"Ce qui n'est pas peu dire…" (Decombriana, III.)
Decombriana, I.
Decombriana, II.
A écouter pendant la lecture, comme contrepoint…
Voici, avec quelque temps de retard, la dernière salve d'extraits de la partie conclusive des Décombres, « Petites méditations sur quelques grands thèmes ». Comme précisé dans les épisodes précédents, je pratique sans les signaler quelques coupures, je ne m'embarrasse pas, sauf réflexe incontrôlable, de commentaires ni de justifications autres que celles données en préambule, je vous donne du Rebatet tel qu'il se voulait, brut de brut, au fil des chapitres.
"Je vis. Je suis libre et en repos parmi mes livres. On se bat partout. Mais partout triomphent les forces dont j'ai su depuis longtemps apercevoir la puissance. Toutes les cartes sont abattues désormais. Maints peuples ont passé d'un front à l'autre. Leurs avatars purent être singuliers. Ils ne le sont plus. Cette guerre a pris sa forme logique. L'apocalypse est lumineuse."
Les catholiques.
"Regardons le monde catholique, tel que l'ont façonné ses prêtres. Nous voyons la bourgeoisie la plus sèche et la plus étroite. Tous ceux qui ont eu à gagner leur pain quotidien au bas de l'échelle - j'ai été de ceux-là pour ma part - peuvent en servir de témoins : sauf à de bien rares hasards, il n'est pas de patron plus dur et plus ladre que le patron qui va à la messe."
"C'est la dégénérescence, l'appauvrissement continu de la pensée catholique qui l'ont mise avec cette facilité à la merci du microbe juif. C'est en lui seul qu'elle a retrouvé un principe actif pour son apologétique et son éthique. Elle a subi avec délices la répugnante étreinte des Juifs, elle en porte la contamination, comme une blanche engrossée par un des ces sous-nègres. L'impur rejeton de ce coït aurait de quoi surprendre Bossuet ou Saint Thomas d'Aquin.
Regardez du reste les oeuvres d'art que l'Église, la grande patronne d'Angelico, de Tintoret, de Raphaël, inspire et commande aujourd'hui. Regardez les salsifis, les crottes qu'elle dépose dans ses plus grandioses sanctuaires, au point que l'on serait fondé à dire que toute église belle devrait être désormais interdite aux curés."
Cette "dégénérescence intellectuelle, morale et philosophique de l'élite chrétienne…, il suffit d['en] voir autour de nous les effets. Du côté des laïcs, quelle vision que les nouvelles « dernières colonnes de l'Église » : cette fielleuse hyène de Mauriac, cet aberrant et lugubre pochard de Bernanos, ce phacochère de Louis Gillet, paillasson cochonné d'encre où tous les youtres de Pourri-Soir se sont essuyé les pieds ; ou bien Henry Bordeaux, chapiteau en sucre d'orge et réglisse, où pendillent les bons dieux de Bouasse-Lebel ; ou encore parmi les trépassés d'hier, un vénéneux champignon de grimoire, tel que le petit père Georges Goyau. Quelques talents à côté, mais tous tellement spécieux, tellement équivoques, dont chaque ligne zigzague parmi les tares sexuelles, impuissant obsédés, masturbés choisissant les bénitiers pour tinettes, pédérastes cherchant Dieu au trou du cul des garçons. Un seul écrivain véritable et sain dans l'obédience catholique, Paul Claudel, mais politiquement un imbécile pyramidal."
Les Juifs.
"Le moment est prochain maintenant où les Juifs d'Europe ne relèveront plus que de la police. Je n'ai pas encore perdu toute espérance de voir des Français participer à cette opération."
"Les Juifs ont contribué plus que quiconque à déchaîner cette guerre. Ils ont travaillé bien davantage encore à la prolonger et à l'étendre. Ce sont les Juifs qui ont attelé l'invraisemblable et ignoble « troïka » Churchill-Roosevelt-Staline, dont le triomphe eût été l'effondrement de l'Occident. [Dominique de Roux, une fois encore : "Cette fin des Temps modernes, un été de 1945, à Berlin…"]
Nous comprenons toujours mieux que, sans les Juifs, nous eussions fait entre nous, avec les moindres dégâts, cette révolution du socialisme autoritaire devenue nécessaire à notre siècle, et dont les vieux doctrinaires français, tel que Proudhon, s'honorent d'avoir été les précurseurs. La barbarie marxiste a été la contrefaçon juive, folle et mortelle, de ce socialisme aryen qui s'en est dégagé douloureusement, dans des flots de sang blanc.
Je n'ai jamais cru à un empire juif, parce qu'un empire est une construction dont l'épilepsie juive est incapable. Mais nous pouvons faire le compte, morts, ruines, de ce que ce rêve effrayant nous a coûté.
D'une façon comme d'une autre, la juiverie offre l'exemple unique dans l'histoire de l'humanité, d'une race pour laquelle le châtiment collectif soit le seul juste. Ses crimes sont devant nous. La première tentative universelle, depuis l'antiquité, pour faire accéder le Juif au rang d'homme libre a porté ses beaux fruits. Nous avons compris. Après cent cinquante années d'émancipation judaïque, ces bêtes malfaisantes, impures, portant sur elles les germes de tous les fléaux, doivent réintégrer les prisons où la sagesse séculaire les tenait enfermées.
