Géopolitique des couilles. (Ajout le 05.10.)
Je lis dans Libération qu'il n'a fallu qu'un coup de fil menaçant pour entraîner l'annulation des représentations de Idoménée à Berlin. Dommage qu'il n'y ait pas plus de metteurs en scène pour nous fourrer du Mahomet partout, s'il suffit d'un coup de fil pour tuer dans l'oeuf n'importe quel spectacle à la con, je vous fais virer en quelques semaines tous les minables suffisants qui sévissent à l'Opéra de Paris et dans le théâtre subventionné...
Je me souviens d'un commentaire après le 11 septembre : quelqu'un expliquait que de tels attentats allaient créer un effet de seuil - il allait falloir, pour les successeurs de M. Ben Laden, trouver quelque chose d'encore plus fort à chaque fois. Ce raisonnement semblait convaincant, mais ne serait-ce pas plutôt le contraire qui se produit ? Qui peut le plus peut le moins, détruire les Twin Towers et donner un coup de téléphone.
J.-P. Voyer dans sa Diatribe a bien raison : au post-modernisme artistique et à son analogue politique, le virtualisme américaniste, correspond un "Islam de synthèse", aussi flou politiquement que son adversaire, de peu d'intérêt théologique sans doute, mais qui a l'inestimable avantage de proposer un minimum de sens, fût-il seulement négatif, et d'obliger ceux qui le pratiquent à assumer leurs responsabilités (quels plus beaux planqués que MM. Cheney ou Wolfowitz ?). De surcroît, le 11 septembre était "aussi une réussite esthétique" - autre chose qu'une mise en scène "provocatrice" ou un film de Lars von Trier. Bref, même s'il s'agit donc d'une initiative isolée, dont les résultats ont dû surprendre son auteur plus que tout autre, les menaces téléphoniques contre Idoménée apparaissent, d'un point de vue global, comme un agréable contrepoint au 11 septembre.
Bref - je n'avais pas du tout prévu de vous parler de ça, je pensais seulement vous citer un passage de La mort de L.-F. Céline de Dominique de Roux (Christian Bourgois, 1966, pp. 94-95). Après avoir développé l'idée que Céline n'était pas vraiment antisémite ("Sous le vocable [de Juif], il aurait pu grouper tous les hommes, lui y compris.", p. 92), ce qui part d'une intuition juste (dans les pamphlets, en tout cas dans Bagatelles..., le terme "Juifs" a parfois un sens métaphorique, on pourrait dans certains passages le remplacer avantageusement par "les cons", "les salauds", "les profiteurs", etc.), mais est néanmoins insoutenable (il ne s'agit que de quelques passages, l'emploi du terme "Juifs" est loin d'être majoritairement métaphorique), Dominique de Roux fait le parallèle entre l'homme solitaire qu'a toujours été Céline, et un homme de parti qui lui était contemporain :
"Comme tant d'autres sbires, il aurait pu choisir le bon camp, s'accrocher à toutes les nappes et finir en nain ridicule sur le trône de l'imposture. Prenons l'exemple d'Aragon : personne ne l'a vraiment jamais condamné. Cet étrange communiste, cette variété de hyène, enfermé dans les crimes de Staline, dans son zèle d'indicateur et ses dithyrambes d'Elsa, asservi au déshonneur permanent incarne à lui seul l'abjecte caricature d'Hugo et le bâtard de Galliffet.
Céline aurait pu aussi adopter l'idéal de la Gauche d'aujourd'hui (la Droite, mieux vaut ne pas en parler !) : ce goût de l'absolutisme libertin à la Louis XV, associé à la corruption la plus jobarde."
Pas mal vu (il est vrai que Mitterrand sortait de sa première campagne présidentielle), mais le meilleur, hélas serais-je tenté de dire, tient dans cette citation d'Aragon, en note (La commune, août 1936) :
"Dans l'immense trésor de la culture humaine, ne prend-elle pas (la nouvelle constitution stalinienne) la première place au-dessus des oeuvres royales de l'imagination, au-dessus de Shakespeare, de Rimbaud, de Goethe, de Pouchkine, lettre, page resplendissante écrite avec les souffrances, les travaux et les joies de cent soixante millions d'hommes, avec le génie bolchévik, la sagesse du parti et de son chef, le camarade Staline, un philosophe selon le voeu de Marx, qui ne s'est point contenté d'analyser le monde ?"
(Ça non, il ne s'en est point contenté...) On en mangerait ! Avec le recul tout le monde voit bien qu'il y a là complicité de crime, même si Aragon n'est pas directement responsable de la politique de Staline. Et avec le recul tel ou tel zélateur de la politique américaine, tel ou tel Kouchner ou Goupil, sera lui aussi convaincu de complicité de crime. Ach, à eux aussi, avoir un peu peur de la lance du bédouin ne pourrait pas leur faire de mal.
