vendredi 31 mars 2017

La gauche vue par Benjamin Constant.

Orfèvre en la matière. Sans doute, en toute rigueur, ne pourrait-on pas aller jusqu'à dire qu'il fut le premier homme de gauche français, et pourtant, il en définit tant de traits... Quoi qu'il en soit, voici un résumé lapidaire de son rapport à la politique :

"Servons la bonne cause et servons-nous."

jeudi 30 mars 2017

"Je nourris une reconnaissance éternelle envers toutes celles...

...qui m'ont gratifié ne serait-ce que d'un sourire." - Michel Marmin. Pour autant néanmoins que je me solidarise avec une telle idée, la citation du jour est une autre phrase du même, que je remercie de résumer aussi bien ce qui fut une des raisons de mon rapport au cinéma dans mes années de passion cinéphile. Je pourrais d'ailleurs mettre des italiques à passion pour suggérer une interprétation certes pas christique, mais tout de même religieuse, comme M. Marmin y invite de son côté par le vocabulaire qu'il emploie :

"C'est... la propriété la plus miraculeuse du cinéma que de révéler spontanément cette intelligence féminine si complexe et si complète, ce qu'aucun autre mode d'expression n'avait pu réaliser avant son avènement, qui fait à mes yeux de chaque apparition féminine à l'écran une épiphanie. Certes, toutes les épiphanies cinématographiques ne rayonnent pas des mêmes feux, mais aucune ne m'est indifférente."

Le cinéma est le voile de Véronique posé sur la souffrance humaine, comme disait Bazin, il serait notamment le voile de Véronique posé sur la beauté féminine. De Bazin ici on passe vite à Truffaut et au dialogue qu'il fait jouer à C. Deneuve dans deux films, dialogue où elle est supposée tellement belle que la regarder est à la fois une joie et une souffrance. Passion, voile de Véronique, épiphanie de la beauté, joie et souffrance, nous y sommes. - Ou : j'y étais, tant ce genre de sensation est devenue bien rare pour moi devant un écran. Pas dans la vie, fort heureusement, j'y suis toujours fort sensible aux apparitions comme aux réapparitions, y compris de ma douce, mais devant un écran. On s'en console aisément, on le regrette un peu quand même.

mercredi 29 mars 2017

"Tout est ethnicisé."

Heureusement qu'il y a une livraison périodique d'Éléments pour renouveler son stock de citations... Je pique avec d'autant moins de scrupules à C. Guilluy celle-ci, que j'ai écrit un tweet sur le même thème il y a quelques mois :

"Pourquoi la société française échapperait-elle aux tensions identitaires qui frappent toutes les sociétés culturelles mondialisées ? Ainsi, dans une France où on nous explique à longueur de temps que l'origine n'a aucune importance, tout est ethnicisé."

L'origine n'a aucune importance pour ceux qui ont renoncé à la leur parce qu'ils ont le blé pour se le permettre, mais elle compte pour tous les autres. Le Français a-t-il jamais été, à ses yeux, comme à ceux des autres, y compris ceux qui ont des papiers d'identité dits français, aussi « ethnicisé » qu'il l'est maintenant ?

mardi 28 mars 2017

Et c'est ainsi que le socialisme est petit. (Anatole France maussien.)

"Une société est supportable avec de mauvaises lois et de bonnes moeurs." - Ce dont les socialistes ont dû finir par se rendre compte, qui cherchent à saloper les moeurs autant que les lois. - Finalement, tout cela se résume en un axiome : une société n'est pas une partouze.

lundi 27 mars 2017

Abel Bonnard parle de saint François d'Assise.

François donnait de confiance (la foi, c'est la confiance, aucun lecteur de Jean-Pierre Voyer ne saurait l'oublier), au point même parfois de choquer ses disciples, qui pourtant n'étaient pas des sceptiques. - "Jamais il ne daigna considérer si l'on ne tendait pas des pièges à sa bonté. Tout don, à ses yeux, valait par lui-même. Il ne croyait pas plus qu'on puisse être dupe quand on donne que nous ne croyons qu'on puisse être dupe quand on reçoit."

Cette petite pique à notre civilisation comme à notre crédulité notée, le fonds du problème n'est pas là, mais dans le rapport au don. Si l'ensemble des sociétés ne peut fonctionner sans le paradigme du don / contre-don mis en évidence par Mauss, si c'est une des raisons pour laquelle la société dans laquelle nous vivons est en train de s'autodétruire, le fonds du problème est la "gestion" par le christianisme de cette question du don / contre-don. Une des pistes est probablement à chercher du côté de la sainte trinité, mais nous n'en sommes pas là, nous noterons juste qu'un des plus connus des saints chrétiens, un des plus populaires, dépassa par le haut et par le don le primordial et indispensable schéma du don / contre-don. A suivre !

dimanche 26 mars 2017

"Toutes les droites sont d'anciennes gauches...

