"Vers l'Orient compliqué je partis avec des idées simples..." (Ajout le 7.08.)
(Ajout.)
"Nous avons beaucoup à dire, mais les explications sont difficiles parce que vous ne mettez plus d'entrain à comprendre."
(Hébreux, V, 11)
Chers compatriotes juifs,
m'adresser à vous ne me semble nécessiter aucun préambule, aucune justification, mais tout de même quelques précautions logiques et, si j'ose écrire, oratoires.
Je ne vous prête pas une seule et même opinion quant aux processus guerriers en cours au Moyen-Orient. Si jamais je donne cette impression dans ce qui suit, souvenez-vous de cette mise au point préliminaire. C'est bien plutôt vous, qui par votre mutisme d'ensemble, à peine transgressé par quelques-uns, toujours les mêmes, Rony Brauman, Esther Benbassa, Eyal Sivan..., et par une initiative plus collective à laquelle j'ai donné l'écho que je pouvais lui donner, paraissez réagir, ou plutôt ne pas réagir, en groupe. Ceci est d'autant plus vrai que ceux qui se targuent de vous représenter, les gens du CRIF, se sont, eux, alignés avec une impressionnante vélocité sur la politique israélienne, et que votre silence peut très logiquement passer pour un assentiment - qui ne dit mot consent. Il ne s'agira donc pas tant ici de vous dire quoi faire que de tenter de vous communiquer ma conviction, à savoir que d'autres que moi vous ont déjà placés dans l'alternative, inconfortable peut-être mais claire : vous taire et leur donner quitus, ou vous exprimer avec netteté.
Par ailleurs, il est un point qu'il faut clarifier avant toute possibilité de discussion. J'ai hélas maintes fois eu l'occasion de le constater, certains des plus fins et des plus rationalistes d'entre vous ont tendance à perdre beaucoup de leur finesse et de leur rationalisme dès que la discussion porte sur Israël. Je peux me faire une idée plus ou moins précise des ressorts psychologiques et affectifs de ces attitudes, je ne peux me permettre, ici, de les prendre en considération. La souffrance passée ne donne aucun droit sur le présent - pas plus à M. Dieudonné qu'à vous, dois-je le préciser. L'affectivité est un paramètre à prendre en compte par l'homme politique, elle n'est pas un argument politique, surtout lorsque l'on se fait gloire d'être démocrate. Et il serait désolant que la conscience d'être les héritiers d'une histoire difficile et parfois - pas toujours - tragique ne vienne paradoxalement nourrir les tendances religieuses, ou fétichistes, qui de plus en plus sous-tendent le sentiment occidental de supériorité par rapport au reste du monde (tendances religieuses d'autant plus grotesques que l'on fait dans le même temps l'éloge de la rationalité de l'Occident pour justifier ladite "supériorité").
Pour le dire autrement : ce qui suit se veut dialogue, ceux qui ne voient les problèmes actuels que sous un angle sentimental peuvent donc s'épargner la peine de me lire.
Chers compatriotes juifs, ceci étant mis au point, il est temps d'entrer, avec la détermination d'une roquette dans un habitant de Haiffa ou d'une bombe dans un enfant de Cana, il est permis d'entrer, disais-je, dans le vif du sujet.
Pour mettre les plus "radicaux" d'entre vous à l'aise, non seulement je ne m'embarrasserai guère de concepts géopolitiques, mais je leur accorderai tout ce qu'ils veulent et plus encore : j'accepterai que le Hezbollah, le Hamas, la Syrie, l'Iran, veulent avant tout la destruction d'Israël. J'accepterai que le Liban ne fait aucun effort pour entraver l'action du Hezbollah alors qu'il aurait tous moyens pour le faire. J'accepterai l'idée que ce dernier n'attendait qu'une occasion de ce genre pour lancer ses roquettes (ou ses missiles, comme M. Bernard-Henri Soljenitsyne-Malraux-Baudelaire-Sartre-Tocqueville-Delon-Dombasle-Lévy tient à le préciser, admettons, je n'y connais rien) sur le nord d'Israël. J'accepterai qu'Israël est une démocratie, ce qui est bien plus sympathique sans doute que des régimes islamiques fondamentalistes qui, une fois qu'ils auront réglé leur compte à l'état juif, continueront leur oeuvre de propagation de la charia et de destruction de l'Occident, utilisant alternativement pour ce faire les armes du misérabilisme et du terrorisme.
De plus, je ne crois pas idéaliser d'aucune façon les populations arabes ni les régimes qu'elles supportent de plus ou moins bon gré. Je suis pleinement conscient que tous les problèmes du monde, et notamment de la France, ne tournent pas autour du Moyen-Orient. J'accorde que le traitement des événements actuels par la télévision n'est pas d'une grande équité, ou tout au moins que précisément dans le registre de l'affectivité il ne penche pas en votre faveur, je conçois que cela puisse mettre mal à l'aise beaucoup d'entre vous (d'autant que l'ordre doit venir d'en haut). Enfin, je suis le premier à considérer que s'émouvoir des images de cadavres d'enfants, pour spontané et normal que cela puisse être, ne fait pas avancer d'un pouce la réflexion sur les problèmes politiques qui sont la cause de tels assassinats [1].
