"Qui ceci, qui cela."
Quelques brèves (de comptoir, bien sûr) :
- il semble qu'il y ait, comme cela arrive de temps à autre, un problème avec la fonction "Commentaires". Vous pouvez m'envoyer vos réactions par mail, en précisant de quel « post » vous parlez, je les intégrerai dans le corps du texte, le temps que la situation se rétablisse.
- ce qui fonctionne, en revanche, ce sont les statistiques fournies par M. Blogspot, et qui m'ont récemment permis de découvrir qu'un site lié au Monde me classait à la jonction même entre la droite et l'extrême-droite. Cela m'était déjà arrivé il y a cinq ans (!!!!!! - je ne sais pas si le temps existe, mais il passe, l'enflé) : un truc du même genre - le lien ne donne plus rien, la Toile l'a absorbé - me cataloguait aussi droite.
- à ce sujet, avant de revenir sur ces classements, une digression : cela faisait un certain temps que je le pensais à part moi, l'archiviste Emmanuel Ratier le confirme de son côté dans son entretien avec Égalité & Réconciliation : les informations diffusées sur Internet ont une durée de vie bien inférieure à celle assurée, malgré d'éventuelles vicissitudes matérielles, par l'imprimé. Je dirais même plus, Internet n'a rien d'éternel en soi et pourrait très bien disparaître un jour ; à tout le moins, être suspendu ou redémarrer à zéro, toutes les informations que l'on y trouve disparaissant dans les poubelles de l'Histoire en un autodafé sans équivalent. Je ne saurais par conséquent trop vous encourager à faire une copie des textes que vous aimez, et, pour les blogueurs, que vous écrivez. Ne venez pas râler en cas de problème...
- Bibi à droite, donc. Il y a plusieurs remarques à faire. D'abord, la démarche de ces sites. Outre qu'ils ne vous consultent pas, ce qui pourrait éviter des malentendus, ils semblent pratiquer par recoupements, tant à partir des liens entrants et sortants qu'à partir des auteurs évoqués, et il est de fait que je cite plus souvent Maurras que Marx en ce moment. A ce compte, on pourrait classer des chasseurs de fachos frénétiques comme P.-A. Taguieff et C. Fourest à l'extrême-droite - ce qui d'ailleurs, dans le cas du premier, est une hypothèse que j'aimerais bien mettre à l'épreuve un jour, mais passons.
J'ai rédigé ces lignes il y a quelques jours, suivies d'autres, bavardes et vides, sans parvenir à voir d'où venait la difficulté. Simple susceptibilité de la part d'un ancien gauchiste, qui ne voudrait pas reconnaître qu'il a évolué, comme beaucoup d'autres ? Mais je suis très content d'avoir évolué, au contraire, sans que cela m'oblige à me considérer « de droite ».
En réalité (laissons là les italiques), il y avait plusieurs causes à mon embarras. Certaines sont de l'ordre de la cuisine interne et peu intéressantes pour vous. D'autres relèvent de problèmes plus généraux. Et c'est finalement la conjonction entre les petits problèmes boursiers de ces derniers jours et l'annonce par M. Cinéma qu'il allait s'efforcer de trouver une « nouvelle formule » (on se croirait à Télérama...), qui m'a permis de mieux comprendre ce sur quoi je butais.
Il me semble que nous autres blogueurs - et j'insiste sur le fait que cela ne concerne pas qu'un blogueur orienté sur la politique, même dans un sens large, comme Bibi, mais aussi un cinéphile comme M. Cinéma, voire une skyblogueuse se demandant si elle doit coucher dès le premier soir - sommes actuellement pris entre deux mouvements contradictoires.
A partir du moment où vous avez l'ambition de réfléchir à certaines questions, il arrive un jour où le support du blog, avec tous ces avantages, vous limite plus qu'il ne vous stimule. Ce n'est pas tant l'habitude de l'alimenter assez régulièrement qui vous prend du temps par rapport à d'autres travaux de fond : c'est, plus profondément, qu'à force de touiller et retouiller certaines questions, vous pouvez avoir, à la fois soudainement et non soudainement, l'impression d'approcher de quelque chose de nouveau - et vous vous sentez à l'étroit dans votre costume de blogueur. Vous devinez confusément que si vous essayez de mieux préciser les contours de ce qui vous apparaît « nouveau », vous risquez fort de vous lancer dans un travail qui, matériellement, peut très bien être publié en plusieurs épisodes sur le blog, mais qui nécessite un engagement personnel, avec ce que cela suppose en termes d'heures de travail volées à la vie familiale et conjugale, que l'on ne sent pas nécessairement à même de fournir. (Sans compter, vanitas..., que dans ce cas-là on se verrait bien publié sous la forme d'un « vrai livre », merde...)