Quand on pense aux nobles races d'Amérique et d'Océanie qui ont succombé presque entières sous les fusils et les drogues des Blancs et surtout des féroces Anglo-Saxons, il est permis de considérer que ce monde est bien mal fait qui a laissé proliférer le Juif malgré tant et tant d'indispensables persécutions. Mais cette race puise sans doute dans son impureté même le secret de sa résistance. N'y pensons plus ! Le seul moyen pratique auquel un aryen raisonnable de 1942 puisse s'arrêter est le ghetto à l'échelle du monde moderne. J'entends naturellement le ghetto physique, réserves, « aires », colonies juives - la place ne manquera pas dans les immenses espaces des empires russe et anglais. Les États européens devront discuter ensemble et unifier leur législation sur les Juifs [c'est l'UE !], prendre en commun toutes les mesures concernant les colonies juives, car celui qui réserverait aux Juifs la moindre faveur les verrait aussitôt se répandre épouvantablement sur ses terres.
La France doit se pourvoir de lois raciales à l'instar de celles que l'Allemagne a su prendre, en renouvelant une des traditions de la chrétienté, lois interdisant le mariage entre Juifs et chrétiens et frappant de peines rigoureuses les rapports sexuels entre les deux races.
La liquidation des biens et offices juifs doit être opérée dans le but exclusif d'une réparation à la communauté aryenne de chaque pays, pour les ravages que les Hébreux lui ont fait subir. Les complicités qu'Israël a trouvées depuis l'armistice jusqu'en haut de l'État ont par malheur beaucoup réduit l'immense fortune qui eût pu être ainsi récupérée par nous. Les débris, quels qu'ils soient et de quelque façon que ce soit, devront profiter au peuple français. Dans la grande faillite juive, la France est la créancière privilégiée.
L'esprit juif est dans la vie intellectuelle de la France un chiendent vénéneux, qui doit être extirpé jusqu'aux plus infimes radicelles, sur lequel on ne passera jamais assez profondément la charrue. Cette déjudaïsation n'a même pas été esquissée depuis l'armistice, tant dans la France parisienne que dans la France vichyssoise. Nous percevons à chaque instant le fumet, le stigmate juifs dans ce que nous lisons, entendons, voyons. Le compte est effrayant des artistes, des écrivains français, souvent parmi les meilleurs, que leurs femelles, leurs maîtresses juives, leurs amis juifs ont dévoyés, qui sont peut-être irrémédiablement perdus pour la France. Des sections spéciales pourront être créées, dans les bibliothèques et les musées, pour l'étude historique de certains ouvrages d'Israël. Mais la mise en circulation publique, sous quelque forme que ce soit, concerts, théâtres, cinéma, livres, radio, exposition, d'une oeuvre juive ou demi-juive doit être prohibée sans réserves ni nuances, de Meyerbeer à Reynaldo Hahn, de Henri Heine à Bergson. Des autodafés seront ordonnés du maximum d'exemplaires des littératures, peintures, partitions juives et judaïques ayant le plus travaillé à la décadence de notre peuple, sociologique, religion, critique, politique, Levy-Brühl, Durkheim, Maritain, Benda, Bernstein, Soutine, Darius Milhaud.
Les Juifs, essentiellement imitateurs, ont été sans conteste de remarquables interprètes dans tous les arts, sauf le chant. Je ne verrais aucun inconvénient, pour ma part, à ce qu'un virtuose musical du ghetto fût autorisé à venir jouer parmi les Aryens pour leur divertissement, comme les esclaves exotiques dans la vieille Rome. Mais si ce devait être le prétexte d'un empiétement, si minime fût-il, de cette abominable espèce sur nous, je fracasserais moi-même le premier les disques de Chopin et de Mozart par les merveilleux Horowitz et Menuhin. Quoi ! au temps de Liszt, de Thalberg, de Paganini, qui valait beaucoup mieux que le nôtre, les Aryens n'avaient pas besoin du secours des juifs pour exécuter incomparablement leurs oeuvres. Dans le domaine de la virtuosité musicale on verra reparaître parmi nous d'innombrables talents que le monopole hébraïque étouffait.
J'ai une prédilection pour Camille Pissarro, le seul grand peintre qu'Israël, cette race incroyablement antiplastique, ait produit. Je serais prêt à décréter l'incinération de toutes ses toiles, si c'était nécessaire, pour que l'on fût guéri de ce cauchemar, de cette repoussante moisissure poussée sur les rameaux splendides de l'art français qui se nomma la peinture juive, débarrassé des montagnes d'ineptie que cette peinture engendra.
On avait voulu savoir si les ghettos ne renfermaient point des génies inconnus et dont l'exemple rajeunirait notre vieux monde. On a ouvert les portes. On a été bientôt renseigné. On a vu se ruer des bandes de porcs et de singes qui ont salopé, dégradé tout ce qu'ils approchaient.
Nous pouvons proscrire sans remords l'esprit juif et ses oeuvres, anéantir celles-ci. Ce que nous y perdrons ne comptera guère. Mais les vertus que nous gagneront seront sans prix."
L'armée française.