Tout cela donc, pour les besoins de ma démonstration ou par conviction réelle, je vous l'accorde. Votre silence actuel ne m'en apparaît pas moins désolant, décevant, déplorable.
J'imagine que la plupart d'entre vous sont juifs, français, occidentaux, de la même manière que je suis-moi-même français et occidental : vous avez hérité, nous avons hérité d'une histoire que nous n'avons pas faite, pleine de bruit et de fureur, mais aussi de beauté et de grandeur, que nous devons assumer - ce qui ne veut certes pas dire y penser à tout moment ou ne se déterminer qu'en fonction d'elle. A chacun de se débrouiller avec cela, en fonction de ses valeurs, de son humeur du moment, de l'état du pays, de l'état du monde, etc. Seulement, lorsque j'entends des dirigeants israéliens parler en mon nom et proclamer que ce que fait leur pays, à Gaza et au Liban, il le fait pour moi et pour les valeurs occidentales [2], il me semble normal de marquer nettement mon désaccord sur ce point précis. Ce pourquoi je reste confondu que lorsque Israël prétend agir en votre nom - en tant qu'occidentaux et en tant que juifs - vous soyez si peu nombreux à lui refuser ce droit, au moins en ce moment.
Car même en cédant à certains d'entre vous ce que je leur ai cédé, cela ne change rien à ce fait capital : quelque dangereux que soit le Hezbollah, quelque imprévisibles que puissent être les Palestiniens, quelque haineux que puissent être l'Iran et la Syrie, etc., Israël reste, à l'heure actuelle, nettement plus puissant que tous ces adversaires. En organisation, en armes (notamment atomique), en soutien (l'Iran ne vaut pas les Etat-Unis, que je sache), Israël dispose encore de bonnes longueurs d'avance sur ses rivaux régionaux.
Il y a alors trois possibilités :
- soit Israël va garder cette avance encore longtemps - et dans ce cas, comment justifier son attitude actuelle, sinon par la haine, la sauvagerie, l'inconscience, le racisme ? Et pourquoi laissez-vous alors accomplir de tels crimes en votre nom ? Que faudrait-il en conclure sur vous-mêmes ? -
"Vous qui, depuis le temps, devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu. Vous en êtes à avoir besoin de lait et non de nourriture solide. / Or quiconque en est au lait n'entend rien à la parole de justice, il n'est qu'un enfant. / Mais la nourriture solide est pour les parfaits qui, à force d'exercer leurs facultés, savent discerner le bien et le mal." (Hébreux, V, 12-14.)
- soit Israël est destiné à perdre cette avance très rapidement. Son comportement actuel est alors irresponsable, immature, au mieux désespéré et crétin : pourquoi lutter de cette manière contre une évolution à court terme au moins irréversible, alors qu'Israël ne serait plus que pour quelque temps en position de force et aurait intérêt à négocier aussi vite que possible ? -
"Et, selon la loi, presque tout est purifié par le sang, il n'y a pas de rémission sans effusion de sang." (IX, 22.) ?
- soit, enfin, configuration la plus complexe, devant des adversaires supposés ici, je le rappelle, sanguinaires, machiavéliques, jusqu'au-boutistes, etc., Israël ne pouvait conserver sa supériorité qu'en agissant comme il le fait actuellement. Même avec la meilleure volonté du monde, je ne vois pas comment cet argument peut valoir pour les habitants de Gaza, qui n'ont pas été aussi faibles depuis longtemps. En ce qui concerne le Hezbollah, il me semble, à l'heure où j'écris, que les résultats sur le terrain non seulement ne sont pas à la hauteur de ce qui serait alors le but poursuivi, mais sont mêmes à certains égard contre-productifs. Peut-être pensez-vous dans votre écrasante majorité qu'Israël se trouve dans cette situation, peut-être attendez-vous de voir un peu la suite des événements pour juger de la véracité de cette idée. Bigre, entre le RER D, l'incendie de la rue Popincourt et même l'assassinat de M. Halimi [3], il me semble que ces dernières années vous ne vous êtes pas tous montrés aussi précautionneux et prudents. Sans doute faudrait-il voir là un progrès. Encore devrait-on m'expliquer en quoi cette prudence concerne ce qui se passe à Gaza. -
"Car nous savons qui a dit : A moi la vengeance, à moi les représailles, et encore : Le Seigneur jugera son peuple." (X, 30.)
Autant dire que, pour chacune des trois possibilités évoquées, votre silence vaut assentiment à des actes aussi moralement répréhensibles que politiquement contre-productifs. Et ceci dans un cadre conceptuel même où les Arabes sont extrémistes, fanatiques, sans pitié, etc., et Israël un régime enviable, mature et sain, tête de la pont de la démocratie libérale dans une région du monde arriérée. Que penser alors de ce mutisme si l'on adopte des postulats de départ moins favorables à Israël ? Je vous laisse conclure [4].
