mercredi 31 mai 2017

"Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison."

Je ne suis pas sûr de bien comprendre cette célèbre phrase de Chesterton, mais il faut avouer qu'elle s'applique exactement à la façon dont notre époque est logique dans sa folie :

"Mariage Posthume.

On apprend qu'Étienne Cardiles s'est marié à titre posthume avec Xavier Jugelé, le policier assassiné sur les Champ-Élysées le 20 avril dernier.

« La cérémonie s'est déroulée en petit comité en présence toutefois de plusieurs autorités. Ainsi, l’ancien président François Hollande a assisté à la cérémonie. Tout comme Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris, et Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur. »

En France, le mariage à titre posthume est prévu et autorisé dans le but de légitimer les enfants à naître dont les pères étaient morts. Les effets du mariage remontent à la date du jour précédant celui du décès de l'époux. Ce mariage n’entraîne aucun droit de succession au profit de l'époux survivant et aucun régime matrimonial n'est réputé avoir existé entre les époux."

Lu ça ici. L'auteur de cette brève ajoute : "Enfant à naître ? Etienne Cardiles serait-il enceint ?", mais cette chute me semble presque superflue. - D'un certain point de vue (le mien, le bon), il se trouve que le mariage homosexuel n'existe pas. Le mariage, je suis P. Muray là-dessus, est la solution que l'humanité a trouvée pour protéger les enfants à naître du mépris que leurs parents, post-coitum, peuvent avoir pour les conséquences de l'acte commis. Avec les homosexuels, précisément, cette conséquence-là ne risque pas d'advenir. Donc, qu'ils se marient ou non devant le Maire, ma foi, cela me semble, toujours du même point de vue, le mien, le bon, totalement vide de sens.

Après, que dans son délire anti-discrimination, la société qui se trouve être celle dans laquelle malgré moi j'évolue, ne comprenne même plus ces choses-là, ne saisisse pas le ridicule et l'absurdité profonde d'une telle « cérémonie »... Parfois, on se demande ce qui est alors le plus courageux : rire ou pleurer ?

mardi 30 mai 2017

De la grammaire au service de la politique.

Julien Rochedy ayant tendance à retrouver régulièrement des arguments et des raisonnements de Jean Madiran, je nourris ses récents commentaires sur l'idée qu'il serait « grillé », commentaires qui accompagnent l'expression programmatique d'une volonté d'envoyer chier les journalistes, de quelques citations de Jean Madiran sur les mêmes thèmes :

"On le dit tellement, et partout, et c'est tellement facile : « Vous êtes trop marqué ». « Vous êtes politiquement marqué ». « Si vous étiez moins marqué ! » « Il faut ne pas être marqué pour être entendu... » Comme l'observerait Alexis Curvers, marqué est un passif, et il manque le complément d'agent. Marqué peut-être, mais par qui ? « Marqué » ou réputé tel, c'est un fait subi. Qui dispose du pouvoir de « marquer » ? et pourquoi ? et comment ? Dire à quelqu'un : vous êtes marqué, c'est comme lui dire : vous êtes assassiné. Fort bien : mais l'important, c'est qu'il y a eu assassinat, et de savoir qui est l'assassin ; et quel est ce système qui assassine moralement, ou psychologiquement ; ce système qui « marque » les gens comme du bétail - des ruminants. (...) L'important est enfin de savoir si l'on accepte ce système arbitraire et meurtrier, si l'on s'y plie, si on le subit sans rien dire, ou si l'on passe outre à ses oukases.

On n'est pas « marqué » comme on est blond, bègue ou myope. On a été marqué. Et habilement : d'une manière telle que chacun s'imagine être victime d'une injustice qui lui est personnelle, tandis que les autres, eux, sont « marqués » à juste titre. Si bien que chacun pour soi pense à se « démarquer » en se désolidarisant des autres « marqués » : au lieu de s'unir à eux pour faire sauter le système, ou du moins, dès maintenant, l'annuler pour ce qui dépend de nous, dans les zones et les domaines, même sociologiquement restreints, qui relèvent de notre seule autonomie.

Mais pour cela, il faut commencer par le courage d'être méprisé à l'intérieur de ce système méprisable, au lieu d'y plaider vainement sa cause. (...)

Et au lieu de ramper habilement aux pieds des marqueurs, au lieu de leur offrir des apaisements, des concessions et des garanties, il convient de renverser leurs tables, leurs piles d'étiquettes et leurs manigances. Au moins, et d'abord, les renverser moralement, les mettre hors la loi dans notre propre domaine, si réduit soit-il.

Quand un tribunal est illégitime, c'est renforcer son autorité arbitraire que d'aller plaider ou implorer son acquittement auprès de lui."

lundi 29 mai 2017

Dans la série "Les gens de gauche peuvent être de sacrés connards de droite",

je ne peux que souscrire au diagnostic de Pierre FdeSouche Sautarel :

"Les blancs se croient tellement supérieurs qu'ils banalisent et relativisent le racisme des autres races."

Racisme inconscient à double face : d'une part comme le racisme, c'est mal, ceux qui sont encore racistes, et qui nous sont donc inférieurs, vont forcément cesser de l'être (racistes) et devenir comme nous, antiracistes (je n'ai pas dit : égaux) ; d'autre part, comment imaginer qu'ils puissent être ou rester racistes envers des gens aussi parfaits que nous ?

Évidemment, que certains puissent mépriser les gens de gauche en raison même de leur antiracisme ("Ils ne s'aiment même pas eux-mêmes !"), qu'ils puissent instrumentaliser par ailleurs cet antiracisme ("Tu te sens coupable des méfaits de tes ancêtres ? Appuie la discrimination positive, les subventions... Comme de toutes façons tu te détestes toi-même, etc."), cela n'est pas toujours aisé à concevoir.

dimanche 28 mai 2017

Deux vers nostalgiques d'un auteur que je n'ai jamais lu.

"Et nous ne savons pas de plus réels bonheurs

Que les bonheurs cernés par le monde où nous sommes."

R. Brasillach, dans ses Poèmes de Fresnes. En réalité, j'ai lu Les sept couleurs durant mon adolescence, mais n'ai jamais été plus loin dans l'oeuvre de ce normalien déprimé, caricature de l'intellectuel à lunettes (et je suis intellectuel à lunettes), en même temps perdu dans un monde quelque peu séparé du nôtre. Il y aurait une typologie à faire de nos attirances pour les écrivains de droite dans notre jeunesse au sein d'un monde de gauche. Céline, j'en lisais beaucoup, mais sans trop vouloir m'identifier à un type sale et hirsute, à la fois persécuteur et persécuté, et qui avait quand même un rapport compliqué à la sexualité. Nimier... les belles bagnoles, à l'époque, ce n'était pas du tout un argument pour moi. Et le peu que j'ai essayé d'en lire m'est toujours tombé des mains. M. Marmin écrivait récemment que son oeuvre était surestimée, M.-É. Nabe écrivait moins récemment que c'est peu de temps avant sa mort que Nimier s'attelait à se débarrasser de ses préciosités de petit merdeux de droite (c'est ma formulation) pour des textes plus épurés et sincères. - Bref : jamais lu. Déon était déjà un vieux con, allait le rester encore longtemps - l'avait probablement toujours été. Morand, comme dans un autre genre Gombrowicz, était à mes yeux condamné par tous les petits merdeux de droite, précisément, qui l'encensaient.