"La République détestait l'armée, en qui elle voyait l'ennemi de l'intérieur, infiniment plus dangereux à ses yeux que l'étranger. Elle s'appliqua à l'affaiblir, à la discréditer, tout en la domestiquant. Elle n'y réussit que trop bien. L'armée se laissa faire docilement. A chacun de ses succès, la République se hâta de la rejeter dans sa condition de galeuse indésirable et mal payée. Après 1870, notre armée était parvenue à une assez belle résurrection. La République la démolit alors par l'affaire Dreyfus, en dépêchant à son ministère ses plus tortueux politiciens. En 1919, l'armée, grâce à ses poilus, ruisselait de gloire. Le régime lui tourna le dos, l'accabla d'avanies, lui marchanda le plus modeste panache.
L'armée ne réagit pas, se fit plus inerte à mesure que le poison la gagnait. Quand un lion souffre qu'on lui rogne les dents et les ongles sans même froncer le nez, ce n'est plus un lion, mais une descente de lit, promise aux injures du pot de chambre. Ce qui est arrivé."
"L'armée, depuis vingt mois, n'a su fournir des volontaires que pour l'anti-France du judéo-gaullisme. Un sentiment patriotique, même horriblement dévoyé, force notre respect. N'oublions pas que les gaullistes combattants, s'ils comptent de basses canailles et des mercenaires, comptent aussi des braves qui n'écoutent que leur sang. On me permettra de préférer ces fous aux ramollis des garnisons auvergnates."
"Mon ami Robert Brasillach l'a dit magnifiquement : « En Europe, la paix ; en Afrique, la grandeur ». Que les militaires qui n'ont pas encore atteint les grades de l'artériosclérose s'efforcent d'enfoncer cette parole d'or sous leurs képis. Nous ne leur en demandons pas davantage."
Le monde et nous.
"Les généraux anglais ne se font une notoriété que par le nombre de revers qui leur pendent aux basques comme autant de désobligeantes casseroles. Le soldat anglais de métier, le troupier à la Kipling, lorsqu'on daigne le mettre en ligne, est sans doute plein de courage. Mais le commandement est d'une imposante nullité. Cette nation est encore plus rebelle aux règles de la guerre qu'à la musique, ce qui n'est pas peu dire."
"Les Anglais sont barricadés dans un orgueil passif. Ils peuvent bien, fermés ainsi à tout, se refuser à la pensée d'une défaite anglaise. Mais cette défaite n'en est pas moins acquise déjà, quelle que soit l'issue de la guerre. L'Extrême-Orient tout entier est arraché à la Couronne, l'Australie, digne pendant de la métropole égoïste, avec ses six millions de lascars installés sur un continent capable de nourrir cent millions d'êtres, refusant d'en partager la moindre bribe, aussi impuissants à l'exploiter qu'à le défendre, la Nouvelle-Zélande, l'Inde ne valent guère mieux. L'Amérique se jette sur les dépouilles que les Nippons ne peuvent atteindre. La vieille Albion se trouve dès maintenant réduite à l'état d'île maigre, brumeuse et charbonneuse.
Les États-Unis font [sont ?] la blague de l'Angleterre. Ce sont des gamins obtus qui singent l'aïeule tombée en enfance. J'ai trop aimé les films des Américains, leurs chansons, leurs livres, leurs garçons et leurs filles, je sais trop bien tout ce que leur exubérante jeunesse apportera de neuf au monde pour ne pas souffrir souvent d'être coupés d'eux. Mais c'est là-bas aujourd'hui l'énorme charge de la démocratie, avec la niaiserie de l'âge ingrat, nos tares à l'échelle des gratte-ciel, dix fois plus de Juifs, cent fois plus de faisans, l'impéritie et l'imprévoyance aussi démesurées que les plaines du Far-West, la guerre à coups de confettis et de grosses caisses portées par des girls avec des plumets de colonels nègres."
"Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que la guerre qu'elle fait est ma guerre, notre guerre. Je pense que depuis le début de la campagne de Russie, il faut avoir l'âme basse ou contrefaite pour ne point suivre d'une pensée fraternelle dans leurs exploits et leurs épreuves les soldats de la Wehrmacht, leurs alliés et compagnons d'armes de dix nations, les héros finlandais, les magnifiques troupiers roumains si longtemps méconnus chez nous. J'ai connu, je n'ai point à le cacher, des heures d'angoisse, quand j'ai vu ces soldats enfoncés au coeur de la Russie, aux prises avec le monstre rouge et les glaces d'un hiver inhumain. Il est peut-être singulier d'attendre la victoire de ces « feldgrau » dont la présence sur les Champs-Élysées me pèse. Mais il est bien plus étrange, il est tristement paradoxal que ces hommes aient dû venir chez nous en ennemis, quand ce qu'ils défendent est commun à nos deux nations. Non, la force des Aryens allemands brisée, ce ne serait plus pour l'Occident qu'une suite d'effrayants cauchemars. J'ai désiré passionnément depuis deux ans que la France réparât sa fatale erreur, reconnût dans quel camp sont ses vrais ennemis, se déclarât d'elle-même, franchement, contre eux. Français, je ne redoute la victoire de l'Allemagne que pour autant que mon pays ne sait pas la prévoir, en comprendre l'utilité, y coopérer librement.
