mercredi 31 juillet 2019

"Une seule chose menace les plus hautes expressions de la nature humaine, c’est une longue habitude de médiocrité."

Quelques pages de celui qui fut peut-être le dernier grand prosateur classique français, Abel Bonnard, tirées de son livre sur Saint François d’Assise : 


"On peut, certes, sans se risquer, assurer que l’homme est toujours le même. Il s’agit là d’une de ces affirmations incontestables et insignifiantes qu’on laisse derrière soi, dès que l’on commence à penser. Il est bien vrai qu’en tout temps l’homme apporte à la vie les mêmes instincts. La seule affaire est de savoir ce que les hommes de chaque époque ont ajouté à ce fonds commun, et s’ils ont contenu et discipliné ces instincts, ou s’ils se sont bornés à les laisser libres. Quoi qu’on pense de la société du moyen âge, on ne peut nier qu’elle ait été construite en hauteur. Qu’on voie s’y manifester avec vigueur les types les plus différents, cela même doit être compté à son avantage. Il existe, en effet, des rapports secrets entre toutes les puissantes façons d’exister. Elles s’appellent, se provoquent, se sollicitent. Alors même qu’elles semblent s’opposer, elles se répondent. François montra toujours beaucoup de bienveillance pour les hommes dont le caractère était le plus éloigné du sien. Il en usait ainsi par affabilité naturelle, et sans se douter que s’il n’y avait pas eu ces guerriers, ces tyrans, ces bandits, peut-être lui-même n’aurait pas existé non plus. Ce n’est pas dans les époques de mollesse que se manifestent les plus purs types de douceur. Le monde moderne ne croit violent, mais il se vante, il n’est que grossier. Si la violence s’y produisait hardiment, peut-être verrait-on paraître des caractères opposés pour lui donner la réplique. Encore faut-il observer que nous sommes aujourd’hui dans des conditions bien moins favorables que du temps de saint François. Nous vivons dans un monde tout matériel, où l’abus des grands mots cache l’absence de haute doctrine ; que la violence y prenne décidément l’avantage, elle risque d’y commander longtemps sans conteste, comme la seule force authentique que l’homme moderne soit prêt à reconnaître, au lieu qu’au XIIIe siècle, enveloppée et contenue de tous côtés par les idées qui régnaient, elle était réduite à tenir sa place dans l’ensemble des caractères, où il est bon qu’elle aussi existe et se manifeste. Une seule chose menace les plus hautes expressions de la nature humaine, c’est une longue habitude de médiocrité. La médiocrité croit tout permettre, elle croit même tout être, et elle ne s’aperçoit pas que, dans son morne climat, les plus nobles façons d’exister s’étiolent peu à peu. Il est curieux et presque plaisant qu’un en temps où on ne lui parle que de liberté, l’individu soit près de perdre la plus importante, qui est celle de ne pas vivre comme tout le monde. Il est évident qu’aujourd’hui la foule voit sans faveur et, autant qu’il dépend d’elle, cherche à empêcher des genres de vie qui ne sont pas conformes au sien. C’est ainsi que les ordres religieux sont à peine soufferts, parce que les principes sur lesquels ils se constituent bravent les goûts et les préférences de la multitude. Cet empire de la médiocrité va bien plus loin qu’on ne le croit. Qu’un homme exceptionnel se présente, aussitôt le médecin et l’aliéniste ont l’oeil sur lui et sont prêts à lui trouver des dispositions maladives que seuls les gens médiocres ne présenteront jamais. L’homme moderne a pris toutes ses précautions contre le sublime. Il en était autrement au moyen âge ; les hommes y attendaient perpétuellement quelqu’un qui les dépassât. Cela les exposait à bien des erreurs et à bien des risques, mais il y avait des portes ouvertes là où, maintenant, il y a des portes fermées."

mardi 30 juillet 2019

Goya et les pubs Tinder.




Le pantin, 1792. C’était une pratique carnavalesque, l’inversion des valeurs une fois l’an, à l’époque… 





Et bien sûr, il aime ça - Monsieur plane ! - La Civilisation, c'est protéger les gens de leurs démons, de leurs faiblesses. La barbarie progressiste, c'est prétendre les libérer de ce qui leur permet de ne pas sombrer. 

samedi 27 juillet 2019

Quand même pas facile tous les jours, la morale du Sermon sur la montagne.

"Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.

Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ?
Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même ?

Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait."


(Matthieu, 5, 43-48)

vendredi 26 juillet 2019

Rappel.

"Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l'un, et aimera l’autre ; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent." (Matthieu, 6, 24).

Plus clair tu meurs…

dimanche 21 juillet 2019

Le curé de campagne se fait durement mais justement sermonner.




Le dernier soldat. 