Il y avait Drieu, tout de même : il avait fait la guerre, il se tapait des belles femmes, tout en se plaignant sans cesse de tout, de rien, et des femmes en particulier, dans une gravité un peu forcée mais néanmoins sincère sur le fond. Il s'était suicidé, cela flatte le romantisme de la jeunesse. Malheureusement, il n'écrivait pas très bien, rien à voir en tout cas avec Céline. Gênant ! - Il y aurait pu y avoir Rebatet, mais je ne me souviens pas quand j'en ai entendu parler pour la première fois. La connaissance de l'existence même des Deux étendards me vint je crois à la fois de la fréquentation des bouquinistes et de la lecture du Régal des vermines : sur le tard.

Pour résumer : si en France, comme le dit Thibaudet, la politique est à gauche et la littérature à droite, les auteurs dits de droite étaient quand même, pour un jeune homme bien plus littéraire que politique, un peu décevants. Encore, si Céline avait été un peu moins crade avec lui-même et un peu moins hygiéniste avec les femmes...

samedi 27 mai 2017

"Il en va de la gnose comme de la sainteté :

tous y sont appelés, mais peu d'intelligences possèdent cette qualité contemplative et pénétrante qui permet de comprendre les vérités révélées avec une profondeur et une rectitude qui les rend vivantes et dignes d'admiration. On pourrait dire des intelligences dépourvues de gnose : « regardant, elles regardent et ne voient pas ; entendant, elles entendent et ne comprennent pas » (Mc., IV, 2). Cette qualité gnostique est évidemment sans rapport direct avec l'habileté intellectuelle ou le savoir. Exemple moderne d'une intelligence vraiment gnostique quoique peu savante : sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ; exemple ancien d'une intelligence incontestablement gnostique (et d'un savoir immense), quoiqu'elle ne fût pas celle d'un saint (reconnu) : Origène. Augustin ou Thomas d'Aquin unissent le savoir et la gnose à la sainteté."

Jean Borella, toujours clair.

vendredi 26 mai 2017

"Les Anglais et les Allemands étaient une nation avoir d'avoir un État...

..., alors qu'en France l'État a précédé la nation." Ce n'est pas textuellement prononcé dans la dernière intervention de Julien Rochedy, mais je me permets de condenser en une phrase cette idée, qui m'inspire deux corrections, l'une à mon endroit, l'autre à l'attention de J. Rochedy :

- une de mes ritournelles du moment, vous ne l'ignorez pas, est le thème : "L'État est l'ennemi de la nation". Il est probable que ceci va hélas devenir de plus en plus vrai dans les prochaines années. Et si je le répète aussi souvent, c'est d'une part pour aider ceux qui me lisent à prendre conscience qu'au rebours de notre tradition nationale il faut s'efforcer de compter de moins en moins sur l'État et de plus en plus sur soi-même et ses proches ; d'autre part afin de bien marquer qu'en notre douce France les forces impérialistes n'avaient qu'à prendre le contrôle de l'État pour contrôler la majorité du pays, ce qui est moins vrai dans des États moins centralisés, plus bordéliques, moins étatiques, etc.

Ajoutons à ces causes principales, que ce thème, que j'ai emprunté à Bernanos, qui rappelait que ce n'était pas d'aujourd'hui que le peuple français était plus enraciné que ses élites, s'accorde bien avec mes options anarchisantes, conseillistes, anti-bureaucratiques, etc. (bis). - Ceci étant, je ne crois pas avoir jamais précisé, depuis que j'ai entrepris de vous bercer de cette saine ritournelle, que je n'ignore certes pas que l'État a aussi joué un rôle pour le moins constructif, au fil des siècles, dans la construction du pays. A force de considérer la chose comme évidente on finit par l'omettre par trop systématiquement, je profite de l'occasion pour enfin réparer ce manque. En ajoutant, cela manque à ce que dit J. Rochedy, que l'Église a joué aussi un rôle déterminant dans l'histoire, et que tout cela renvoie aussi à ce que Jean de Viguerie appelait "les deux patries", soit deux conceptions de la nation, qui sont elles-mêmes liées à des conceptions différentes de l'État. (Digression : il se peut qu'un Marc-Édouard Nabe tire profit de la lecture du livre de Viguerie. Mais je note ça surtout pour moi, comme aide-mémoire pour un jour prochain.)

- par ailleurs, en ce qui concerne l'Angleterre J. Rochedy a probablement raison, il me semble en revanche qu'il commet une erreur par rapport à l'Allemagne, erreur qui consiste à avaliser le coup de force théorique des Prussiens, coup de force qui lui-même consiste à assimiler la Prusse (protestante) et l'Allemagne. Il est amusant que cela se situe dans une discussion dans laquelle Barrès est évoqué, Barrès qui a justement longtemps essayé - et échoué - de rapprocher Français et Rhénans, afin de jouer de l'opposition entre Rhénanie et Prusse, et de saper la volonté d'hégémonie de celle-ci sur l'Allemagne, si ce n'est l'Europe, tout entière. Et n'oublions la Bavière catholique, parfois francophile (au point qu'il y eut paraît-il des discussions pour la rattacher à la France à la fin du XIXe siècle...), la Bavière qui s'est encore récemment distinguée du reste de l'Allemagne par son peu d'enclin à accueillir des « réfugiés », je commence à ne plus pouvoir écrire ce mot sans rire.

jeudi 25 mai 2017

"Quand on ne sait pas quoi dire, on cite Valéry."

Disait la sagesse populaire... La preuve, ou par exemple :

"Je classe les esprits selon les exigences qu’ils s’imposent à eux-mêmes."

"Je sais ce que l’on souffre de n’être que soi."

mercredi 24 mai 2017

Bonnard et saint François d'Assise...

"Bien loin d'être des privations, les renoncements auxquels s'astreint François sont pour lui les conditions d'une vie ardente. C'est ainsi qu'il faut comprendre les trois voeux du frère Mineur. Le voeu d'obéissance a pour emblème un joug, mais, en vérité, il tend moins à asservir qu'à rendre le moine libre. (...) Le voeu de chasteté n'a pas d'autre sens que de permettre à François de tout aimer. C'est le désir qui empêche l'homme d'être libre. Tout homme qui réfléchit quelque peu sur sa propre vie ne peut s'empêcher de rêver en voyant ce qu'il a d'enthousiasme, de foi, d'allégresse, de chasteté, pris et retenu au piège d'un corps. En s'obligeant à la chasteté, François, qui resta toujours près de l'enfance, retrouvait l'indépendance ailée de l'âme enfantine, la façon insouciante dont elle se jette vers tout ce qu'elle aime.

