samedi 15 décembre 2007

"Des télégrammes et des prières..."

"L'avantage non négligeable d'avoir beaucoup haï les hommes est d'en arriver à les supporter par épuisement de cette haine même."

"On voudrait parfois être cannibale, moins pour le plaisir de dévorer tel ou tel que pour celui de le vomir."

"On ne se connaît soi-même qu'à partir du moment où l'on commence à déchoir, où toute réussite, au niveau des intérêts humains, se révèle impossible : défaite clairvoyante par laquelle, en prenant possession de son propre être, l'on se désolidarise de la torpeur universelle."


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L'auteur de telles phrases ne peut qu'avoir droit à mon indulgence, et c'est pourquoi, malgré les facilités que s'autorise son auteur, son goût pour la parlote et son laisser-aller à quelques affectations « littéraires », je transcris ici (sans signaler mes coupures) les passages les plus intéressants de deux textes de Cioran, remontant à 1957 et principalement consacrés à la Russie :

"Plus j'y songe, plus je trouve qu'elle s'est formée, à travers les siècles, non pas comme se forme une nation, mais un univers, les moments de son évolution participant moins de l'histoire que d'une cosmogonie sombre, terrifiante. Ces tsars aux allures de divinités tarées, géants sollicités par la sainteté et le crime, affaissés dans la prière et l'épouvante, ils étaient comme le sont ces tyrans récents qui les ont remplacés, plus proches d'une vitalité géologique que de l'anémie humaine, despotes perpétuant en nos temps la sève et la corruption originelles, et l'emportant sur nous tous par leurs inépuisables réserves en chaos. Couronnés ou non, il leur importait, il leur importe de faire un bon au-dessus de la civilisation, de l'engloutir au besoin ; l'opération était inscrite dans leur nature, puisqu'ils souffrent toujours d'une même hantise ; étendre leur suprématie sur nos rêves et nos révoltes, constituer un empire aussi vaste que nos déceptions et nos effrois. Une telle nation, requise et dans ses pensées et dans ses actes par les confins du globe, ne se mesure pas avec des étalons courants, ni ne s'explique en termes ordinaires, en langage intelligible.


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A refuser le catholicisme, la Russie retardait son évolution, perdait une occasion capitale de se civiliser rapidement, tout en gagnant en substance et en unicité ; sa stagnation la rendait différente, la faisait autre : c'est ce à quoi elle aspirait, pressentant sans doute que l'Occident regretterait un jour l'avance qu'il avait sur elle.

Cependant que les peuples occidentaux s'usaient dans leur lutte pour la liberté et, plus encore, dans la liberté acquise (rien n'épuise tant que la possession ou l'abus de la liberté), le peuple russe souffrait sans se dépenser ; car on ne se dépense que dans l'histoire, et, comme il en fut évincé, force lui fut de subir les infaillibles systèmes de despotisme qu'on lui infligea : existence obscure, végétative, qui lui permit de s'affermir, d'entasser des réserves, et de tirer de sa servitude le maximum de profit biologique. L'orthodoxie l'y a aidé, mais l'orthodoxie populaire, admirablement articulée pour le maintenir en dehors des événements, au rebours de l'officielle qui, elle orientait le pouvoir vers des visées impérialistes. Double face de l'Eglise orthodoxe : d'une part, elle travaillait à l'assoupissement des masses, de l'autre, auxiliaire des tsars, elle en éveillait l'ambition, et rendait possible d'immenses conquêtes au nom d'une population passive [1].

Pour que la Russie s'accomodât d'un régime libéral, il faudrait qu'elle s'affaiblît considérablement, que sa vigueur s'exténuât : mieux : qu'elle perdît son caractère spécifique et se dénationalisât en profondeur. Comment y réussirait-elle, avec ses ressources intérieures inentamées, et ses mille ans d'autocratie ? A supposer qu'elle y arrivât par un bond, elle se disloquerait sur-le-champ. Plus d'une nation, pour se conserver et s'épanouir, a besoin d'une certaine dose de terreur. La France elle-même n'a pu s'engager dans la démocratie qu'au moment où ses ressorts commencèrent à se relâcher, où, ne visant plus à l'hégémonie, elle s'apprêtait à devenir respectable et sage [protestante ?]. Le premier Empire fut sa dernière folie. Après, ouverte à la liberté, elle devait en prendre péniblement l'habitude, à travers nombre de convulsions, contrairement à l'Angleterre qui, exemple déroutant, s'y était faite de longue main,


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c'est en forgeant qu'on devient formidable, comme disait P. Desproges...


sans heurts ni dangers

- lieu commun, exagération... passons, ce qui suit compense

, grâce au conformisme et à la stupidité éclairée de ses habitants (elle n'a pas, que je sache, produit un seul anarchiste).