Ce qui, via l'inénarrable Redeker
- Charlot ! Bouse ! Et il se vante d'avoir "longuement réfléchi" et d'avoir fait "beaucoup de recherches" avant de mettre ses hallucinations sur papier. Mais il aggrave son cas ! Ce genre de gars voudrait mettre de l'huile sur le feu en permanence, cracher avec dédain sur les convictions profondes de plusieurs millions de gens, parmi lesquels nombre de compatriotes, et ne jamais rien risquer. Sérieusement, qu'il éprouve quelques frayeurs est bien le moins. Et le plus : c'est tellement adapté à son cas que liquider ce monsieur serait, toute considération morale mise à part, contre-productif. Et puis, franchement, on a beau savoir que les martyrs sont des hommes avant de devenir des mythes, si l'on veut vraiment trouver un symbole tragique à la liberté d'expression, on peut peut-être trouver mieux, comme occasion, qu'un ramassis de fantasmes, et comme modèle, qu'un fonctionnaire ventru et arrogant.
ce qui, disais-je !, me fait penser à une phrase de Nabe, dans laquelle il dit en substance que l'Islam aujourd'hui est sinon le vrai catholicisme, du moins le vrai héritier spirituel du catholicisme. On ne s'aventurera pas ici à analyser un aperçu aussi ambitieux, on en suggérera une interprétation terre-à-terre : de même que les catholiques avaient à une époque plus de courage que les autres, de même les Musulmans (en l'occurrence les "Arabo-Musulmans") auraient plus de courage - et de dignité - que les "citoyens" du "monde libre". Les considérations théologiques à la Redeker ne peuvent rien contre ça. Et si cela n'autorise pas tout et ne rend pas plus intelligent qu'un autre (mais, comme disait Proust, qui était, il est vrai, supérieurement intelligent et pouvait s'autoriser un tel luxe : "Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence."), c'est déjà un point de départ dont beaucoup d'entre nous peuvent être jaloux.
P.S. Cabu, après avoir fait son beurre pendant des années en prônant la détestation snob de ses concitoyens (Mon beauf ou l'incitation à la haine raciale de classe) organise une exposition à Paris. Quelqu'un a son numéro de téléphone ?
(Ajout le 05.10.)
J'ai oublié l'autre jour : la consultation rapide du CV de l'outre Redeker révèle une typique surreprésentation d'articles consacrés au négationnisme et au révisionnisme. Ah, le preux chevalier exerçant son courage sur une minorité d'excités dont les écrits sont interdits par la loi, voilà le noble combattant de la liberté d'expression qu'il nous faudrait soutenir. Sans doute a-t-il cru, habitué à l'impunité de son statut de sbire de Lanzmann aux Temps modernes, que les musulmans, au moins les musulmans français, qui sont tout de même bien gentils, seraient aussi dociles que les négationnistes à qui il est défendu de s'exprimer. On n'épiloguera pas sur cette stratégie des Temps modernes - et de L'Arche, papier hygiénique communautaire qui a aussi accueilli la prose enchanteresse et chatoyante de R. Redeker (de même que le Monde diplomatique, soit dit en passant) - d'écrire en permanence sur le négationnisme, pour convaincre tout le monde - et les négationnistes en premier - que ce sujet est d'une grande importance, que le péril négationniste nous menace à chaque instant.
C'est très bien tout ça, le malfaiteur Lanzmann aura peut-être plus de mal à trouver des larbins pour l'aider dans ses basses besognes. Si ce genre de places se met à comporter des risques, ça freinera quelques ardeurs. Tout le monde n'est pas aussi fanatique que M. Shoah, Dieu merci.
(Je le note parce que c'est l'occasion : dans Les assassins de la mémoire, Vidal-Naquet rappelle, en 1987, que la plaque commémorative à l'entrée d'Auschwitz, qui déclare un total de quatre millions de morts, est fautive, et qu'il faut ramener ce chiffre à "un bon million" - ce qui, il me semble, est déjà pas mal. Vidal-Naquet regrette à cette occasion que quelqu'un comme C. Lanzmann puisse encore, à la même date, écrire avec aplomb - dans Le Monde déjà, qui en aura vu défiler des conneries lanzmanniennes - que "les estimations les plus sérieuses tournent autour de trois millions et demi." On voudrait donner du grain à moudre aux négationnistes, y compris arabes, pour mieux les dénoncer après, que l'on ne s'y prendrait pas autrement. S'il veut du "plus sérieux", qu'il aille tâter lui-même de la lance du Bédouin, et qu'on n'en parle plus. Comme le dit un ami que je cite souvent, explicitement ou non : "Tout ce genre de conneries, ça ne vise qu'à rendre la France aussi invivable qu'Israël. Tout ce qu'ils veulent, c'est que, s'il y a le merdier en Israël, il y ait le merdier aussi ici." Cela n'est pas sans accents xénophobes - mais cela n'est pas non plus, malheureusement peut-être, et en tout cas surtout, sans accent de vérité.)
