samedi 22 mai 2010

"Le désert n'est pas une objection !"

La solitude de l'homme moderne avec ou sans Dieu, la possibilité d'une religion à l'époque moderne, le rôle éventuel de l'Islam… Revenons à ces questions, par un autre biais : j'ai retrouvé un passage dans un des livres consacrés par Jacques Bouveresse à Robert Musil, que j'avais annoté ainsi (ma lecture remonte à 2008) : "voir par rapport à M. Limbes" (le "M" de nombreux et avisés commentaires, et ex-prince des blogueurs…).

Voici ce texte, c'est une tartine, j'espère que vous la trouverez bonne. Je le livre tel quel, les coupures dans les citations de Musil sont de J. Bouveresse, je me contente de quelques rares incises [entre crochets et en italiques] et de souligner deux phrases ou expressions sur lesquelles je reviendrai immédiatement dans mon commentaire. Ulrich est, je le rappelle, « l'homme sans qualités » du roman éponyme, le double de Musil.

"La formule utilisée pour décrire la relation d'Ulrich à la croyance est la même que celle dont Musil s'était déjà servi pour la morale : « Il était sans doute un homme croyant, mais qui ne croyait à rien. » Son idée d'une foi selon le savoir implique même, en fait, davantage que le refus d'une diminution ou un rétrécissement du savoir : « La croyance avait toujours été liée à la science, dès les premiers jours de sa magique naissance, même s'il s'agissait d'une science imaginée. Cette antique part de la science est pourrie depuis longtemps, elle a entraîné la croyance dans la même décomposition : il s'agit aujourd'hui de rétablir leur alliance. Non pas, bien entendu, en amenant simplement la croyance “à la hauteur de la science” ; mais en faisant en sorte que la croyance prenne son vol de cette hauteur. Il faut réexercer l'art de s'élever au-dessus de la science. Comme aucun individu n'en est capable à lui seul, il faudrait que tous orientent leur esprit, où qu'il soit placé d'ordinaire, dans ce sens. (…) Par le mot croyance (…), il n'entendait pas tant cette volonté étiolée de sens que nous connaissons, cette ignorance crédule, que bien plutôt un pressentiment chargé de science, quelque chose qui n'est ni la science ni l'imagination, mais pas davantage la croyance, quelque chose d'“autre” qui se dérobe précisément à ces concepts. » L'erreur commise a consisté dans « la transformation du pressentiment que l'on vit en une croyance que l'on ne vit pas ». La vie d'une humanité engagée dans la recherche de la croyance, au sens indiqué plus haut, et acceptant d'orienter tous ses efforts dans cette direction pour une période qui pourrait durer aussi bien dix que cent ans ou mille ans est précisément ce qu'Ulrich appelle « la vraie vie expérimentale ». L'impression de Musil est qu'« il n'y a aujourd'hui que des convictions acquises de façon malhonnête ». Et la malhonnêteté première consiste précisément dans la tendance de l'humanité actuelle à afficher des convictions qui sont en contradiction patente avec ce qu'elle sait et croit réellement. Elle sait trop de choses pour pouvoir croire, mais elle commence peut-être à peine à savoir ce qu'il faudrait savoir pour réussir à croire à nouveau. Ulrich ne considère pas du tout, pour sa part, que la traversée du désert qu'est en train de nous imposer l'aventure scientifique soit nécessairement à l'opposé de la démarche religieuse : « Le désert n'est pas une objection ; il a toujours été le berceau des visions célestes ; de plus, comment prévoir des espérances encore irréalisés ! »

Il n'est pas exclu, pour l'homme sans qualités, que la dévalorisation de l'amour par la statistique, la physiologie, etc., celle de la volonté d'art et de vie, la mécanisation, la collectivisation, qui ne parvient pas à remplacer le sentiment individuel par un sentiment communautaire, etc., « toutes ces choses prennent un sens, si Dieu veut être découvert realiter. Dans ce cas il est l'aventure unique et suffisante. Avec Dieu le monde parfaitement ordonné est également pensable ». Musil écrit dans une note que « Dieu ne peut être découvert que par le chemin démocratique », qui n'est pas autre chose que ce qu'il appelle également le chemin expérimental. Nous devons croire en Dieu ou en une période d'intérim dans laquelle nous sommes engagés et au terme de laquelle nous le retrouverons peut-être, mais pour Ulrich, homme religieux qui ne croit pas au Dieu des religions, c'est au fond la même chose : « Pour dire les choses de façon approximative : j'aime Dieu pour la même raison qui t'a fait commettre un crime : simplement pour faire éclater le cercle ou parce que nous ne pouvons pas vivre ainsi (périodes d'intérim ou Dieu : on doit croire une des deux choses) / Mais crois-tu donc en Dieu ? / Tu me demandes toujours si je crois ! Je me refuse à croire ! ».