Ceci fait je vous rassure : dans la France d'aujourd'hui, l'indifférence envers les autres est un tort bien partagé. Qui plus est, en plein mois d'août, vous n'êtes certes pas les seuls porcs étalés sur les plages à ne se soucier de rien d'autre que leur bien-être - les vacances rendent con, ce n'est pas un scoop. Mais la situation est telle que l'on en vient à ne plus respecter que ceux d'entre vous qui sont partis en Israël se battre contre l'envahisseur, même si on ne partage rien ou pas grand-chose de leur analyse.
Chers compatriotes juifs,
si cette petite leçon de morale vous énerve, je concluerai en faisant appel à votre égoïsme. Il se peut, je ne suis pas sûr, mais il se peut que je ne vous aurais pas écrit ainsi sans la prise de position du CRIF évoquée plus haut. Je rappelle d'ailleurs que dans un texte récent j'adoptais sur ce problème du rapport des juifs français aux méfaits d'Israël une position modérée et indulgente - je ne m'attendais certes pas à une telle atonie de votre part. Bref, pour reprendre le fil de mon propos, si ceux d'entre vous qui ne partagent pas le point de vue du CRIF ne le font pas savoir, comment ne pas en déduire votre accord ? Comment alors ne pas craindre que des gens pour qui les problèmes du Moyen-Orient revêtent une signification forte - exagérée ou non, ce n'est pas le problème - ne croient de leur devoir de vous reprocher vertement, voire physiquement, cet accord présumé, dans une variation sur le thème de la punition collective que l'état d'Israël s'ingénie aujourd'hui à mettre en pratique ? Ceci peut paraître une menace, c'est surtout une inquiétude, pour vous comme pour mon pays. -
"Attention à ne pas refuser celui qui parle." (XII, 25.)
Le CRIF pourra alors pleurer, récriminer, radoter, glavioter, c'est son rôle, mais comme à l'accoutumée ce ne sont sans doute pas ses dignitaires qui paieront eux-mêmes les pots cassés de leur arrogance, de leur agressivité et de leur stupidité. Ceci bien sûr sans souhaiter que quelqu'un s'en prenne à Roger "Goebbels mon amour" Cukierman. Ou à Alain "La suffisance vaine" Finkielkraut. Ni même à Arno "Gay, Gay, Tsahal Gay" Klarsfeld (qui d'ailleurs, comme moi, est goy). Quoi qu'il en soit, est-ce que le contexte ne se prête pas à des actions un peu novatrices, qui changeraient opportunément de la répartition des rôles habituelle en France (le CRIF, l'Arche, Adler et Finkielkraut d'un côté, La fabrique, Brauman et Warschawski de l'autre, pour schématiser) en faisant entendre la parole d'anonymes ? Si le texte de l'UPJF signalé plus haut comporte des aspects qui vous gênent (moi aussi), pourquoi ne pas envisager une pétition circulant sur Internet, lapidaire et ferme : "Je suis juif et français, je récuse à Israël le droit d'exercer sa politique actuelle en mon nom". (La question n'est pas d'être pour ou contre Israël, mais d'être pour ou contre sa politique actuelle : le "tout ou rien" est ici, pas ailleurs.) Sans entrer dans le détail de la géopolitique, sans surtout prétendre représenter quelqu'un d'autre que soi-même. Clair, net et précis. Ce n'est quand même comme se faire rouler dessus par un bulldozer israélien !
"Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et des maltraités, vous qui avez un corps aussi." (XIII, 3).
Peut-être n'est-il pas tout à fait inutile de préciser, pour finir, que je ne prétends pas, quant à moi, faire plus contre la politique israélienne, ou, dans d'autres cas, la politique française, que ce que j'aimerais que vous fassiez aujourd'hui.
De toutes les façons, si, comme j'ai souvent pu lire, et cela doit bien être au moins un peu vrai, le judaïsme fut "l'invention de la responsabilité", j'ai peine à imaginer que vous puissiez avoir le mauvais goût de fuir lesdites responsabilités en les rejetant sur celui qui a cru nécessaire de vous les rappeler.
"La grâce soit avec vous tous." (XIII, 25).
[1] En ce point il serait regrettable de ne pas exprimer l'étonnement que l'on ressent à entendre l'arriviste raté Goupil, toujours plus haut dans les cimes de sa propre bêtise, ou à lire Claude "Shoah ®" Lanzmann (Le monde, 4 août), jamais en reste de mauvaise foi arrogante, mettre sur le compte de stéréotypes antisémites (notamment le Juif tueur ou mangeur d'enfants pour Goupil) l'indignation ressentie en France (et ailleurs) devant les images du bombardement de Cana. Cela fait à n'en pas douter une belle jambe aux enfants libanais récemment tués ou mutilés d'apprendre que depuis des siècles de méchants Européens accusent les Juifs de tuer des enfants. A trop insister sur l'éternité du stéréotype, on pousse ceux qui constatent la véracité des assassinats actuels à en inférer la véracité d'assassinats passés - comment mieux nourrir les clichés antisémites ?
