mercredi 16 novembre 2011

Le retour en fanfare du trou du cul. Un Bonnet sur les yeux, ou Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Je vous la fais brève aujourd'hui, ce sont des choses que j'ai déjà écrites. Mais c'est un tel cas d'école que, outre le plaisir bien naturel de dire du mal de l'intéressé, il serait dommage de ne pas s'attarder dessus quelques minutes.

Donc, Olivier « Moi j'encule les fachos » Bonnet découvre la loi Rothschild, et nous fait tout un laïus dessus. C'est bien sûr du pur Soral, en plus grossier d'ailleurs, car à le lire on a l'impression que sans cette loi tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes français, ce dont je me permets de douter. Quoi qu'il en soit, ce qui est amusant, c'est que notre gauchiste « sabre au clair » (sérieusement, un de ses copains ne peut pas lui dire à quel point il a l'air con avec cette appellation ?), notre Albert Londres de la revue de presse (ou, si l'on préfère, notre Ivan Levaï de la blogosphère de gauche), reprend, via des déclarations de J.-L. Mélenchon, un argumentaire dont je veux bien que l'origine, si tant est qu'on la trouve, ne soit pas nécessairement à chercher du côté d'Alain Soral, mais qui a été pour la première fois, ces derniers temps, porté sur la place publique par Marine Le Pen, sous l'évidente inspiration de Poutine-Chavez-Khadafi (aïe !) -Ahmadinejad-Soral.

Ce que concède en partie notre serial compilateur des idées des autres, mais c'est pour aussitôt dégainer sa petite bite antifaf : "Et personne ne dénonce jamais ce scandale absolu ! A part Mélenchon et l’extrême droite – qui ne le fait que par opportunisme, étant entendu qu’elle a toujours été au service zélé du capitalisme libéral et ne remettra donc jamais en cause son empire…"

Antipathie personnelle mise à part, et je veux bien avouer que si celui qui se vante d'avoir été formé à L'événement du jeudi, c'est dire s'il s'y connaît en matière de morale, et se félicite d'avoir été classé parmi les meilleurs blogs par un torche-cul comme Challenges, c'est dire s'il a la fierté bien placée, je veux bien avouer que s'il me semble aussi pathétique, c'est parce que je reconnais en lui un peu de ce que j'ai pu être, antipathie personnelle mise à part, donc, il ne s'agit pas de donner à ce compagnon de route de toutes les défaites plus d'importance qu'il n'en a.

Il est néanmoins frappant de saisir ainsi sur le fait l'expression d'une idée qui mérite d'être discutée - le rôle de la loi Rothschild - et, dans la minute qui suit, la volonté de fermer la porte à ceux qui pourraient contribuer à discuter cette idée, à lui donner plus d'écho. Plus idiot utile tu meurs !

Soyons clair, tiens, profitons-en. Que l'extrême-droite, ou ce que l'on a coutume d'appeler comme ça, ait pu être au service du capitalisme libéral - dans le temps, on disait : du grand capital, et c'était peut-être plus juste, mais passons -, oui, d'accord, mais Lénine, mais Trotski, ils ont trouvé de quoi financer leurs activités dans une pochette surprise ? Par la simple générosité du peuple russe ? - A. Soral évoque ça ces derniers temps, il n'est pas le premier, les lecteurs du journal Spirou dans les années 80 pouvaient lire des choses analogues


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, c'est justement le noeud du problème en monde capitaliste-libéral : où trouver l'argent ? Par qui se le faire donner sans se lier les mains ? Ceci dans l'optique où l'on veut avoir un minimum d'efficacité, bien sûr. Si c'est pour distribuer quelques tracts au soleil provençal avant d'aller râler sur son sort autour d'un pastis tout en se prenant pour Tintin (créé par un facho!), les ressources restent assez faciles à dénicher. - Or, et c'est là que le Bonnet blesse, c'est précisément en continuant à faire un clivage strict entre les mécontents de gauche et les mécontents de droite que l'on sépare des gens qui pourraient avoir quelques points d'entente, que l'on entretient une logique de petits groupes aussi inutiles que facilement manipulables. Et certes, l'histoire du fascisme italien illustre bien le fait que l'on peut au départ être à l'écart des clivages du monde politique traditionnel pour finir (à partir de quel moment, je ne saurais le dire, je ne suis pas assez connaisseur du sujet) par être fortement dépendant du grand capital.

De toutes façons, j'écris tout ça pour que cela soit fait une fois, mais sans enthousiasme ni grand espoir. Je partage l'opinion d'un ami : Marine Le Pen ne peut rien faire en elle-même (et j'ajouterai : son parti, ou ce qu'il en reste, encore moins), mais c'est peut-être par elle qu'il peut se passer quelque chose. Qui a de bonnes chances, tous les Bonnet de la terre aidant, de ressembler à un nouveau 21 avril (date fétiche pour moi, c'est un 21 avril que j'en ai fini avec l'esclavage salarié... Pardon !).

Vous aurez compris que cela n'a rien d'une « consigne de vote » - quelle expression, d'ailleurs, quel respect de l'autonomie de ses électeurs... - ou d'une annonce de mon vote personnel, en admettant que je me résolve à voter. Un diagnostic tout au plus.

(D'ailleurs, puisqu'on en parle, je verrais plus des possibilités, sinon de changement au moins d'amusement, dans une grande grève des impôts, sur le mode : personne ne paie plus rien à l'État tant que notre argent part chez les banquiers... Chiche ?)


J'ai donc fini quelques mois à l'avance, merci Bonnet, mon petit discours sur la prochaine élection, et repars m'occuper de choses plus intéressantes, en tout cas pour moi, j'espère revenir bientôt vous les soumettre. Portez-vous bien !



P.S. : à l'heure où je mets sous presse, j'hésite à communiquer cet article à notre intrépide grand reporter des cafés provençaux, ainsi que je l'avais fait la dernière fois que je l'avais pris à parti. D'un côté je ne voudrais pas donner l'impression de lui dissimuler mes injures à son endroit, d'un autre je sais par expérience que l'on ne peut pas discuter avec lui - même si, d'une certaine façon, je viens d'essayer de le faire à l'instant -, et que ça n'en vaut donc pas la peine. Je verrai.

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