..., il y a une seule droite chimiquement pure, c'est la droite légitimiste." - Sentence trouvée dans le meilleur passage de la dernière vidéo de Julien Rochedy (vers 1h14 de programme), et qui signifie bien, avec une formulation inversée par rapport à la mienne, que c'est la gauche qui crée la droite. Elle la crée même tellement qu'elle la fabrique, ou qu'elle la sème, comme le petit Poucet : en se décalant « à gauche » ou de plus en plus vers « le progrès », la gauche laisse des morceaux de gauche qui se solidifient en droite derrière elle, et qui cherchent à arrêter ledit progrès sur certains points et pas sur d'autres, ambition vouée à l'échec, si ce n'est à tout coup, du moins sur la durée. Et donc, seule la droite dite légitimiste - mais faut-il l'appeler la droite ? ou est-ce une droite seulement par la psychologie des gens qui la composent ? - n'est pas entraînée par ce mouvement. Tout cela est limpide.

Pour émettre une réserve, il en faut bien une, je discernerais un petit côté gaucho, maquillé sous des aspects nietzschéens, dans la gêne de J. R. à évoquer l'Église. C'est bien d'ailleurs le point où le légitimisme peut ne pas être qualifié de droite. Je pourrais aussi épiloguer sur le personnage de Napoléon. Mais c'est bien le moment de citer Georges Marchais et de parler d'un bilan globalement positif.

samedi 25 mars 2017

Anatole France wittgensteinien.

""Cette fière jalousie, que les hommes apportent dans l'union des sexes, est un sentiment sauvage, fondé sur l'illusion la plus ridicule. Il repose sur l'idée qu'on a une femme à soi quand elle s'est donnée, ce qui est un pur jeu de mots."

Je pourrais épiloguer sur la faculté si troublante des femmes à se donner entièrement tout en gardant la capacité de se reprendre (les italiques dont j'abuse en ce moment sont comme les excuses dans She wore a yellow ribbon de John Ford, un aveu de faiblesse, mais je n'ai pas toujours le temps de m'exprimer autrement...) ; on peut aussi élargir le débat : que les philosophes français aient été allergiques à la philosophie analytique en général et à Wittgenstein en particulier était déjà un mauvais signe, tant la pensée française et la conscience de la dimension grammaticale de la pensée comme de l'expression sont historiquement liées. Ce serait une des utopies mal placées, comme une main au cul au mauvais moment, de la « pensée 68 » : s'affranchir de la grammaire, laquelle est comme une conscience dans la langue du péché originel, c'est-à-dire une tentative de gestion de l'imperfection - et donc, trop croire à une expression directe de la pensée. Directe, certes lorsque l'on pense aux préciosités de Foucault ou aux délires talmudiques de Derrida, cela semble semble paradoxal, mais ces exemples sont-ils, sur le fond, si différents des saillies péremptoires d'Alain Badiou, le dernier survivant de quelque ampleur intellectuelle de cette génération ?

Je finis cette brève semée d'hypothèses sur un raccourci, qui ne vaut que ce qu'il vaut : dans la génération de la « french theory », ne s'est-on pas trop fait d'illusions sur la capacité du langage (précieux, talmudique, péremptoire...) à posséder une idée, même si celle-ci semble être consentante, même si celle-ci semble se donner ?

vendredi 24 mars 2017

"Papa, c'est qui Neil Young ?"

Voilà ma foi une question à laquelle on a envie de répondre, et voilà ma fille découvrant Harvest pendant que je vous parle. - Cela fait plusieurs fois que je reporte la réponse à la question : "Papa, c'est quoi, la franc-maçonnerie ?", parce que je ne parviens pas à trouver le temps nécessaire pour lui expliquer clairement pourquoi son père lui apprend plus de choses que l'école, ce qui reste délicat. - Ce soir, en revanche, la réponse était aussi facile qu'agréable à donner.

jeudi 23 mars 2017

"Nos pères connaissaient...

...la fragilité des femmes. Mais ils en faisaient des fabliaux. Il faut bien qu'il y ait quelque chose de changé, puisque nous gémissons de ce qui les faisait tant rire."

Anatole France. Peut-être que le féminisme est sorti de là, que certaines d'entre elles ont senti qu'il y avait ici un angle d'attaque, que les hommes les prenaient trop au sérieux. Ou prenaient le sexe trop au sérieux, alors que ce n'est sans doute pas un sujet si sérieux que ça. A voir !

mercredi 22 mars 2017

Un des vrais problème de la gauche.

J'entends ici par « gauche » celle de Péguy/Michéa, si j'ose dire, c'est-à-dire celle qui veut s'attacher à améliorer l'humaine condition, et par des moyens proprement humains. Pas le PS, la Licra, les trotskistes, l'appareil dirigeant du PCF et tous ceux qui utilisent les volontés réformistes du bon peuple pour crier sur tout le monde et prendre les bonnes places, quoi. Mais voici le propos du jour :

"En vérité, aucune puissance humaine, fût-ce la plus apte au combat, aucun programme temporel, fût-il le plus grandiose et le plus noble, n'est capable de contenir un déchaînement qui provient d'une recherche excessive des biens de ce monde." - Pie XI.