(Pour ce qui est du sobriquet que je viens d'accoler au démesuré directeur des Temps modernes, cf. E. Traverso, Le passé, modes d'emploi, La Fabrique, 2005, pp. 69-71).
[2] Cf. par exemple le socialo-hystérique E. Olmert, Le Monde, 4 août : "Une chose est sûre. Des mouvements terroristes, fondamentalistes, extrémistes, violents, cherchent à détruire les bases de la civilisation occidentale. Le monde civilisé est attaqué par des organisations terroristes qui sont manipulées par certains pays. / Israël est en train de créer un précédent, de fournir un exemple pour beaucoup d'autres sociétés. Israël a décidé de dire : "Assez, c'est assez !" Si le Hezbollah pense qu'il y a des endroits où nous n'irons pas, il a tort. Nous pouvons aller n'importe où."
[3] Dans ce dernier cas, rappelons que les arguments paraissant les plus probants quant au caractère antisémite de cet enlèvement et de ce meurtre ont été rendus publics après les manifestations auxquels ils ont donné lieu. Ajoutons, sans mauvais esprit mais par respect de la légalité républicaine, celle-là même qui importe tant à certains d'entre vous quand il s'agit de se mêler des coiffures des femmes des autres, mais que certains parmi vous ont tendance à oublier quand il s'agit de critiquer par anticipation le travail de la police - ou de poignarder un commissaire en plein Paris -, ajoutons, disais-je, que la justice n'a encore rendu aucun verdict sur cette affaire.
[4] Je n'ai pas discuté la notion de boucliers humains, argument fréquemment utilisé par Israël pour expliquer les morts de civils. Encore une fois, on ne peut invoquer Gaza, aujourd'hui, à ce niveau. Il faudrait par ailleurs expliquer pourquoi certains acceptent de jouer les boucliers humains, et pourquoi plus de 800 000 autres suivent les routes de l'exode. Mais ceci ne peut se faire sans une bonne connaissance de la situation politique du Liban, que je ne me targue pas de posséder. Le seul document que je puisse recommander sur le sujet fait apparaître des complexités bien au-delà de la problématique du bouclier humain et de la "prise en otage du Liban par le Hezbollah".
Parallèlement, il y a la question du respect de la vie de ses propres combattants dans les deux camps, plus grand chez les Israéliens peut-être - mais ne pourrait-on pas en conclure que leurs adversaires sont plus courageux ? Je lis en tout cas que les jeunes soldats israéliens n'en mènent pas large en se rendant au Liban, ce que je ne leur reprocherais bien sûr pas. Il importe en tout cas de rappeler qu'il faut que certains critères soient réunis pour pouvoir se permettre une stratégie économe en vies humaines (pour ses propres soldats). En d'autres termes : c'est toujours facile de donner des leçons quand on est le plus fort.
(Ajout le 7.08.)
Rezo renvoie à une prise de position de l'UJFP, nettement antérieure à ce texte, mais manifestement de peu de portée, d'autant que le projet, que j'ai précédemment relayé, d'un achat de pages dans les quotidiens, n'a guère l'air d'avancer - le CRIF, lui, n'a pas eu de mal à trouver de l'argent pour ce faire. Juifs, encore un effort pour être concernés...
Relisant avant de l'archiver le texte de Claude "La Shoah, c'est moi" Lanzmann dans Le Monde du 4 août, je me trouve bien indulgent face à un tel ramassis de contre-vérités, approximations, délires, affirmation cynique de privilèges aristocratiques. On peut avoir été résistant à vingt ans
et écrire les pires conneries à quatre-vingts, "c'est immoral mais c'est comme ça". Malheureusement, le temps comme la vocation me manquent pour le démontrer, j'insiste sur le sujet à l'adresse de ceux qui ont lu ce texte, qu'ils y voient un beau spécimen de propagande stalinienne. Il doit y avoir des gens qui lisent encore Les temps modernes, puisque cette revue paraît encore, mais sur un tel échantillon de la prose de son directeur, on est pour le moins circonspect quant à ce qui peut y être publié. Ach, s'il fallait régler leurs comptes à tous les cons... "Vaste programme", comme disait l'autre.
(Vingt minutes après.) Je passe chez DeDefensa et j'y lis qu'un chercheur qui a enquêté sur les auteurs d'attentats-suicide y confirme ce que j'écrivais il y a dix jours des combattants du Hezbollah : la plupart ne sont pas des religieux. Attention non plus à ne pas verser dans l'athéisme militant, mais tout de même, l'image du fou furieux de Dieu en prend un sacré coup. C'est ce que j'écrivais sur les banlieues : ce n'est pas de la religion pure, c'est une présence de la religion qui permet de ne pas oublier la communauté.
(Encore un peu après). Ça n'a rien à voir et ça a beaucoup à voir... Ce n'est pas parce qu'un commentaire indique que l'on m'y lit que je ne vais pas faire le lien vers ce site, en insistant au passage sur ceci. Bonne continuation j'espère !
"Nous avons beaucoup à dire, mais les explications sont difficiles parce que vous ne mettez plus d'entrain à comprendre."