Je ne suis pas pour cela germanisant ou germanophile, à la façon où peuvent l'entendre nos anglicisants et nos anglomanes en jugeant d'après eux-mêmes. Je m'ennuie vite en Allemagne. L'esprit germanique prend souvent des tours qui me sont étrangers, et j'en ai écrit à diverses reprises sans ménagement. Je lis beaucoup plus volontiers la littérature anglaise que l'allemande, qui comparativement est restée assez pauvre. Des quantités de Français sont dans mon cas. Je connais les défauts des Allemands, qui tiennent surtout à un esprit de système, procédant par compartimentages très rigide, et qui ne leur permet pas aisément de passer d'une case à l'autre. Beaucoup d'Allemands apparaissent un peu à des Français comme des provinciaux de l'Europe, tels des Lyonnais à des Parisiens. Je vivrais avec délices un an à Rome. J'appréhenderais de passer trois mois même à Vienne, qui est une ville charmante. Il existe une certaine uniformité allemande qui m'attriste rapidement.
Alors que les Français, lorsqu'ils s'engouent d'un pays étranger, prônent à tout venant ses méthodes, je nourris d'instinctives préventions devant ce qui porte une estampille spécifiquement germanique. Pour autant que l'on peut dégager dans le caractère d'un peuple ses traits permanents et généraux, ceux que l'on voit chez les Allemands me trouvent plutôt sur la défensive. Je n'admire pas l'Allemagne d'être l'Allemagne, mais d'avoir permis Hitler. Je la loue d'avoir su, mieux qu'aucune autre nation, se donner l'ordre politique dans lequel j'ai reconnu tous mes désirs. Je crois que Hitler a conçu pour notre continent un magnifique avenir, et je voudrais passionnément qu'il se réalisât.
Je n'ignore point qu'Allemands et Français s'observent les uns les autres, non sans défiance. Il ne peut qu'en être ainsi, après de si longues disputes auxquelles l'ère démocratique a fait participer ces deux peuples tout entiers. Les renversements d'alliance étaient autrement aisés sous l'ancien régime, avec des armées réduites, une opinion qu'on se gardait bien de mêler à ces grands desseins. Mais il faut aujourd'hui que les peuples participent à la paix aussi largement qu'ils ont participé aux dernières guerres.
Je sais que ce n'est point aisé. Il faudrait que je fusse une linotte, après quinze ans d'Action Française, pour ne point m'interroger moi-même, souvent avec inquiétude, sur les volontés, les sentiments de l'Allemagne à notre endroit. Or, depuis deux ans, me voilà devenu l'apôtre d'une réconciliation, d'une pacification dont il arrive que par la seule pensée on embrasse avec peine l'ampleur.
J'en vois aussi bien que personne, on peut en être sûr, toutes les difficultés. Je me demande parfois si, nous qui avons démoli tant de faux dogmes, nous ne sommes pas devenus à notre tour le jouet du vieux mirage sur la renaissance du monde.
Mais nous devons chasser ces doutes. Je suis convaincu que rien de grand ne peut être entrepris, rien de difficile être atteint si l'on ne combat pas soi-même son propre scepticisme. Celui qui refuse son intelligence à l'espoir d'un renouveau manque au fond de hardiesse et de virilité. Il s'interdit par là tout jugement sur la politique que peuvent faire les autres. Il ne lui reste plus qu'à retourner à ses songes intérieurs.
Les hommes d'argent en ricanent. Mais c'est Hitler qui fera la paix. A chacun de ses discours, on voit s'élargir et s'affirmer l'espoir de cette paix durable, c'est-à-dire juste, enfin à l'échelle du monde. Parmi les grands hommes de guerre, bien peu y son parvenus. Un vainqueur tel que Hitler ne pourrait plus rêver d'autre gloire. Elle passerait toutes les autres et ce vaste génie le sait.
Le monde entier, de la Tasmanie au Pôle Nord, nous donne le spectacle d'un gigantesque déménagement. Je n'en suis pas autrement affligé, parce que tout était sens dessus dessous dans ce monde, et qu'un homme raisonnable n'arrivait plus à y souffrir.
Je souhaite très fort que ce déménagement puisse être poursuivi jusqu'au bout, de fond en comble, c'est-à-dire que les deux plus grands empires, l'anglais et le russe, soient entièrement disloqués et changent de main, puisqu'ils ont été indignes de leur puissance et qu'ils en ont fait un danger pour la planète. Il le faut pour que nous puissions revoir un univers non point parfait, mais un peu plus logique que celui qui s'en va devant nous par lambeaux."
Je pourrais continuer ce florilège, d'amusantes saillies (la germanophobie de Maurras expliquée par sa surdité, qui ne lui a jamais permis de goûter Wagner) en remarques dignes d'approfondissement (Lucien cite Drumont, selon lequel nous aurions pu garder l'Alsace-Lorraine en 1870 lors de la première proposition de paix de Bismarck, si les républicains n'avaient alors été jusqu'au-boutistes). Je préfère m'arrêter là, sur cette vision de logique et d'apocalypse.
Rebatet écrit encore deux chapitres, le premier, excellent, sur Vichy, que je garde, si j'ose dire, en réserve de la République, notamment parce qu'il peut servir à mieux comprendre la fin des années 30 ; le second, « Pour le gouvernement de la France », dont je vous ai déjà cité de nombreux extraits dans mes deux précédentes livraisons. Le but n'étant pas par ailleurs de vous dispenser de lire les Décombres, mais au contraire de vous donner envie de le faire, en en retranscrivant assez pour essayer de vous communiquer les sentiments mêlés que ce livre a suscités en moi et que j'ai décrits en préambule. La suite est donc entre vos mains !
Decombriana, II.