Musil a écrit au pasteur Robert Lejeune, dans une lettre du 24. XII. 1941 : « Je prends régulièrement des notes en vue d'une chose que j'aimerais appeler une “théologie laïque”, si j'en venais à bout » [pour la petite histoire, “Théologie” est le titre de travail des Deux étendards, sur lesquelles Lucien va bientôt (1941) se remettre à bosser]. Il avait dit auparavant de L'homme sans qualités que « ce livre est religieux sous les présupposés de l'incroyant ». Dans les dernières années, il se pose la question de savoir si les bouleversements auxquels on assiste ne pourraient pas signifier malgré tout le dernier soubresaut de l'ancienne religiosité et le commencement de la nouvelle : « Est-ce que les turbulences qui se sont produites dans le monde ne constituent pas tout de même en fin de de compte le dernier effondrement de l'ancienne religiosité et le commencement d'une nouvelle ? Qui, assurément, avec la recherche, etc. se détruit un fondement très profond. C'est tout au moins ainsi que l'on pourrait procéder d'un point de vue apologético-ironique ». Le paradoxe de la religiosité nouvelle est évidemment qu'elle ne pourrait se constituer qu'en travaillant directement contre elle-même et en commençant par renoncer à tout ce qui autrefois aurait pu lui servir de fondement. Il est donc difficile de dire à quoi elle pourrait ressembler exactement et Musil ne cherche pas à la faire passer pour quelque chose de plus qu'une possibilité qui s'éveille peut-être et que l'on ne peut dans le meilleur des cas que pressentir On comprend cependant que, si la nouvelle religiosité doit être quelque chose comme l'essayisme généralisé à tous les secteurs de la vie, il puisse qualifier de religieuse l'attitude d'irrespect que l'on doit adopter aujourd'hui à l'égard de toutes les créations humaines qui, à commencer par les morales, croient pouvoir représenter autre chose que de simples essais dans une évolution en cours : « “Nouvelle ironie” Les formes de société, les morales, etc., sont des totalités dans lesquelles les individus apparaissent déterminés. Mais du point de vue de l'histoire mondiale ce sont des “formes” que façonne l'essai de la vie, comme il a formé les sauriens, etc., qui s'éliminent les unes les autres comme des expériences qui ont échoué. Si l'on considère la vie de cette façon, on arrive à l'irrespect absolu (religieux) » [nabien ? ]. Pour Musil, qui croit qu'« aucune vertu, aucun vice ne sont définitifs », on doit admettre qu'« identifier Dieu à une morale est véritablement un blasphème énorme ». C'est même, pourrait-on dire, le blasphème par excellence. Réfléchissant sur la caractérisation (en partie justifiée, selon lui) que certains proposent du nazisme comme mouvement religieux ou secte, il observe que ce qui se dissout dans la phase que le monde est en train de vivre est la « croyance irréligieuse ». L'irréligiosité s'exprime précisément dans le fait de disposer d'une douzaine de concepts à l'aide desquels les membres inscrits de la secte prétendent tout expliquer : « L'explication complète comme mauvais signe ». On pourrait considérer cette dernière, précisément, comme constituant le signe de l'irréligiosité par excellence, reconnaissable non seulement dans les mouvements politiques, mais également dans les mouvements intellectuels de type dictatorial (Kraus, Klages, Jung, Adler, la « conception matérialiste de l'histoire », etc.). La fonction qu'ils remplissent est celle de la croyance religieuse dans la version irréligieuse de celle-ci. L'attitude religieuse s'exprime d'abord dans le respect de ce qu'on ne sait pas ou pas encore et la volonté de le traiter avec sérieux et en prenant le temps nécessaire pour cela, autrement dit sans se précipiter aveuglément vers la première croyance, religieuse ou profane, qui se présente.

Si l'on veut débarrasser la croyance de ce qui, en elle, dépasse le pressentiment pour tenter de se rapprocher du savoir ou de rivaliser avec lui dans sa sphère, il faudrait sans doute la vider de toute espèce de contenu déterminé. Mais c'est bien, semble-t-il, ce que propose Musil. De toute manière, la foi n'est jamais vraiment l'au-delà du savoir qu'elle voudrait être, ses contenus sont presque toujours impurs et elle emprunte, de façon générale, beaucoup plus qu'elle ne l'imagine et qu'il ne le faudrait au domaine du savoir. Qu'on le veuille ou non, la croyance religieuse a eu, elle aussi, des faiblesses significatives et compromettantes envers l'objectivité et le rationalisme, contre lesquels elle a toujours prétendu en principe s'élever :

« Si la foi consiste uniquement en ceci que de “mystérieux” faits doivent être tenus pour vrais, elle est rationaliste avec un préfixe négatif. L'expression la plus nette de cela : Credo quia absurdum est.

Même le Christ a fait une concession désespérée au rationalisme humain : “Si vous ne croyez pas en moi, alors croyez tout de même à mes oeuvres.”»