Mais le chemin le plus brusque et le plus direct que François ait su s'ouvrir vers une vie sublime, c'est la façon absolue dont il a compris le voeu de pauvreté. Il a vu que rien n'infecte l'âme comme le fait de posséder et que c'est autour de ce point obscur que se noue et se ramasse la résistance de nos instincts les plus bas. Les biens et les liens, pour lui, c'est la même chose. L'homme ordinaire ne dépend pas moins de l'argent, s'il en possède que s'il en manque, il en porte aussi bien le joug comme avare que comme envieux. François échappe à ces laideurs par sa pauvreté radieuse. Ainsi s'achève la délivrance que les autres voeux avaient commencée."

mardi 23 mai 2017

"La littérature...

...la littérature est le seul moyen véritable d'accéder à la complexité du réel. Plus que par les sciences sociales."

Eugénie Bastié. L'idée pour être juste n'est pas nouvelle, mais le fait est qu'on la retrouve à plusieurs reprises et sous diverses plumes dans le nouveau numéro d'Éléments. Si j'ai choisi précisément cette formule, c'est parce que la sympathique Mademoiselle Bastié évoque le péché originel, ce qui dans Éléments n'est pas courant ; si j'ai choisi d'évoquer la récurrence de ce thème, c'est qu'elle me semble significative. Ainsi que le remarquait Marcel Gauchet dans la même revue (je l'avais précisément cité), le problème du poids du politiquement correct est le temps et l'énergie que l'on doit dépenser pour en démonter les chantages, manipulations, mensonges, etc., au lieu de se livrer à des réflexions plus profondes et plus originales, pour ceux du moins qui en sont capables. De fait, alors que l'étau du politiquement correct tend à se desserrer (ce qui n'est pas le cas de l'étau de la politique sur nos vies…), que plusieurs participants au dernier numéro d'Éléments évoquent la plus grande finesse et la plus grande capacité d'analyse de la littérature par rapport aux sciences humaines, cela peut sembler comme une possibilité de bonne nouvelle : la sensation partagée par plusieurs que l'on va peut-être enfin pouvoir se remettre vraiment au boulot.

En repensant par ailleurs à ce que j'ai écrit l'autre jour sur le type Marion Maréchal-Le Pen, je me disais qu'en cette période de promotion étatique de l'indifférentialisme et du transsexualisme actif ou passif (comme on dit pour le tabagisme), qu'une possibilité de renaissance spirituelle se fasse sous le signe de l'éternel féminin, ce serait ma foi comme une revanche de la nature. - Mais on peut aussi se dire qu'il est déjà trop tard, et que les sept plaies d'Égypte nous attendent.

lundi 22 mai 2017

Des carences de l'intellectuel égaré en politique.

"Mille intellectuels assis vont moins loin qu'un Président En Marche !" - Ceux qui réfléchissent à la politique sans en connaître tous les coups tordus, à titre d'amateurs, au-dessus de la mêlée, métapolitiquement, à leurs heures perdues, etc., ont quand même de bonnes chances d'être souvent en retard sur ceux qui font de la politique, dont c'est le métier, qui en connaissent tous les ressorts, et qui de surcroît font déjà les lois. Ce n'est pas très gai, mais ce n'est pas désespéré.

dimanche 21 mai 2017

"J’ai aimé les extrêmes par l’espoir d’y trouver un fixe."

Paul Valéry. Et une autre : "Je plie sous le fardeau de tout ce que je n’ai pas fait."

Bon dimanche !

samedi 20 mai 2017

"La victoire du féminisme en France...

...c'est MMLP devant ce gros con d'Apathie."

Un lecteur. Je m'empresse bien sûr de le relayer, même si je le trouve trop gentil envers M. Apathie. On prouve le féminisme - ou plutôt la dignité féminine - en marchant, somme toute.

(P. S. personnel : M. Altrad est en vacances, ce n'est pas encore cette année qu'il sera champion de France. Bien fait pour sa gueule.)

vendredi 19 mai 2017

"La haute flamme du pur amour..."

Non, il ne s'agit pas aujourd'hui de Marion Maréchal-Le Pen. Deux citations de Bernanos, la première issue du début de La France contre les robots :

La révolution "que nous annonçons se fera contre le système actuel tout entier, ou ne se fera pas. Si nous pensions que ce système est capable de se réformer, qu'il peut rompre de lui-même le cours de sa fatale évolution vers la Dictature - la Dictature de l'argent, de la race, de la classe ou de la Nation -, nous nous refuserions certainement à courir le risque d'une explosion capable de détruire des choses précieuses qui ne se reconstruiront qu'avec beaucoup de temps, de persévérance, de désintéressement et d'amour. Mais le système ne changera pas le cours de son évolution, pour la bonne raison qu'il n'évolue déjà plus ; il s'organise seulement en vue de durer encore un moment, de survivre. Loin de prétendre résoudre ses propres contradictions, d'ailleurs probablement insolubles, il paraît de plus en plus disposé à les imposer par la force, grâce à une réglementation chaque jour plus minutieuse et plus stricte des activités particulières, faite au nom d'une espèce de socialisme d'État, forme démocratique de la dictature."

Toute ressemblance, etc. La seconde est la suite du texte sur Bloy et la pauvreté que je vous livre par extraits (non coupés) de temps en temps :

"Cette société ne veut pas de pauvres, et il serait vraiment trop niais de croire que ce soit par sensibilité de coeur ou même d'entrailles, car nous la regardons agir, nous faisons le compte de ses charniers, de ses prisons, de ses camps de torture, de ses laboratoires de mort, et nous savons parfaitement que si l'Histoire nous en présente peut-être d'aussi féroces qu'elle, du moins n'en a-t-on jamais connu d'aussi volontaire et d'aussi lucide dans la férocité. La Société moderne ne veut pas de pauvres pour la même raison qu'elle ne voudrait pas de nobles, s'il lui restait assez d'honneur ou seulement de prestige pour faire des nobles. Elle ne peut comprendre que la pauvreté est aussi une libération [note de AMG : elle fait tout pour que ce ne soit plus une libération], que le sort de la liberté des hommes est mystérieusement lié dans ce monde à celui de la pauvreté [note de AMG : elle le comprend, justement, c'est pour ça qu'elle fait en sorte que ce ne soit plus une libération, que la misère remplace la pauvreté]. La Pauvreté fait des hommes libres, d'une certaine liberté innocente qui n'est évidemment pas celle des saints, c'est-à-dire des pauvres en esprit, des pauvres volontaires, des victimes volontaires de la pauvreté, mais qui suffit à entretenir parmi nous le feu couvant sous la cendre où, de génération en génération, s'élève tout à coup la haute flamme du pur amour. Car la liberté du saint n'est sans doute pas autre chose que la liberté du pauvre entièrement surnaturalisée, comme le fer dans la forge qui du rouge sombre passe au blanc."

jeudi 18 mai 2017

"Spirituellement..." Léo Ferré maréchaliste.