Suite, quelques lignes plus loin, du discours sur les chevaliers chrétiens d’un légionnaire à notre curé de campagne, qui ne s’attendait pas à ce qui suit : 


"« Mais tenez ! lorsqu’on réfléchit au succès fabuleux, ininterrompu, d’un livre comme le Don Quichotte, on est forcé de comprendre que si l’humanité n’a pas encore fini de se venger par le rire de son grand espoir déçu, c’est qu’elle l’avait porté longtemps, qu’il était entré bien profond ! Redresseurs de torts, redresseurs de leurs mains de fer. Vous aurez beau dire : ces hommes-là frappaient à grands coups, à coups pesants, ils ont forcé à grands coups nos consciences. Aujourd’hui encore, des femmes paient très cher le droit de porter leurs noms, leurs pauvres noms de soldat, et les naïves allégories dessinées jadis sur leurs écus par quelque clerc maladroit font rêver les maîtres opulents du charbon, de la houille ou de l’acier. Vous ne trouvez pas ça comique ? » — « Non, lui dis-je. » — « Moi, si ! C’est tellement drôle de penser que les gens du monde croient se reconnaître dans ces hautes figures, par-dessus sept cents ans de domesticité, de paresse et d’adultères. Mais ils peuvent courir. Ces soldats-là n’appartenaient qu’à la chrétienté, la chrétienté n’appartient plus à personne. Il n’y a plus, il n’y aura plus jamais de chrétienté. » — « Pourquoi ? » — « Parce qu’il n’y a plus de soldats. Plus de soldats, plus de chrétienté. Oh ! vous me direz que l’Église lui survit, que c’est le principal. Bien sûr. Seulement il n’y aura plus de royaume temporel du Christ, c’est fini. L’espoir en est mort avec nous. » — « Avec vous ? m’écriai-je. Ce ne sont pas les soldats qui manquent ! » — « Des soldats ? Appelez ça des militaires. Le dernier vrai soldat est mort le 30 mai 1431, et c’est vous qui l’avez tué, vous autres ! Pis que tué : condamné, retranché, puis brûlé. » — « Nous en avons fait aussi une Sainte… » — « Dites plutôt que Dieu l’a voulu. Et s’il l’a élevé si haut, ce soldat, c’est justement parce qu’il était le dernier. Le dernier d’une telle race ne pouvait être qu’un Saint. Dieu a voulu encore qu’il fût une Sainte. Il a respecté l’antique pacte de chevalerie. La vieille épée jamais rendue repose sur des genoux que le plus fier des nôtres ne peut qu’embrasser en pleurant. J’aime ça, vous savez, ce rappel discret du cri des tournois : « Honneur aux Dames ! » Il y a là de quoi faire loucher de rancune vos docteurs qui se méfient tant des personnes du sexe, hein ? » — La plaisanterie m’aurait fait rire, car elle ressemble beaucoup à celles que j’ai entendues tant de fois au séminaire, mais je voyais que son regard était triste, d’une tristesse que je connais. Et cette tristesse-là m’atteint comme au vif de l’âme, j’éprouve devant elle une sorte de timidité stupide, insurmontable. — « Que reprochez-vous donc aux gens d’Église ? » ai-je fini par dire bêtement. — « Moi ? oh ! pas grand’chose. De nous avoir laïcisés. La première vraie laïcisation a été celle du soldat. Et elle ne date pas d’hier. Quand vous pleurnichez sur les excès du nationalisme, vous devriez vous souvenir que vous avez fait jadis risette aux légistes de la Renaissance qui mettaient le droit chrétien dans leur poche et reformaient patiemment sous votre nez, à votre barbe, l’État païen, celui qui ne connaît d’autre loi que celle de son propre salut — les impitoyables patries, pleines d’avarice et d’orgueil. » — « Écoutez, lui dis-je, je ne connais pas grand’chose à l’histoire, mais il me semble que l’anarchie féodale avait ses risques. » — « Oui, sans doute… Vous n’avez pas voulu les courir. Vous avez laissé la Chrétienté inachevée, elle était trop lente à se faire, elle coûtait gros, rapportait peu. D’ailleurs, n’aviez-vous pas jadis construit vos basiliques avec les pierres des temples ? Un nouveau droit, quand le Code Justinien restait, comme à portée de la main ?… « L’État contrôlant tout et l’Église contrôlant l’État, » cette formule élégante devait plaire à vos politiques. Seulement nous étions là, nous autres. Nous avions nos privilèges, et par-dessus les frontières, notre immense fraternité. Nous avions même nos cloîtres. Des Moines-Soldats ! C’était de quoi réveiller les proconsuls dans leurs tombes, et vous non plus, vous ne vous faisiez pas fiers ! L’honneur du soldat, vous comprenez, ça ne se prend pas au trébuchet des casuistes. Il n’y a qu’à lire le procès de Jeanne d’Arc. « Sur la foi jurée à vos Saintes, sur la fidélité au suzerain, sur la légitimité du roi de France, rapportez-vous-en à nous, disaient-ils. Nous vous relevons de tout. » — « Je ne veux être relevée de rien », s’écriait-elle. — « Alors nous allons vous damner ? » Elle aurait pu répondre : — « Je serai donc damnée avec mon serment. » Car notre loi était le serment. Vous aviez béni ce serment, mais c’est à lui que nous appartenions, pas à vous. N’importe ! Vous nous avez donnés à l’État. L’État qui nous arme, nous habille et nous nourrit prend aussi notre conscience en charge. Défense de juger, défense même de comprendre. Et vos théologiens approuvent, comme de juste. Ils nous concèdent, avec une grimace, la permission de tuer, de tuer n’importe où, n’importe comment, de tuer par ordre, comme au bourreau. Défenseurs du sol, nous réprimons aussi l’émeute, et lorsque l’émeute a vaincu, nous la servons à son tour. Dispense de fidélité. À ce régime-là, nous sommes devenus des militaires. Et si parfaitement militaires que dans une démocratie accoutumée à toutes les servilités, celle des généraux-ministres réussit à scandaliser les avocats. Si exactement, si parfaitement militaires qu’un homme de grande race, comme Lyautey, a toujours repoussé ce nom infamant. Et d’ailleurs, il n’y aura bientôt plus de militaires. De sept à soixante ans tous… tous quoi ? au juste ?… L’armée même devient un mot vide de sens lorsque les peuples se jettent les uns sur les autres — les tribus d’Afrique quoi ! des tribus de cent millions d’hommes. Et le théologien, de plus en plus dégoûté, continuera de signer des dispenses — des formules imprimées, je suppose, rédigées par les rédacteurs du Ministère de la Conscience Nationale ? Mais où s’arrêteront-ils, entre nous, vos théologiens ? Les meilleurs tueurs, demain, tueront sans risque. À trente mille pieds au-dessus du sol, n’importe quelle saleté d’ingénieur, bien au chaud dans ses pantoufles, entouré d’ouvriers spécialistes, n’aura qu’à tourner un bouton pour assassiner une ville et reviendra dare-dare, avec la seule crainte de rater son dîner. Évidemment personne ne donnera à cet employé le nom de soldat. Mérite-t-il même celui de militaire ? Et vous autres, qui refusiez la terre sainte aux pauvres cabotins du dix-septième siècle, comment l’enterrerez-vous ? Notre profession est-elle donc tellement avilie que nous ne puissions absolument plus répondre d’un seul de nos actes, que nous partagions l’affreuse innocence de nos mécaniques d’acier ? Allons donc ! Le pauvre diable qui bouscule sa bonne amie sur la mousse, un soir de printemps, est tenu par vous en état de péché mortel, et le tueur de villes, alors que les gosses qu’il vient d’empoisonner achèveront de vomir leurs poumons dans le giron de leurs mères, n’aura qu’à changer de culotte et ira donner le pain bénit ? Farceurs que vous êtes ! Inutile de faire semblant de traiter avec les Césars ! La cité antique est morte, elle est morte comme ses dieux. Et les dieux protecteurs de la cité moderne, on les connaît, ils dînent en ville, et s’appellent des banquiers. Rédigez autant de concordats que vous voudrez ! Hors de la Chrétienté, il n’y a de place en Occident ni pour la patrie ni pour le soldat, et vos lâches complaisances auront bientôt achevé de laisser déshonorer l’une et l’autre ! »"