La foi se croit naturellement définitive et hors du temps ; mais l'état de nos croyances a sans doute toujours reflété d'une manière quelconque celui de notre savoir réel ou espéré ; et il n'y a aucune raison de penser qu'il le fait aujourd'hui moins qu'hier. Ce ne sont pas seulement, comme le constate Ulrich, nos représentations du ciel et de l'enfer, qui sont liées à la science et à l'ignorance de l'époque, mais également notre idée de Dieu elle-même. Si nous réfléchissons à cela, nous devrions peut-être conclure que nous ne savons pour ainsi dire rien de ce que pourra nous dire un jour la croyance sur les choses auxquelles elle fait référence. C'est ce qu'on pourrait appeler, en langage musilien, le problème de l'acide formique : « Que pourra-t-on bien faire, en effet, au jour du Jugement Dernier, quand seront pesés les effets de trois traités sur l'acide formique, ou même de trente, s'il le fallait ? D'autre part, que peut-on savoir du Jugement Dernier si l'on ne sait même pas tout ce qui peut sortir d'ici là de l'acide formique ? » La première question semble ridicule à celui qui s'intéresse aux propriétés de l'acide formique et pourrait même éventuellement consacrer sa vie à faire des recherches sur elles, la seconde à celui qui croit au Jugement Dernier, autrement dit croit savoir quelque chose de ce à quoi il pourrait ressembler. Les deux ont tort aux yeux d'Ulrich et de Musil, mais le deuxième plus profondément que le premier. Car il est moins dangereux d'avoir des idées définitives sur l'importance ultime d'une question minime qui est traitée avec sérieux et méthode que d'en avoir sur une question ultime dont on ne sait à peu près rien et surtout pas de quelle façon les choses que nous finirons par savoir pourront nous amener un jour à la considérer. « Ce n'est pas un sceptique qui parle ici, écrit Musil, mais bien quelqu'un qui considère le problème comme difficile et a l'impression qu'on y travaille sans méthode »." (Robert Musil. L'homme probable, le hasard, la moyenne et l'escargot de l'histoire, L'éclat, 2004, pp. 268-72)

Beaucoup de choses ici… Je commence par les deux points de détail que j'ai soulignés.

« L'essayisme généralisé » est une notion capitale chez Musil, et il importe de ne pas la confondre avec le « tout est permis » contemporain, même si ces deux éthiques ne sont pas sans rapports. Dans l'essai selon Musil il faut toujours entendre à la fois une expérience au sens scientifique, méthodique du terme, et un engagement personnel fort. Si l'on veut, à partir d'un nietzschéisme poussant à la mise en question des valeurs couramment admises, commun à Musil et au lecteur de Tecknikart (pour faire vite), on peut partir dans une recherche rigoureuse et exigeante (qui chez notre auteur prit la forme d'une vie monacale passée à rédiger un roman sans fin), ou s'amuser en se disant que rien n'a de conséquences. Bref : il est possible de critiquer cette notion d'essayisme, c'est une chose, mais il faut d'abord voir ce qu'elle implique ici.

« Envers l'objectivité et le rationalisme, contre lesquels la religion a toujours prétendu en principe s'élever » : la réserve à émettre est évidente - si la religion a lutté contre le rationalisme c'est contre un certain rationalisme façon XVIIIe, ce n'est pas contre tout rationalisme, et encore moins contre toute objectivité. Il y a ici très manifestement une vision étriquée de la religion.

Cette précision nous amène à un point de vue plus général sur ce texte. S'il est difficile et pourrait être fastidieux d'en faire une critique point par point, c'est notamment en raison de son statut : on peut reconnaître à Jacques Bouveresse la volonté de sortir de son cadre intellectuel habituel pour analyser les tentatives de pensée de Musil, il reste que son propre point de vue sur la religion, tel qu'il a pu l'exprimer dans des livres récents, n'est pas d'une grande richesse. Musil lui-même est déjà plus stimulant sur la question, mais on voit bien qu'il a tendance, en tout cas sur ces extraits et au moins à titre ponctuel, à assimiler religion et vulgate du christianisme, ce qui est un peu court. Notons cependant que l'on ne peut non plus balayer d'un revers de la main les images telles que l'enfer, le jugement dernier et les reléguer au rang de simples métaphores, comme ont pu le faire certains plaidoyers pro et contra à partir du XIXe siècle surtout : ainsi que le rappelait Orwell en visant notamment, à tort ou à raison, Chesterton, lorsque l'on menaçait les enfants d'aller en enfer, ce n'était pas du tout présenté comme une façon de parler mais comme une réalité. Ne discutons pas cette question pour elle-même, mais marquons que l'on ne peut se contenter de dire des exemples cités par Musil qu'ils ne résument pas à eux seuls la nature du savoir religieux : ils en font partie, et une théorie de ce savoir doit pouvoir les prendre en compte.