Certes cela s'appelle plaider pour sa chapelle, en l'occurrence même pour son Église, mais si l'on comprend que l'accusation vise notamment (et même principalement, pour son auteur, mais le contexte a changé depuis) le communisme et toutes les recherches d'« amélioration de l'humaine condition » par les seuls moyens matériels, de la répartition à chacun selon ses besoins au revenu universel en passant par l'État providence, et par ces seuls moyens-là (quelle que soit leur efficace propre), on doit tout de même admettre qu'il n'est pas si facile de répondre à Pie et de montrer en quoi la gauche peut s'opposer avec succès au « déchaînement » capitaliste. D'ailleurs, cela fait un bail qu'elle va d'échec en échec, alors même que la situation du plus grand nombre, dans beaucoup de pays, ne s'améliore pas.

mardi 21 mars 2017

Qu'en peu de mots...

"C'est une chose étrange que la légèreté des Français."

Louis XIII, qui savait de quoi il parlait. Je ne suis pas roi mais ne lui fais pas dire.

lundi 20 mars 2017

"Quoi qu'on en dise..."

"Quoi qu'on en dise, le catholicisme est encore la forme la plus acceptable de l'indifférence religieuse." - Anatole France, qui avait bien senti que c'était la seule religion (je laisse de côté l'extrême-Orient) « tolérante », comme on dit, puisqu'en théorie le catholique se doit d'annoncer la bonne nouvelle aux autres... et s'ils n'en veulent pas, tant pis pour eux, ils croupiront en enfer. Oui, je schématise, mais dans la série des « idées chrétiennes devenues folles » qui nous polluent le quotidien, la laïcité comme dérive incontrôlée de cette forme de quiétude chrétienne, se pose là.

Une autre d'Anatole France, le lecteur de Chesterton n'y sera pas dépaysé :

"Nous sommes sceptiques et nous sommes crédules. Nous ne croyons à rien, cela nous mène à croire à tout."

A Macron, par exemple. J'ai rencontré des gens qui y croient. D'une certaine façon, j'ai mal au cul pour eux. Charité chrétienne sans doute.

dimanche 19 mars 2017

Hollande, Macron, vus par Drieu.

"Les chefs de la banque, de l'industrie, de la presse chérissent encore mieux les démagogues - tout en souhaitant leur perte à leurs moments perdus. Ils préfèrent cette collusion à jouer cartes sur table avec un gouvernement de droite. Ils veulent continuer avec ce régime dont ils se plaignent. Ils crient à l'incohérence, au manque d'autorité. Mais s'il y avait une autorité, elle serait contre eux ; une cohérence, elle les réduirait."

samedi 18 mars 2017

Drieu avait le sens de la synthèse, parfois.

"La véritable essence du régime [démocratique, note de AMG] : le compromis entre les riches et les démagogues."

vendredi 17 mars 2017

"Léa Seydoux, Bernard-Henri Lévy, Anaïs Demoustier, Yann Moix, Vincent Elbaz, Camille Cottin, Felix Moati, Vincent Lacoste, André Wilms, Claire Denis, Gilles Lellouche, Xavier Beauvois, Cynthia Fleury, Daniel Mesguish, Vimala Pons, Emmanuelle Laurent (Mardi Noir), Alexandre Adler, Tiphaine Samoyeault, Yves Angelo, Marie Desplechin, Nicole Garcia, Éric Caravaca, Barbara Cassin, Arno Bertina, Blandine Kriegel, Rodolphe Burger, Mathilde Monnier, Brigitte Jaques-Wajeman, Maurice Szafran, François Régnault, Caroline Mecary, Gérard Miller, Jean-Claude Milner, Pablo Reinoso, Yves-Charles Zarka, Marie Modiano, Coralie Miller, Charles Méla, Alain Grosrichard…"

Je l'admets, cette liste effrayante fait très « mur des cons » - et non pas Mur des Fédérés, si je ne sais pas à quel point je suis Versaillais tendance Louis XIV-XV-XVI, je ne le suis toujours pas tendance M. Thiers, dont Pie XI vous expliquerait à quel point il fut un fourrier du communisme, mais c'est là ma lecture du jour, pas mon sujet du jour... et je m'arrête et reviens à mon propos.

Cette liste, empruntée ici, est celle des signataires de la pétition des psychanalystes contre le FN, sa lecture, comme celle de la phrase surréaliste : "La possibilité même de notre exercice professionnel est mise en cause. Pas de psychanalyse digne de ce nom sans l’état de droit.", se passant de commentaire - d'autant que d'une part, j'aurais tendance à penser que Freud n'aurait jamais écrit lui-même une telle connerie, d'autre part je comprends que l'on puisse trouver de l'intérêt à une démarche telle que la psychanalyse. Godard disait que ce n'était pas un bon signe que les gens ne s'intéressent plus à la psychanalyse : bien que les livres du type "Bibliothèque de l'inconscient" (Gallimard), m'aient toujours dans l'ensemble (Winnicott comme exception ?) bien fait chier, j'admets sans sourciller que le fait qu'ils se vendent et lisent moins n'est pas un signe de curiosité de la part du « public ». Mais cette empathie reste bien générale, et ne vaut pas pour les auteurs et signataires de cette pétition débile, à laquelle l'auteur de l'article (un ancien pornographe ? Je reviens sur le sujet un jour ou l'autre) a bien raison de répliquer : "quel rapport entre cette profession qui ne déclare pas son cash au fisc et l’État de droit ? On a beau creuser, on ne trouve pas."