samedi 20 juillet 2019

Le curé de campagne reçoit une leçon d’explication du macronisme à travers les âges de la part d’un militaire.

Militaire, ce n’est d’ailleurs pas tout à fait le terme, j’y reviendrai, mais je ne veux citer aujourd’hui qu’un extrait d’une importante tirade, au sujet des chevaliers chrétiens du Moyen Age (ce qui m’a vite fait penser au beau livre de J. Madiran, Une nouvelle chevalerie naîtra, mais passons). Voici le bref et lucide extrait de ce soir : 


"Oh ! sans doute, ils n’étaient tous ni justes ni purs. Ils n’en représentaient pas moins une justice, une sorte de justice qui depuis les siècles des siècles hante la tristesse des misérables, ou parfois remplit leur rêve. Car enfin la justice entre les mains des puissants n’est qu’un instrument de gouvernement comme les autres. Pourquoi l’appelle-t-on justice ? Disons plutôt l’injustice, mais calculée, efficace, basée tout entière sur l’expérience effroyable de la résistance du faible, de sa capacité de souffrance, d’humiliation et de malheur. L’injustice maintenue à l’exact degré de tension qu’il faut pour que tournent les rouages de l’immense machine à fabriquer les riches, sans que la chaudière n’éclate. "

mercredi 17 juillet 2019

Le curé de campagne nous remonte le moral à grands coups de trique.