En réalité, allons maintenant au coeur de la question, ce qui pose ici problème, c'est que Musil sépare trop science et religion. Les formules employées peuvent à cet égard prêter à confusion, mais le présupposé d'ensemble est clair : à chaque âge la religion a été dépendante de la science, qu'elle le reconnaisse ou non. Et comme, finalement, la science a, par son évolution propre, détruit les fondements de la religion « à l'ancienne », tout est à refaire. On peut ici, comme certains catholiques, P. Chaunu par exemple, estimer qu'au contraire la science contemporaine vient à sa façon prouver certains des dogmes, rapprocher Big Bang et création du monde et du temps : ce n'est pas sans intérêt, mais le problème bien sûr, cela fait plus de deux siècles que cela dure, est que la controverse peut redémarrer à chaque nouvelle découverte ou apparence de découverte : un jour la science prouve la Bible (ou la Torah, ou le Coran), un jour elle l'infirme, et ainsi de suite. De plus, le danger de tels arguments est de mettre le savoir religieux à la remorque du savoir scientifique, si ce n'est en théorie du moins en pratique.

Une autre optique, plus féconde, est de remettre en cause la dichotomie acceptée par Musil entre science et religion et de la considérer comme anachronique : ce n'est pas que la science a toujours influencé une religion qui ne le reconnaîtrait que contrainte et forcée, c'est que le savoir religieux est de nature scientifique, inclut la science, ou que la science est un des degrés et un des aspects du savoir religieux. Jean Borella l'explique très bien. C'est d'ailleurs ce point de vue qui permet de réintroduire de façon intéressante la question des symboles tels que l'Enfer ou le Jugement Dernier, de montrer qu'ils ne sont pas, ou pas seulement, des contes pour faire peur aux petits et grands, mais des éléments d'un système de savoir.

(Le raisonnement est le même à de nombreux niveaux, je lui donnerai un petit nom et l'incluerai dans ma terminologie à l'occasion : si l'on ne compare que la science contemporaine à la science antique ; si l'on ne compare, pour reprendre le thème traité par J. Borella dans le texte auquel je viens de vous renvoyer, que l'invention de la perspective par rapport à la figuration « plate » de l'art pictural médiéval ; si enfin, à plus petite échelle, on ne compare que la vie sexuelle des adolescents français dans les années 68 par rapport aux années 50, alors dans tous ces cas on aura des arguments pour parler d'un progrès, et vénérer Pasteur, Piero della Francesca, préférer Françoise Lebrun à Viviane Romance. Mais ce ne sont là que comparaisons partielles et pas nécessairement légitimes. Pour le dire vite et sur un seul de nos exemples : ce n'est pas parce que les gens sont immunisés contre certaines maladies graves que l'ensemble de la population vit mieux.)

Ces remarques et objections faites, qui nécessiteront bien sûr des développements ultérieurs (lisez Borella en attendant…), si j'ai pris la peine de retranscrire tout ce texte, c'est que j'y trouve un intérêt, et le fait est que le diagnostic de Musil sur le présent, et sur notre éventuel futur, me paraît plus clairvoyant que ce qu'il écrit sur le passé. Car une fois le partage effectué entre science et religion au niveau des mentalités collectives, il est bien difficile de revenir en arrière : oui, peut-être, tout est à refaire, et c'est là que Musil, qui à tort ou à raison n'a rien d'un nostalgique, peut être utile. Certes, il est possible de lui rétorquer qu'il est devenu bien malaisé, du fait même de ce partage, de travailler avec « sérieux et méthode », ainsi qu'il le demande, mais ce n'est là qu'une illustration supplémentaire de la difficulté du problème.

Ce que je souhaiterais donc que l'on retienne de tout cela, ce sont un état d'esprit : « Le désert n'est pas une objection ; il a toujours été le berceau des visions célestes ». - Qu'il n'y ait pas de Dieu collectif, mais seulement quelques hommes seuls avec Dieu ne veut pas dire que tout soit fini ; un état d'esprit, et une hypothèse de travail, une hypothèse pour guider le travail : Dieu « est l'aventure unique et suffisante. Avec Dieu le monde parfaitement ordonné est également pensable ». Nous ne pouvons le chercher que « démocratiquement », « expérimentalement », c'est-à-dire seuls, mais éventuellement en équipe : il est impossible de faire autrement, puisque Dieu n'est plus une donnée collective.

(Il faudrait ici, notamment via l'exemple du nazisme, faire un parallèle avec l'analyse des totalitarismes (ou de « la première croyance, religieuse ou profane [l'écologie !], qui se présente ») par Dumont comme réinjections artificielles, désespérées et dangereuses, de holisme dans un univers individualiste.)

Et ce qui relève de nos sentiments, et de nos frustrations actuelles (« la dévalorisation de l'amour par la statistique, la physiologie, etc., celle de la volonté d'art et de vie, la mécanisation, la collectivisation... ») ne pourra retrouver un sens qu'après. Pas de bol pour nous ! Mais, ainsi que je l'avais noté en marge de ce passage lors de ma première lecture, Dieu n'a tout de même pas à être sentimental…

« Qu'il n'y ait pas de Dieu collectif », viens-je d'écrire : sans même aller fureter du côté de l'Afrique ou de l'extrême-Orient, il y a tout de même la question de l'Islam. En ce point je ne trouve pas illégitime de refiler le bébé, ou de transmettre le relais, à M. Limbes et L. James, nettement plus compétents que votre serviteur. Il ne me semble bien sûr pas absurde de voir des points de rencontre entre ce que j'ai pu lire chez eux sur l'Islam en général et ses problèmes actuels, d'une part, ce à quoi nous arrivons en suivant avec Musil un chemin très « occidentalo-centriste », d'autre part. Mais, en faisant même abstraction de toute question de résistance physique du lecteur…, je m'estimerais bien présomptueux d'aller plus loin dans ces directions dès aujourd'hui.

