mardi 16 octobre 2018

Pour plaire aux journalistes.

Ces quelques lignes de Chesterton se trouvent, dans le livre Pourquoi je suis catholique, tout de suite après le texte cité samedi 13 octobre. Je pensais vous les retranscrire dès le dimanche 14, avec d’autres extraits, j’ai finalement préféré aller directement à la conclusion. Non sans quelque remords ; je vous recopie donc ce passage ce soir. Le chapitre dont tout ceci est issu a pour nom Orthodoxie obstinée, je vous en conseille bien évidemment la lecture intégrale. Chesterton vient d’établir que la galanterie est "la vision réaliste des rapports entre les sexes", peut-être faudrait-il écrire : la plus réaliste, il enchaîne donc : 

"Si ceux que l’on appelle libre-penseurs sont des sentimentalistes, les partisans d’un soit-disant amour libre le sont encore plus ouvertement et plus clairement. Nous pouvons toujours prouver le sentimentalisme de telles personnes de par leur faiblesse pour l’euphémisme. Les expressions qu’ils utilisent sont toujours édulcorées et adaptées pour plaire aux journalistes. Ils parlent d’amour libre quand ils veulent dire une chose très différente, mieux définie par les termes de luxure libre. Mais étant des sentimentalistes, ils se font un devoir de minauder et de roucouler sur le mot « amour ». Ils parlent avec insistance du contrôle des naissances, alors qu’ils veulent dire moins de naissances et pas de contrôle. Nous pourrions les tailler en pièces si nous pouvions être aussi indécents dans notre langage qu’ils sont immoraux dans leurs conclusions."

J’ai d’abord pensé que sur ce denier point Chesterton se montrait par trop optimiste, mais j’ai peut-être eu tort : les plus grandes invectives ne seront jamais aussi grossières que sont immoraux ceux qui évoquent - je l’ai lu - un « soin très banal » pour qualifier l’avortement  - la victime appréciera, la plupart des futures mères aussi -, ou qu’une teigne homo qui parle de son droit à être heureux en se moquant complètement que ce supposé droit risque fort d’entraîner, dans le monde tel qu’il est en tout cas, pour la condition féminine - dont certes il ne doit pas avoir grand chose à faire. 

Je m’en prends à M. Fogiel parce qu’il est vivant et est venu se mêler à ce genre de débats, mais, moins hypocrite et moins minaudant, Pierre Bergé était plus ignoble encore moralement. Quoi qu’il en soit, et pour revenir à Chesterton, il faudrait faire une thèse sur l’emploi du mot amour dans les offensives LGBT - cela me choquait déjà dans mes années d’adolescence, à la fin des années 80, au sujet du SIDA : on reproche aux autres d’être bégueule, ou hypocrite, et neuf fois sur dix, lorsqu’on parle d’amour, c’est pour parler de sexe, et donc, en l’espèce, de sodomie. Ce n’est pas bien sûr que je sois opposé à toute forme de litote, mais quand dans le même temps on se veut provocateur… J’ai depuis clarifié cette question, et expliqué lors d’autres tournées à mon comptoir, que c’est précisément lorsque l’on isole trop le sexe en tant que composante des relations humaines, qu’on a du mal à accepter certains de ses aspects trop crus, d’où un mouvement de balancier vers un euphémisme doucereux. 


Bref, Brassens, toujours : Parlez-moi d’amour, et je vous fous mon poing sur la gueule…