"J’ai beau relire ces pages auxquelles mon jugement ne trouve rien à reprendre, elles me paraissent vaines. C’est qu’aucun raisonnement au monde ne saurait provoquer la véritable tristesse — celle de l’âme — ou la vaincre, lorsqu’elle est entrée en nous, Dieu sait par quelle brèche de l’être… Que dire ? Elle n’est pas entrée, elle était en nous. Je crois de plus en plus que ce que nous appelons tristesse, angoisse, désespoir, comme pour nous persuader qu’il s’agit de certains mouvements de l’âme, est cette âme même, que, depuis la chute, la condition de l’homme est telle qu’il ne saurait plus rien percevoir en lui et hors de lui que sous la forme de l’angoisse. Le plus indifférent au surnaturel garde jusque dans le plaisir la conscience obscure de l’effrayant miracle qu’est l’épanouissement d’une seule joie chez un être capable de concevoir son propre anéantissement et forcé de justifier à grand’peine par ses raisonnements toujours précaires, la furieuse révolte de sa chair contre cette hypothèse absurde, hideuse. 

N’était la vigilante pitié de Dieu, il me semble qu’à la première conscience qu’il aurait de lui-même, l’homme retomberait en poussière."


J’ai séparé la dernière phrase du reste du paragraphe ; pour un un surcroît de théâtralité, pour faire ressortir son poids logique dans le raisonnement du curé bernanosien… et pour marquer une légère distance, peut-être momentanée. - Après tout, la nuit ou au petit matin, en ce moment, étant momentanément sans ma famille, j’ai tendance à ne m’adresser qu’à trois interlocuteurs : Dieu, ma femme, mon chat. La Sainte Trinité ? 

mardi 16 juillet 2019

Vialatte, grammaire et mélancolie...

(Dans cet univers de brutes, les trois mots paraissent désuets…)




"Les villes sont posées sur le globe comme des lampes qui éclairent dans la nuit. Elles jalonnent de points lumineux l’itinéraire des bombardiers."

"L’homme n’est pas à l’aise sur la Terre. Il s’y tourne et il s’y retourne comme sur un lit de douleur."

"La vie se passe aujourd’hui à regarder, d’une main, mourir lentement ses amis, d’un cancer généralisé, et attraper de l’autre un autobus en marche. Ils meurent lentement et on les enterre vite."

"Il n’y a que les fleurs et la grammaire."

"La grammaire est une belle personne, un peu sèche, un peu tatillonne, un peu osseuse, un peu chameau, mais enfin, pour un jeune homme pauvre et qui n’a pas trop d’ambition, c’est un parti qui mérite le coup d’oeil."


(Cette sélection est le fait de C. Dantzig dans son intéressante préface à l’édition des Chroniques de La Montagne chez « Bouquins ».)

dimanche 14 juillet 2019

Je cède la parole à Alexandre Vialatte.

"Car l'homme remonte à la plus haute antiquité. C'est une thèse que je soutiens souvent et à laquelle je suis très attaché."

samedi 13 juillet 2019

La belle équipe...

Flagrant délit de propagande dans L’Équipe du jour ! Je ne voulais pas faire de citation aujourd’hui, ni peut-être même dans la semaine - je vous l’ai dit, j’ai un petit besoin de souffler -, mais quand on lit ceci - à propos de ce qui a pu se passer après le match de foot de l'Algérie, ce pays que nous avons créé, Dieu sait pourquoi -, on remet le couvert : 

"Les victoires de l’Algérie en football donnent régulièrement lieu à des scènes de liesse en France, où vivent 842 000 personnes nées en Algérie selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), en plus des nombreux descendants d’immigrés algériens."

Chef-d’oeuvre ! Phrase probablement juste d’un point de vue factuel, si l’auteur de l’article (M. Grégoire Fleurot) reproduit bien le chiffre de l’INSEE, mais fausse au plus haut degré, puisqu’elle semble mettre sur le même plan les "842 000 personnes nées en Algérie" vivant en France et les "nombreux descendants d’immigrés algériens", alors que les deux chiffres sont sans commune mesure, que le deuxième se mesure en millions de personnes, pas en centaines de milliers. Le lecteur bienveillant, peu informé ou paresseux ne peut absolument pas supposer une telle disproportion. Et voilà pourquoi votre fille est muette… 


Je vous reproduis ci-après l’article entier, j’attire votre attention sur les deux derniers paragraphes, et la comparaison entre les heurts d’avant-hier soir et ce qui s’est produit après la victoire de la France à la dernière Coupe du Monde : restons chez Molière, toujours un guide sûr en ces ornières, et constatons la tartufferie de ce parallèle, lorsque l’on omet de signaler que les violences et dégradations, supérieures en nombre le 15 juillet (l’article est peu clair sur la date exacte) à celles d’il y a deux jours, étaient en majorité - et bien que les Français dits de souche n’aient pas eux-mêmes été d’une grande dignité de ce jour-là, et je reste poli - dues à de "nombreux descendants d’immigrés…"


vendredi 12 juillet 2019

Tout couple est une impossibilité, et c'est tant mieux.