Vivez aussi bien que possible !




Love is in the air

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vendredi 14 mai 2010

"Le phénomène est beau."

- Il ne s'agit pas aujourd'hui d'une théorie de l'apparition, mais d'une sorte de plus racaille que ça tu meurs. C'est Lucien qui le dit :

"Nous avons devant les yeux les résultats du métissage entre le venimeux messianisme d'Israël et l'imperturbable mercantilisme anglais. Le phénomène est beau." (Les décombres, dernière partie : "Le monde et nous".)

et je n'ai pu que repenser à cette phrase aux applications certes multiples, lorsque je suis tombé sur cette hallucinante interview.

On me dira qu'il ne faut pas y attacher trop d'importance, que des gens comme ça non seulement se discréditent eux-mêmes mais nuisent à la cause qu'ils prétendent défendre, que je ferais mieux, justement, de consacrer mon temps, si ce n'est à la métaphysique, du moins à des choses plus sérieuses qu'aux pitoyables élucubrations lècheculsionisantes de ratés notoires... mais :

- j'aurais vraiment culpabilisé de ne pas relayer au plus tôt de si limpides (et marrantes) insanités ;

- dans des cas moins dérisoires que celui-ci, il ne serait pas inutile de s'interroger sur ce qui fait que des goys fortunés et bien installés dans la société (ce qui de nos jours n'est pas un compliment) se croient obligés de s'engager explicitement pour Israël. Dire "ça paie" est un peu court, car je ne suis pas sûr que ce que l'on est supposé gagner d'un côté - le soutien (pour combien de temps ?) du Lobby - ne se perde pas de l'autre - on s'allonge et les gens le savent. C'est aussi prêter au Lobby plus qu'il n'en peut - à la fois de la part des philosionistes goys et des antisionistes. On dit trop souvent "les Juifs, les Juifs, les Juifs", mais, de Taguieff à Milner en passant par P. Cormary et, donc, pour écrire une fois son nom, C. Angot, ils sont nombreux à faire porter à ceux-ci plus sans doute qu'ils ne peuvent porter - et ils en ont porté, dans l'Histoire... -, plus peut-être que la plupart d'entre eux ne veulent porter.

J'ai moi-même écrit qu'il y avait une spécificité juive, ce qui signifie, d'une certaine manière, que ces gens-là ne sont pas comme les autres. Je ne veux pas non plus sortir le marteau-piqueur pour écraser des mouches (pardon Pierre !) et décréter que tous ces auteurs, avec ou sans guillemets, sont en fait antisémites, subtilement antisémites comme on dit. Mais quand on lit, dans cet entretien, que les Juifs sont plus humains que les autres ("Les Juifs représentent tout le monde, toute spécificité, la spécificité de l’humain. - Pourquoi les Juifs plus que les autres ? - Parce que."), on souhaiterait presque que cela fût dit par un Juif « sûr de lui et dominateur », qui prend ses responsabilités, plutôt que par une conne goy qui met de l'huile sur le feu, en laissant les autres se brûler, puisque bien sûr ce sont précisément les juifs qu'elle prétend soutenir qui à terme peuvent payer les pots cassés de tels propos. (En même temps, la racaille commence à traîner à Saint-Germain-des-Prés, les sanctuaires disparaissent...)


- Ceci posé, voici en contrepoint un texte parlant de Rebatet. Le simple bon sens oblige à dire que, malgré le mépris que j'ai pour C. Angot, en général et dans cette occurrence particulière, les propos qui m'ont aujourd'hui énervé n'ont pas la même dimension que les appels au meurtre lancés par Lucien en pleine Occupation. Cela-va-sans-dire-mais-va-mieux-en-le-disant. Voici donc ce qu'avec tout son talent et toute sa franchise ce grand écrivain lançait :

"J'observais bien, sur l'infortuné Worms, ce phénomène du Juif aux armées, qui a toujours trompé un certain nombre de braves gens. Un Juif est là, partageant les mêmes périls (les nôtres ont été minimes, mais cela ne change rien à l'affaire), les mêmes désagréments petits ou grands que cent Français, confondu sous le même uniforme qu'eux, plongeant dans l'atmosphère la plus fraternelle que puissent se créer les hommes. Il s'y plie avec ce mimétisme si prompt de sa race, il est parfois le plus troupier de tous. Mais si l'on veut oublier les millions de congénères dont il se trouve isolé, si l'on décide une exception pour ce soldat qu'on tutoie, c'est que l'on connaît mal le Juif.