A moins que l'État de droit ne soit celui, pour certains, de tricher grave. Mais ceci est une autre histoire...

jeudi 16 mars 2017

"Le christianisme a beaucoup fait pour l'amour en en faisant un péché."

Anatole France. Une autre du même tonneau : "Pour se donner les joies de l'adultère, il faut être une personne pieuse." - Et encore une, d'un autre tonneau : "J'ai des ennemis, et je m'en vante : je crois les avoir mérités."

mercredi 15 mars 2017

"Le porno, ça fait partie de la vie..."

Emmanuel Macron. - Le candidat à la présidence de la République n'a pas "vu" l'art français, mais il semblerait qu'il ait vu des pornos. On n'ose trop se demander s'il a alors repéré que de même qu'il y a des traditions culturelles nationales il y a des types humains différents, et s'il s'est aperçu que... Mais je m'aperçois que j'allais citer des références trop datées, et que s'il y a encore des races dans le porno - c'est même le domaine apprécié par la culture dominante où cette évidence, que la culture en question d'ordinaire nie, est la moins contestable -, il se peut qu'il y ait de moins en moins de styles nationaux ou culturels en la matière, et que les petites Russes croient normal, croient naturel, de baiser et couiner de la même manière que les Américaines. Que fait donc Poutine ?

Ceci étant dit, il est pour le moins révélateur des amusantes voies prises par notre époque que l'on en vienne à applaudir à l'interpellation d'un candidat à la présidence de la raie publique par une ancienne actrice porno, raie publique s'il en fût, quand cette ancienne actrice, sans se faire passer pour ce qu'elle n'est pas ou n'a pas été, reproche au dit candidat sa trop grande complaisance vis-à-vis du porno et lui rappelle une autre évidence : quoi qu'on en pense, le porno ne fait pas naturellement partie de la vie, la plupart des générations de l'humanité depuis un bazar d'années ont vécu sans. - Dans ma jeunesse, j'étais plus excité par Marilyn Jess que par Brigitte Lahaie, l'histoire aurait donc été encore plus parfaite de mon point de vue personnel si c'était un totem érotique de mes vingt ans qui s'en était pris à M. Macron sur ce sujet, mais tout de même, merci Mme Lahaie, l'histoire en question ne manque pas de sel.

mardi 14 mars 2017

Chesterton à son meilleur.

"Ôtez le surnaturel, il ne reste que ce qui n'est pas naturel." - Comme dit l'autre, ce n'est pas de l'apologétique de pédé. A garder en tout cas à l'esprit lorsque les chrétiens parlent de loi naturelle.

Je crève sous le boulot et ne peux commenter cette phrase aux échos si divers (notamment : ôtez le surnaturel, il reste le transhumanisme). A demain !

lundi 13 mars 2017

Max Weber en anarchiste conservateur, à la rescousse du petit Français.

"L'État est cette communauté humaine qui, à l'intérieur d'un territoire déterminé (le « territoire » appartient à sa caractérisation), revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime. Car ce qui est spécifique à l'époque présente est que tous les autres groupements ou toutes les autres personnes individuelles ne se voient accorder le droit à la violence physique que dans la mesure où l'État la tolère de leur part : il passe pour la source unique du « droit » à la violence."

"Le développement de l'État moderne s'amorce partout où le prince commence à exproprier les détenteurs de pouvoir administratif « privés » et indépendants qui existent à côté de lui, c'est-à-dire ceux qui possèdent en propre les moyens d'une entreprise administrative, guerrière, financière, ainsi que des biens utilisables politiquement. L'ensemble du procès est parfaitement parallèle avec le développement de l'entreprise capitaliste par l'expropriation progressive des producteurs indépendants."

Rappelons-le une fois encore, l'État-Nation et le capitalisme se sont développés ensemble. Mais ils ne régressent pas ensemble, et cela peut fausser les analyses. Reste que s'il n'a plus le monopole de la violence légitime et qu'il oublie même que "le territoire appartient à sa caractérisation", l'État donne libre cours de fait aussi bien aux forces centrifuges individuelles que capitalistes.

dimanche 12 mars 2017

Catherine Colliot-Thélène explique et cite Max Weber.

