Des priorités logiques et de leurs conséquences.
Un peu à la façon dont Maurras souligne avec fermeté qu'une idée n'a pas à être généreuse ou gentille, mais vraie, Evola, dans un texte écrit en 1940 ("L'Angleterre et la déchéance de l'idée d'Empire"), met utilement les points sur les i, et rappelle que l'enculisme n'est pas mauvais parce qu'il est méchant ou injuste, mais qu'il est injuste parce qu'il est faux, repose sur une conception erronée de la nature humaine (etc., cf. épisode précédent) :
"Malheureusement, la sensibilité de nos contemporains a été comme anesthésiée par le matérialisme triomphant, si bien qu'elle considère tout au plus - y étant amenée uniquement par l'instinct et par les effets de conséquences matérielles catastrophiques - qu'un monde contrôlé par la ploutocratie bourgeoise est un monde d'injustice. Mais parler d'injustice est aussi vague qu'indéterminé. C'est d'une dégradation et d'une usurpation qu'il conviendrait de parler - tout le reste n'étant que simple conséquence -, dégradation et usurpation par rapport à une conception supérieure du droit et à une légitimation plus haute de la puissance (...). Que la puissance se définisse par la richesse, par l'or, et que les nations « puissantes » ainsi conçues, sans aucun titre de supériorité, contrôlent le monde et y fassent la pluie et le beau temps - ceci est beaucoup moins une « injustice » que quelque chose d'absurde, d'anormal, d'irrationnel. C'est une situation analogue à celle d'un corps dans lequel les fonctions de la vie végétative animale, en s'hypertrophiant, tendraient à prendre la direction du tout, s'assujettissant toute autre force, toute autre faculté : il s'agit d'un phénomène purement pathologique et tératologique." (in Essais politiques, Pardès, 1988, p. 91-92)
De ce point de vue, cela est aussi clair que logique, et même d'une simplicité, c'est le cas de le dire, biblique : qui a vécu par l'enculisme périra par l'enculisme.
D'ailleurs, en cas de crise, "dans le meilleur des cas, il s'agira de combattre par désespoir, pour sauver sa peau, voire ses biens, car les démocraties ploutocratiques font songer à celui qui, placé devant l'alternative de donner sa bourse ou sa vie, préfère finalement risquer celle-ci." (Les hommes au milieu des ruines,, p. 134) - ceci est écrit en 1965.
Ces raisonnements et remarques amènent à penser que notre monde va se juger lui-même, que l'on saura à la « fin », en tout cas s'il y en a une, à quel point il était mauvais : qu'il ne parvienne pas à se redresser, à remettre les choses en ordre, que la « fatalité » de la crise l'emporte, et la messe sera dite : ce monde n'était fait que pour s'autodétruire. Ce qu'il pouvait avoir de bon étant, ce sera alors prouvé, en portion bien trop congrue par rapport à ce qu'il avait de mauvais, il n'y aura pas à le regretter.
- Le pire, ou le plus drôle, étant que tout le monde le sait et que cette crise finale, comme l'était la lutte dans le temps, cette crise, je le maintiens, est comme un « obscur objet du désir » pour nous. Ce que nous souhaitons au fond, c'est que cette crise - « systémique », pour parler comme M. Defensa - soit tellement grave qu'elle ne nous laisse plus d'excuses, de même qu'elle ne laissera pas d'échappatoire à nos « élites » usurpatrices, comme dit Evola : seul un choc d'une exceptionnelle gravité pourrait dessiller les yeux fermés par le dogmatisme et les croyances utopiques des Sarkozy et autres enculés. Les choses deviendraient tellement simples que la médiocrité intellectuelle de ceux-ci ne serait plus un obstacle : il n'y aurait de toutes façons plus le choix - donc pas de possibilité de se tromper une n-ème fois.
Tel me semble être, si l'on en juge par ce que l'on perçoit des équilibres des forces politiques et morales à l'heure actuelle, en France tout au moins, l'espèce de pari de nos contemporains : que notre monde devienne si abominable qu'il n'ait pas d'autre solution que de parvenir à se sauver. La conscience même de la nullité de ce monde autorisant à ne rien faire pour le changer : c'est un paradoxe, mais aussi un certain réalisme de ce que la « force qui va » de ce monde permet concrètement à ceux qui voudraient lutter à contre-courant : pas grand-chose. Ce que la forme de défaitisme contenue dans ledit paradoxe ne risque certes pas d'améliorer...
Reste que l'issue de ce pari - empreint de « désespoir » et non de valeurs positives, comme le notait Evola - est des plus incertaines : pour reprendre les termes du baron, il s'agit de risquer sa vie plutôt que sa bourse, en espérant que la peur alors éprouvée pour sa vie permettra (comment ?) de la sauver - et tant qu'à faire, de sauver la bourse par la même occasion - quitte à rogner un peu sur celle-ci, ce qui de toutes façons est le cours actuel des choses. Le beurre et l'argent du beurre, toujours... Ce n'est pas gagné.