(Hébreux, V, 11)
Chers compatriotes juifs,
m'adresser à vous ne me semble nécessiter aucun préambule, aucune justification, mais tout de même quelques précautions logiques et, si j'ose écrire, oratoires.
Je ne vous prête pas une seule et même opinion quant aux processus guerriers en cours au Moyen-Orient. Si jamais je donne cette impression dans ce qui suit, souvenez-vous de cette mise au point préliminaire. C'est bien plutôt vous, qui par votre mutisme d'ensemble, à peine transgressé par quelques-uns, toujours les mêmes, Rony Brauman, Esther Benbassa, Eyal Sivan..., et par une initiative plus collective à laquelle j'ai donné l'écho que je pouvais lui donner, paraissez réagir, ou plutôt ne pas réagir, en groupe. Ceci est d'autant plus vrai que ceux qui se targuent de vous représenter, les gens du CRIF, se sont, eux, alignés avec une impressionnante vélocité sur la politique israélienne, et que votre silence peut très logiquement passer pour un assentiment - qui ne dit mot consent. Il ne s'agira donc pas tant ici de vous dire quoi faire que de tenter de vous communiquer ma conviction, à savoir que d'autres que moi vous ont déjà placés dans l'alternative, inconfortable peut-être mais claire : vous taire et leur donner quitus, ou vous exprimer avec netteté.
Par ailleurs, il est un point qu'il faut clarifier avant toute possibilité de discussion. J'ai hélas maintes fois eu l'occasion de le constater, certains des plus fins et des plus rationalistes d'entre vous ont tendance à perdre beaucoup de leur finesse et de leur rationalisme dès que la discussion porte sur Israël. Je peux me faire une idée plus ou moins précise des ressorts psychologiques et affectifs de ces attitudes, je ne peux me permettre, ici, de les prendre en considération. La souffrance passée ne donne aucun droit sur le présent - pas plus à M. Dieudonné qu'à vous, dois-je le préciser. L'affectivité est un paramètre à prendre en compte par l'homme politique, elle n'est pas un argument politique, surtout lorsque l'on se fait gloire d'être démocrate. Et il serait désolant que la conscience d'être les héritiers d'une histoire difficile et parfois - pas toujours - tragique ne vienne paradoxalement nourrir les tendances religieuses, ou fétichistes, qui de plus en plus sous-tendent le sentiment occidental de supériorité par rapport au reste du monde (tendances religieuses d'autant plus grotesques que l'on fait dans le même temps l'éloge de la rationalité de l'Occident pour justifier ladite "supériorité").
Pour le dire autrement : ce qui suit se veut dialogue, ceux qui ne voient les problèmes actuels que sous un angle sentimental peuvent donc s'épargner la peine de me lire.
Chers compatriotes juifs, ceci étant mis au point, il est temps d'entrer, avec la détermination d'une roquette dans un habitant de Haiffa ou d'une bombe dans un enfant de Cana, il est permis d'entrer, disais-je, dans le vif du sujet.
Pour mettre les plus "radicaux" d'entre vous à l'aise, non seulement je ne m'embarrasserai guère de concepts géopolitiques, mais je leur accorderai tout ce qu'ils veulent et plus encore : j'accepterai que le Hezbollah, le Hamas, la Syrie, l'Iran, veulent avant tout la destruction d'Israël. J'accepterai que le Liban ne fait aucun effort pour entraver l'action du Hezbollah alors qu'il aurait tous moyens pour le faire. J'accepterai l'idée que ce dernier n'attendait qu'une occasion de ce genre pour lancer ses roquettes (ou ses missiles, comme M. Bernard-Henri Soljenitsyne-Malraux-Baudelaire-Sartre-Tocqueville-Delon-Dombasle-Lévy tient à le préciser, admettons, je n'y connais rien) sur le nord d'Israël. J'accepterai qu'Israël est une démocratie, ce qui est bien plus sympathique sans doute que des régimes islamiques fondamentalistes qui, une fois qu'ils auront réglé leur compte à l'état juif, continueront leur oeuvre de propagation de la charia et de destruction de l'Occident, utilisant alternativement pour ce faire les armes du misérabilisme et du terrorisme.
De plus, je ne crois pas idéaliser d'aucune façon les populations arabes ni les régimes qu'elles supportent de plus ou moins bon gré. Je suis pleinement conscient que tous les problèmes du monde, et notamment de la France, ne tournent pas autour du Moyen-Orient. J'accorde que le traitement des événements actuels par la télévision n'est pas d'une grande équité, ou tout au moins que précisément dans le registre de l'affectivité il ne penche pas en votre faveur, je conçois que cela puisse mettre mal à l'aise beaucoup d'entre vous (d'autant que l'ordre doit venir d'en haut). Enfin, je suis le premier à considérer que s'émouvoir des images de cadavres d'enfants, pour spontané et normal que cela puisse être, ne fait pas avancer d'un pouce la réflexion sur les problèmes politiques qui sont la cause de tels assassinats [1].