"Mission culturelle et puissance de l'État-nation se trouvent ainsi étroitement liées, en ce qui concerne les grandes puissances du moins : non pas parce que la culture serait l'apanage des grandes puissances, mais parce que la figure future de la civilisation mondiale dépend de l'évolution des rapports entre les grandes puissances. La qualité de “Maachtstaat” (État-puissance) implique certaines responsabilités devant l'histoire. Les petites nations (Weber cite fréquemment la Suisse) ont leurs avantages : elles autorisent la démocratie, ou bien des formes d'aristocratie fondées sur la confiance et les relations personnelles. Mais elles ne peuvent infléchir les destins de la culture. Les grands États, c'est-à-dire les États de masse, n'ont pas les mêmes libertés que les petites nations en ce qui concerne leur organisation interne. (...) Leur force est moins un privilège qu'un fatum. Car : « Ce n'est pas aux Suisses, ce n'est pas aux Danois, aux Hollandais ou aux Norvégiens que la postérité demandera compte de la figure qui sera celle de la civilisation de la terre. Ce n'est pas eux qu'elle blâmera, s'il n'y avait plus rien sur la partie occidentale de notre planète que les conventions anglo-saxonnes et la bureaucratie russe. Et la postérité aura raison. Car ni les Suisses, ni les Hollandais, ni les Danois ne pouvaient y faire obstacle. Un peuple de soixante-dix millions d'individus, situé entre de telles puissances capables de conquérir le monde, avait le devoir d'être un État de puissance. »"

Mais comme la France et désormais l'Allemagne merkellienne semblent considérer que leurs devoirs de Maachstaat consiste à dissoudre ce fatum dans l'impuissance et l'inaction... (C'est le nouveau fardeau de l'homme blanc européen, finalement.) - Qu'en dira la postérité ?

samedi 11 mars 2017

Générosité révolutionnaire.

"Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière."

Carrier, un des fondateurs de la République, d'une certaine manière. De même que j'avais pu écrire (sur Twitter) qu'une des raisons de la schizophrénie française (mine de rien, c'est elle qui pousse les gens à dire "bien fait" après la défaite du PSG alors même qu'ils pensaient la victoire assurée la veille, les deux attitudes étant bien sûr regrettables (on peut laisser ici le rôle du Qatar (qui sponsorise aussi le Barça...) de côté) ; cet état d'esprit jamais content, comme disait A. Souchon, est toujours actuel, toujours prégnant, sur les petites choses comme les grandes), qu'une des raisons de la schizophrénie française était que Louis XVI ou Pétain n'étaient manifestement pas aussi méchants que l'on a voulu nous le faire croire ;

de même, et sans être un zélateur des repentances ("Ne vous excusez pas, c'est un signe de faiblesse", comme on dit dans un grand film de John Ford), on n'avancera pas beaucoup dans la réconciliation des Français avec eux-mêmes tant que l'on n'admettra pas que la Révolution a été immédiatement et logiquement suivie du premier des génocides modernes, et que toute l'idéologie qui a poussé Trotski ou Staline, par exemple, dans leurs crimes de masse, est déjà présente dans les moeurs des généraux révolutionnaires en Vendée. (Le cas du génocide des Juifs d'Europe par Hitler me semble différent, mais ce n'est pas le sujet du jour.) Mais les républicains ont du mal à l'admettre, d'une part parce que ça les priverait de leur positionnement supposément plus moral que celui de leurs adversaires, d'autre part, et peut-être maintenant surtout, parce l'on voit trop nettement le parallèle entre cet état d'esprit et celui de « nos » dirigeants, de France et d'UE, concernant l'immigration de masse et les transferts de population. Si les Européens ne font plus assez d'enfants pour bosser et soutenir la consommation, et s'il y a des gens de l'autre côté de la Méditerranée qui sont à la fois prêts à en faire et à bosser pour moins cher... ils feront de l'Europe un continent non européen, ils la régénéreront à leur manière.

(J'ai pris la phrase de Carrier ici. On trouve dans le même texte l'intéressante définition du « mariage républicain », qui peut-être plairait à quelqu'un comme M. Peillon. Je n'ai pas le temps de vérifier si ce sont les génocidaires ou leurs victimes qui sont à l'origine de cette cruelle expression.)

vendredi 10 mars 2017

"C'est la chose appelée démocratie...

...qui a elle-même déçu le démocrate. Autant que je pourrais haïr les fascistes, si ardemment que je méprise bel et bien les hitlériens, cela ne pourrait jamais restituer la simple foi abstraite envers les républicains. Si demain je perdais ma religion, je ne pourrais croire à nouveau que le simple fait de transformer le Kamtchatka de monarchie en république absoudrait tous ses péchés sociaux. J'ai vu trop de programmes républicains, avec leurs promesses graisseuses et leurs sociétés secrètes gloutonnes. Je peux me souvenir du temps où c'était une réelle inspiration pour la jeunesse que d'être socialiste. Mais quiconque pense que cela puisse être une inspiration dans une phase plus avancée de la maturité n'a qu'à jeter un coup d'oeil sur des socialistes plus âgés."

Chesterton, en 1935. Notons que l'auteur fait une réelle distinction entre le fascisme italien, dont il dit par ailleurs comprendre certains aspects, et le nazisme, qui n'en est pour lui qu'une "parodie". Et concluons son raisonnement : ceux qui restent socialistes après un certain âge sont, soit des gens peu intelligents, soit des cyniques qui ont compris que la place est bonne pour mobiliser les jeunes cons et critiquer sans gêne les adversaires politiques et leur piquer leur part du gâteau démocrate. Ici comme très souvent, en décrivant son époque Chersterton évoque la nôtre.

jeudi 9 mars 2017

Un bon prophète.

