mardi 14 juillet 2009

Michèle Alliot-Marie antisémite ?

Je l'ignore, mais cette brave dame aurait voulu donner raison à M. Fofana et à tous ceux qui pensent que les Juifs sont « plus égaux que les autres », qu'elle n'eût pas agi autrement qu'en annulant ainsi de facto une décision de justice. Ne parlons pas de notre bien-aimé Président et de ses acolytes sur cette question, si j'en crois le Libéramerde d'aujourdhui, MM. Spizner et Herzog.

Voilà qui nous promet en tout cas de joyeux moments. L'objectif des sionistes ici est assez clair : pas tellement une peine plus grande pour les accusés qu'un gros procès à spectacle, où l'on parle d'antisémitisme sans arrêt.

(On sait que depuis qu'elle a été mise au pas par N. Sarkozy Mme Alliot-Marie lui obéit sans regimber à toutes occasions : il est possible ici, si je cerne bien le personnage, qu'elle se soit en privé laissée aller à quelques râleries.)


Ces questions de racisme et d'ethnies... En voyant aujourd'hui déambuler dans Paris de nombreux couples mixtes (principalement hommes noirs-femmes blanches et hommes blancs-femmes noires), sur fond, dans les actualités, de révoltes de « la racaille » et de violences policières, je trouvais confirmation de mon idée qu'un processus profond a lieu, où les questions de race ou de culture, sans être absentes, sont reléguées au second plan, pendant que les « actifs » des deux camps, eux, laissent libre cours à leur haine de l'autre. Il y a deux évolutions parallèles : une évolution douce, de masse - qui n'exclut pas du tout les déchirements identitaires, il s'en faut, mais qui suit son cours -, et une évolution plus spectaculaire, non fictive je le précise, mais dont on peut espérer qu'elle ne perturbe pas la première, plus importante à tous points de vue, et, disons-le, plus positive.

(Ce qui ne fait pas de moi un apôtre du métissage, dont je ne vois pas en quoi il est une valeur positive en lui-même. Mais une chose est de l'encourager, au nom de Dieu sait quoi, une autre chose est de constater qu'il peut se faire pacifiquement.)


Ceci dit, retournons à nos habituelles investigations. Je lis dans Contre le monde moderne, de Mark Sedgwick (Dervy, 2008 [2004 pour l'édition originale anglaise], pp. 42-43), une histoire des mouvements traditionnalistes, que c'est, via René Daumal, la lecture de René Guénon qui donna au jeune Louis Dumont, à la fin des années 20, l'envie de s'intéresser à l'Inde. En sortira Homo hierarchicus, la distinction holisme/individualisme, si importante à ce comptoir. Voilà une filiation que j'ignorais.

Dans le même ordre d'idées, j'apprends dans les Six entretiens avec André Malraux sur des écrivains de son temps, par F. Grover (Gallimard, coll. "Idées", 1978, pp. 74-75), que Jean Paulhan était un fervent admirateur de Guénon, dont il faisait les louanges à Drieu la Rochelle, lui-même, sur la fin de sa tumultueuse et attachante existence, féru d'hindouisme.

Je vous raconte ça sans autre but que de faire circuler les informations, à celui-ci près : m'a vite séduit, dans l'École sociologique française, cette tension entre une conception holiste de la société, et un engagement individuel très fort, extrême, si perceptible chez Durkheim notamment, dans l'aventure de la compréhension. Tout sauf de l'académisme, pour le dire vite. Apprendre donc, d'une part, que Dumont, qui a souvent un ton très froid, auquel on n'est pas obligé de se laisser prendre, mais qui laisse peu de place à l'affectivité, que, d'autre part un homme volontiers « au-dessus de la mêlée » comme Paulhan, ont tous deux été touchés par une pensée aussi radicale que celle de Guénon, qui conjoint un regard global sur la société et une tentative de réforme de soi-même à l'écart de cette société, n'a donc pu que me conforter dans mon regard sur Durkheim, Mauss... ce que du reste l'admiration que quelqu'un comme Georges Bataille leur portait ne peut par ailleurs que confirmer.

C'est aussi - voilà un sujet que je dois développer depuis longtemps... - une façon de rappeler que l'appréhension holiste de la société n'est en rien antithétique d'un travail sur soi-même (et que considérer la société comme une totalité n'implique en rien, de même, le refus de l'individualité). On devrait même dire que l'on ne peut se comprendre soi-même que si l'on a au moins en partie compris la société dans laquelle on évolue. La comprendre en partie, mais l'aborder comme un tout. Pour comprendre, autant que faire se peut, la petite partie que l'on est, savoir que l'on est partie d'un tout, même si on ne le comprend pas totalement, même s'il est, comme actuellement, incohérent (ce qui d'ailleurs ne favorise pas l'apparition de réelles individualités). Ce n'est qu'une fois que l'on a compris à quel point on est dans la société que l'on peut, peut-être, isoler ce qui est soi-même. (Il faudrait envisager l'oeuvre d'Artaud de ce point de vue ; nous sommes par ailleurs ici en terres musiliennes).

Vaste programme !



Une potacherie pour finir : mes lecteurs d'un certain âge se souviennent sans doute de Jean Sas, qui amusa la galerie pendant des années à la radio en posant des questions incompréhensibles à ses « victimes ». Voici un échantillon de son talent. Ce sera ma manière de célébrer la fête nationale !

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