Je tombe dans un petit livre qui m’a été conseillé par une nouvelle amie - il n’est pas d’âge pour se faire des amis - dont je tairai le nom pour qu’elle ne se fasse pas tondre à la fois par les supporters algériens et les féministes-LGBT, une phrase de Louis Pauwels qui sera la citation du jour (j’ai au moins une nuance à la fin de la deuxième phrase, mais passons) : 

"Il y a quelque chose de sacré dans le mariage. Ce n’est pas le serment de fidélité, ce mensonge, cette inhumanité. C’est la résolution d’un homme et d’une femme à vieillir ensemble. A descendre ensemble la route de l’usure et des décrépitudes. A s’épauler tendrement jusqu’au tombeau. Tout couple est une impossibilité. Mais cette noble décision transcende les orages, les incompréhensions, les tromperies, les lassitudes. La ferme résolution de vieillir ensemble : alors les pauvres choses mouvantes de la vie prennent un sens hiératique [Voyer, encore et toujours : la vie est une cérémonie]. Et finalement, tenir cette promesse qui passe l’amour, voilà qui ressemble à l’amour, voilà qui est peut-être la plus belle forme de l’amour."


Par antiphrase, on se croirait chez Pialat - Nous ne vieillirons pas ensemble…Vieillir ensemble n’est pas un but en soi, mais oui : il y a dans cette forme de décision quelque chose de sacré qui n’est pas un des pires visages de ce que l’on appelle, entre êtres humains, l’amour. 

jeudi 11 juillet 2019

"Noyer romantiquement, une bonne fois pour toutes, le redoutable problème que pose à chacun l'existence d'autrui..."

Suicide de l’homme européen, suite… Muray donne ici des pistes - Homo Festivus comme transition douce vers l’auto-génocide par effacement ? D’une façon générale, ce qui m’a frappé il y a quelques mois quand je relisais Après l’histoire, c’est à quel point notre univers était redevenu violent par rapport à ce que Muray écrivait il y a vingt ans. Lisez son texte sur la victoire de l’équipe de France en 1998 et comparez avec les scènes dont nous avons été les témoins après la victoire de 2018, vous verrez ce que je veux dire. Les attentats islamistes, l’assassinat de Vincent Lambert, les écolos qui veulent massacrer les vieux, seraient d’autres exemples… Et en relisant ces lignes que j’avais prises en note, il m’est difficile de ne pas les interpréter, dans la succession d’hypothèses qui y sont énumérées, comme la saisie d’une transition en cours, vers quelque chose de nouveau, qui est notre actualité, notre histoire - et notre inconnu : 


"Et ce phénomène de la fête, devenue depuis quelque temps années l'obsédant rond-point auquel ne cesse de retourner notre société comme pour y trouver la réponse à une question qu'elle se pose, sans doute celle de sa mutation, ou même de sa disparition, peut être interprété de différentes manières : en tant que « commémoration de la crise sacrificielle » que fut dans son ensemble l'Histoire désormais terminée (et vécue en bloc comme une épouvante) ; en tant qu'agglomérat de Moi divinisés qui ont décidé de noyer romantiquement, et une bonne fois pour toutes, dans l'effervescence festive continuelle, le redoutable problème que pose à chacun l'existence d'autrui ; comme métaphore géante mais déniée du désir de mort de l'Europe actuelle ; comme affirmation de soi aboutissant à la négation de soi ; ou encore comme volonté d'auto-divinisation communautaire débouchant sur une volonté d'autodestruction personnelle par indifférenciation violente mais positivée."

mercredi 10 juillet 2019

Degas gaulois réfractaire.





"Il vole de nos propres ailes", dit un jour Degas à propos de Besnard, qu’il accusait de piller l’impressionnisme à des fins commerciales. Une belle définition de l’opportunisme et du plagiat. Dans le même genre, à propos d’un dessinateur par ailleurs estimable, Forain : il "peint avec ses mains dans mes poches".

Deux autres bons mots, je cite l’imposante biographie de l’auteur de La classe de danse par Henri Loyrette : 


"A Bonnat, qui le menait au Salon devant le tableau d’un de ses élèves, chasseur tirant à l’arc et qui s’extasiait « Comme il vise bien, n’est-ce pas, Degas ? », il répliqua : « Oui, il vise une médaille. » (…) Rassurant un ami qui s’inquiétait du transport de quelque grand tableau académique : « Ne craignez rien, ça se dégonfle. »"



mardi 9 juillet 2019

Prière à Dieu pour demander le bon usage des maladies...