Tout cela donc, pour les besoins de ma démonstration ou par conviction réelle, je vous l'accorde. Votre silence actuel ne m'en apparaît pas moins désolant, décevant, déplorable.
J'imagine que la plupart d'entre vous sont juifs, français, occidentaux, de la même manière que je suis-moi-même français et occidental : vous avez hérité, nous avons hérité d'une histoire que nous n'avons pas faite, pleine de bruit et de fureur, mais aussi de beauté et de grandeur, que nous devons assumer - ce qui ne veut certes pas dire y penser à tout moment ou ne se déterminer qu'en fonction d'elle. A chacun de se débrouiller avec cela, en fonction de ses valeurs, de son humeur du moment, de l'état du pays, de l'état du monde, etc. Seulement, lorsque j'entends des dirigeants israéliens parler en mon nom et proclamer que ce que fait leur pays, à Gaza et au Liban, il le fait pour moi et pour les valeurs occidentales [2], il me semble normal de marquer nettement mon désaccord sur ce point précis. Ce pourquoi je reste confondu que lorsque Israël prétend agir en votre nom - en tant qu'occidentaux et en tant que juifs - vous soyez si peu nombreux à lui refuser ce droit, au moins en ce moment.
Car même en cédant à certains d'entre vous ce que je leur ai cédé, cela ne change rien à ce fait capital : quelque dangereux que soit le Hezbollah, quelque imprévisibles que puissent être les Palestiniens, quelque haineux que puissent être l'Iran et la Syrie, etc., Israël reste, à l'heure actuelle, nettement plus puissant que tous ces adversaires. En organisation, en armes (notamment atomique), en soutien (l'Iran ne vaut pas les Etat-Unis, que je sache), Israël dispose encore de bonnes longueurs d'avance sur ses rivaux régionaux.
Il y a alors trois possibilités :
- soit Israël va garder cette avance encore longtemps - et dans ce cas, comment justifier son attitude actuelle, sinon par la haine, la sauvagerie, l'inconscience, le racisme ? Et pourquoi laissez-vous alors accomplir de tels crimes en votre nom ? Que faudrait-il en conclure sur vous-mêmes ? -
"Vous qui, depuis le temps, devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu. Vous en êtes à avoir besoin de lait et non de nourriture solide. / Or quiconque en est au lait n'entend rien à la parole de justice, il n'est qu'un enfant. / Mais la nourriture solide est pour les parfaits qui, à force d'exercer leurs facultés, savent discerner le bien et le mal." (Hébreux, V, 12-14.)
- soit Israël est destiné à perdre cette avance très rapidement. Son comportement actuel est alors irresponsable, immature, au mieux désespéré et crétin : pourquoi lutter de cette manière contre une évolution à court terme au moins irréversible, alors qu'Israël ne serait plus que pour quelque temps en position de force et aurait intérêt à négocier aussi vite que possible ? -
"Et, selon la loi, presque tout est purifié par le sang, il n'y a pas de rémission sans effusion de sang." (IX, 22.) ?
- soit, enfin, configuration la plus complexe, devant des adversaires supposés ici, je le rappelle, sanguinaires, machiavéliques, jusqu'au-boutistes, etc., Israël ne pouvait conserver sa supériorité qu'en agissant comme il le fait actuellement. Même avec la meilleure volonté du monde, je ne vois pas comment cet argument peut valoir pour les habitants de Gaza, qui n'ont pas été aussi faibles depuis longtemps. En ce qui concerne le Hezbollah, il me semble, à l'heure où j'écris, que les résultats sur le terrain non seulement ne sont pas à la hauteur de ce qui serait alors le but poursuivi, mais sont mêmes à certains égard contre-productifs. Peut-être pensez-vous dans votre écrasante majorité qu'Israël se trouve dans cette situation, peut-être attendez-vous de voir un peu la suite des événements pour juger de la véracité de cette idée. Bigre, entre le RER D, l'incendie de la rue Popincourt et même l'assassinat de M. Halimi [3], il me semble que ces dernières années vous ne vous êtes pas tous montrés aussi précautionneux et prudents. Sans doute faudrait-il voir là un progrès. Encore devrait-on m'expliquer en quoi cette prudence concerne ce qui se passe à Gaza. -
"Car nous savons qui a dit : A moi la vengeance, à moi les représailles, et encore : Le Seigneur jugera son peuple." (X, 30.)
Autant dire que, pour chacune des trois possibilités évoquées, votre silence vaut assentiment à des actes aussi moralement répréhensibles que politiquement contre-productifs. Et ceci dans un cadre conceptuel même où les Arabes sont extrémistes, fanatiques, sans pitié, etc., et Israël un régime enviable, mature et sain, tête de la pont de la démocratie libérale dans une région du monde arriérée. Que penser alors de ce mutisme si l'on adopte des postulats de départ moins favorables à Israël ? Je vous laisse conclure [4].
