lundi 27 janvier 2020

"En faisant apparaître comme menace pour eux la menace qu’ils font peser…" Merci J.-P. Voyer !

"Ce qui a augmenté vertigineusement depuis Marx, c’est l’explosivité du monde, c’est-à-dire l’explosivité des pauvres, qui se soulèvent maintenant pour un oui ou pour un non. A cette explosivité réelle répond le spectacle de l’explosivité nucléaire et économique. D’où aussi le spectacle de l’inexistence ou de l’inapplicabilité intrinsèque des remèdes « économiques ».


La classe dominante répond à sa condamnation en 1968 par une gigantesque campagne de solidarisation avec le monde marchand dans laquelle celui-ci met en scène sa propre nécessité. Il s’agit pour l’ennemi de terroriser les gens en faisant apparaître comme menace pour eux la menace qu’ils font peser sur la société existante, de les dissuader par conséquent de poursuivre en connaissance de cause leur critique interne de la société marchande, de les provoquer à la défense de ce que précisément ils combattent, et de les diviser ainsi dans les termes imposés par la manipulation sociale et sa pensée spectaculaire, avec le concours empressé, bien entendu, de tout le putanat intellectuel, notamment journalistique."

mardi 21 janvier 2020

BHL ne l'emportera pas au paradis...

C’est un monde bien injuste certes que celui qui voit disparaître Jean-Pierre Voyer avant Bernard-Henri Lévy, mais outre que celui-ci ne fera sans doute pas le malin quand il sera jugé par son Créateur, celui-là lui avait à plusieurs reprises réglé son compte il y a des années : 

"A Monsieur Bernard-Henri Lévy.

Paris, le 18 novembre 1996. 

Cher Monsieur et Lévy, 

Je note dans votre BN du 16 novembre ce curieux syllogisme (le syllogisme a fait cette nuit 253 victimes dans Paris) : Patrick Besson attaquerait avec une violence extrême Romain Goupil, non pas parce que Goupil est un petit con gauchiste, un petit con lycéen, un pigiste de Libération-Chargeurs, mais parce que Goupil aurait défendu les Bosniaques et Besson les Serbes. 

Je vous ferai remarquer que Besson n’a pas défendu les Serbes contre les Bosniaques mais contre les enculés intellectuels, dont vous. Je ne vois pas comment Besson ou quiconque aurait pu voler au secours des Serbes, sinon en s’engageant dans leurs milices. Mais il pouvait parfaitement les défendre contre les attaques des enculés intellectuels, ce qu’il a fait et parfaitement réussi si j’en juge par votre réaction. 

Je fais, moi, cet autre syllogisme : tous les enculés intellectuels ont volé au secours des Bosniaques. Goupil est un enculé intellectuel. Donc, Goupil vole au secours des Bosniaques, à la manière des enculés intellectuels, c’est-à-dire en calomniant les Serbes. Comme si les Bosniaques n’avaient pas encore assez à faire avec les Serbes, il leur a encore fallu subir les enculés intellectuels. 


Quant à la violence de l’attaque de Besson, puisque vous avez fait la guerre de Bosnie, vous auriez dû savoir ce qu’est la violence. J’apprécie Besson pour la douceur de ses attaques au fleuret, moi qui ne sais attaquer qu’à la hache, comme vous pouvez en faire l’expérience chaque semaine."

vendredi 10 janvier 2020

"Rien moins qu’un monde…"




Continuons à relire et à redécouvrir, de manière, au moins pour l’instant, un peu dilettante et improvisée, ces textes enchanteurs de Jean-Pierre Voyer : 

"Comme le veut Hegel, le travail animal devient humain parce qu’il est médiatisé et qu’il est médiatisé par rien moins qu’un monde, c’est-à-dire une totalité de travaux identiquement médiatisés. Chez l’homme la bête est niée, son immédiateté est supprimée dans une activité plus haute qui est la communication, l’auto-division infinie d’un monde. Chez l’homme, la satisfaction du moindre de ses « besoins » présuppose un monde et l’indépendance de ce besoin particulier est seulement une apparence. Chez l’homme, le but véritable n’est pas la satisfaction du moindre de ses besoins, mais, dans le moindre de ses besoins, le monde qui médiatise ce besoin, mais la communication totale et mondiale qui médiatise ce besoin, son existence comme sa satisfaction. Ce n’est pas seulement la « production » qui est raffinée, mais le besoin lui-même qui cesse donc à l’instant de seulement pouvoir prétendre être égoïste. En lui agit un monde. Il est le produit d’un monde. Il est besoin d’un monde. Comme le note déjà Marx, dans l’aliénation l’homme doit payer pour habiter une bauge. Aussi frustre que soit en apparence un besoin humain, ce besoin n’en suppose pas moins la médiation d’un monde. Non seulement le sanglier humain doit payer sa bauge, mais il est bien évident que c’est un monde qui le précipite dans une bauge plutôt que dans un palais. L’immonde réalisme matérialiste prétend que l’homme ne se fait homme qu’en interposant entre désir et satisfaction l’écran, la médiation du travail. Mais quel est l’animal qui ne le fait pas ? Pour nous au contraire, l’homme ne se fait homme qu’en interposant entre désir et satisfaction la médiation de la division du travail, qu’en interposant dans le travail lui-même donc, dans le désir aussi bien que dans la satisfaction, la médiation d’un monde. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Ce fait n’a pas échappé à Marx, qui en parle régulièrement mais concurremment avec le point de vue matérialiste. Surtout, il n’a rien su en faire."


(1981. Je pioche pour l’heure dans la Revue de Préhistoire contemporaine, revue historique au numéro unique…)

mercredi 1 janvier 2020

"Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde."

I Jean, 5, 4. Bonne année !