Je reviens à Muray : 

"Cette sacralisation de l'enfance, que l'on ne retrouve dans aucune civilisation du passé, et dont la nôtre a fait sa pierre angulaire, est l'œuvre d'un nouveau monde d'adultes infantilisés et qui entendent bien, au passage, être eux aussi sacralisés en tant qu'enfants augmentés."


Cette phrase très générale peut bien sûr s’appliquer, je suis loin d’être le premier à le remarquer, si ce n’est aux musulmans en général - il ne faudrait pas me pousser loin ceci dit… - du moins à une bonne partie d’entre eux ; mais elle n’est pas sans rapports non plus avec la cruelle fin de vie de M. Vincent Lambert : il y a quelque chose d’infantile à refuser la souffrance, à vouloir un monde sans souffrance. (Fondamentalement, c’est infantile, quel que soit l’état de la science. Que l’on puisse moins souffrir grâce à certaines avancées scientifiques, pourquoi pas ?) Ce n’est pas seulement vivre sa vie comme un enfant augmenté, c’est aussi la finir comme ça. "Le désir n'a même pas été pris pour la réalité, comme l'exigeait le catéchisme de 68 ; il a pris la place de la réalité retombée à la friche.", écrit ailleurs Muray. D’une certaine façon, la volonté d’euthanasie, qui est une forme de suicide collectif, est un produit de cette hypostasie du désir infantile. - Et sur ce dernier point, ça fait mal au cul de l'admettre, nous sommes pires que les musulmans.

lundi 8 juillet 2019

L'artiste est un singe pour l'homme.





Quittons un peu les hautes altitudes où nous emmène le curé de campagne, et revenons au catalogue La grande parade. Un peu par fainéantise, un peu par souci de clarté, je me contente de photographier la longue citation du jour, consacrée à l’étonnant tableau de Chardin, Le singe peintre. Jean Clair le souligne, il y a au XVIIIe une première inflexion dans ce que J. Starobinski appelle "la relève des dieux par les pitres", qui va conduire les artistes à des autoportraits de plus en plus durs d’eux-mêmes. Et cela passe notamment par un recours à l’animalité, encore détendu et ludique chez Chardin. Mais voici l'analyse de ce tableau : 




Un des points importants ici est la popularité - issue d’un pays protestant, indiquons ce fait sans chercher à lui donner une interprétation pour l’instant - du thème du singe comme singe de l’homme. Il y a, pour ce qu’un profane comme moi en comprend, un double mouvement dans la peinture occidentale d’après la Réforme : une volonté catholique de magnifier le corps de l’être humain - Dieu n’a-t-il pas créé l’homme à son image ? -, avec un souci polémique à l’encontre de l’iconoclasme protestant ; une tendance contradictoire, discrète mais tenace, au grotesque, à la dérision, à l’animalité, voire, sans donner trop d’importance à ce terme, à la zoophilie. Tout cela basculera au XIXe siècle et plus encore au XXe. En voici pour exemples les tableaux auxquels il est fait référence dans cet article, ceux respectivement de Doré, Rouault et Freud : 









Comparons avec l'image que le peintre classique par excellence, Nicolas Poussin, donnait de lui-même :



 



dimanche 7 juillet 2019

Le curé de campagne envoie du bois.

"Le monde du Mal échappe tellement, en somme, à la prise de notre esprit ! D’ailleurs, je ne réussis pas toujours à l’imaginer comme un monde, un univers. Il est, il ne sera toujours qu’une ébauche, l’ébauche d’une création hideuse, avortée, à l’extrême limite de l’être. Je pense à ces poches flasques et translucides de la mer. Qu’importe au monstre un criminel de plus ou de moins ! Il dévore sur-le-champ son crime, l’incorpore à son épouvantable substance, le digère sans sortir un moment de son effrayante, de son éternelle immobilité. Mais l’historien, le moraliste, le philosophe même, ne veulent voir que le criminel, ils refont le mal à l’image et à la ressemblance de l’homme. Ils ne se forment aucune idée du mal lui-même, cette énorme aspiration du vide, du néant. Car si notre espèce doit périr, elle périra de dégoût, d’ennui. La personne humaine aura été lentement rongée, comme une poutre par ces champignons invisibles qui, en quelques semaines, font d’une pièce de chêne une matière spongieuse que le doigt crève sans effort. Et le moraliste discutera des passions, l’homme d’État multipliera les gendarmes et les fonctionnaires, l’éducateur rédigera des programmes — on gaspillera des trésors pour travailler inutilement une pâte désormais sans levain.

(Et par exemple ces guerres généralisées qui semblent témoigner d’une activité prodigieuse de l’homme, alors qu’elles dénoncent au contraire son apathie grandissante… Ils finiront par mener vers la boucherie, à époques fixes, d’immenses troupeaux résignés.)"

Bernanos était au front pendant la guerre 1914-1918, il faut ici le rappeler. 

samedi 6 juillet 2019

Le curé de campagne ne fait pas dans la dentelle.