A écouter pendant la lecture, comme contrepoint…
Voici, avec quelque temps de retard, la dernière salve d'extraits de la partie conclusive des Décombres, « Petites méditations sur quelques grands thèmes ». Comme précisé dans les épisodes précédents, je pratique sans les signaler quelques coupures, je ne m'embarrasse pas, sauf réflexe incontrôlable, de commentaires ni de justifications autres que celles données en préambule, je vous donne du Rebatet tel qu'il se voulait, brut de brut, au fil des chapitres.
"Je vis. Je suis libre et en repos parmi mes livres. On se bat partout. Mais partout triomphent les forces dont j'ai su depuis longtemps apercevoir la puissance. Toutes les cartes sont abattues désormais. Maints peuples ont passé d'un front à l'autre. Leurs avatars purent être singuliers. Ils ne le sont plus. Cette guerre a pris sa forme logique. L'apocalypse est lumineuse."
Les catholiques.
"Regardons le monde catholique, tel que l'ont façonné ses prêtres. Nous voyons la bourgeoisie la plus sèche et la plus étroite. Tous ceux qui ont eu à gagner leur pain quotidien au bas de l'échelle - j'ai été de ceux-là pour ma part - peuvent en servir de témoins : sauf à de bien rares hasards, il n'est pas de patron plus dur et plus ladre que le patron qui va à la messe."
"C'est la dégénérescence, l'appauvrissement continu de la pensée catholique qui l'ont mise avec cette facilité à la merci du microbe juif. C'est en lui seul qu'elle a retrouvé un principe actif pour son apologétique et son éthique. Elle a subi avec délices la répugnante étreinte des Juifs, elle en porte la contamination, comme une blanche engrossée par un des ces sous-nègres. L'impur rejeton de ce coït aurait de quoi surprendre Bossuet ou Saint Thomas d'Aquin.
Regardez du reste les oeuvres d'art que l'Église, la grande patronne d'Angelico, de Tintoret, de Raphaël, inspire et commande aujourd'hui. Regardez les salsifis, les crottes qu'elle dépose dans ses plus grandioses sanctuaires, au point que l'on serait fondé à dire que toute église belle devrait être désormais interdite aux curés."
Cette "dégénérescence intellectuelle, morale et philosophique de l'élite chrétienne…, il suffit d['en] voir autour de nous les effets. Du côté des laïcs, quelle vision que les nouvelles « dernières colonnes de l'Église » : cette fielleuse hyène de Mauriac, cet aberrant et lugubre pochard de Bernanos, ce phacochère de Louis Gillet, paillasson cochonné d'encre où tous les youtres de Pourri-Soir se sont essuyé les pieds ; ou bien Henry Bordeaux, chapiteau en sucre d'orge et réglisse, où pendillent les bons dieux de Bouasse-Lebel ; ou encore parmi les trépassés d'hier, un vénéneux champignon de grimoire, tel que le petit père Georges Goyau. Quelques talents à côté, mais tous tellement spécieux, tellement équivoques, dont chaque ligne zigzague parmi les tares sexuelles, impuissant obsédés, masturbés choisissant les bénitiers pour tinettes, pédérastes cherchant Dieu au trou du cul des garçons. Un seul écrivain véritable et sain dans l'obédience catholique, Paul Claudel, mais politiquement un imbécile pyramidal."
Les Juifs.
"Le moment est prochain maintenant où les Juifs d'Europe ne relèveront plus que de la police. Je n'ai pas encore perdu toute espérance de voir des Français participer à cette opération."
"Les Juifs ont contribué plus que quiconque à déchaîner cette guerre. Ils ont travaillé bien davantage encore à la prolonger et à l'étendre. Ce sont les Juifs qui ont attelé l'invraisemblable et ignoble « troïka » Churchill-Roosevelt-Staline, dont le triomphe eût été l'effondrement de l'Occident. [Dominique de Roux, une fois encore : "Cette fin des Temps modernes, un été de 1945, à Berlin…"]
Nous comprenons toujours mieux que, sans les Juifs, nous eussions fait entre nous, avec les moindres dégâts, cette révolution du socialisme autoritaire devenue nécessaire à notre siècle, et dont les vieux doctrinaires français, tel que Proudhon, s'honorent d'avoir été les précurseurs. La barbarie marxiste a été la contrefaçon juive, folle et mortelle, de ce socialisme aryen qui s'en est dégagé douloureusement, dans des flots de sang blanc.
Je n'ai jamais cru à un empire juif, parce qu'un empire est une construction dont l'épilepsie juive est incapable. Mais nous pouvons faire le compte, morts, ruines, de ce que ce rêve effrayant nous a coûté.
D'une façon comme d'une autre, la juiverie offre l'exemple unique dans l'histoire de l'humanité, d'une race pour laquelle le châtiment collectif soit le seul juste. Ses crimes sont devant nous. La première tentative universelle, depuis l'antiquité, pour faire accéder le Juif au rang d'homme libre a porté ses beaux fruits. Nous avons compris. Après cent cinquante années d'émancipation judaïque, ces bêtes malfaisantes, impures, portant sur elles les germes de tous les fléaux, doivent réintégrer les prisons où la sagesse séculaire les tenait enfermées.