- Orwell ?


Le temps favorise à la longue les nations enchaînées qui, amassant des forces et des illusions, vivent dans le futur, et dans l'espoir ; mais qu'espérer encore dans la liberté ? ou dans le régime qui l'incarne, fait de dissipation, de quiétude et de ramollissement ?

- Ach, en fait, c'est clair : si la IIIe République en son début fut une époque admirable, c'est grâce à la colonisation ! Cela a évité, dans un premier temps, le ramollissement. Non, toute morale mise à part, sans effets pervers - comme l'a montré A. Arendt, la promotion de ratés du continent en petits potentats « outre-mer » a été un exemple délétère pour toute la nation : il suffisait de s'expatrier, de fouetter quelques nègres et de fourrer quelques négresses, pour s'enrichir, voilà qui ne pouvait que nuire à l'exemplarité de l'idéal républicain et à la généralisation de la méritocratie... Revenons à Cioran.

Merveille qui n'a rien à offrir, la démocratie est tout ensemble le paradis et le tombeau d'un peuple. Bonheur immédiat, désastre imminent.

Mieux pourvue, autrement chanceuse, la Russie n'a pas à se poser de tels problèmes, le pouvoir absolu étant pour elle, comme le remarquait déjà Karamzine, le « fondement même de son être ». Toujours aspirer à la liberté sans jamais y atteindre, n'est-ce point là sa grande supériorité sur le monde occidental, lequel hélas !, y a depuis longtemps accédé ? Elle n'a, en outre, nulle honte de son empire ; bien au contraire, elle ne songe qu'à l'étendre.

Qu'elle les ait provoqués ou subis, la Russie ne s'est jamais contentée de malheurs médiocres.


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Il en sera de même à l'avenir. Elle s'aplatira sur l'Europe par fatalité physique, par l'automatisme de sa masse, par sa vitalité surabondante et morbide si propice à la génération d'un empire, par cette santé qui est sienne, pleine d'imprévu, d'horreur et d'énigmes, affectée au service d'une idée messianique, rudiment et préfiguration de conquêtes. Quand les slavophiles soutenaient qu'elle devait sauver le monde, ils employaient un euphémisme : on ne le sauve guère sans le dominer.


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Répugnant à se définir et à accepter des limites, cultivant l'équivoque en politique et en morale, et, ce qui est plus grave, en géographie, sans aucune naïveté inhérentes aux « civilisés » rendus opaques au réel par les excès d'une tradition rationaliste, le Russe, subtil par intuition autant que par l'expérience séculaire de la dissimulation, est peut-être un enfant historiquement, mais en aucun cas psychologiquement ; d'où sa complexité d'homme aux jeunes instincts et aux vieux secrets.

- Cioran exprime ensuite l'idée que la Russie peut aussi s'amollir au contact de l'Occident une fois qu'elle l'aura avalé, devenir aussi « décadente », ou « démocratique » que lui. Puis il récapitule :

La vie en profondeur, l'existence secrète, celle de peuples qui, ayant l'immense avantage d'avoir été jusqu'ici rejetés par l'histoire, purent capitaliser des rêves, cette existence enfouie, promise aux malheurs d'une résurrection, commence au-delà de Vienne, extrémité géographique du fléchissement occidental. L'Autriche, dont l'usure confine au symbole ou au comique, préfigure le sort de l'Allemagne. Plus aucun égarement d'envergure chez les Germains, plus de mission ni de frénésie, plus rien qui les rende attachants ou odieux ! Barbares prédestinés, ils détruisirent l'Empire romain pour que l'Europe pût naître ; ils la firent, il leur revenait [via l'expansionnisme nazi] de la défaire ;

- littérateur ! mais efficace...

vacillant avec eux, elle subit le contrecoup de leur épuisement. Quelque dynamisme qu'ils possèdent encore, ils n'ont plus ce qui se cache derrière toute énergie, ou ce qui la justifie. Voués à l'insignifiance, des Helvètes en herbe, à jamais hors de leur habituelle démesure, réduits à remâcher leurs vertus dégradées et leurs vices amoindris, avec, comme seul espoir, la ressource d'être une tribu quelconque, ils sont indignes de la crainte qu'ils peuvent encore inspirer : croire en eux ou les redouter, c'est leur faire un honneur qu'ils ne méritent guère.