Pour continuer avec ma métaphore habituelle du comptoir : vous êtes le patron d'un café, vous faites un peu les mêmes plats chaque jour, mais avec des variations, des nouveaux ingrédients, vous apprenez vous-même de nouvelles manières d'accorder les aliments. Et un jour, à force, il vous semble que vous n'êtes pas loin de créer une nouvelle recette vraiment intéressante. Pas loin et en même temps très loin, parce que pour être à la hauteur de ce que vous imaginez être cette idée il vous faut sinon fermer votre enseigne, du moins réduire considérablement ses horaires d'ouverture, et changer votre rythme de vie habituel.
Cela m'était déjà arrivé une fois, lorsque je travaillais à ma série sur le concept de « nature humaine », série qui, il n'y a pas de hasard, plaisait particulièrement à M. Cinéma : j'avais le sentiment de toucher à un « truc » - mais n'ai pas poussé mon avantage. Non seulement j'en ai toujours gardé une forte rancune contre moi-même, mais j'y ai appris que dans ces cas-là le train ne repasse pas : l'effort que je devrais faire aujourd'hui pour reprendre possession (presque au sens charnel d'ailleurs, on s'imprègne et on possède des concepts autant peut-être qu'on peut le faire d'une femme) de ces idées, ne serait pas impossible à fournir, mais cela me serait bien plus difficile que si j'avais alors continué sur ma lancée.
Bref ! Vous l'aurez compris, je n'ai pas envie de rater cette fois le train Simone Weil - le problème ici, par rapport aux descriptions générales que je viens de vous soumettre, étant que cette chère juive antisémite a poussé très loin la cohérence entre ses idées et son mode de vie, et que donc il ne s'agit pas seulement de jouer avec des concepts, aussi intéressants fussent-ils.
Je ne suis pas en train de vous annoncer une conversion, un départ dans le désert pour y méditer, ni même une suspension d'activité. Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire. Mais j'ai idée, en revanche, que mes problèmes ne sont pas que les miens, d'où l'intérêt potentiel de les mettre sur la table.
D'autant que, c'est le deuxième mouvement contradictoire que je vous annonçais plus haut, il y a en ce moment, et cela nous concerne donc tous, une telle concentration d'événements (je préfère cela à « accélération de l'actualité ») que l'on se sent quelque peu impuissant à l'affronter. Ça craque de toutes parts, on le voit bien, on a de bonnes raisons de s'en réjouir, et dans le même temps on a du mal à ne pas être inquiet sur ce que cela peut donner. Je vous la fais rapide sur ce thème, le maître ou M. Defensa vous en parleront mieux que moi.
Mais le fait est là : au moment même où j'ai besoin de temps, et d'abord, sans préjudice des réponses que je peux trouver, de temps de réflexion par rapport à mes propres réflexions, je sens que les efforts qu'il faut produire par ailleurs pour comprendre à peu près ce qui se passe et, surtout, ce qui risque de se passer, sont de plus en plus grands. En poussant le raisonnement, on peut dire que ça tombe bien : puisque le support du blog ne permet ni de coller à la compréhension du monde tel qu'il se défait et se refera peut-être, ni de transmettre des idées que l'on espère être plus originales qu'à l'accoutumée, alors autant mettre la clé sous la porte, sans regret. Le blog aurait fait son temps. Mais l'on voit bien que ces idées « plus originales » ne peuvent avoir de valeur que si leur auteur a quelque « compréhension du monde » : blog ou pas blog, le problème reste entier.
Restons-en là pour aujourd'hui. Je vous laisse juges de décider à quel point les questions que j'ai exposées me concernent plus particulièrement ou sont vécues d'une manière analogue par d'autres - blogueurs ou non blogueurs, faut-il le préciser.
Et finissons avec une petite coda, dont je vous prie de ne pas surinterpréter la provenance biblique. Après le match d'hier soir, j'ai rouvert mon Nouveau Testament et suis vite retombé sur ces lignes célèbres (le mot est faible), tirées de la première Épitre aux Corinthiens, dont la thématique « maussienne » m'a frappé :
"Quant à ce que vous m'avez écrit, il est bon pour l'homme de ne pas s'attacher de femme.
Mais par crainte de la prostitution [généralisée, note de AMG], que chacun ait sa femme et chacune son mari.
Que le mari rende à la femme son dû et de même la femme, à son mari.
Ce n'est pas la femme qui a pouvoir sur son propre corps, c'est son mari ; et de même, ce n'est pas le mari qui a pouvoir sur son propre corps, c'est sa femme.
Ne vous privez pas l'un de l'autre, sinon d'un commun accord et pour un instant, pour vaquer à la prière ; et remettez-vous ensemble de peur que le Satan ne vous éprouve par votre incontinence.
Ce que je vous dis est une concession et non un ordre.
Je voudrais que tous les hommes soient comme moi, mais chacun a de Dieu son propre don : qui ceci, qui cela." (VII, 1-7)
La suite est délectable, malheureusement je ne peux la retranscrire et c'est regrettable, ça vous aurait fait lire un peu... Bref, je ne vais pas recopier tout saint Paul.
A bientôt !
Libellés : 9/11 financier, Apocalypse, Brassens, Defensa, Fourest, Maubreuil, Mauss, Moi, Ratier, Saint Paul, Taguieff, Télérama, Voyer, Weil
<< Home