Quand on pense aux nobles races d'Amérique et d'Océanie qui ont succombé presque entières sous les fusils et les drogues des Blancs et surtout des féroces Anglo-Saxons, il est permis de considérer que ce monde est bien mal fait qui a laissé proliférer le Juif malgré tant et tant d'indispensables persécutions. Mais cette race puise sans doute dans son impureté même le secret de sa résistance. N'y pensons plus ! Le seul moyen pratique auquel un aryen raisonnable de 1942 puisse s'arrêter est le ghetto à l'échelle du monde moderne. J'entends naturellement le ghetto physique, réserves, « aires », colonies juives - la place ne manquera pas dans les immenses espaces des empires russe et anglais. Les États européens devront discuter ensemble et unifier leur législation sur les Juifs [c'est l'UE !], prendre en commun toutes les mesures concernant les colonies juives, car celui qui réserverait aux Juifs la moindre faveur les verrait aussitôt se répandre épouvantablement sur ses terres.
La France doit se pourvoir de lois raciales à l'instar de celles que l'Allemagne a su prendre, en renouvelant une des traditions de la chrétienté, lois interdisant le mariage entre Juifs et chrétiens et frappant de peines rigoureuses les rapports sexuels entre les deux races.
La liquidation des biens et offices juifs doit être opérée dans le but exclusif d'une réparation à la communauté aryenne de chaque pays, pour les ravages que les Hébreux lui ont fait subir. Les complicités qu'Israël a trouvées depuis l'armistice jusqu'en haut de l'État ont par malheur beaucoup réduit l'immense fortune qui eût pu être ainsi récupérée par nous. Les débris, quels qu'ils soient et de quelque façon que ce soit, devront profiter au peuple français. Dans la grande faillite juive, la France est la créancière privilégiée.
L'esprit juif est dans la vie intellectuelle de la France un chiendent vénéneux, qui doit être extirpé jusqu'aux plus infimes radicelles, sur lequel on ne passera jamais assez profondément la charrue. Cette déjudaïsation n'a même pas été esquissée depuis l'armistice, tant dans la France parisienne que dans la France vichyssoise. Nous percevons à chaque instant le fumet, le stigmate juifs dans ce que nous lisons, entendons, voyons. Le compte est effrayant des artistes, des écrivains français, souvent parmi les meilleurs, que leurs femelles, leurs maîtresses juives, leurs amis juifs ont dévoyés, qui sont peut-être irrémédiablement perdus pour la France. Des sections spéciales pourront être créées, dans les bibliothèques et les musées, pour l'étude historique de certains ouvrages d'Israël. Mais la mise en circulation publique, sous quelque forme que ce soit, concerts, théâtres, cinéma, livres, radio, exposition, d'une oeuvre juive ou demi-juive doit être prohibée sans réserves ni nuances, de Meyerbeer à Reynaldo Hahn, de Henri Heine à Bergson. Des autodafés seront ordonnés du maximum d'exemplaires des littératures, peintures, partitions juives et judaïques ayant le plus travaillé à la décadence de notre peuple, sociologique, religion, critique, politique, Levy-Brühl, Durkheim, Maritain, Benda, Bernstein, Soutine, Darius Milhaud.
Les Juifs, essentiellement imitateurs, ont été sans conteste de remarquables interprètes dans tous les arts, sauf le chant. Je ne verrais aucun inconvénient, pour ma part, à ce qu'un virtuose musical du ghetto fût autorisé à venir jouer parmi les Aryens pour leur divertissement, comme les esclaves exotiques dans la vieille Rome. Mais si ce devait être le prétexte d'un empiétement, si minime fût-il, de cette abominable espèce sur nous, je fracasserais moi-même le premier les disques de Chopin et de Mozart par les merveilleux Horowitz et Menuhin. Quoi ! au temps de Liszt, de Thalberg, de Paganini, qui valait beaucoup mieux que le nôtre, les Aryens n'avaient pas besoin du secours des juifs pour exécuter incomparablement leurs oeuvres. Dans le domaine de la virtuosité musicale on verra reparaître parmi nous d'innombrables talents que le monopole hébraïque étouffait.
J'ai une prédilection pour Camille Pissarro, le seul grand peintre qu'Israël, cette race incroyablement antiplastique, ait produit. Je serais prêt à décréter l'incinération de toutes ses toiles, si c'était nécessaire, pour que l'on fût guéri de ce cauchemar, de cette repoussante moisissure poussée sur les rameaux splendides de l'art français qui se nomma la peinture juive, débarrassé des montagnes d'ineptie que cette peinture engendra.
On avait voulu savoir si les ghettos ne renfermaient point des génies inconnus et dont l'exemple rajeunirait notre vieux monde. On a ouvert les portes. On a été bientôt renseigné. On a vu se ruer des bandes de porcs et de singes qui ont salopé, dégradé tout ce qu'ils approchaient.
Nous pouvons proscrire sans remords l'esprit juif et ses oeuvres, anéantir celles-ci. Ce que nous y perdrons ne comptera guère. Mais les vertus que nous gagneront seront sans prix."
L'armée française.
"La République détestait l'armée, en qui elle voyait l'ennemi de l'intérieur, infiniment plus dangereux à ses yeux que l'étranger. Elle s'appliqua à l'affaiblir, à la discréditer, tout en la domestiquant. Elle n'y réussit que trop bien. L'armée se laissa faire docilement. A chacun de ses succès, la République se hâta de la rejeter dans sa condition de galeuse indésirable et mal payée. Après 1870, notre armée était parvenue à une assez belle résurrection. La République la démolit alors par l'affaire Dreyfus, en dépêchant à son ministère ses plus tortueux politiciens. En 1919, l'armée, grâce à ses poilus, ruisselait de gloire. Le régime lui tourna le dos, l'accabla d'avanies, lui marchanda le plus modeste panache.