"Malheureusement, la sensibilité de nos contemporains a été comme anesthésiée par le matérialisme triomphant, si bien qu'elle considère tout au plus - y étant amenée uniquement par l'instinct et par les effets de conséquences matérielles catastrophiques - qu'un monde contrôlé par la ploutocratie bourgeoise est un monde d'injustice. Mais parler d'injustice est aussi vague qu'indéterminé. C'est d'une dégradation et d'une usurpation qu'il conviendrait de parler - tout le reste n'étant que simple conséquence -, dégradation et usurpation par rapport à une conception supérieure du droit et à une légitimation plus haute de la puissance (...). Que la puissance se définisse par la richesse, par l'or, et que les nations « puissantes » ainsi conçues, sans aucun titre de supériorité, contrôlent le monde et y fassent la pluie et le beau temps - ceci est beaucoup moins une « injustice » que quelque chose d'absurde, d'anormal, d'irrationnel. C'est une situation analogue à celle d'un corps dans lequel les fonctions de la vie végétative animale, en s'hypertrophiant, tendraient à prendre la direction du tout, s'assujettissant toute autre force, toute autre faculté : il s'agit d'un phénomène purement pathologique et tératologique." (in Essais politiques, Pardès, 1988, p. 91-92)
De ce point de vue, cela est aussi clair que logique, et même d'une simplicité, c'est le cas de le dire, biblique : qui a vécu par l'enculisme périra par l'enculisme.
D'ailleurs, en cas de crise, "dans le meilleur des cas, il s'agira de combattre par désespoir, pour sauver sa peau, voire ses biens, car les démocraties ploutocratiques font songer à celui qui, placé devant l'alternative de donner sa bourse ou sa vie, préfère finalement risquer celle-ci." (Les hommes au milieu des ruines,, p. 134) - ceci est écrit en 1965.
Ces raisonnements et remarques amènent à penser que notre monde va se juger lui-même, que l'on saura à la « fin », en tout cas s'il y en a une, à quel point il était mauvais : qu'il ne parvienne pas à se redresser, à remettre les choses en ordre, que la « fatalité » de la crise l'emporte, et la messe sera dite : ce monde n'était fait que pour s'autodétruire. Ce qu'il pouvait avoir de bon étant, ce sera alors prouvé, en portion bien trop congrue par rapport à ce qu'il avait de mauvais, il n'y aura pas à le regretter.
- Le pire, ou le plus drôle, étant que tout le monde le sait et que cette crise finale, comme l'était la lutte dans le temps, cette crise, je le maintiens, est comme un « obscur objet du désir » pour nous. Ce que nous souhaitons au fond, c'est que cette crise - « systémique », pour parler comme M. Defensa - soit tellement grave qu'elle ne nous laisse plus d'excuses, de même qu'elle ne laissera pas d'échappatoire à nos « élites » usurpatrices, comme dit Evola : seul un choc d'une exceptionnelle gravité pourrait dessiller les yeux fermés par le dogmatisme et les croyances utopiques des Sarkozy et autres enculés. Les choses deviendraient tellement simples que la médiocrité intellectuelle de ceux-ci ne serait plus un obstacle : il n'y aurait de toutes façons plus le choix - donc pas de possibilité de se tromper une n-ème fois.
Tel me semble être, si l'on en juge par ce que l'on perçoit des équilibres des forces politiques et morales à l'heure actuelle, en France tout au moins, l'espèce de pari de nos contemporains : que notre monde devienne si abominable qu'il n'ait pas d'autre solution que de parvenir à se sauver. La conscience même de la nullité de ce monde autorisant à ne rien faire pour le changer : c'est un paradoxe, mais aussi un certain réalisme de ce que la « force qui va » de ce monde permet concrètement à ceux qui voudraient lutter à contre-courant : pas grand-chose. Ce que la forme de défaitisme contenue dans ledit paradoxe ne risque certes pas d'améliorer...
Reste que l'issue de ce pari - empreint de « désespoir » et non de valeurs positives, comme le notait Evola - est des plus incertaines : pour reprendre les termes du baron, il s'agit de risquer sa vie plutôt que sa bourse, en espérant que la peur alors éprouvée pour sa vie permettra (comment ?) de la sauver - et tant qu'à faire, de sauver la bourse par la même occasion - quitte à rogner un peu sur celle-ci, ce qui de toutes façons est le cours actuel des choses. Le beurre et l'argent du beurre, toujours... Ce n'est pas gagné.
Libellés : Apocalypse, Bunuel, Defensa, Enculisme, Evola, Maurras, Pasolini, Sarkozy
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