Il faut croire que je suis bon expert en la matière. Worms était par bien des points l'homme le plus proche de moi dans notre bande, aimant la peinture, la musique, parlant le même langage. Mais je percevais à chaque minutes les mille liens qui rattachaient à son Israël ce Juif en somme apolitique, et pourtant irrésistiblement porté vers la bolchevisation, l'anarchie en tous ordres, truqueur, ergoteur presque malgré lui, ne pouvant toucher à une oeuvre ou à une idée qu'il n'y laissât une tache de pourriture, analyste intelligent, mais paraissant toujours fouiller quelque substance en décomposition, un Juif de l'espèce instable, morbide et saturnienne, probablement assez malheureux, mais bien trop Juif pour ne pas rejoindre en n'importe quelle occasion la classe des Juifs les plus insolemment dominateurs. Pauvre Worms ! je n'aurais jamais eu le coeur de l'humilier, de décharger sur ce solitaire ma fureur accumulée contre sa race ennemie. Il n'ignorait pas mon antisémitisme, et j'avais pris soin de le lui rappeler. Il semblait le tenir pour une opinion politique fort respectable, et qui rendrait même ma sympathie plus précieuse dans la passe difficile qu'Israël allait franchir. Nous étions, ma foi ! une paire d'amis. Mais au fond de moi-même, pas l'ombre d'une faiblesse sentimentale. Je lui ferais, je l'affirme, s'il était utile, couper la tête sans ciller." (V, 23)


Ambiance !

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mercredi 12 mai 2010

La bête humaine. - Quelques idées politiques...

Enculisme = Shoah générale


Maurras, aujourd'hui, en attendant des aperçus sur les Décombres, et sans oublier les débats en cours sur Dieu et la solitude face à Dieu...

"Les démocrates libéraux radotent. Ils prétendent ou sous-entendent qu'il suffit de laisser faire les éléments aux prises pour en voir jaillir la solution excellente, ou la moins mauvaise possible. Les lois du monde ne sont pas si douces ! Toutes nous administrent des effets aussi souvent rigoureux que délicieux. Mais leur ordre constant n'est pas hostile à l'homme, et l'homme a la propriété d'extraire le bien de ce qui peut d'abord lui faire du mal. Cette noble industrie de nos courages et de nos esprits vaut mieux que les diatribes ou les jérémiades et surtout que le dogme de fatales plaintes perpétuelles sur d'inguérissables malheurs. L'effort humain est dur. Sa peine méritoire doit être fermement constatée, face à l'arrogante satisfaction qui gonfle un optimisme aveugle, borné et cruel.


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Ni les démocrates libéraux, ni les démocrates sociaux, ceux-ci pleurant, ceux-là riant, ne parviennent à légitimer leur monisme simpliste qui leur fait oublier une moitié des choses." (Mes idées politiques, 1937, p. 60)

"Les philosophes véritables refusent constamment de parler des hommes autrement que réunis en société. Il n'y a pas de solitaire." (p. 87)

"Ce qui manque, c'est, dans les esprits dirigeants, cette lumière qui est le signe de leur droit de conduire. Les chefs subsistent et leur pouvoir augmente, mais ce sont des chefs barbares livrés aux impulsions de la passion ou de l'intérêt. Ils commandent, ils conduisent, mais ils commandent mal et conduisent de travers, faute d'avoir appris.

Ils sont donc, eux aussi, plus encore que ces masses prolétariennes pour lesquelles on simule [simulait...] un intérêt si vif, ils sont de véritables déshérités.

Le trésor intellectuel et moral dont il leur appartenait de recueillir l'héritage a été dédaigné et finalement s'est perdu. Ainsi en disposa l'esprit de la démocratie libérale qui a désorganisé le pays par en haut ; empruntant la voix du progrès, feignant de posséder les promesses du lendemain, il a fait abandonner le seul instrument de progrès, qui est la tradition, et la seule semence de l'avenir, qui est le passé. (...)

Tout ce qu'on ôte à la férule [=un enseignement long et laborieux prodigué aux élites] n'est pas ôté à la férule ni à l'autorité qui la tient : cela est retranché à la masse entière du peuple ; c'est la nation et le genre humain qui sont les premiers dépouillés.

La diminution du commun avoir intellectuel et moral est une perte pour tout le monde : les petits y perdront autant que les grands.

Ils y perdront même beaucoup plus que les grands, car ce qui perfectionne, affine, élève les grands constitue, au profit des autres, la garantie la plus précieuse et souvent la seule, contre les abus du pouvoir auxquels exposent précisément les grandeurs. Certaines nuances de vertu et d'honneur, certains beaux accents persuasifs de la voix qui commande sont les fruits directs de la seule éducation.

Il est en de cela comme de la religion.