Je me souviens d'un commentaire après le 11 septembre : quelqu'un expliquait que de tels attentats allaient créer un effet de seuil - il allait falloir, pour les successeurs de M. Ben Laden, trouver quelque chose d'encore plus fort à chaque fois. Ce raisonnement semblait convaincant, mais ne serait-ce pas plutôt le contraire qui se produit ? Qui peut le plus peut le moins, détruire les Twin Towers et donner un coup de téléphone.
J.-P. Voyer dans sa Diatribe a bien raison : au post-modernisme artistique et à son analogue politique, le virtualisme américaniste, correspond un "Islam de synthèse", aussi flou politiquement que son adversaire, de peu d'intérêt théologique sans doute, mais qui a l'inestimable avantage de proposer un minimum de sens, fût-il seulement négatif, et d'obliger ceux qui le pratiquent à assumer leurs responsabilités (quels plus beaux planqués que MM. Cheney ou Wolfowitz ?). De surcroît, le 11 septembre était "aussi une réussite esthétique" - autre chose qu'une mise en scène "provocatrice" ou un film de Lars von Trier. Bref, même s'il s'agit donc d'une initiative isolée, dont les résultats ont dû surprendre son auteur plus que tout autre, les menaces téléphoniques contre Idoménée apparaissent, d'un point de vue global, comme un agréable contrepoint au 11 septembre.
Bref - je n'avais pas du tout prévu de vous parler de ça, je pensais seulement vous citer un passage de La mort de L.-F. Céline de Dominique de Roux (Christian Bourgois, 1966, pp. 94-95). Après avoir développé l'idée que Céline n'était pas vraiment antisémite ("Sous le vocable [de Juif], il aurait pu grouper tous les hommes, lui y compris.", p. 92), ce qui part d'une intuition juste (dans les pamphlets, en tout cas dans Bagatelles..., le terme "Juifs" a parfois un sens métaphorique, on pourrait dans certains passages le remplacer avantageusement par "les cons", "les salauds", "les profiteurs", etc.), mais est néanmoins insoutenable (il ne s'agit que de quelques passages, l'emploi du terme "Juifs" est loin d'être majoritairement métaphorique), Dominique de Roux fait le parallèle entre l'homme solitaire qu'a toujours été Céline, et un homme de parti qui lui était contemporain :
"Comme tant d'autres sbires, il aurait pu choisir le bon camp, s'accrocher à toutes les nappes et finir en nain ridicule sur le trône de l'imposture. Prenons l'exemple d'Aragon : personne ne l'a vraiment jamais condamné. Cet étrange communiste, cette variété de hyène, enfermé dans les crimes de Staline, dans son zèle d'indicateur et ses dithyrambes d'Elsa, asservi au déshonneur permanent incarne à lui seul l'abjecte caricature d'Hugo et le bâtard de Galliffet.
Céline aurait pu aussi adopter l'idéal de la Gauche d'aujourd'hui (la Droite, mieux vaut ne pas en parler !) : ce goût de l'absolutisme libertin à la Louis XV, associé à la corruption la plus jobarde."
Pas mal vu (il est vrai que Mitterrand sortait de sa première campagne présidentielle), mais le meilleur, hélas serais-je tenté de dire, tient dans cette citation d'Aragon, en note (La commune, août 1936) :
"Dans l'immense trésor de la culture humaine, ne prend-elle pas (la nouvelle constitution stalinienne) la première place au-dessus des oeuvres royales de l'imagination, au-dessus de Shakespeare, de Rimbaud, de Goethe, de Pouchkine, lettre, page resplendissante écrite avec les souffrances, les travaux et les joies de cent soixante millions d'hommes, avec le génie bolchévik, la sagesse du parti et de son chef, le camarade Staline, un philosophe selon le voeu de Marx, qui ne s'est point contenté d'analyser le monde ?"
(Ça non, il ne s'en est point contenté...) On en mangerait ! Avec le recul tout le monde voit bien qu'il y a là complicité de crime, même si Aragon n'est pas directement responsable de la politique de Staline. Et avec le recul tel ou tel zélateur de la politique américaine, tel ou tel Kouchner ou Goupil, sera lui aussi convaincu de complicité de crime. Ach, à eux aussi, avoir un peu peur de la lance du bédouin ne pourrait pas leur faire de mal.
