aussi naïf que le rédacteur de cet article pour croire que cette pratique soit récente (et con comme un balai pour y voir du féminisme, j'y reviens ci-après).
- ceci posé, le fait même que ladite pratique soit évoquée (dans un journal qui a son public, et ce texte a été repris par un portail aussi lu que Rezo, où j'en ai pris connaissance), et qu'elle le soit de manière très laudative, est, lui, justiciable de commentaires. Je ne vais pas vous en faire des tartines, vous connaissez mes raisonnements sur le sujet : je signalerai juste à quel point, quoiqu'à des degrés divers, les personnes interrogées dans cet article revendiquent ce qu'elles font, y voient de la « modernité », du « féminisme », de la « subversion ». Même le sympathique écervelé que semble être Siegfried (ach, ce prénom… c'est comme si le héros wagnérien s'enfonçait Notung (son épée, GRÔSSE MÉTAFORE !) dans le cul… quelle époque !) baigne dans ces stéréotypes marcuso-rimbaldiens. Bref, ce qui est une pratique privée, intime, justiciable de quelques confidences privées éventuelles entre amis, devient ici une revendication, une fierté, malgré quelques dénégations, - et bien sûr, quand on touche le fond - de Tin -, une agression, soit-disant contre la « sodophobie » (anus de tous les pays, unissez-vous contre une telle discrimination ! - il faudrait faire un sort à l'utilisation du verbe « confiner » (sans jeu de mots !), qui permet tous les amalgames, dans la « pensée » contemporaine), en réalité contre l'hétérosexualité.
- (M. Limbes attire par ailleurs mon attention sur le côté utilitariste de l'article, genre Walras : de l'utilité marginale, de l'ophémilité de la prostate, à rentabiliser de façon optimale, etc. Notons ici l'idée de « mutualiser » le plaisir à l'aide de cet « outil idéal » qu'est le gode nouvelle génération - si ce n'est pas une figure dégradée de la réciprocité, ça...)
- ce qui conduit à quelques précisions d'ordre général. J'ignore - il s'agit là d'un appel à témoins, n'hésitez pas à m'informer - quand et comment s'est mise au point la dualité actif/passif dans la vision de l'acte sexuel. Par analogie avec d'autres domaines du savoir, mon petit doigt me dit que si cette dualité est ancienne, nous en avons maintenant une vision schématique et rigide qui n'était pas celle de ses concepteurs - ce n'est qu'une intuition. Quoi qu'il en soit, on s'épargnerait je pense - et on m'épargnerait la lecture - de nombreuses conneries si l'on voulait bien ne plus lier hétérosexualité et dualité activité/passivité. La femme n'a rien de passif pendant l'acte, ni en pratique (du moins j'espère pour vous), ni en théorie, il faut n'avoir jamais touché une femme, ou, d'une manière plus ou moins consciente, ne pas aimer les femmes, pour avoir même l'ébauche d'une telle idée. Tout ce que l'on peut concéder à cette vision caricaturale revient à la phrase de Sade : "Tout homme est un despote quand il bande", autrement dit, lorsqu'on est excité on a une furieuse envie d'être actif - et cela ne concerne même pas spécifiquement l'hétérosexualité. De même Cioran pouvait-il écrire dans ses Syllogismes de l'amertume : "La chair est incompatible avec la charité : l'orgasme transformerait un saint en loup.", et, ce qui n'est pas exactement la même chose : "Un moine et un boucher se bagarrent à l'intérieur de chaque désir".
Dans l'état actuel des choses, la dualité actif/passif permet à bon compte à certains de se croire féministes, ou modernes, ou subversifs, en proposant une vision incroyablement schématique des rapports sexuels homme/femme.