"Spirituellement, ceux qui nous dirigent ne sont plus nos compatriotes. Leur vie est à l’échelle mondiale, ils passent leur temps dans les business class entre New York, Doha et Singapour, la France est étriquée à leurs yeux, ils ne raisonnent plus à l’échelle nationale. Leur cynisme est d’autant plus fort que ces gens se sont évertués à briser les frontières des Français pour fabriquer de nouvelles frontières à leur profit grâce à l’argent. Ils ont, eux, des frontières géographiques, vivent dans les meilleurs quartiers en se préservant des problèmes liés à l’immigration et aux tensions culturelles qu’ils imposent aux Français. Ils ont, eux, des frontières sociales, se cooptent aux meilleurs postes, alors qu’il n’y a jamais eu aussi peu de fils d’ouvriers dans les grandes écoles. Ils ont, eux, des frontières scolaires, mettent leurs enfants dans les écoles privées quand les enfants des Français doivent subir les lamentables programmes et méthodes qu’ils ont mis en place. Et je trouve cela profondément injuste. En face, les patriotes sont tout simplement les partisans de l’enracinement, ce qui n’empêche pas d’être lucide sur les défis de la mondialisation."

L'enracinement... C'est beau comme du Simone Weil. (C'est du Marion Maréchal-Le Pen.) Ceux qui nous dirigent ne partagent plus le sort de ceux qu'ils dirigent, au point même de ne plus faire d'enfants. De même que les riches selon Chesterton sont déjà achetés depuis toujours, ces politiciens qui n'ont jamais fait d'enfants sont comme des traîtres apatrides depuis toujours (fait-on des enfants par amour de la patrie ? La réponse varie selon l'endroit et le moment. On peut aussi mieux comprendre l'importance de la patrie une fois que l'on a des enfants.) Et ils se gardent bien de goûter à ce qu'ils nous font subir, Marion Maréchal-Le Pen le souligne à juste titre. Ce n'est pas : "Qu'ils mangent de la brioche" (apocryphe ?), c'est : "Je mange de la brioche tout en faisant baisser la qualité du pain quotidien des pauvres. Et s'ils se plaignent trop, on fait venir des Arabes, des Soudanais ou des Afghans à leur place".

Bref, oui, c'est "profondément injuste", ou, comme disait Léo Ferré, "vraiment dégueulasse". Léo qu'il serait dommage de ne pas citer ici :

"Ton Style, c'est ton cul, c'est ton cul, c'est ton cul,

Ton Style c'est ma loi quand tu t'y plies, salope !

C'est mon sang à ta plaie, c'est ton feu à mes clopes,

C'est l'amour à genoux et qui n'en finit plus,

Ton Style, c'est ton cul, c'est ton cul, c'est ton cul..."


Il s'agit là plus que d'une grivoiserie (d'autant que s'il y bien quelque chose que je connais pas de Mme Maréchal Le Pen, c'est justement son cul) : de même que je me demandais fin janvier se situait l'intelligence certes problématique et pourtant indéniable de F. Ribéry, notre Léo national nous incite à nous interroger sur la nature du style de Mme Le Pen. Il est bien clair que si elle était moche (parlons français d'avant le politiquement correct), elle serait moins séduisante, ce qui est presque une tautologie. Et pourtant ce n'est pas parce qu'elle est jolie que le texte cité est, lui, séduisant. - Mais c'est là qu'est le "presque" de la phrase précédente : à l'heure où les personnalités politiques, à force de fadeur et de peur de choquer, ne ressemblent plus à rien, notre Président en est un exemple, en voilà une - une personnalité, il se trouve que c'est une femme - qui ressemble à un type, et cela fait partie de son style.

Que ce type soit celui de la jolie femme, c'est un coup de bol pour des gens comme moi, mais ce n'est, vous l'aurez compris, que secondaire. De toutes façons, elle s'en va, et Macron reste ! Ceinture pour tout le monde !

mercredi 17 mai 2017

Un peu de réconfort dans ce monde de brutes.

"Il a eu besoin de la médiation du serpent : le Malin peut séduire l'homme, il ne peut devenir homme."

Kafka. Un peu de réconfort, ai-je dit. Trois fois rien, c'est déjà quelque chose, disait l'autre.

mardi 16 mai 2017

Dialogue par sms sur la recherche des responsabilités dans la semi-réussite et le trois-quarts échec du Front National au deuxième tour.

Cet échange de sms (authentique, je n'ai fait que de légères corrections d'ordre stylistique) a pour toile de fond, plus précisément :

- une attaque à la Kalachnikov de Éric Zemmour à l'endroit de Marine Le Pen ;

- une réplique peu élaborée de Alain Soral et de ses amis ;

- la réponse, plus élaborée à défaut d'être vraiment convaincante, de Jacques Sapir, mis en cause nommément par Éric Zemmour (qui n'avait en revanche pas nommé Alain Soral).

Je n'avais lu que les deux premiers textes lorsque j'ai lancé la conversation que voici, je la restitue sur le mode du Neveu de Rameau, pour que ce soit clair.

Moi : "Pour Soral, la ligne Buisson, c'est bien, la ligne Zemmour, c'est pas bien. Je ne comprends pas tout."

Lui : "Pour Soral, les Juifs, c'est pas bien, sauf si ça dit beaucoup de mal des Juifs."

Moi : "Certes. Ceci étant, on aimerait savoir de quel point de vue Zemmour flingue autant Marine Le Pen."

Lui : "Sans doute considère-t-il, comme d'autres, que la droite nationale avait une occasion historique de briller, et qu'il y a quelque chose d'impardonnable dans cet amateurisme d'entre-deux-tours."

Lui : "C'est ma lecture charitable."

Moi : "Disons qu'il aurait pu aider plus, alors. Et la lecture non charitable ?"

Lui : "Zemmour est un bon juif qui espère l'éclatement du FN."

Moi : "Et là vous retrouvez en partie Soral."

Lui : "En effet."

Moi : "Qui y ajoute un supposé sionisme."

Lui : "On appelle ça une obsession."

Lui : "Ce qui ne veut pas dire qu'il a tort. Mais Israël n'est vraiment pas le sujet de prédilection de Zemmour."


L'idée première étant de montrer par l'exemple d'une conversation amicale que, pour citer une formule fameuse de Jean Renoir, "tout le monde a ses raisons", lorsqu'il s'agit d'expliquer, sinon la victoire d'Emmanuel Macron, sinon même la défaite de Marine Le Pen, du moins le sentiment à tort ou à raison prégnant ces jours-ci chez les résistants de droite, que la défaite prévisible de Marine Le Pen est finalement et surtout une défaite rédhibitoire, n'est en rien une victoire.

L'idée seconde étant, en laissant maintenant de côté Éric Zemmour et notre principe de citation quotidienne, de nous autoriser quelques remarques sur le sujet.

Tout d'abord, et là-dessus je mettrais volontiers dans le même sac MM. Zemmour, Soral et Sapir, il ne faut pas confondre objectifs politiques et thèmes de campagne. J'ai évoqué il y a quelques semaines, au sujet de quelqu'un comme Asselineau, l'idée que certains se montraient d'autant plus rigoureux et pointilleux dans le souverainisme qu'ils semblaient timorés sur les sujets d'immigration et d'identité. Mais on a parfois désormais l'impression qu'il faudrait choisir entre ces deux thèmes, être souverainiste ou identitaire. Pourtant, s'il peut être opportun d'un point de vue électoraliste de porter l'accent sur un de ces thèmes plutôt que sur l'autre, il est tout de même assez facile de comprendre que rien ne sert de dire merde à l'UE si c'est pour continuer à accueillir des centaines de milliers de personnes issues d'autres cultures que la nôtre chaque année ; pas plus que l'on ne risquera de retrouver un certain sens d'une destinée commune si les technocrates dit libéraux de Bruxelles continuent de nous dire quoi faire et avec quel argent le faire.