"Sans doute cette jeune fille me croyait-elle fou ? Son regard fuyait le mien, et je croyais voir s’étendre le creux d’ombre de ses joues. — « Oui, ai-je repris, gardez pour d’autres une telle excuse. Je ne suis qu’un pauvre prêtre très indigne et très malheureux. Mais je sais ce que c’est que le péché. Vous ne le savez pas. Tous les péchés se ressemblent, il n’est qu’un seul péché. Je ne vous parle pas un langage obscur ! Ces vérités sont à la portée du plus humble chrétien pourvu qu’il veuille bien les recueillir de nous. Le monde du péché fait face au monde de la grâce ainsi que l’image reflétée d’un paysage, au bord d’une eau noire et profonde. Il y a une communion des saints, il y a aussi une communion des pécheurs. Dans la haine que les pécheurs se portent les uns aux autres, dans le mépris, ils s’unissent, ils s’embrassent, ils s’agrègent, ils se confondent, ils ne seront plus un jour, aux yeux de l’Éternel, que ce lac de boue toujours gluant sur quoi passe et repasse vainement l’immense marée de l’amour divin, la mer de flammes vivantes et rugissantes qui a fécondé le chaos. Qu’êtes-vous pour juger la faute d’autrui ? Qui juge la faute ne fait qu’un avec elle, l’épouse. Et cette femme que vous haïssez, vous vous croyez bien loin d’elle, alors que votre haine et sa faute sont comme deux rejetons d’une même souche. Qu’importent vos querelles ? des gestes, des cris, rien de plus — du vent. La mort, vaille que vaille, vous rendra bientôt à l’immobilité, au silence. Qu’importe, si dès maintenant vous êtes unis dans le mal, pris tous les trois dans le piège du même péché — une même chair pécheresse — compagnons — oui, compagnons ! compagnons pour l’éternité.

Je dois rapporter très inexactement mes propres paroles, car il ne reste rien de précis dans ma mémoire que les mouvements du visage sur lequel je croyais les lire. — « Assez ! » m’a-t-elle dit d’une voix sourde. Les yeux seuls ne demandaient pas grâce. Je n’avais jamais vu, je ne verrai jamais sans doute de visage si dur. Et pourtant je ne sais quel pressentiment m’assurait que c’était là son plus grand et dernier effort contre Dieu, que le péché sortait d’elle. Que parle-t-on de jeunesse, de vieillesse ? Cette face douloureuse était-elle donc la même que j’avais vue quelques semaines plus tôt, presque enfantine ? Je n’aurais su lui donner un âge, et peut-être n’en avait-elle pas, en effet ? L’orgueil n’a pas d’âge."

Et, quelques pages plus loin : 

"Dieu ! la révélation de [l’existence de] l’impureté ne serait qu’une épreuve banale si elle ne nous révélait à nous-mêmes…"

vendredi 5 juillet 2019

"Cette sorte d’approfondissement intérieur ne ressemble à aucun autre…"

Le curé de campagne et Bernanos parlent de la prière, voilà bien quelque chose que je ne connais pas, mais :

"Nous nous faisons généralement de la prière une si absurde idée ! Comment ceux qui ne la connaissent guère — peu ou pas — osent-ils en parler avec tant de légèreté ? Un trappiste, un chartreux travaillera des années pour devenir un homme de prière, et le premier étourdi venu prétendra juger de l’effort de toute une vie ! Si la prière était réellement ce qu’ils pensent, une sorte de bavardage, le dialogue d’un maniaque avec son ombre, ou moins encore — une vaine et superstitieuse requête en vue d’obtenir les biens de ce monde, — serait-il croyable que des milliers d’êtres y trouvassent jusqu’à leur dernier jour, je ne dis pas même tant de douceurs — ils se méfient des consolations sensibles mais une dure, forte et plénière joie ! Oh ! sans doute, les savants parlent de suggestion. C’est qu’ils n’ont sûrement jamais vu de ces vieux moines, si réfléchis, si sages, au jugement inflexible, et pourtant tout rayonnants d’entendement et de compassion, d’une humanité si tendre. Par quel miracle ces demi-fous, prisonniers d’un rêve, ces dormeurs éveillés semblent-ils entrer plus avant chaque jour dans l’intelligence des misères d’autrui ? Étrange rêve, singulier opium qui loin de replier l’individu sur lui-même, de l’isoler de ses semblables, le fait solidaire de tous, dans l’esprit de l’universelle charité !

J’ose à peine risquer cette comparaison, je prie qu’on l’excuse, mais peut-être satisfera-t-elle un grand nombre de gens dont on ne peut attendre aucune réflexion personnelle s’ils n’y sont d’abord encouragés par quelque image inattendue qui les déconcerte. Pour avoir quelquefois frappé au hasard, du bout des doigts, les touches d’un piano, un homme sensé se croirait-il autorisé à juger de haut la musique ? Et si telle symphonie de Beethoven, telle fugue de Bach le laisse froid, s’il doit se contenter d’observer sur le visage d’autrui le reflet des hautes délices inaccessibles, n’en accusera-t-il pas que lui-même ?

