samedi 17 décembre 2005

Je pense donc je jouis.

Avant de prendre quelques jours de vacances (gare !), je feuillette ma bibliothèque à la recherche de livres à emporter, et m'amuse de la proximité, que j'y découvre, de Lénine et Léon Bloy. A l'homme de gauche l'action, à l'homme de droite la morale, me dis-je non sans me féliciter in petto d'être moi-même aussi actif et tellement moral.

Arrivé grâce à Dieu à bon port, j'y repense pour me dire que j'ai été victime, comme d'autres sans doute, d'une belle prénotion. On oppose souvent l'esprit utopique des gens de gauche au réalisme des gens de droite. Je n'irais pas, tant s'en faut, jusqu'à soutenir que c'est le contraire qui est vrai, mais il suffit d'imaginer ce que serait le monde si les fantasmes des grands auteurs "de droite" (disons : Bossuet, de Maistre, Balzac, Claudel...) étaient vérifiés : un monde où l'on pourrait sans le moindre problème juger chacun responsable de ses actes - pour constater qu'il manque une pièce au puzzle, un bon contrepoids de réel - fourni par les grands auteurs "de gauche" (il y en a moins peut-être, mais il y aura toujours ces deux monstres : Voltaire et Marx), quand ils montrent comment les choses fonctionnent dans les faits.

Que ces auteurs, et de bien moins estimables qu'eux, aient cru possible de jeter métaphysique et religion par la fenêtre est fort regrettable, qu'ils aient succombé à la fort répréhensible tentation de l'utopie (démonstration à suivre à l'occasion) est leur faute, leur très grande faute. Mais à un certain niveau, et pas le moindre, il me semble possible de soutenir que c'est l'homme de gauche qui est réaliste et l'homme de droite idéaliste.

Cet idéalisme est le plus souvent pessimiste : ce n'est pas le moindre de ses paradoxes, comme de ses mérites. Mais ceci est une autre histoire - n'étant quant à moi ni optimiste (beurk !) ni pessimiste (à quoi bon ?), je ne suis pas sûr de vous la raconter un jour.



PS : finalement, j'ai pris avec moi Chateaubriand et Marx - et je ne débande pas !

PS 2 : je prends conscience de ce que je n'ai cité que de purs catholiques dans ma liste de grands auteurs de droite. A part le cas très particulier mais effectivement important de Céline, j'avoue ne pas voir d'autre "exception". Une suggestion ?

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