"De nos jours, si le pouvoir absolu d'un seul s'établit en France, la philosophie opposera moins de digues à la tyrannie que la religion."

Rivarol, qui, certes dans un schéma d'Ancien Régime (le pouvoir d'"un seul"), voit bien que les philosophes sentiront toujours moins vite que les religieux (les chrétiens) ce qui menace effectivement les libertés. Ce fut vrai pour la Révolution française, le communisme, ça l'est toujours pour le socialisme et ses tendances innées sinon au totalitarisme, en tout cas à la direction des esprits et à la censure.

mercredi 8 mars 2017

Après le français "socialiste", le français "féministe".

Avec sa sagacité habituelle Paul Morand avait senti naître une excroissance socialiste, jargonnante et novlanguesque au sein du français que depuis longtemps il pratiquait et approfondissait si bien. J'ai repensé à ça en tombant là-dessus :

"Si la mue progressive d’Héloïse en « Christine », sa conquête d’une identité émancipée de toute forme de catégorisation genrée sont au cœur de cet entretien-fleuve...

C'est dans le Figaro, en plus, à propos d'une chanteuse lesbienne (lesbienne autoproclamée mais "émancipée de toute forme de catégorisation genrée", il n'y a peut-être pas de phallus mais il y a un os), qui parle de politique, comme si les chanteuses et les lesbiennes en savaient plus sur le sujet que vous et moi. Non seulement ces gens nous font chier à parler de sexe et de race à longueur de journée, mais ils maltraitent notre langue. - Voilà, c'était ma crise du 8 mars, journée de qui vous savez. - Et je dois encore vous laisser pour faire la bouffe. Filet mignon un peu raté hier, bolognese ce soir pour se rattraper. Les longues citations de Chesterton attendront...

mardi 7 mars 2017

"Ce fut Eddington, je pense, qui employa cette formule..."

"...selon laquelle l'Univers a plus l'air d'une grande pensée que d'une grande machine." - Chesterton, encore. (Je ne sais pas qui est Eddington et suis de nouveau pris par le temps.) Une autre, pour prendre date : tel fonctionnaire, élu, ministre a récemment "accepté une telle demande au motif qu'elle présentait un cas très spécial. Comme si le cas de tout être humain n'était pas spécial." - Ça n'a l'air de rien, mais c'est un puissant argument contre l'euthanasie, par exemple. - Je vous laisse, je dois aller m'occuper d'un filet mignon et de sa garniture. - Une pensée, pas une machine, quoi.

lundi 6 mars 2017

"Dites à un converti catholique qu'il a perdu sa liberté, et il rira."

Chesterton. C'est toujours plus réconfortant que cette phrase affligeante d'un autre catholique, nettement moins drôle et intelligent (ne parlons même pas de sa liberté) : "Ma principale adversaire, c'est Madame Le Pen". Qu'il la considère comme adversaire, très bien, mais plus que les journalistes et juges maçons qui l'attaquent depuis des semaines ? "Mes principaux adversaires sont la presse, les juges partisans, M. Macron, Mme Le Pen", oui, cela aurait été logique. Mais le catholique décrit comme dogmatique, intolérant, réactionnaire, etc., par les gens de gauche, tient à donner raison aux francs-maçonneries et réseaux qui l'attaquent et risquent de le pousser dehors : comme eux, il a pour « principal adversaire » Madame Le Pen. Pute et soumise, pour résumer : F. Fillon - N. Vallaud-Belkacem, même combat ! (à ceci près qu'en plus, elle est sadique.) Cela veut dire, si M. Fillon veut dire quelque chose, qu'en cas de présence de Marine Le Pen au 2e tour, il appellera à voter E. Macron pour « faire barrage » au FN, tel un vulgaire Mélenchon. - Si la possibilité de l'arrivée à l'Élysée de M. Macron n'était pas aussi inquiétante, tout cela serait assez drôle ma foi. - C'est assez drôle d'ailleurs, mais malheureusement, pas seulement drôle.

J'avais prévu un festival cherstertonien après la brièveté rimbaldienne d'hier, un contretemps m'en empêche, je fais donc plus bref. A charge de revanche !

dimanche 5 mars 2017

"Esclaves, ne maudissons pas la vie."

Rimbaud. - Rappelons aussi cette sentence : "Voici le temps des Assassins." 

samedi 4 mars 2017

Guénon est un con-plotiste. L'Islam est la religion la plus con-plotiste.