Ceci fait je vous rassure : dans la France d'aujourd'hui, l'indifférence envers les autres est un tort bien partagé. Qui plus est, en plein mois d'août, vous n'êtes certes pas les seuls porcs étalés sur les plages à ne se soucier de rien d'autre que leur bien-être - les vacances rendent con, ce n'est pas un scoop. Mais la situation est telle que l'on en vient à ne plus respecter que ceux d'entre vous qui sont partis en Israël se battre contre l'envahisseur, même si on ne partage rien ou pas grand-chose de leur analyse.
Chers compatriotes juifs,
si cette petite leçon de morale vous énerve, je concluerai en faisant appel à votre égoïsme. Il se peut, je ne suis pas sûr, mais il se peut que je ne vous aurais pas écrit ainsi sans la prise de position du CRIF évoquée plus haut. Je rappelle d'ailleurs que dans un texte récent j'adoptais sur ce problème du rapport des juifs français aux méfaits d'Israël une position modérée et indulgente - je ne m'attendais certes pas à une telle atonie de votre part. Bref, pour reprendre le fil de mon propos, si ceux d'entre vous qui ne partagent pas le point de vue du CRIF ne le font pas savoir, comment ne pas en déduire votre accord ? Comment alors ne pas craindre que des gens pour qui les problèmes du Moyen-Orient revêtent une signification forte - exagérée ou non, ce n'est pas le problème - ne croient de leur devoir de vous reprocher vertement, voire physiquement, cet accord présumé, dans une variation sur le thème de la punition collective que l'état d'Israël s'ingénie aujourd'hui à mettre en pratique ? Ceci peut paraître une menace, c'est surtout une inquiétude, pour vous comme pour mon pays. -
"Attention à ne pas refuser celui qui parle." (XII, 25.)
Le CRIF pourra alors pleurer, récriminer, radoter, glavioter, c'est son rôle, mais comme à l'accoutumée ce ne sont sans doute pas ses dignitaires qui paieront eux-mêmes les pots cassés de leur arrogance, de leur agressivité et de leur stupidité. Ceci bien sûr sans souhaiter que quelqu'un s'en prenne à Roger "Goebbels mon amour" Cukierman. Ou à Alain "La suffisance vaine" Finkielkraut. Ni même à Arno "Gay, Gay, Tsahal Gay" Klarsfeld (qui d'ailleurs, comme moi, est goy). Quoi qu'il en soit, est-ce que le contexte ne se prête pas à des actions un peu novatrices, qui changeraient opportunément de la répartition des rôles habituelle en France (le CRIF, l'Arche, Adler et Finkielkraut d'un côté, La fabrique, Brauman et Warschawski de l'autre, pour schématiser) en faisant entendre la parole d'anonymes ? Si le texte de l'UPJF signalé plus haut comporte des aspects qui vous gênent (moi aussi), pourquoi ne pas envisager une pétition circulant sur Internet, lapidaire et ferme : "Je suis juif et français, je récuse à Israël le droit d'exercer sa politique actuelle en mon nom". (La question n'est pas d'être pour ou contre Israël, mais d'être pour ou contre sa politique actuelle : le "tout ou rien" est ici, pas ailleurs.) Sans entrer dans le détail de la géopolitique, sans surtout prétendre représenter quelqu'un d'autre que soi-même. Clair, net et précis. Ce n'est quand même comme se faire rouler dessus par un bulldozer israélien !
"Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et des maltraités, vous qui avez un corps aussi." (XIII, 3).
Peut-être n'est-il pas tout à fait inutile de préciser, pour finir, que je ne prétends pas, quant à moi, faire plus contre la politique israélienne, ou, dans d'autres cas, la politique française, que ce que j'aimerais que vous fassiez aujourd'hui.
De toutes les façons, si, comme j'ai souvent pu lire, et cela doit bien être au moins un peu vrai, le judaïsme fut "l'invention de la responsabilité", j'ai peine à imaginer que vous puissiez avoir le mauvais goût de fuir lesdites responsabilités en les rejetant sur celui qui a cru nécessaire de vous les rappeler.
"La grâce soit avec vous tous." (XIII, 25).
[1] En ce point il serait regrettable de ne pas exprimer l'étonnement que l'on ressent à entendre l'arriviste raté Goupil, toujours plus haut dans les cimes de sa propre bêtise, ou à lire Claude "Shoah ®" Lanzmann (Le monde, 4 août), jamais en reste de mauvaise foi arrogante, mettre sur le compte de stéréotypes antisémites (notamment le Juif tueur ou mangeur d'enfants pour Goupil) l'indignation ressentie en France (et ailleurs) devant les images du bombardement de Cana. Cela fait à n'en pas douter une belle jambe aux enfants libanais récemment tués ou mutilés d'apprendre que depuis des siècles de méchants Européens accusent les Juifs de tuer des enfants. A trop insister sur l'éternité du stéréotype, on pousse ceux qui constatent la véracité des assassinats actuels à en inférer la véracité d'assassinats passés - comment mieux nourrir les clichés antisémites ?
(Pour ce qui est du sobriquet que je viens d'accoler au démesuré directeur des Temps modernes, cf. E. Traverso, Le passé, modes d'emploi, La Fabrique, 2005, pp. 69-71).
