samedi 25 avril 2009

It's a wonderful life !

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J'avais déjà été frappé de certain rapprochement que l'on pouvait faire entre les pensées de ces deux grands contemporains que furent Mauss et Bernanos. Ce qui suit, écrit par Bernanos en décembre 1940, ne fait que confirmer la validité de ce rapprochement :

"S'il existe une morale des maîtres, elle ne saurait se distinguer de l'autre [celle des esclaves] que par l'étendue et la sévérité de ses exigences, mais l'esprit public est tombé si bas, même chez les chrétiens, que le mot de maître évoque instantanément l'idée de sujétion, non de protection. « Il n'y a pas de privilèges, il n'y a que des services », tel était jadis le principe fondamental de l'ancien droit monarchique français. Mais il ne peut être compris que par une nation de vieille race, de race seigneuriale, pour qui la marque la plus évidente d'une basse origine est d'être naturellement tenté de se servir des faibles au lieu de les servir.


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Lorsque l'on parle de la tradition libérale ou démocratique de mon pays, on oublie qu'elle exprime, souvent sans le savoir, une conception aristocratique de la vie. Car elle n'a nullement le sens ni l'esprit d'une simple revanche des opprimés contre les oppresseurs, elle traduit en un vocabulaire malheureusement mis à la portée du premier venu, d'un public inculte - du monde moderne en un mot -, le sentiment à la fois chrétien et chevaleresque que la véritable égalité ne peut naître que dans une société assez ancienne pour que l'étroite solidarité des obligations librement consenties fasse tour à tour, de chacun de ses membres, des serviteurs conscients de leurs droits et des maîtres conscients de leurs devoirs. Mais qui se soucie aujourd'hui de l'expérience accumulée au cours des siècles par un peuple aussi sage et aussi humain que le nôtre ? Les politiciens répètent à tort et à raison le mot de démocratie et le public docile croit fermement que ce mot signifie la même chose pour un paysan de l'Ile-de-France que pour un mineur de Californie. Ce qui importe à l'homme, ce n'est pas d'avoir des droits, mais la fierté nécessaire pour en porter la charge avec naturel et dignité, car ils pèsent plus lourd que les devoirs."

(« Race contre nation », in Le chemin de la Croix-des-âmes, Essais et écrits de combat, « Pléiade » t. 2, p. 217.)


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Une précision : c'est, encore une fois, via les conseils de P. Yonnet que j'ai relu ce texte, dont je dois utiliser la suite sous peu. Nous baignons dans l'Yonnet en ce moment, mais le fait est qu'il vous donne envie de (re)découvrir de nombreux auteurs, des plus « classiques » au plus anonymes. Ce qui était aussi le cas, dans une moindre mesure, de Jean-Claude Michéa, à qui je dois ma rencontre avec le Voyage au centre du malaise français, Michéa que j'ai d'ailleurs de ce fait laissé tomber après une première livraison pourtant prometteuse, quelle ingratitude, quelle entorse au don/contre-don. A charge de revanche !

Deux compléments :

- est-ce parce qu'il risque de devenir de plus en plus vrai, j'éprouve le besoin de citer de nouveau ce sain principe de Cioran, :

"On doit se ranger du côté des opprimés en toute circonstance, même quand ils ont tort, sans pour autant perdre de vue qu'ils sont pétris de la même boue que leurs oppresseurs."

- mon fils - 5 ans, déjà... -, avec une acuité toute girardienne, ou murayenne, me déclare, après une vision de Il était une fois l'homme, qu'il n'aime pas la Révolution française, « parce que c'est plein de femmes qui crient ». Un conservateur macho de plus dans la famille, madame est ravie !


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"La femme est l'avenir des cons / Et l'homme est l'avenir de rien..."

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