"Il est vrai que, d'après Guénon, l'histoire du christianisme originel est entouré d'une « obscurité presque impénétrable (…) obscurité telle que, si l'on y réfléchit bien, elle paraît ne pas pouvoir être simplement accidentelle et avoir été expressément voulue ». Cette obscurité impénétrable et délibérée autorise évidemment toutes les hypothèses, en particulier celle d'une descente générale du christianisme, par décision ecclésiastique, dans l'ordre exotérique [depuis un supposé ésotérisme de départ, note de AMG]. En fait, comme l'a remarqué Jean Daniélou, l'histoire du christianisme à ses débuts n'est pas plus obscure que celle des autres religions : elle est même plus étudiée et bien plus connue que celle du judaïsme, de l'hindouisme ou de l'islam. Les documents sont abondants et ne cessent de se multiplier ; on peut les lire dans de bonnes éditions, quelquefois largement diffusées. A quoi il faut ajouter que les sciences historiques, depuis Renan et Loisy, ont fait de notables progrès, non seulement dans l'ordre du savoir, mais dans celui de l'objectivité. Encore doit-on accepter de prendre connaissance de leurs résultats, fût-ce en entrant dans une bibliothèque publique, démarche que Guénon semble se féliciter de n'avoir jamais accomplie. Une telle indifférence à l'égard des enseignements de l'histoire est éventuellement légitime quand on entend se situer exclusivement sur le plan des principes, donc au niveau purement métaphysique, mais elle ne saurait tenir lieu de compétences dès lors qu'il s'agit de se prononcer sur des faits."

Jean Borella. N'ayant pas sous la main les livres de Guénon évoqués ici, je vous donne les références : la citation complotiste se trouve dans Aspects sur l'ésotérisme chrétien (pp. 8-9), l'évocation de son rapport, ou de son absence de rapport, aux bibliothèques, provient de Comptes rendus (Éditions traditionnelles, 1973, p. 130). Ceux qui le souhaitent peuvent donc vérifier s'il y a ici exagération de la part de J. Borella.

Quoi qu'il en soit, les aspects complotistes de l'Islam sont une évidence, et, de ce point de vue, on peut s'interroger sur la cohérence globale de l'anti-complotisme pro-musulman de Marc-Édouard Nabe. - Tout comme, d'ailleurs (j'écoutais sa dernière vidéo en recopiant le texte de J. Borella), sur les raisons de la baisse de qualité des raisonnements d'Alain Soral, pourtant en verve cette fois-ci, dès qu'il évoque les musulmans français. La question certes est épineuse, et certes encore les Saoudiens ne sont pas « l'Islam », certes enfin A. Soral n'invente pas l'existence des racailles « blacks », mais à l'arrivée, il lui faut, pour marquer qu'il ne pas « faire d'amalgame » entre les méchants musulmans wahhabites et les gentils musulmans français du quotidien, sacrifier d'une certaine façon les noirs, au passage en les poussant vers le côté obscur de la force (le protestantisme évangélique). Ajoutons - tout cela avec retenue, je sais bien que les choses sont complexes - que Marion Maréchal Le Pen prend de plus en plus de place au FN, pour lequel A. Soral invite à voter, et qu'elle n'est guère suspecte d'islamophilie excessive.

Sur ce, une longue journée de travail m'attend. A demain !

vendredi 3 mars 2017

"Mon Dieu, donnez--moi la chasteté et la continence..."

"...mais pas tout de suite !" (Saint Augustin). Évidemment, quand on lit ça, on se dit que les chrétiens, puis les catholiques, sont des pervers. En réalité :

- saint Augustin exprime ici de façon tout à fait intentionnelle ses propres contradictions par rapport aux difficultés qu'il a rencontrées et que tout un chacun peut rencontrer s'il veut obéir au dogme ;

- en réalité, oui, c'est bien vrai, ces gens-là sont des pervers, qui jouissent d'une certaine manière de leurs faiblesses et de l'approche de la tentation, du goût de l'interdit, etc. A eux de savoir que ce jeu, qui n'est pas accessible en théorie, aux apôtres de la simplicité dite naturelle en matière de sexualité, doit tout de même avoir une fin, avant la vieillesse et l'impotence, si possible.

- on remarquera enfin qu'il ne faut pas confondre perversion et hypocrisie. Les apôtres sus-mentionnés de la simplicité sexuelle (alors que la simplicité peut être biblique, mais certes pas sexuelle, si la sexualité de son côté peut être facile) sont, eux, hypocrites, lorsqu'ils jouissent, en cachette, de ce rapport pervers à la tentation. Les catholiques peuvent être trop complaisants envers eux-mêmes ; c'est une faute aussi, mais ce n'est pas la même. (Si par contre ils nient le plaisir (qui peut être sincèrement éprouvé comme coupable) du jeu avec la règle, là, oui, ils tombent eux aussi dans l'hypocrisie.)

Une question pour finir : si les technologies actuelles de l'image, vidéo, internet, etc., étaient apparues dans un univers chrétien, le porno serait-il un fait aussi caractéristique de notre civilisation ? Son onde de choc, comme on dit d'un tremblement de terre, aurait-elle été la même ?

jeudi 2 mars 2017

"Dans l’ordre politique, le souci des personnes doit s’accorder avec la recherche du bien commun."