- à moins que... A l'heure du « Traité simplifié » (fils de pute ! Véreux ! Barbeaux ! etc.), nouvelle « avancée » germano-protestante dans l'anus des peuples qui n'en peuvent mais - ou qui y prennent goût ? -, on peut se demander si Cioran, malgré la verve de sa description, n'était pas allé un peu vite, et si justement le profil bas de l'Allemagne ne l'a pas trompé. Bon, ceci dit, l'Allemagne ni le protestantisme n'ont fait l'UE à eux tout seuls (Muray dans son Rubens exagère un peu sur ce point, et laissons-là l'Allemagne et le « Traité simplifié » pour aujourd'hui, j'y reviens très bientôt, preuves et corpus delicti à l'appui).

Leur échec fut la providence de la Russie. Eussent-ils abouti, qu'elle eût été écartée, pour au moins un siècle, de ses grandes visées. Mais ils ne pouvaient aboutir, car ils atteignirent au sommet de leur puissance matérielle au moment où ils n'avaient plus rien à proposer, où ils étaient forts et vides. L'heure avait déjà sonné pour d'autres.


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Avec ses dix siècles de terreur, de ténèbres et de promesses, la Russie était plus apte que quiconque à s'accorder au côté nocturne du moment historique que nous traversons. L'apocalypse lui sied à merveille, elle en a l'habitude et le goût, et s'y exerce aujourd'hui plus que jamais, puisqu'elle a visiblement changé de rythme. « Où te hâtes-tu ainsi, ô Russie ? » se demandait déjà Gogol qui avait perçu la frénésie qu'elle cachait sous son apparente immobilité. Nous savons maintenant où elle court, nous savons surtout qu'à l'image des nations au destin impérial, elle est plus impatiente de résoudre les problèmes des autres que les siens propres. C'est dire que notre carrière dans le temps dépend de ce qu'elle décidera ou entreprendra : elle tient notre avenir bien en main...


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Que fait ici Vladimir ? La photo a fait jaser dans les chancelleries. Mao aimait bien les petites filles, après tout, chacun ses faiblesses... D'autres avaient plus de goût sans doute, mais moins de classe, la vie est mal faite.


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Au point où en sont les choses, ne méritent intérêt que les questions de stratégie et de métaphysique, celles qui nous rivent à l'histoire et celles qui nous en arrachent : l'actualité et l'absolu, les journaux et les Evangiles... J'entrevois le jour où nous ne lirons plus que des télégrammes et des prières. Fait remarquable : plus l'immédiat nous absorbe, plus nous éprouvons le besoin d'en prendre le contre-pied, de sorte que nous vivons, à l'intérieur du même instant, dans le monde et hors du monde. Aussi bien, devant le défilé des empires, ne nous reste-t-il plus qu'à chercher un moyen terme entre le rictus et la sérénité." (Histoire et utopie, "Folio", 2003, pp. 24-47)

En 1994, Cioran revient sur ce texte, et ajoute ce qui vous paraîtra peut-être une consolation :

"Je dis dans ce livre que l'avenir appartient à la Russie ; c'est même un miracle que la Russie ne se soit pas approprié toute l'Europe, mais l'histoire n'est pas finie. Malheureusement l'histoire n'est rien d'autre que la succession des grandes puissances, c'est ça l'histoire. (...) Je pense personnellement que l'Occident ne peut être sauvé que si la Chine devient une grande puissance et que la Russie la redoute. Mais si cela continue de la sorte, l'Occident cédera à la pression russe. S'il y a une logique de l'histoire, une logique cynique, certes, c'est que la Russie doit devenir maîtresse de l'Europe. Il y a toutefois des exceptions dans l'histoire et le réveil de l'Asie peut sauver l'Europe." (Entretiens, p. 311)

En même temps et quoi qu'il en soit de ces évolutions géopolitiques, l'Europe ne peut être « sauvée » par personne d'autre qu'elle-même, et c'est là que le bât blesse :

"Je suis passé près de Notre-Dame et pourtant je n'avais pas envie d'y entrer. Je continue mon chemin dans une léthargie absolue, je vois, je ne sais où, l'affiche d'un film pornographique. J'entre dans le cinéma qui était plein d'ouvriers étrangers. Le film était lamentable, absolument dégoûtant. Mais dans ma détresse, voilà exactement ce dont j'avais besoin. C'est absurde, me disais-je. La civilisation qui produit de tels films est près de disparaître. J'ai pensé qu'un régime communiste a au moins cela de bon qu'on n'y montre pas des films de ce genre." (1986, pp. 190-91),

ce que l'on peut rapprocher de ce paradoxe assez baudelairien :