Celui qui a dit qu'il fallait une religion pour le peuple a dit une épaisse sottise. Il faut une religion, il faut une éducation, il faut un jeu de frein puissants pour les meneurs du peuple, pour ses conseillers, pour ses chefs, en raison même du rôle de direction et de refrènement qu'ils sont appeler à tenir auprès de lui : si les fureurs de la bête humaine sont à craindre pour tous, il convient de les redouter à proportion que la bête jouira de pouvoirs plus forts et pourra ravager un champ d'action plus étendu." (pp. 118-120)

Ce qui permet de comprendre pourquoi le Moyen Age fut une période empreinte de christianisme, alors que l'on sait depuis Duby que l'influence de cette religion sur le peuple a été longtemps surestimée : c'est parce que le christianisme et ses principes moraux dictaient aux élites de l'époque une certaine modération que la période fut dans l'ensemble peu violente (si vous en doutez, relisez Régine Pernoud...).

"La liberté n'est pas au commencement, mais à la fin. Elle n'est pas à la racine, mais aux fleurs et aux fruits de la nature humaine ou pour mieux dire de la vertu humaine. On est plus libre à proportion qu'on est meilleur.


godard


Il faut le devenir. Nos hommes ont cru s'attribuer le prix de l'effort par une Déclaration de leurs droits fameuse, en affichant dans leurs mairies et dans leurs écoles, dans leurs ministères et leurs églises que ce prix s'acquiert sans effort. Mais afficher partout que chacun naît millionnaire vaudrait-il à chacun ombre de million ?

Direz-vous que c'est un droit à la liberté ? Le droit au million ne serait pas plus vain." (p. 122)

"Tradition veut dire transmission.

La tradition rassemble les forces du sol et du sang. On la conserve même en quittant son pays, comme une éternelle tentation d'y faire retour.

La vraie tradition est critique, et faute de ces distinctions, le passé ne sert plus de rien, ses réussites cessant d'être des exemples, ses revers d'être des leçons.

Dans toute tradition comme dans tout héritage, un être raisonnable fait et doit faire la défalcation du passif.

La tradition n'est pas l'inertie, son contraire ; l'hérédité n'est pas le népotisme, sa contrefaçon." (p. 134). Notons ici que si les formulations sont excellentes, les idées sont justes au point d'en paraître banales : il faut vraiment avoir des a priori tordus pour en arriver à nier de telles évidences. D'ailleurs, dans l'ensemble et dans l'usage, on ne les nie pas tant que ça : on a du mal à admettre leurs conséquences.

"Le pouvoir né du vote est obligé, pour ne pas périr, de s'assurer des votants ; rien n'étant plus à craindre pour ce pouvoir que les libertés de ces votants, il est automatiquement induit à les confisquer une à une." (p. 162) Au nom de la liberté qui plus est : et l'on s'étonne que les gens soient quelque peu schizophrènes...


Je finis sur ce passage délectable, éminemment discutable, quelque peu ridicule même... et qui pourtant saisit quelque chose des spécificités françaises :

"Cette Civilisation tout en qualité s'appela seulement, dans ses beaux jours, la Grèce. Elle fut Rome qui la dispersa dans l'univers, d'abord avec les légions de ses soldats et de ses colons, ensuite avec les missionnaires de la foi chrétienne. Les deux Romes conquirent de cette sorte à peu près le monde connu et, par la Renaissance, elles se retrouvaient et se complétaient elles-mêmes, quand la Réforme interrompit leur magnifique développement.

Les historiens et les philosophes sans passion commencent à évaluer exactement quel recul de la Civilisation doit exprimer désormais le nom de la Réforme. Nous devons en France de profondes actions de grâce au bon sens de nos rois et de notre peuple qui, d'un commun effort, repoussèrent cette libération mensongère. C'est leur résistance qui a permis le développement de notre nationalité au XVIe, au XVIIe et même au XVIIIe siècle : si complet, si brillant, d'une humanité si parfaite que la France est devenue l'héritière légitime du monde grec et romain. Par elle la mesure, la raison et le goût ont régné sur notre Occident : outre les civilisations barbares, la Civilisation véritable s'est perpétuée jusqu'au seuil de l'âge contemporain.

Malgré la Révolution, qui n'est que l'oeuvre de la Réforme reprise et trop cruellement réussie [idée elle-même reprise par P. Muray], - malgré le romantisme qui n'est qu'une suite littéraire, philosophique et morale de la Révolution -, on peut encore soutenir que la civilisation montre en ce pays de France d'assez beaux restes : notre tradition n'est qu'interrompue, notre capital subsiste.


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Il dépendrait de nous de le faire fleurir et fructifier de nouveau.

Un nouveau-né, selon Le Play, est un petit barbare. Mais, quand il naît en France, ce petit barbare est appelé à recevoir par l'éducation un extrait délicat de tous les travaux de l'espèce.


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On peut dire que son initiation naturelle fait de lui, dans la force du terme, un homme de qualité.

Quelques-uns de nos voisins et de nos rivaux s'en doutent... Les Allemands sont des barbares, et les meilleurs d'entre eux le savent. Je ne parle ni des Moscovites, ni des Tartares. Le genre humain, c'est notre France, non seulement pour nous, mais pour le genre humain. Les devoirs qu'elle a envers lui peuvent mesurer nos obligations envers elle." (p. 145-146)


A nos amours !


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Madame+de


Hommage du vice à la vertu...