Philippe Bénéton (pas l'ancien rugbyman super-héros du plaquage et auteur d'une passe de toute beauté lors du premier France-Angleterre au Stade de France, il y a bientôt 20 ans, personne ne rajeunit.). J'ai trouvé ça ici, ce M. (pas trop United Colors of) Bénéton continue en citant Saint-Ambroise, et ce sera la citation du jour, un addendum plein de bon sens à ce que je vous racontais hier :

"Il est louable de faire abandon de ce qui est à vous, mais non de ce qui est à autrui."

Très clairement, l'État dit français est en train de faire aux Français de France ce qu'il a fait aux Français d'Algérie, donner quelque chose qui n'est pas à lui - ce « quelque chose » est-il à nous ? S'il y avait un nous, ce don ne se ferait pas si facilement... - Qui sait, si révolution il devait y avoir dans les temps à venir, ce serait peut-être, contrairement à l'autre, une révolution française !

mercredi 1 mars 2017

"La plus précieuse des libertés temporelles est l'indépendance de la patrie."

Charles Maurras. Mais ce n'est là qu'une introduction à la citation du jour, je cède une fois de plus la parole à Jean Madiran :

"L'immigration-invasion est manifestement une question de nombre.

Mais pas seulement.

Elle est aussi une question d'origine ethnique, nationale, culturelle, religieuse. Certaines origines sont plus favorables, d'autres sont plus rebelles à une « assimilation » ou à une « intégration ». Ce n'est pas un déterminisme mécanique. C'est une forte tendance. On ne peut dire à l'avance de personne, pris individuellement, qu'il sera inassimilable. On peut constater une tendance dominante dans un groupe humain, et en conséquence favoriser ou défavoriser davantage l'immigration selon sa provenance : mais cela est interdit par la loi.

Une loi d'exception : la loi Pleven de 1972. Elle interdit, elle punit toute discrimination à raison de l'appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion. Elle interdit donc, elle punit une « discrimination » tout à fait naturelle, normale, nécessaire en matière d'immigration massive : une famille dont la religion et la culture comportent la pratique (par exemple) de la polygamie, de l'excision des filles, des mutilations corporelles comme châtiment (etc.), sera beaucoup plus difficilement intégrable à la société française qu'une famille de tradition européenne et (ou) chrétienne. On peut encore, semble-t-il, énoncer en France cette remarque générale sans être condamné par les tribunaux. Mais on n'a plus le droit d'analyser les cas particuliers de telle ethnie, de telle nationalité, de telle religion appelées par leur nom."

Ceci fut écrit en 1998, il y a bientôt vingt ans, la France « black-blanc-beur » (personne ne prononce plus le mot beur, notons-le) gagnait la coupe du monde de football, je rencontrai celle qui est devenue ma femme et ignorais l'existence de Jean Madiran. Une paraphrase et deux remarques :

"On ne peut dire à l'avance de personne, pris individuellement, qu'il sera inassimilable. On peut constater une tendance dominante dans un groupe humain." : Julien Rochedy, avec son bon sens et ses capacités d'analyse (il généralise parfois un peu trop vite, mais qui n'a jamais péché...), avait, dans un texte que je ne vois plus sur son site (en revanche, j'y trouve à l'instant, vous êtes priés de me croire sur parole, une interview de l'intéressé dans Présent, le journal de feu Jean Madiran, voilà une vraie co-incidence), redécouvert cette évidence, lorsqu'il écrivait que l'on peut éventuellement assimiler un individu, mais que l'on ne pouvait pas assimiler un peuple ;

Discriminer, rappelait Philippe Muray, c'est voir des différences, c'est faire un choix à partir de cette vision (que M. Macron ne possède pas, tant pis pour lui). Interdire et punir les discriminations, c'est très directement attenter à la liberté de choix. C'est anti-démocratique. Plus simple tu meurs, comme disait Jean-Pierre Voyer, Dieu le bénisse ;

Je vous retrouverai ce passage à l'occasion, mais quelqu'un d'aussi peu suspect d'islamophobie, comme on ne disait pas encore à l'époque, que l'islamologue Louis Massignon, faisait exactement la même observation que Madiran, lorsqu'il expliquait, pendant la guerre d'Algérie, que les membres du FLN, pourtant selon ses dires peu croyants, nous dirions aujourd'hui peu islamisés, ne voulaient pas être soignés par les médecins communistes que le PCF et l'URSS leur envoyaient : comment confier (dans confier, il y a confiance) notre corps à quelqu'un qui ne mange pas comme nous, qui ne mange pas hallal, tel était en substance leur argument, par ailleurs tout à fait respectable. Mais quel que soit le « bord » ou l'angle de vue, la réponse est la même : ça ne peut pas coller. Je ne suis d'ailleurs pas sûr qu'Alain Soral pense au fond de lui que ce soit possible, que ce puisse coller. Soral, c'est un peu Déat : venu de la gauche, il craint à raison les guerres et les embrasements. Mais des Français sont morts pour Dantzig, qu'on le veuille ou non, et la guerre d'Algérie, que de Gaulle n'a pas voulu finir, est toujours en cours, nous n'en pouvons mais.