Cette première remarque pour ceux que j'ai appelés les résistants de droite, la seconde pour les résistants de tous les bords. (J'emploie cette terminologie bien sûr sans pathos, mais si tout ce qui a vraiment du pouvoir en France se réunit autour de M. Macron, et si celui-ci est bien ce qu'il paraît être, il est clair que ceux qui ne sont pas d'accord avec lui n'auront pas la partie facile dans les années à venir.) Cette remarque est une forme de consolation négative par rapport à la déprime évoquée plus haut : les choses ne peuvent pas s'arranger. Même si certaines réformes économiquement libérales de M. Macron pouvaient apporter certains fruits économiques - ce n'est pas que j'y croie beaucoup, mais pourquoi pas, si, au sens voyeriste, l'économie n'existe pas, tout est possible -, même si le chômage baissait, même si les pauvres avaient un peu plus de pognon, etc. - cela ne changerait rien au mal-être des Français. A la limite, il faudrait, comme tout le monde en ce moment, souhaiter "que Macron réussisse" : cela décantera les problèmes, cela montrera à MM. Mélenchon, Sapir et autres indécrottables matérialistes, que le problème principal n'était pas là.

Mais comme la façon la plus facile (sur le papier) de régler le problème principal est justement celle de MM. Macron et assimilés et celle que je refuse - la lente dissolution de la civilisation européenne dans un métissage général et consumériste, ce que je résume souvent par l'idée du Quick hallal comme synthèse de ce qui nous menace -... eh bien, au mieux, ce sera difficile.

lundi 15 mai 2017

Je suis Charlie ! "Si nous ne voulons pas être submergés par les bougnouls, soyons plus prolifiques qu'eux."

Wolinski... Feuilletant un petit livre de lui daté de 1981, je découvre des pensées parfois savoureuses :

"On devrait peut-être retourner au Moyen Age, au moins, en ce temps-là, on n'avait pas peur d'aller casser la gueule aux Arabes."

"Quand on sait que le communisme est une invention des Juifs, on ne peut être qu'antisémite."

"J'affirme que l'Afrique et le ramassage des ordures doivent être laissés aux Africains."

"J'aime bien les Arabes parce que, quand ils n'ont pas de travail, ils en profitent pour ne rien faire, ce qui fait qu'ils ne perdent jamais bêtement leur temps."

"J'aime mieux que les prisons soient pleines d'innocents que les rues pleines de coupables."

"Il y a une chose que je ne pardonnerai jamais aux étudiants, qui sont d'ailleurs des fils de bourgeois, c'est d'avoir persuadé d'honnêtes étrangers et de courageux travailleurs, parfaitement heureux de leur sort, qu'ils étaient victimes de la société bourgeoise." (en référence à mai 68)

"Dieu a créé l'homme et la femme, il n'a pas créé le jeune lycéen drogué et l'écolière croqueuse de pilules."

"Ce sont les circonstances qui mettent un homme providentiel au pouvoir, jamais des élections." Capice ?

"Il n'est pas bon pour le moral d'un pays de compter trop d'humoristes." (Nous en avons la preuve bien trop souvent…)

Et pour la bonne bouche, si j'ose dire :

"Il est difficile de montrer son cul sans baisser son froc."

dimanche 14 mai 2017

Un bon exemple d'idée chrétienne devenue folle.

"Je crois que vous êtes en train de commettre une autre erreur, car vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi, comme tous les pacifistes. Du moment que nous ne voulons pas d’ennemis, nous n’en aurons pas, raisonnez-vous. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitiés. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin."

Julien Freund, cité par (l'horrible !) P.-A. Taguieff, je trouve cette mise au point ici. J'avais envisagé deux autres possibilités pour ce soir, mais ceci fera l'affaire, d'autant que j'ai un poisson à cuisiner et une vie de famille. - Bref : tendre l'autre joue est une chose, refuser l'hostilité dont vous êtes l'objet, au nom d'une concorde universelle dont votre ennemi n'a rien à faire, en est une autre, sa dérivation grotesque et masochiste. Masochiste au sens où votre ennemi, non seulement continue à vous combattre, mais se met en plus, si ce n'était pas le cas avant, à vous mépriser. La guerre continue, vous vous mettez en position de faiblesse. Et malheureusement, souvent, vous engueulez ceux de vos proches qui, eux, prennent au sérieux, l'hostilité de l'ennemi et entendent y répondre dans les règles. Si vous n'êtes pas un traître, vous en vous en rapprochez. La connerie mène à tout !

samedi 13 mai 2017

"Par une sorte d'abstraction subtile... le cocu a toujours tort, surtout si sa femme est belle."

"Hélène, l'antique beauté, représente un type éternel, toujours admirable et toujours reconnu de tous ; par conséquent, elle peut échapper, par une sorte d'abstraction subtile, à la persécution de son époux, qui n'est, lui, qu'une individualité passagère et circonscrite dans un âge borné."

Nerval. Le désir discrimine, la beauté hiérarchise, la nature n'est pas démocrate. Ce dernier point peut et doit être amendé, pas les deux premiers. - Au passage, notons la capacité de synthèse de l'artiste par rapport aux intellectuels habituellement cités ici.

vendredi 12 mai 2017

S'abîmer dans le socialisme, la démocratie, le germanisme... Renan cité et glosé par Victor NGuyen et votre serviteur AMG.