L'armée ne réagit pas, se fit plus inerte à mesure que le poison la gagnait. Quand un lion souffre qu'on lui rogne les dents et les ongles sans même froncer le nez, ce n'est plus un lion, mais une descente de lit, promise aux injures du pot de chambre. Ce qui est arrivé."
"L'armée, depuis vingt mois, n'a su fournir des volontaires que pour l'anti-France du judéo-gaullisme. Un sentiment patriotique, même horriblement dévoyé, force notre respect. N'oublions pas que les gaullistes combattants, s'ils comptent de basses canailles et des mercenaires, comptent aussi des braves qui n'écoutent que leur sang. On me permettra de préférer ces fous aux ramollis des garnisons auvergnates."
"Mon ami Robert Brasillach l'a dit magnifiquement : « En Europe, la paix ; en Afrique, la grandeur ». Que les militaires qui n'ont pas encore atteint les grades de l'artériosclérose s'efforcent d'enfoncer cette parole d'or sous leurs képis. Nous ne leur en demandons pas davantage."
Le monde et nous.
"Les généraux anglais ne se font une notoriété que par le nombre de revers qui leur pendent aux basques comme autant de désobligeantes casseroles. Le soldat anglais de métier, le troupier à la Kipling, lorsqu'on daigne le mettre en ligne, est sans doute plein de courage. Mais le commandement est d'une imposante nullité. Cette nation est encore plus rebelle aux règles de la guerre qu'à la musique, ce qui n'est pas peu dire."
"Les Anglais sont barricadés dans un orgueil passif. Ils peuvent bien, fermés ainsi à tout, se refuser à la pensée d'une défaite anglaise. Mais cette défaite n'en est pas moins acquise déjà, quelle que soit l'issue de la guerre. L'Extrême-Orient tout entier est arraché à la Couronne, l'Australie, digne pendant de la métropole égoïste, avec ses six millions de lascars installés sur un continent capable de nourrir cent millions d'êtres, refusant d'en partager la moindre bribe, aussi impuissants à l'exploiter qu'à le défendre, la Nouvelle-Zélande, l'Inde ne valent guère mieux. L'Amérique se jette sur les dépouilles que les Nippons ne peuvent atteindre. La vieille Albion se trouve dès maintenant réduite à l'état d'île maigre, brumeuse et charbonneuse.
Les États-Unis font [sont ?] la blague de l'Angleterre. Ce sont des gamins obtus qui singent l'aïeule tombée en enfance. J'ai trop aimé les films des Américains, leurs chansons, leurs livres, leurs garçons et leurs filles, je sais trop bien tout ce que leur exubérante jeunesse apportera de neuf au monde pour ne pas souffrir souvent d'être coupés d'eux. Mais c'est là-bas aujourd'hui l'énorme charge de la démocratie, avec la niaiserie de l'âge ingrat, nos tares à l'échelle des gratte-ciel, dix fois plus de Juifs, cent fois plus de faisans, l'impéritie et l'imprévoyance aussi démesurées que les plaines du Far-West, la guerre à coups de confettis et de grosses caisses portées par des girls avec des plumets de colonels nègres."
"Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que la guerre qu'elle fait est ma guerre, notre guerre. Je pense que depuis le début de la campagne de Russie, il faut avoir l'âme basse ou contrefaite pour ne point suivre d'une pensée fraternelle dans leurs exploits et leurs épreuves les soldats de la Wehrmacht, leurs alliés et compagnons d'armes de dix nations, les héros finlandais, les magnifiques troupiers roumains si longtemps méconnus chez nous. J'ai connu, je n'ai point à le cacher, des heures d'angoisse, quand j'ai vu ces soldats enfoncés au coeur de la Russie, aux prises avec le monstre rouge et les glaces d'un hiver inhumain. Il est peut-être singulier d'attendre la victoire de ces « feldgrau » dont la présence sur les Champs-Élysées me pèse. Mais il est bien plus étrange, il est tristement paradoxal que ces hommes aient dû venir chez nous en ennemis, quand ce qu'ils défendent est commun à nos deux nations. Non, la force des Aryens allemands brisée, ce ne serait plus pour l'Occident qu'une suite d'effrayants cauchemars. J'ai désiré passionnément depuis deux ans que la France réparât sa fatale erreur, reconnût dans quel camp sont ses vrais ennemis, se déclarât d'elle-même, franchement, contre eux. Français, je ne redoute la victoire de l'Allemagne que pour autant que mon pays ne sait pas la prévoir, en comprendre l'utilité, y coopérer librement.
Je ne suis pas pour cela germanisant ou germanophile, à la façon où peuvent l'entendre nos anglicisants et nos anglomanes en jugeant d'après eux-mêmes. Je m'ennuie vite en Allemagne. L'esprit germanique prend souvent des tours qui me sont étrangers, et j'en ai écrit à diverses reprises sans ménagement. Je lis beaucoup plus volontiers la littérature anglaise que l'allemande, qui comparativement est restée assez pauvre. Des quantités de Français sont dans mon cas. Je connais les défauts des Allemands, qui tiennent surtout à un esprit de système, procédant par compartimentages très rigide, et qui ne leur permet pas aisément de passer d'une case à l'autre. Beaucoup d'Allemands apparaissent un peu à des Français comme des provinciaux de l'Europe, tels des Lyonnais à des Parisiens. Je vivrais avec délices un an à Rome. J'appréhenderais de passer trois mois même à Vienne, qui est une ville charmante. Il existe une certaine uniformité allemande qui m'attriste rapidement.