[2] Cf. par exemple le socialo-hystérique E. Olmert, Le Monde, 4 août : "Une chose est sûre. Des mouvements terroristes, fondamentalistes, extrémistes, violents, cherchent à détruire les bases de la civilisation occidentale. Le monde civilisé est attaqué par des organisations terroristes qui sont manipulées par certains pays. / Israël est en train de créer un précédent, de fournir un exemple pour beaucoup d'autres sociétés. Israël a décidé de dire : "Assez, c'est assez !" Si le Hezbollah pense qu'il y a des endroits où nous n'irons pas, il a tort. Nous pouvons aller n'importe où."
[3] Dans ce dernier cas, rappelons que les arguments paraissant les plus probants quant au caractère antisémite de cet enlèvement et de ce meurtre ont été rendus publics après les manifestations auxquels ils ont donné lieu. Ajoutons, sans mauvais esprit mais par respect de la légalité républicaine, celle-là même qui importe tant à certains d'entre vous quand il s'agit de se mêler des coiffures des femmes des autres, mais que certains parmi vous ont tendance à oublier quand il s'agit de critiquer par anticipation le travail de la police - ou de poignarder un commissaire en plein Paris -, ajoutons, disais-je, que la justice n'a encore rendu aucun verdict sur cette affaire.
[4] Je n'ai pas discuté la notion de boucliers humains, argument fréquemment utilisé par Israël pour expliquer les morts de civils. Encore une fois, on ne peut invoquer Gaza, aujourd'hui, à ce niveau. Il faudrait par ailleurs expliquer pourquoi certains acceptent de jouer les boucliers humains, et pourquoi plus de 800 000 autres suivent les routes de l'exode. Mais ceci ne peut se faire sans une bonne connaissance de la situation politique du Liban, que je ne me targue pas de posséder. Le seul document que je puisse recommander sur le sujet fait apparaître des complexités bien au-delà de la problématique du bouclier humain et de la "prise en otage du Liban par le Hezbollah".
Parallèlement, il y a la question du respect de la vie de ses propres combattants dans les deux camps, plus grand chez les Israéliens peut-être - mais ne pourrait-on pas en conclure que leurs adversaires sont plus courageux ? Je lis en tout cas que les jeunes soldats israéliens n'en mènent pas large en se rendant au Liban, ce que je ne leur reprocherais bien sûr pas. Il importe en tout cas de rappeler qu'il faut que certains critères soient réunis pour pouvoir se permettre une stratégie économe en vies humaines (pour ses propres soldats). En d'autres termes : c'est toujours facile de donner des leçons quand on est le plus fort.
(Ajout le 7.08.)
Rezo renvoie à une prise de position de l'UJFP, nettement antérieure à ce texte, mais manifestement de peu de portée, d'autant que le projet, que j'ai précédemment relayé, d'un achat de pages dans les quotidiens, n'a guère l'air d'avancer - le CRIF, lui, n'a pas eu de mal à trouver de l'argent pour ce faire. Juifs, encore un effort pour être concernés...
Relisant avant de l'archiver le texte de Claude "La Shoah, c'est moi" Lanzmann dans Le Monde du 4 août, je me trouve bien indulgent face à un tel ramassis de contre-vérités, approximations, délires, affirmation cynique de privilèges aristocratiques. On peut avoir été résistant à vingt ans
et écrire les pires conneries à quatre-vingts, "c'est immoral mais c'est comme ça". Malheureusement, le temps comme la vocation me manquent pour le démontrer, j'insiste sur le sujet à l'adresse de ceux qui ont lu ce texte, qu'ils y voient un beau spécimen de propagande stalinienne. Il doit y avoir des gens qui lisent encore Les temps modernes, puisque cette revue paraît encore, mais sur un tel échantillon de la prose de son directeur, on est pour le moins circonspect quant à ce qui peut y être publié. Ach, s'il fallait régler leurs comptes à tous les cons... "Vaste programme", comme disait l'autre.
(Vingt minutes après.) Je passe chez DeDefensa et j'y lis qu'un chercheur qui a enquêté sur les auteurs d'attentats-suicide y confirme ce que j'écrivais il y a dix jours des combattants du Hezbollah : la plupart ne sont pas des religieux. Attention non plus à ne pas verser dans l'athéisme militant, mais tout de même, l'image du fou furieux de Dieu en prend un sacré coup. C'est ce que j'écrivais sur les banlieues : ce n'est pas de la religion pure, c'est une présence de la religion qui permet de ne pas oublier la communauté.
(Encore un peu après). Ça n'a rien à voir et ça a beaucoup à voir... Ce n'est pas parce qu'un commentaire indique que l'on m'y lit que je ne vais pas faire le lien vers ce site, en insistant au passage sur ceci. Bonne continuation j'espère !
Libellés : A. Adler, balp, Benbassa, Brauman, Communautarisme, Defensa, Dieudonné, Finkielkraut, Hezbollah, judaïsme, Klarsfeld, Lanzmann, Lévy, Olmert, Saint Paul, Sionisme, Sivan, Traverso, Warschawski
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