Ce qui, via l'inénarrable Redeker
- Charlot ! Bouse ! Et il se vante d'avoir "longuement réfléchi" et d'avoir fait "beaucoup de recherches" avant de mettre ses hallucinations sur papier. Mais il aggrave son cas ! Ce genre de gars voudrait mettre de l'huile sur le feu en permanence, cracher avec dédain sur les convictions profondes de plusieurs millions de gens, parmi lesquels nombre de compatriotes, et ne jamais rien risquer. Sérieusement, qu'il éprouve quelques frayeurs est bien le moins. Et le plus : c'est tellement adapté à son cas que liquider ce monsieur serait, toute considération morale mise à part, contre-productif. Et puis, franchement, on a beau savoir que les martyrs sont des hommes avant de devenir des mythes, si l'on veut vraiment trouver un symbole tragique à la liberté d'expression, on peut peut-être trouver mieux, comme occasion, qu'un ramassis de fantasmes, et comme modèle, qu'un fonctionnaire ventru et arrogant.
ce qui, disais-je !, me fait penser à une phrase de Nabe, dans laquelle il dit en substance que l'Islam aujourd'hui est sinon le vrai catholicisme, du moins le vrai héritier spirituel du catholicisme. On ne s'aventurera pas ici à analyser un aperçu aussi ambitieux, on en suggérera une interprétation terre-à-terre : de même que les catholiques avaient à une époque plus de courage que les autres, de même les Musulmans (en l'occurrence les "Arabo-Musulmans") auraient plus de courage - et de dignité - que les "citoyens" du "monde libre". Les considérations théologiques à la Redeker ne peuvent rien contre ça. Et si cela n'autorise pas tout et ne rend pas plus intelligent qu'un autre (mais, comme disait Proust, qui était, il est vrai, supérieurement intelligent et pouvait s'autoriser un tel luxe : "Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence."), c'est déjà un point de départ dont beaucoup d'entre nous peuvent être jaloux.
P.S. Cabu, après avoir fait son beurre pendant des années en prônant la détestation snob de ses concitoyens (Mon beauf ou l'incitation à la haine raciale de classe) organise une exposition à Paris. Quelqu'un a son numéro de téléphone ?
(Ajout le 05.10.)
J'ai oublié l'autre jour : la consultation rapide du CV de l'outre Redeker révèle une typique surreprésentation d'articles consacrés au négationnisme et au révisionnisme. Ah, le preux chevalier exerçant son courage sur une minorité d'excités dont les écrits sont interdits par la loi, voilà le noble combattant de la liberté d'expression qu'il nous faudrait soutenir. Sans doute a-t-il cru, habitué à l'impunité de son statut de sbire de Lanzmann aux Temps modernes, que les musulmans, au moins les musulmans français, qui sont tout de même bien gentils, seraient aussi dociles que les négationnistes à qui il est défendu de s'exprimer. On n'épiloguera pas sur cette stratégie des Temps modernes - et de L'Arche, papier hygiénique communautaire qui a aussi accueilli la prose enchanteresse et chatoyante de R. Redeker (de même que le Monde diplomatique, soit dit en passant) - d'écrire en permanence sur le négationnisme, pour convaincre tout le monde - et les négationnistes en premier - que ce sujet est d'une grande importance, que le péril négationniste nous menace à chaque instant.
C'est très bien tout ça, le malfaiteur Lanzmann aura peut-être plus de mal à trouver des larbins pour l'aider dans ses basses besognes. Si ce genre de places se met à comporter des risques, ça freinera quelques ardeurs. Tout le monde n'est pas aussi fanatique que M. Shoah, Dieu merci.
(Je le note parce que c'est l'occasion : dans Les assassins de la mémoire, Vidal-Naquet rappelle, en 1987, que la plaque commémorative à l'entrée d'Auschwitz, qui déclare un total de quatre millions de morts, est fautive, et qu'il faut ramener ce chiffre à "un bon million" - ce qui, il me semble, est déjà pas mal. Vidal-Naquet regrette à cette occasion que quelqu'un comme C. Lanzmann puisse encore, à la même date, écrire avec aplomb - dans Le Monde déjà, qui en aura vu défiler des conneries lanzmanniennes - que "les estimations les plus sérieuses tournent autour de trois millions et demi." On voudrait donner du grain à moudre aux négationnistes, y compris arabes, pour mieux les dénoncer après, que l'on ne s'y prendrait pas autrement. S'il veut du "plus sérieux", qu'il aille tâter lui-même de la lance du Bédouin, et qu'on n'en parle plus. Comme le dit un ami que je cite souvent, explicitement ou non : "Tout ce genre de conneries, ça ne vise qu'à rendre la France aussi invivable qu'Israël. Tout ce qu'ils veulent, c'est que, s'il y a le merdier en Israël, il y ait le merdier aussi ici." Cela n'est pas sans accents xénophobes - mais cela n'est pas non plus, malheureusement peut-être, et en tout cas surtout, sans accent de vérité.)
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