Alors que les Français, lorsqu'ils s'engouent d'un pays étranger, prônent à tout venant ses méthodes, je nourris d'instinctives préventions devant ce qui porte une estampille spécifiquement germanique. Pour autant que l'on peut dégager dans le caractère d'un peuple ses traits permanents et généraux, ceux que l'on voit chez les Allemands me trouvent plutôt sur la défensive. Je n'admire pas l'Allemagne d'être l'Allemagne, mais d'avoir permis Hitler. Je la loue d'avoir su, mieux qu'aucune autre nation, se donner l'ordre politique dans lequel j'ai reconnu tous mes désirs. Je crois que Hitler a conçu pour notre continent un magnifique avenir, et je voudrais passionnément qu'il se réalisât.
Je n'ignore point qu'Allemands et Français s'observent les uns les autres, non sans défiance. Il ne peut qu'en être ainsi, après de si longues disputes auxquelles l'ère démocratique a fait participer ces deux peuples tout entiers. Les renversements d'alliance étaient autrement aisés sous l'ancien régime, avec des armées réduites, une opinion qu'on se gardait bien de mêler à ces grands desseins. Mais il faut aujourd'hui que les peuples participent à la paix aussi largement qu'ils ont participé aux dernières guerres.
Je sais que ce n'est point aisé. Il faudrait que je fusse une linotte, après quinze ans d'Action Française, pour ne point m'interroger moi-même, souvent avec inquiétude, sur les volontés, les sentiments de l'Allemagne à notre endroit. Or, depuis deux ans, me voilà devenu l'apôtre d'une réconciliation, d'une pacification dont il arrive que par la seule pensée on embrasse avec peine l'ampleur.
J'en vois aussi bien que personne, on peut en être sûr, toutes les difficultés. Je me demande parfois si, nous qui avons démoli tant de faux dogmes, nous ne sommes pas devenus à notre tour le jouet du vieux mirage sur la renaissance du monde.
Mais nous devons chasser ces doutes. Je suis convaincu que rien de grand ne peut être entrepris, rien de difficile être atteint si l'on ne combat pas soi-même son propre scepticisme. Celui qui refuse son intelligence à l'espoir d'un renouveau manque au fond de hardiesse et de virilité. Il s'interdit par là tout jugement sur la politique que peuvent faire les autres. Il ne lui reste plus qu'à retourner à ses songes intérieurs.
Les hommes d'argent en ricanent. Mais c'est Hitler qui fera la paix. A chacun de ses discours, on voit s'élargir et s'affirmer l'espoir de cette paix durable, c'est-à-dire juste, enfin à l'échelle du monde. Parmi les grands hommes de guerre, bien peu y son parvenus. Un vainqueur tel que Hitler ne pourrait plus rêver d'autre gloire. Elle passerait toutes les autres et ce vaste génie le sait.
Le monde entier, de la Tasmanie au Pôle Nord, nous donne le spectacle d'un gigantesque déménagement. Je n'en suis pas autrement affligé, parce que tout était sens dessus dessous dans ce monde, et qu'un homme raisonnable n'arrivait plus à y souffrir.
Je souhaite très fort que ce déménagement puisse être poursuivi jusqu'au bout, de fond en comble, c'est-à-dire que les deux plus grands empires, l'anglais et le russe, soient entièrement disloqués et changent de main, puisqu'ils ont été indignes de leur puissance et qu'ils en ont fait un danger pour la planète. Il le faut pour que nous puissions revoir un univers non point parfait, mais un peu plus logique que celui qui s'en va devant nous par lambeaux."
Je pourrais continuer ce florilège, d'amusantes saillies (la germanophobie de Maurras expliquée par sa surdité, qui ne lui a jamais permis de goûter Wagner) en remarques dignes d'approfondissement (Lucien cite Drumont, selon lequel nous aurions pu garder l'Alsace-Lorraine en 1870 lors de la première proposition de paix de Bismarck, si les républicains n'avaient alors été jusqu'au-boutistes). Je préfère m'arrêter là, sur cette vision de logique et d'apocalypse.
Rebatet écrit encore deux chapitres, le premier, excellent, sur Vichy, que je garde, si j'ose dire, en réserve de la République, notamment parce qu'il peut servir à mieux comprendre la fin des années 30 ; le second, « Pour le gouvernement de la France », dont je vous ai déjà cité de nombreux extraits dans mes deux précédentes livraisons. Le but n'étant pas par ailleurs de vous dispenser de lire les Décombres, mais au contraire de vous donner envie de le faire, en en retranscrivant assez pour essayer de vous communiquer les sentiments mêlés que ce livre a suscités en moi et que j'ai décrits en préambule. La suite est donc entre vos mains !
Libellés : antisémitisme, Apocalypse, Bach, Beethoven, Bernanos, Brasillach, Claudel, de Roux, Dreyfus, Drumont, Durkheim, Hitler, marx, Mauriac, Maurras, Menuhin, Pissarro, Proudhon, Rebatet, Soutine
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