"Renan n[e] conclut point, à la différence de Gobineau, à une décadence absolue : le goût des arts, de la science, de la richesse survivra, mais l'esprit guerrier, lui, disparaîtra. [En fait, en disparaissant l'esprit guerrier fait disparaître graduellement les autres goûts à sa suite, nous le voyons maintenant, note de AMG.] L'Angleterre, en proie à une semblable évolution, en a tiré les conséquences ; chez elle, il n'existe pas de contradictions entre les objectifs de l'État et les désirs de la société. Pourquoi cette divergence : « La similitude de l'Angleterre et de la France du Nord m'apparaît chaque jour davantage. Notre étourderie vient du Midi et si la France et si la France n'avait pas entraîné le Languedoc et la Provence dans son cercle d'activités nous serions sérieux, actifs, protestants, parlementaires. » [Ce diagnostic rapide est fort douteux, quand bien même il ne serait pas totalement faux, quand bien même je suis le premier à souhaiter que les Français soient plus souvent sérieux. Mais je l'ai recopié pour cette précieuse et effrayante expression : "sérieux, actifs, protestants, parlementaires…", note de AMG.] L'antagonisme entre Paris et la province provient de cette absence du sens de la chose publique qui fait tant défaut au Français. [J'interviens encore, excusez-moi : ce n'est pas l'absence qui fait défaut, c'est le sens de la chose publique. Note de AMG…] L'hostilité ne vise pas seulement le Paris révolutionnaire, mais autant le siège et l'incarnation de l'État : « C'est Paris qui lève les hommes, qui absorbe l'argent, qui l'emploie à une foule de fins que la province ne comprend pas. » Dès avant la guerre [de 1870, note de…], Renan avait déjà rappelé le rôle primordial de la monarchie dans la naissance de la France et, constatant la difficulté à poursuivre désormais de grands desseins en régime démocratique, il pouvait envisager une Finis Franciae qui rejoignait les propos tenus en 1869 par Prévost-Paradol devant la montée de l'esprit révolutionnaire : « Nous verrons bientôt la fin de l'État. » Car, observe Renan, « s'il est vrai comme il semble que la royauté et l'organisation nobiliaire de l'armée sont perdues chez les peuples latins, il faut dire que les peuples latins appellent une nouvelle invasion germanique et la subiront [il y en eut effectivement trois depuis, quatre si l'on compte l'organisation de l'UE, note de AMG.] » Ne sont-ils pas destinés, comme les Celtes, à s'abîmer dans la démocratie et le socialisme dont l'issue ne fait pas de doute en fonction des précédents historiques ? « La réponse à chaque progrès du socialisme pourra être de la sorte un progrès du germanisme, et on entrevoit le jour où tous les pays de socialisme seront gouvernés par des Allemands. L'invasion du IVe et du Ve siècle se fit par des raisons analogues, les pays romains étant devenus incapables de produire de bons gendarmes, de bons mainteneurs de propriété… »"

L'erreur (c'est facile à dire avec le recul) de Renan et de Prévost-Paradol étant ici de croire que l'État allait disparaître sous les coups du socialisme, de l'esprit révolutionnaire, etc., au lieu que ceux-ci ont fait au contraire croître l'emprise de l'État sur nos vies. Et comme le socialisme, dans ce sens révolutionnaire, et le capitalisme, qui est révolutionnaire par essence, relisez Marx, sont des idéologies conquérantes et jamais rassasiées… elles prennent l'État ensemble, comme en Allemagne, qui semble avoir du mal maintenant à générer des contrepoisons nationaux/familiaux, comme en Russie bolchevique, comme en Chine... Céline et Jean Yanne à sa suite s'alarmaient des Chinois à Paris, la suite finalement est logique : le devenir-chinois des esclaves salariés français, sous l'égide du capitalisme socialiste « européen ». - Et là encore, ces salauds d'Anglais et d'Américains gardent un peu de contrepoison pour eux, mettent moins de socialisme dans leur capitalisme. Comme on dit quand on se cuite à 15 ans : ce sont les mélanges qui sont dangereux, ce sont les mélanges qui te donnent la gueule de bois. Nous n'avons pas fini de cuver !

jeudi 11 mai 2017

Lucidité contre défaitisme, même si...

"Lorsque la gauche passe, le langage trépasse." - Soljénitsyne. J'ai évoqué quelque part l'idée de Paul Morand : le socialisme français crée une nouvelle langue française - contre toute légitimité morale, intellectuelle et historique. De ce point de vue-là, la gauche et la publicité marchent (ce verbe va vite devenir aussi pestiféré, ou au moins aussi connoté, que le mot « détail »...) main dans la main : à défaut de changer le réel - qui ne s'appréhende pas aisément, qui n'est pas transparent au mots, pas d'équivoque là-dessus -, changeons les mots.

Et de ce point de vue-là encore, communisme, ou socialisme, ou stalinisme (en hommage aux premiers socialistes conservateurs, je préférerais ne pas trop employer « socialisme », mais plus d'un siècle de gauche est passé par là...), et capitalisme marchent main dans la main. La Chine est l'avenir de la France de Macron, les Français vont devenir de petits Chinois, à camelote, camelote et demie, à esclavage, esclavage et demi.

- Et une fois de plus, je fais référence à la citation d'hier, ce sont les anglo-saxons, en tout cas certains Anglais et certains Américains, qui se gardent le contrepoison pour eux. - Avec l'âge et à force de râler sur les Français, je n'ai presque plus envie d'engueuler lesdits anglo-saxons. On ne peut tout de même pas les blâmer d'être moins cons que nous.

mercredi 10 mai 2017

De la nécessité du contrepoison.

"Je crois que Nietzsche a en grande partie raison lorsqu'il affirme que la tradition allemande est très critique envers les idéaux de la civilisation moderne, et que ces idéaux sont d'origine anglaise. Cependant, il oublie d'ajouter que les Anglais ont presque toujours eu la prudence et la modération très peu allemandes de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, c'est-à-dire la prudence de se représenter les idéaux modernes comme une adaptation raisonnable de l'idéal ancien et éternel d'honnêteté, de règne de la loi et d'une liberté qui n'est pas licence, à des circonstances nouvelles. Cette attitude consistant à prendre les choses comme elles viennent, à se débrouiller tant bien que mal, à ne s'occuper d'un problème que lorsqu'on y est confronté, peut avoir été un peu nuisible au radicalisme ou à la profondeur de la pensée anglaise ; mais elle s'est révélée une bénédiction pour la vie anglaise ; les Anglais ne se sont jamais plu à ces ruptures radicales avec les traditions qui ont joué un rôle si important sur le continent. Quoi qu'il puisse y avoir d'erroné dans l'idéal proprement moderne, les Anglais qui furent à son origine étaient eux-mêmes en même temps versés dans la tradition classique, et les Anglais ont toujours gardé par devers eux une quantité substantielle du contrepoison nécessaire. Si les Anglais furent à l'origine de l'idéal moderne, l'idéal pré-moderne, l'idéal classique de l'humanité, ne fut nulle part mieux préservé qu'à Oxford et à Cambridge. La guerre anglo-allemande présente est donc d'une importance symbolique. En défendant la civilisation moderne contre le nihilisme, les Anglais défendent les principes éternels de la civilisation. Personne ne peut dire à quoi aboutira cette guerre. Mais ceci au moins est néanmoins hors de doute possible : en choisissant comme chef Hitler au moment crucial où la question de savoir qui doit triompher du point de vue militaire était à l'ordre du jour, les Allemands ont cessé de pouvoir légitimement prétendre être autre chose qu'une nation provinciale ; ce sont les Anglais, non les Allemands, qui méritent d'être et de rester une nation impériale : car seuls les Anglais, et non les Allemands, ont compris que pour mériter d'exercer un règne impérial, regere imperio populos, il faut avoir été instruit pendant un très long temps : parcere subjectis et debellare superbos (épargner les vaincus et dompter les superbes)."

Léo Strauss (et Virgile, sur la fin). Ce texte appelle des nuances (comment ne pas succomber soi-même au poison que l'on inocule chez les autres), des actualisations (les États-Unis sont loin d'être instruits depuis "un très long temps"). Je me permettrai une seule remarque : l'importance des personnages anglais dans les séries et films américains depuis quelques années. Et pas comme des provinciaux, il s'en faut.

mardi 9 mai 2017

"Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens." - Il y a un siècle, Charles de Foucauld prophétisait. (Nous en avons eu, de bons prophètes.)

"Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le coeur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle.

Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.

L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.

Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, oeuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.

Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui.

D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du « Medhi », il n'y en a pas : tout musulman (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi) croit qu'à l'approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve : "l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération", disent-ils.

Ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi, en lequel ils soumettront la France.

De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ?"

C'est sur ce dernier point que la situation a évolué : ces braves gens ont fini par se dire que demander la nationalité française n'était pas un moyen à négliger quand il s'agit de « vaincre et subjuguer » le peuple français. Et comme nos élites les approuvent...

lundi 8 mai 2017

Le pire n'est jamais sûr, les bonnes surprises sont toujours possibles, mais comme on n'a que ce qu'on mérite :

"Ils ont transformé leur splendide parure en un objet d'orgueil ; ils en ont fait des images abominables, leurs horreurs ; c'est pourquoi je la destine à être pour eux une souillure.

Je la livrerai au mains des étrangers, pour le pillage, et au plus méchants de la terre, comme butin. Ils la profaneront. Je détournerai d'eux ma face, on profanera mon trésor ; des brigands y pénétreront et le profaneront. Ils procéderont à un massacre. Car le pays est plein de jugements sanguinaires et la ville est pleine de violence. Je ferai venir les pires des nations qui s'empareront de leurs maisons ; je ferai cesser l'orgueil des violents et leur sanctuaires seront profanés.

L'angoisse survient, ils chercheront la paix mais il n'y en aura pas. Il arrivera désastre sur désastre (….)

Je les traiterai selon leur oeuvres, je les jugerai selon leurs jugements et ils sauront que je suis Iahvé."

Ézéchiel, VII, 20-32. La fille aînée de l'Église n'est pas dans la merde, avec son président qui commence par marquer et exhiber son obédience maçonnique devant la pyramide du Louvre. Et qui croit que je délire doit progresser dans pas mal de domaines.

dimanche 7 mai 2017

"Une insolence d'autant plus criminelle..."

"Il n'est point de gouverneur qui ne s'attribue des droits injustes, point de troupes qui ne vivent avec dissolution, point de gentilhomme qui ne tyrannise les paysans, point de receveur, point d'élu, point de sergent qui n'exerce dans son détroit une insolence d'autant plus criminelle, qu'elle se sert de l'autorité des rois [ou d'un « mandat électoral », note de AMG] pour appuyer son injustice.

Il semble que, dans ce désordre général, il soit impossible au plus juste de ne pas se corrompre. Car le moyen qu'il aille seul contre le courant de tous les autres, et qu'il se retienne sur un penchant où le pousse naturellement son propre intérêt, pendant que ceux qui devraient l'empêcher de tomber l'y précipitent eux-mêmes par leur exemple !

Cependant, de tous ces crimes divers le public seul est la victime ; ce n'est qu'aux dépens des faibles et des misérables que tant de gens prétendent élever leurs monstrueuses fortunes. Au lieu d'un seul roi que les peuples devraient avoir, ils ont à la fois mille tyrans, avec cette différence pourtant que les ordres du prince légitime ne sont que doux et modérés parce qu'ils sont fondés sur la raison, tandis que ceux de ces faux souverains n'étant inspirés que par leurs passions déréglées sont toujours injustes et violents."

Louis XIV. Et certes il faut faire la part du monarque absolutiste qui ne se rend pas compte qu'il ne devrait pas trop supprimer les vieilles féodalités, ce que Louis XVI, se retrouvant seul ou presque en première ligne, pourra amèrement à lui reprocher. Mais sur l'anthropologie et la philosophie politique, on ne peut pas dire que ce texte ait beaucoup vieilli.

samedi 6 mai 2017

La morale de cette élection.

C'est Ézéchiel-Céline qui nous la fournit, une sentence du Voyage (1932) qui forme un paragraphe à elle seule :

"On n’échappe pas au commerce américain."

Ce dont nous n'allons pas finir de nous rendre compte dans les cinq ans à venir.

Une remarque toute simple en complément. On entendait dire depuis deux ans environ que F. Hollande croyait toujours pouvoir être réélu s'il affrontait Marine Le Pen au deuxième tour. Sa bonne idée, guidée par une forme de lucidité modeste, aura été de comprendre que ce schéma ne serait victorieux qu'après un tour de passe-passe, et qu'il fallait donc s'y résoudre. Et c'est ainsi que Hollande est grand !

Une autre de Céline pour finir, je la cite notamment pour faire comprendre la différence entre les combats du Français moyen et ceux de l'homme politique ou de l'économiste libéral qui ne vivent que pour la concurrence, alors que les gens normaux sont distraits par la variété de leurs préoccupations :

"La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas." Ce que disait plus récemment Warren Buffet : "La lutte des classes continue, mais il n'y a plus que les riches qui la font." - Le bon peuple a toujours au moins un coup de retard.

vendredi 5 mai 2017

"Aujourd'hui, il ne suffit plus..."

"Aujourd'hui il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d'une façon révolutionnaire. Mais avant tout, nous devons être conservateurs au sens authentique, conservateurs dans un sens qu'aucun homme qui s'affiche conservateur n'accepterait."

Gunther Anders (juif marxiste, premier mari de H. Arendt, etc.), j'ai souvent cité cette phrase en démarrant mon blog, c'est une des idées qui m'a permis de sortir de mon gauchisme flou et zombie. Je pensais donc la replacer aujourd'hui, sur le thème : qui veut voter à gauche ne peut voter Macron - cela fait 80 ans que les meilleurs marxistes le disent !

Et il est bien vrai, pour ne citer que cet exemple, qu'entre un candidat qui veut renforcer le rôle des référendums et un autre qui annonce qu'il va gouverner par ordonnances, on voit bien lequel entend se fonder sur la légitimité populaire (au moins en paroles), et lequel s'assoit sur l'idée de démocratie. Que ce soit le premier qui soit considéré comme proto-fasciste par les journalistes en dit long sur beaucoup de choses, mais, toute colère vengeresse mise à part, nous n'en sommes plus là. Et d'ailleurs, c'est là où je voulais en venir, je n'en suis plus à simplement citer ce diagnostic de G. Anders.

"Sans être un saint ni un salaud", comme disait Léo Ferré dans Ils ont voté… et puis après ?, je ne suis en ce qui me concerne qu'un quadragénaire cultivé s'efforçant de subvenir aux besoins de sa famille tout en tenant un blog pour happy few : si je m'arrêtais d'écrire, cela ne gênerait certes pas grand-monde. Mais des gens plus importants et plus investis que moi doivent avoir le même goût saumâtre dans la bouche à l'approche du hara-kiri collectif qu'est le vote que nous voyons se dessiner, à l'approche de ce spectacle d'un peuple masochiste donnant le fouet et la légitimité pour s'en servir à ceux-là mêmes qui le font souffrir depuis des années, qui l'engueulent, le culpabilisent, et lui prédisent des punitions encore plus dures pour les prochaines années. - A un moment, et en repensant à des avertissements déjà anciens (cet Ézéchiel paradoxal que fut Céline, avant la deuxième guerre mondiale, et encore dans les années 50, se désolant de cette bêtise crasse et confiante de ses compatriotes...), on a envie de tout laisser tomber. (Céline d'ailleurs ne fut pas beaucoup plus écouté qu'Ézéchiel, peut-être la fille aînée de l'Église le regrettera-t-elle autant que le peuple élu ; passons.)

