Gauchistes, encore un effort, par pitié... (II)
Our hero !
J'ai écrit je ne sais plus où que la fonction historique de Nicolas Sarkozy serait peut-être de permettre aux Français de refaire (un peu de) leur unité contre lui, en leur faisant prendre conscience, non de leur identité nationale, mais de leurs valeurs, valeurs incompatibles avec les siennes (pour autant qu'il en ait : je vous avais écrit tout un sermon sur ce thème il y a bientôt un an, n'hésitez pas à le relire, il tient délicieusement le coup). Il me semble qu'il est déjà en train de réussir à réconcilier de Gaulle et Le Pen, ce qui, même si le temps a passé depuis les accords d'Évian, n'est pas un mince exploit. Éric Besson et la lumpen-racaille ont beau faire, les gens de droite voient bien que le bougne est problème second, pas premier. Pour le dire en reprenant les termes de P. Yonnet, ce qui compte est la nation en acte, pas une identité factice. Ou, très prosaïquement : on peut penser et dire du mal des immigrés, on préfère tout de même un sympathique et compétent plombier rebeu (et ceux qui croient que je prends les plombiers de haut feraient bien d'ausculter leur propre subconscient) à un politicien qui pontifie sur la France tout en essayant de vous prendre par tous les trous.
Ach, si seulement la gauche... Il y a trois ans je m'étais ému du peu de compréhension par les auteurs de gauche des notions de communauté et de holisme. Soit dit en passant, je n'avais alors pas lu Michéa (sauf peut-être Impasse Adam Smith), qui fournit sur ce point d'intéressants outils d'analyse. Quoi qu'il en soit, je pourrais vous faire le même numéro sur ce thème : cela a beau faire des dizaines d'années qu'un juif marxiste de gauche (merde, ça en fait des certificats de bonne conduite !), en l'occurrence l'excellent Gunther Anders, les a prévenus qu'il était devenu plus important que tout d'être conservateur, pour, dans un premier temps, préserver ce qui peut encore l'être, s'ils l'évoquent avec révérence, c'est pour oublier tout aussitôt ce sage conseil - ou s'offusquer si ce même conseil provient d'un goy non marxiste pas toujours de gauche.
L'erreur est pourtant ici à peu près la même que celle des gens de droite qui voient dans le krouia la source de tous leurs maux : il s'agit de faire porter trop de choses, positives ou négatives, sur les épaules de l'étranger, de l'immigré, du sans-papier. De même que les problèmes d'immigration sont seconds par rapport à la question du pouvoir politique de la France, la souffrance du sans-papier, pour réelle qu'elle soit, ne doit venir qu'en second, dans l'esprit d'un Français, par rapport à la souffrance de ses compatriotes - et là encore, ceux qui croient que lorsque j'écris « en second » je pense « on s'en fout » feraient mieux de réviser leur concept de hiérarchie - je ne prêche pas du tout l'indifférence, je rappelle ce qui me semble un ordre de priorités. Pour enfoncer le clou : un sans-papier malien peut être humainement plus intéressant qu'un gros con de Français, et il y en a !, mais si l'on ne veut s'occuper que de la souffrance du premier et pas de celle du second, fût-il un chômeur alcoolo xénophobe, il n'y a alors qu'une attitude cohérente : renoncer pour soi-même à tous les avantages que l'État(-Nation) peut offrir - et il y en a ! Si l'on accepte un tant soit peu l'idée de nation, on est bien obligé, en tout cas on devrait se sentir obligé d'être solidaire de ses compatriotes, tout difficile que cela puisse parfois être. Cela n'implique aucune renonciation à aucun idéal d'universalité que ce soit.
- Ce modeste rappel de priorités logiques n'empêche donc pas, il s'en faut, de « soutenir » autant les immigrés que French Popu. On peut très légitimement considérer que le mieux serait que la situation s'améliore aussi bien « ici » qu'« ailleurs » (Heil Godard !). Mais là encore, il faut être précis : si les politiques des pays occidentaux contribuent à maintenir une certaine partie du monde dans la misère, et donc à encourager les flux migratoires (qui ceci dit ne concernent pas nécessairement les plus pauvres), il est abusif d'accuser de tous les crimes le Français moyen qui trime pour nourrir sa famille, et cela reste abusif même s'il proclame se foutre du tiers-monde comme de sa première carte de France (pour ceux qui comprennent la métaphore).
En résumé :
il est grand temps que D. Gluckstein et G. Schivardi enculent Besancenot un bon coup (ils peuvent y aller à sec, c'est déjà bien ouvert, Sarko a dégagé la voie) ; ceci fait, qu'ils aillent boire un verre au Wepler
avec Villepin et Le Pen - et, tant qu'à faire, moi-même, je serais heureux d'entendre, la bouche pleine de joue de boeuf au Riesling mais l'esprit attentif, ce qui pourrait alors se dire.
- Et certes de l'eau risque de couler sous les ponts d'ici là. Quel est donc le statut de tout ce discours ? J'affirme mais ne prouve guère. Prends-je pour autant mes désirs pour des réalités ? Je crois trop bien connaître les capacités d'inertie de mes compatriotes pour me bercer d'espoirs illusoires. Reste un certain air du temps, que j'espère flairer à peu près bien. Et quelques références, que je vous donne pour finir :
- le dernier papier d'Alain Soral, où sont évoqués les rapports entre de Gaulle et la droite nationale ;
- un texte parmi d'autres de ce site irrégulier mais si réjouissant parfois, L'Organe ;
- à gauche, l'excellente réaction de Jacques Sapir à cet amusant projet - vous avez voulu Sarko, vous l'avez eu - visant à rendre les élèves de Terminale scientifique encore plus abrutis qu'avant. Vous ne manquerez pas de noter que J. Sapir ne diabolise pas plus que bibi les questions sur la nation, se contentant d'émettre quelques réserves sur M. Éric Besson. C'est bien le moins. Heureusement, la justice veille !
Et elle n'est pas contente !
Libellés : Anders, Besancenot, Besson, Blonde Zombie, de Gaulle, Gluckstein, Godard, L'Organe, Le Pen, Michéa, Moi, Sapir, Sarkozy, Schivardi, Soral, Villepin, Voyer forever, Yonnet
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