Hélas ! on en croira sur parole des psychiatres, et l’unanime témoignage des Saints sera tenu pour peu ou pour rien. Ils auront beau soutenir que cette sorte d’approfondissement intérieur ne ressemble à aucun autre, qu’au lieu de nous découvrir à mesure notre propre complexité il aboutit à une soudaine et totale illumination, qu’il débouche dans l’azur, on se contentera de hausser les épaules. Quel homme de prières a-t-il pourtant jamais avoué que la prière l’ait déçu ?"




jeudi 4 juillet 2019

Pour le moins lapidaire.

"Aucun écrivain digne de ce nom ne fut par le passé, si peu que ce soit, démocratique."

(Merci M. Muray...)

mercredi 3 juillet 2019

"Gouverner le globe et y introduire la perfection de l'homme..."

Je constate en relisant mes notes prises à la lecture des livres de Muray qu’il lui est arrivé de citer Jean Clair, que je ne connaissais pas à l’époque. En soi, cela n’a bien sûr rien d’étonnant. On remarquera ceci dit que ces lignes sont des plus prophétiques - hélas : 

"Dans un livre déjà ancien, Considérations sur l'état des beaux-arts, Jean Clair, traitant de l'expansionnisme culturel américain, citait quelques phrases plus que jamais d'actualité, celle de Thomas Jefferson par exemple, décrivant les États-Unis comme « une nation universelle qui poursuit des idées universellement valables », et surtout celle de John Adams évoquant « une République pure et vertueuse qui a pour destin de gouverner le globe et d'y introduire la perfection de l'homme ». Et plus cette volonté de perfection s'affirmera universellement, plus les passions régionales, claniques, sectaires, identitaires, se développeront en retour de façon délirante. Il n'est d'ailleurs pas invraisemblable que l'extension tragique de ces délires parcellaires, que Freud appelait des « narcissismes de clocher », soit un des atouts du programme indifférenciateur mondial, justifiant que celui-ci intervienne sans relâche, et par le biais d'une police sans cesse mieux armée et sophistiquée."


Même s’il y a un côté injustement méprisant dans l’expression de Freud, je ne vais pas ici bercer dans le crypto-antisémitisme, car on baigne surtout dans l’immondice franc-maçon, cette espèce de bonne conscience expansionniste et destructrice dégueulasse. Un ami me disait il y a quelques années que les États-Unis étaient un régime franc-maçon, ce qui colle avec certaines descriptions de Tocqueville ; Vincent Lambert, leur victime directe, aurait sans doute son mot à dire sur leur vertu ; et j’avoue de plus en plus penser que s’il fallait vraiment s’attaquer à un ennemi avant tous les autres (ce que je récuse par ailleurs, il faut au contraire se battre sur tous les fronts), c’est celui-là qu’il faudrait en priorité mettre hors d’état de nuire. (J’aime bien cette expression, qui n’implique en bonne logique aucune violence…)

mardi 2 juillet 2019

"Problème insoluble."

"Problème insoluble : rétablir le Pauvre dans son Droit, sans l'établir dans la Puissance."

Lorsqu'il note cette idée, le curé de campagne évoque ce problème, insoluble pour l'Église, qui toujours doit être du côté du Pauvre. ("Comment rendrait-elle au Pauvre, héritier légitime de Dieu, un royaume qui n'est pas de ce monde ?"). Il est clair que Bernanos pense aussi à des idées chrétiennes devenues folles, socialisme, communisme, voir libéralisme : tout ce qui peut proposer aux pauvres de prendre la place des riches, ou une place à côté des riches. C'est un des thèmes creusés par le Journal : comprendre ce que cela signifie, pour eux et pour les autres, l'idée qu'il y aura toujours des pauvres. 

lundi 1 juillet 2019

Pierrot Paul Rubens.

Une image encore… La vie de Pierrot, de la naissance à une forme de suicide, par ce cher Willette, à qui Bloy a consacré parfois des lignes assassines. Rubens, une certaine exaltation catholique du corps - je vous ai cité Bloy, justement, sur ce sujet il y a quelque temps -, la peinture, le catalogue de Jean Clair sur le cirque et les saltimbanques (ce n’est pas un thème qui m’est très cher, mais il faut sortir de ses zones de confort)… Tout cela se mélange un peu dans ma tête, le mieux pour l’heure, en tout cas aujourd'hui, si je continue mes livraisons quotidiennes, est d’en rester à une image, juste, ou une juste une image, Godard revient toujours. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce tableau s’appelle Parce Domine