A ceci près que j'ai quarante (-cinq...) ans et deux enfants, et que je me trouve un peu trop jeune et un peu trop responsable par rapport à ces enfants pour me contenter d'écouter du Wagner en boucle en pleurant sur la nullité de mes contemporains, jusqu'à ce ce que mort s'ensuive. Et j'écris cela en partie par égoïsme : comme je le faisais remarquer à un valeureux combattant de presque vingt ans mon cadet, on fait de la politique, ou de la métapolitique si l'on veut, beaucoup pour soi, parce que l'on sait que plus on sera entouré de cons et plus la vie sera pénible.

Tout cela pour tirer une première leçon positive de cette élection (ceci sauf bonne surprise dimanche…) : le conservatisme, fût-il le plus sage, le simple bon sens, ne suffisent pas à faire une politique, le conservatisme et le simple bon sens ne créent pas à eux seuls un élan. Marine Le Pen est plus proche de la grande majorité des Français que ne l'est Emmanuel Macron, héritier qui plus est de quelqu'un que les Français en question détestent, et c'est ledit Macron qui va se faire élire. A un moment, il faut donner aux gens du désir - surtout lorsqu'on est en position d'outsider. Le représentant du système peut gérer et voir venir, quitte à se faire avoir (Giscard en 1981), pas le contestataire. C'est l'un des paradoxes de cette élection : les Français aimeraient que ça redevienne comme avant, avec plus de pognon, de sécurité, de bonne bouffe, moins d'immigrés et d'islamistes, etc., et ils vont voter pour celui qui leur propose tout le contraire et pas pour celle qui leur propose tout ce qu'ils veulent : précisément parce qu'elle ne propose que ça. (Je n'oublie pas le poids des mensonges médiatiques, tout ça, et je ne propose pas de remède miraculeux.) Même à des gens aussi fatigués et fatigants que les Français d'aujourd'hui, il faut du neuf pour bander (pas de grivoiserie : je ne suis pas en train de vouloir remplacer Marine par Marion, toutes choses égales d'ailleurs ; ces réflexions de plus débordent largement le cadre du FN). Et même des gens aussi fatigués et fatigants que les Français d'aujourd'hui n'ont pas tort de sanctionner Marine Le Pen de ce point de vue, n'ont pas tort de lui reprocher de ne leur promettre que ce qu'ils demandent. A défaut de donner plus que ce qu'elle a, la plus belle fille du monde doit promettre plus ce que ce qu'elle a, ceci qu'elle s'appelle Marine, Marion, ou, "Je le déclare dans ma jalousie et le feu de ma colère… Il y aura un grand tumulte dans le pays d'Israël..." (Éz. 38.19), Emmanuel.

jeudi 4 mai 2017

"Cette soif de l’ordre qui opère les plus grands changements..."

Réflexion profonde sous divers aspects que cette phrase de Joseph de Maistre sur l'indifférence du colonisateur anglais à l'endroit des sacrifices humains en Inde, phrase que je retrouve par hasard, qui évoque la puissance révolutionnaire de la volonté d'ordre et d'organisation, la différence entre les colonisations française et britannique, les eaux glacées du calcul capitaliste macronien, etc. :

"On dirait que les glaces de la philosophie ont éteint dans son cœur cette soif de l’ordre qui opère les plus grands changements, en dépit des plus grands obstacles ; ou que le despotisme des nations libres, le pire de tous, méprise trop ses esclaves pour se donner la peine de les rendre meilleurs."

Tant que les esclaves ont assez pour consommer et payer des impôts. Les impôts, d'ailleurs, c'est de la consommation obligatoire, mais dans le vide.  

mercredi 3 mai 2017

"Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts..."

Il s'agit d'une phrase de Philippe Muray dans son Chers djihadistes..., la thèse m'avait frappé : l'Occident allait finir par étouffer les rebellions à son encontre, par les mêmes moyens et le même état d'esprit que ce qui l'avait déjà tué. (Cioran a écrit des réflexions équivalentes.) - A une heure d'un débat que je ne regarderai pas (vie de famille ! Et j'ai atteint un certain niveau de colère qui fait que je ne peux plus supporter certains mensonges et simagrées : pourquoi m'infliger ça ?), cette prophétie négative m'est revenue à l'esprit, comme un avant-goût, sinon du débat, du moins et surtout du résultat de l'élection.

mardi 2 mai 2017

"Le Pen a raison depuis trente ans, MAIS JE NE PEUX PAS LE DIRE !!!"

Alain Finkielkraut, dans une conversation privée qui m'avait été racontée, cela remonte à quelques années. - J'ai assez confiance dans mes sources pour répercuter cette indiscrétion (ce que je n'aurais pas fait si l'intéressé ne s'était cru obligé de déclarer qu'il allait voter Macron), mais je n'ai évidemment aucune preuve. Me croit donc qui veut, étant tout de même entendu que la mine encore plus dégoutée que d'habitude qui est celle de Finkie lorsqu'il évoque la personne pour qui il va voter n'est pas contradictoire avec cette citation, apocryphe ou non.

Après, la période SOS-Racisme de notre ami est quand même lointaine, il ose citer Renaud Camus, il ne risque pas d'être heureux de voir plus de musulmans débarquer en France dans les cinq ans qui viennent... Pourquoi n'a-t-il pas un peu plus de couilles ? C'est son problème, finalement, et je le dis sans le prendre de haut : il n'arrive pas à se montrer courageux. Ce qui est dommage : il gardera son masochisme aigri encore longtemps. En crèvera peut-être : qui a vécu par l'aigreur...

lundi 1 mai 2017

Suite du précédent. La charnière.

"Le monde moderne a deux ennemis, l'enfance et la pauvreté. Dans une civilisation technique dont la seule règle est l'efficacité, qu'est-ce que l'enfance, sinon une période inefficace de la vie, et qu'il s'agit de supprimer. Supprimer l'enfance, quelle énorme récupération de travail et d'énergie ! L'enfance ne sert pas à grand-chose et la pauvreté ne sert à rien. Il y a une superstition de la Pauvreté qui paraît d'abord ne tenir qu'une place bien modeste dans l'ensemble du catholicisme, et lorsqu'on y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'elle en est comme la charnière. Le premier devoir du monde moderne est de détruire cette superstition et on ne saurait la détruire qu'en supprimant les pauvres, en faisant du pauvre un citoyen comme les autres, que rien ne distinguera des autres ; qui ne donne pas ce scandale intolérable de pouvoir vivre sans confort, de paraître ainsi mépriser le confort, ce confort dont l'idée tient dans la société actuelle la place que tenait dans l'autre l'idée de salut, le confort au nom duquel l'État prétend disposer de nos biens, de nos travaux, de nos vies, de nos consciences et faire de nous, au bout du compte, des robots. Car le robot, pour le monde moderne, c'est l'homme sauvé."