- ma première réaction en lisant ce texte a été le "Vive les pédés" que j'ai fait figurer dans mon titre. Je ne crois pas - notre ami Siegfried mis à part - que les participants à l'article soient spécialement des homos refoulés (quoique… il faudrait retrouver papa Mathieu dans quelques années), mais je me suis dit que les pédés étaient tout de même moins faux cul, et moins cons, que ces hétérosexuels qui semblent avoir besoin de se faire prendre pour avoir une vague idée de ce que Madame peut éprouver. Naïveté : citons de nouveau Michel Schneider, au sujet de la bisexualité, "concept où les hommes s'imaginent entendre le féminin, alors qu'il ne s'agit que de leur féminin..." (Voleurs de mots, Gallimard, 1985, p. 159). On ne peut se mettre à la place de l'autre (de ce point de vue, le caricatural : "Tu la sens ? Tu la sens, hein ?" est aussi une expression d'angoisse et de conscience d'une limite). C'est peut-être frustrant d'un certain point de vue, c'est certainement enrichissant d'un autre point de vue ; il faut en tout cas le dire, contre tous ceux qui vous culpabilisent sans cesse sur ce qu'ils appellent vos « blocages » : ce n'est pas grave, ça ne fait pas mal.
Moralité : si c'est pour éprouver quelques sensations agréables, et éventuellement, je veux bien parce que je suis sympa, jouer avec quelques stéréotypes, pourquoi pas se faire mettre par Madame. Mais si c'est pour jouer le jeu, non de la réciprocité, mais de l'identité des plaisirs et des postures, alors autant être pédé - d'ailleurs, si c'est ce qu'on cherche, c'est qu'on l'est.
- à propos de « sensation agréable », une dernière remarque. Il faut être d'une grande débilité, non pas pour déclarer, car le docteur qui le fait est dans son rôle, mais pour y voir une vérité d'ordre général, comme le rédacteur de l'article, que "l'orgasme classique ne concerne que les parties génitales". Cet homme-là a-t-il jamais joui ? - Sans commentaires !
Donnons plutôt une nouvelle fois la parole à Cioran, dont ces lignes publiées en 1952 rentrent pour le moins en résonance avec l'article des Inrockuptibles :
"Depuis que Schopenhauer eut l'inspiration saugrenue d'introduire la sexualité en métaphysique, et Freud celle de supplanter la grivoiserie par une pseudo-science de nos troubles, il est de mise que le premier venu nous entretienne de la « signification » de ses exploits, de ses timidités et de ses réussites. Toutes les confidences débutent par là ; toutes les conversations y aboutissent. Bientôt nos relations avec les autres se réduiront à l'enregistrement de leurs orgasmes effectifs ou inventés… C'est le destin de notre race, dévastée par l'introspection et l'anémie, de se reproduire en paroles, d'étaler ses nuits et d'en grossir les défaillances ou les triomphes."
"Deux voies s'ouvrent à l'homme et à la femme : la férocité ou l'indifférence [ou les deux tour à tour…]. Tout nous indique qu'ils prendront la seconde voie, qu'il n'y aura entre eux ni explication ni rupture, mais qu'ils continueront à s'éloigner l'un de l'autre, que la pédérastie et l'onanisme, proposés par les écoles et les temples, gagneront les foules, qu'un tas de vices abolis seront remis en vigueur, et que des procédés scientifiques suppléeront au rendement du spasme et à la malédiction du couple."
- syllogismes de l'amertume… Il faudrait étudier le féminisme, ou plutôt les féminismes des années 60-70, sous cet angle, entre « férocité » et « indifférence », mais aussi, parfois, tentatives d'« explication ».
Un autre jour peut-être !
- Difficile de ne pas finir ce (qui devait être un) petit texte de rentrée par une vidéo wagnérienne de Siegfried - interprété comme il se doit par le compétent Siegfried… Jerusalem - en train de forger son épée, l'ignoble juif (dans l'esprit de Wagner) Mime complotant dans le dos de ce modèle d'aryen. Cette scène sublime et ridicule est une machine à fantasmes de toutes sortes. Je vous laisse donc avec les vôtres.
Libellés : Bataille, Benjamin, Cioran, de Gaulle, Freud, Godard, Hitler, Hugo, Limbes, Mitterrand, Pureblog, Rimbaud, Sade, Schneider, Schopenhauer, Sionisme, Tin, Todd, Wagner, Walras
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