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pauline+à+la+plage

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lundi 3 mai 2010

La puissance et l'invincibilité. - Rien de nouveau sous le soleil...

Lors des excellents passages qu'il consacre au régime de Vichy, notre ami Lucien déplore que le Maréchal soit si mal entouré, et notamment qu'il soit obligé de faire appel à ceux-là mêmes qui sont d'une façon ou d'une autre responsable de la défaite. Vous allez vite comprendre dans quel esprit je retranscris ces brèves sentences :

"Au moment où plus rien ne devait être conservé, on voyait reparaître tous les conservateurs.

Et parmi ceux-ci s'étaient aussitôt poussés aux premiers rangs les représentants des castes les plus imbues d'une supériorité illusoire, les plus enfermées dans des abstractions fallacieuses : l'inspection des Finances, Polytechnique, le Conseil d'État.

Le plus grave était encore qu'aussitôt en place, se serrant les coudes, ils avaient opposé un impitoyable barrage à tous ceux qui n'étaient point à leur stricte ressemblance et eussent pu dans quelque mesure corriger leurs sottises. Ils peuplaient leurs services de leurs créatures, amis et connaissances, remettant tous les postes de l'État nouveau à des aveugles et des incapables satisfaits.

Ces gens-là ne pouvaient prendre parti contre l'Angleterre. Il leur eût fallu se renier eux-mêmes avec un courage et une clairvoyance dont je me demande où ils auraient puisé le secret. Ils tenaient à l'Angleterre par leur pseudo-libéralisme, par leur culte atavique des forces de l'argent. Le cynisme et la brutalité de la finance anglaise, régnant en soudoyant les riches, en maintenant les faibles dans une misère sordide, étaient aussi leurs méthodes favorites. Cet énorme empire édifié à coups de chèques, sur des fictions monétaires et des privilèges insolents, représentait à leurs yeux la plus parfaite image de la puissance et de l'invincibilité. Pour eux, sa chute se traduisait par l'engloutissement de leurs beaux comptes en sterlings et l'écroulement de leur orthodoxie d'économistes. Ruine des portefeuilles, ruine des théories : la fin de notre planète n'aurait pas été plus effrayante à leurs yeux. Avec l'Angleterre, ce serait leur univers entier qui disparaîtrait." (Les décombres, VI, 26)

Le pire étant que le pamphlétaire ici n'exagère même pas...

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samedi 1 mai 2010

Varia.

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Oui, en vrac :

- que revienne le temps de la guerre froide… Aux premiers temps de ce blog, je rappelais que l'existence du bloc de l'Est avait considérablement facilité la vie du prolo occidental, les États étant bien obligés de lui lâcher quelques cerises pour qu'il ne soit pas trop tenté par la boutique d'en face. A la lumière des événements financiers récents en Europe, on se dit que la menace communiste - un peu virtuelle, un peu réelle… - était aussi le garant d'une stabilité des États : imagine-t-on l'« Occident » laisser la Grèce se mettre dans sa panade actuelle avec Staline ou Kroutchev juste à côté ?

On répondra que l'époque était différente, les États alors plus maîtres de leur économie, y compris l'État américain, mais c'est précisément le problème, tant l'on sait que la « chute du Mur » (je mets des guillemets parce qu'avec le temps on finit par avoir l'impression, en utilisant cette expression symbolique, que le mur est tombé tout seul, comme ça, que personne n'y est pour rien) a libéré les tendances déstructurantes de la finance.

Après, il y a aussi la question de savoir s'il existe ou a existé quelque chose comme un État américain indépendant de la finance.

- un petit rappel sur toutes ces questions d'« identité nationale ». Un des moteurs du fonctionnement de la nation française fut pendant longtemps l'antagonisme - qui était aussi une forme de complémentarité - entre Paris et la province, entre des citadins agités et des ruraux, pas aussi catholiques que l'on veut bien maintenant l'écrire - Todd le démontre à longueur de livres - mais tout de même christianisés et assez peu contestataires. Antagonisme qui culmina au XIXe siècle et sur lequel Marx écrivit des pages célèbres (que je n'ai jamais lues autrement que par citations, d'ailleurs). On soulignera donc que les mouvements connus durant la seconde partie du XXe siècle de renouvellement en profondeur de la population parisienne jugée trop subversive d'une part, d'exode rural d'autre part (la Seconde Révolution française de Mendras) ont très largement contribué à modifier cet équilibre national. Il ne me semble pas que les immigrés, latins ou musulmans, y soient pour grand-chose.

- à ce sujet, n'hésitez pas à lire ce texte diffusé par l'Organe. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui s'écrit sur ce site - et sans doute les rédacteurs ne sont-ils pas toujours d'accord entre eux - mais on peut parfois lui reconnaître une certaine acuité. Et bien sûr le sens de l'humour !

(Je changerai prochainement la liste des sites ici-même conseillés : entre ceux qui n'en foutent plus une, ceux qui font payer la séance, ceux dont je me suis moi-même éloigné, etc., il y a un peu de ménage à faire.)

Love is all !







































































































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