"Serf, ce peuple bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des horreurs !" (cité sans plus de précisions par A. de Benoist, sans référence, dans un texte que l'on peut trouver ici.),

paradoxe dont voici une dernière illustration :

"L'histoire a un cours, mais l'histoire n'a pas un sens. Si vous prenez l'Empire romain : pourquoi avoir conquis le monde pour ensuite être envahi par les Germains ? Ça n'a aucun sens. Pourquoi l'Europe occidentale s'est-elle démenée pendant des siècles pour créer une civilisation, qui maintenant est visiblement menacée de l'intérieur, puisque les Européens sont minés intérieurement ? Ce n'est pas un danger extérieur quelconque qui est grave, mais eux, entièrement, sont mûrs pour disparaître. Toute l'histoire universelle est comme ça : à un moment donné toute civilisation est mûre pour disparaître. Alors on se demande quel sens a ce déroulement. Mais il n'y a pas de sens. Il y a un déroulement. Quel est le sens ? Pourquoi avoir fait des cathédrales ? Regardez Paris, qui a fait des cathédrales : elle a maintenant la tour Montparnasse. Faire la tour Montparnasse après avoir fait des cathédrales : peut-on dire après que l'histoire a un sens ? Que la vie de Paris ait un sens ? Non. On se dépense, on fait quelque chose, et ensuite on disparaît." (1982, p. 67)

La tour Montparnasse, cela évoque spontanément au cinéphile le souvenir de cette séquence d'un film au titre adapté à notre propos du jour, Le fantôme de la liberté, dans lequel un individu armé d'un fusil à lunette tire, on ne sait pourquoi, depuis le dernier étage de la tour, sur des passants anonymes. Imaginez donc un cadavre (le vôtre, pourquoi pas, ceci dit sans agressivité) rue de Rennes


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- imaginez, car je n'ai pu retrouver de photographie de cette séquence. Ma recherche n'a néanmoins pas été tout à fait inutile, j'ai appris que cette tour (le plus bel endroit d'où voir Paris, comme on dit, puisque c'est le seul d'où justement l'on voit pas la tour Montparnasse) offrait d'utiles ressources aux esclaves salariés « qui n'ont pas du tout le profil de désespérés »


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, et ai retrouvé un cliché de la fameuse séquence où l'on voit de bons bourgeois dîner en ville, autrement dit chier en ville


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De la merde à la merde... « On se dépense, on fait quelque chose, et ensuite on disparaît. » De Profundis !





Note.
En 1989, un autre émigré d'Europe de l'Est, le démocrate grec Castoriadis, écrivait à peu près la même chose, mais avec une approche évidemment différente :

"L'histoire de la Russie proprement dite - avant que le pays ne tombe sous l'influence politique de l'Occident, soit jusqu'à la plage temporelle qui va des Décembristes à 1905 - ne nous intéresse absolument pas en tant qu'histoire politique. On ne peut rien en faire, il n'y a rien à y réfléchir politiquement. Tout au plus, elle peut nous servir négativement, par juxtaposition avec et opposition à l'histoire de l'Europe occidentale. Elle offre en effet un contre-exemple magnifique et massif à l'idée que le christianisme ait pu être un élément important du processus d'émancipation entamé en Europe occidentale à partir du XII-XIIIe siècle. Elle montre à quel point le christianisme peut se combiner organiquement et harmonieusement avec le despotisme oriental pour produire un absolutisme théocratique - comme il l'avait déjà fait pendant mille ans dans l'Empire byzantin - et que si donc l'Europe occidentale a pu ouvrir une autre voie, les conditions efficaces de ce fait doivent être cherchées ailleurs. Les Athéniens, les Florentins, et même les Romains peuvent nous faire réfléchir politiquement. Mais la Russie, jusqu'au XIXe siècle, n'a aucune place dans l'histoire de la liberté (alors qu'elle en a évidemment une très importante, comme du reste Byzance, dans l'histoire de la peinture, de l'architecture, de la musique, etc.). Elle n'entre dans cette histoire qu'à partir du moment où elle essaie, à sa propre façon, de se naturaliser dans l'histoire de l'Occident - processus de naturalisation pénible, qui a aussi accouché du monstre léninien-stalinien, et qui reste problématique comment le montrent les événements qui se déroulent sous nos yeux." (Le monde morcelé, Seuil, 1990, pp. 175-176)

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