samedi 3 juillet 2010

Mes responsabilités dans ton cul. - Apologie de la race française, VII. - Nigger of the day, VIII.

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Ah, la race française...



Apologie I.

Apologie II.

Apologie III.

Apologie IV-1.

Apologie V.

Apologie VI-1.

Apologie VI-2.



Sans doute y a-t-il des choses à dire sur la Coupe du Monde en cours, et notamment sur ce que nous a proposé l'équipe de France. J'attends de mon côté d'en savoir un peu plus - un ami me souffle qu'une des raisons des problèmes entre Ribéry et Gourcuff serait les moeurs du second (cherchez l'Arabe…), mal acceptées par le premier… Que fait la Halde ? - pour éventuellement disserter dessus. Une « brève » pour aujourd'hui.

Dans un article très degauche de Rue89, je lis, à propos de manifestations de racisme envers les joueurs noirs ou d'origine arabe de l'équipe de France : "Curieusement, plus les joueurs seront nés français (dans les DOM-TOM ou de parents immigrés dans l'Hexagone) plus le phénomène amplifiera (sic)."

En admettant que cette amplification soit réelle, elle n'a rien de « curieux », et, contrairement à ce que l'on pourrait supposer, n'est pas principalement liée au fait qu'il y ait de plus en plus de Noirs dans l'équipe. Le même phénomène s'est produit avec les Juifs au XIXe siècle, lors du mouvement d'assimilation. C'est justement parce que ces joueurs sont français que l'on s'interroge à leur sujet, et que, donc, on trouve à critiquer, tant dans ces domaines on trouve ce que plus ou moins consciemment on cherche.

Les Juifs avant l'émancipation étaient placés dans une catégorie, certes minoritaire, avec les avantages et les inconvénients que cela implique, mais une catégorie collective : caractérisée négativement (le « peuple déicide ») et positivement (les précurseurs du christianisme), mais collective. A partir du moment où les Juifs sont, « comme individus », pour reprendre l'expression de l'abbé Grégoire, français, les autres Français s'interrogent sur ces nouveaux compatriotes qui sont censés être pareils qu'eux. On se pose des questions sur eux, des questions sur leur nature, sur ce qu'ils sont. La problématique n'est plus la même : de caractérisations collectives sommaires et liées à des actes, on passe à des recherches sur l'essence des individus, en tant qu'individus issus d'une même collectivité.

Je vous citais il y a un bon mois ce dur passage où Rebatet s'enorgueillit de retrouver le Juif chez un compagnon d'armes charmant et assimilé : texte extrême, mais d'une mécanique classique, où le Juif est renvoyé à sa judéité en raison même de son assimilation, où l'assimilation du Juif, due, selon Rebatet, au « mimétisme si prompt de sa race », le rend encore plus juif qu'avant... C'est le même genre de phénomènes qui pousse certains antisémites à reprocher à la fois aux Juifs de toujours s'aider les uns les autres (en démocratie, ils rompent le pacte de l'égalité et de l'individualisme), et de se disputer entre eux. On les condamne parce que trop juifs, on les critique quand ils oublient qu'ils le sont.

Après, le rôle qu'ils ont pu jouer dans la modernité, les fortunes bâties par certains d'entre eux, tout cela a cristallisé d'autres rancoeurs, mais il me semble qu'un des facteurs essentiels de la forme d'esprit antisémite moderne est liée à cette difficulté, qui n'est pas sans fondement, à ne voir, malgré l'abbé Grégoire, dans les Juifs, que des individus.


- Bon, ce devait être une brève, je reviens à l'équipe de France. On peut avoir des opinions sur l'immigration en cours, se demander si elle doit se poursuivre, et à quel rythme, être arrêtée, etc., mais il n'y a personne pour réellement contester que la France sera désormais un pays métissé, que l'on ne peut pas ici revenir en arrière. C'est précisément parce que l'on sait que joueurs noirs et maghrébins de l'équipe de France non seulement sont français mais le seront de plus en plus, que l'on se pose des questions sur eux. Le nombre de joueurs non blancs dans l'équipe a son importance, mais surtout parce qu'il est lié à la conscience que la France a changé et change encore. (Ajoutons que toutes ces questions se poseraient nettement moins si cette équipe n'était pas aussi chiante à regarder jouer depuis des années…) Et du coup, alors que les joueurs de couleur auparavant étaient enfermés dans des stéréotypes (essentialistes, déjà : nous sommes dans la modernité) évoqués par Rue89 (« surpuissants », « félins »), ils sont maintenant convaincus de double appartenance, comme les Juifs à la belle époque, double appartenance religieuse ou sociale (sociale au pur sens de racaille, pas du point de vue du prolétariat, ou même du lumpen-prolétariat...), où la moindre affinité entre eux est vécue comme une trahison vis-à-vis du pays.

Et de même que la réussite des Pereire ou des Rothschild a pu contribuer à pimenter le débat sur les Juifs, les fortunes amassées par des Henry ou Anelka accentuent leur image de profiteurs, qui se gavent sur le dos de la France sans lui rendre ce qu'elle leur donne. On ne niera pas par ailleurs que certains Juifs sont des enfoirés et que tel ou tel joueur de l'équipe de France a ses côtés racaille ; mais, outre que, je le répète, tout cela est très lié à l'absence de résultats de l'équipe de France (à ce sujet et en repensant à 1998, on peut se demander ce qu'il adviendra de l'équipe d'Allemagne, dont tout le monde loue aujourd'hui le côté multiculturel, lorsqu'elle commencera à perdre), c'est une configuration logique d'ensemble (comment être dans un état d'esprit purement égalitaire par rapport à des gens qui ont au moins une différence par rapport à nous ?) qui détermine la suspicion, une suspicion qui trouve nécessairement de quoi s'alimenter, les Juifs, les footballeurs, et plus généralement les êtres humains n'étant pas, et n'ayant pas vocation à être - des anges.



- Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux, dans la musique comme dans certains gestes de la main, de s'approcher du divin.


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