samedi 30 septembre 2017

Les aventuriers de l'arche perdue.

Dans l’introduction à son La Fontaine politique, Pierre Boutang fait allusion à une importante lettre à lui adressée par Maurras, depuis la prison de Clairvaux, en 1950, alors que le jeune successeur du fondateur de l’Action française songeait à se retirer du combat politique pour revenir à ses amours philosophiques et littéraires. Lettre qui eut l’effet escompté, Boutang repartant au combat (était-ce une bonne chose en soi, c’est une autre question) ; lettre dont j’avais fortuitement le texte complet sous la main. J’en ai déjà cité des extraits dans le temps, en voici une citation plus longue et plus complète : 

"Songez ! Abandon du combat ! Songez encore ! Expatriation ! Joli, l’engagement, alors ! Ces choses graves donnent aux mots le sens le plus dur (…). Nous bâtissons l’arche nouvelle, catholique, classique, hiérarchique, humaine, où les idées ne seront plus des mots en l’air, ni les institutions des leurres inconsistants, ni les lois des brigandages, les administrations des pilleries et des gabegies, où revivra ce qui mérite de revivre, en bas les républiques, en haut la royauté et, par-delà tous les espaces, la Papauté ! Même si cet optimisme était en défaut et si, comme je ne crois pas tout à fait absurde de le redouter, si la démocratie étant devenue irrésistible, c’est le mal, c’est la mort qui devaient l’emporter, et qu’elle ait eu pour fonction historique de fermer l’histoire et de finir le monde, même en ce cas apocalyptique il faut que l’arche franco-catholique soit mise à l’eau face au triomphe du Pire et des pires. Elle attestera dans la corruption éternelle et universelle, une primauté invincible de l’Ordre et du Bien. Ce qu’il y a de bon et de beau dans l’homme ne se sera pas laissé faire. Cette âme du bien l’aura emporté, tout de même, à sa manière, et persistant dans la perte générale, elle aura fait son salut moral et peut-être l’autre. Je dis peut-être, parce que je ne fais pas de métaphysique et m’arrête au bord du mythe tentateur, mais non sans foi dans la vraie colombe, comme au vrai brin d’olivier, en avant de tous les déluges."

(La coupure est à la fois de l’éditeur et de moi : il y a une coupure, et c’est à cet endroit que j’en ai aussi pratiqué une.)

Il est bien évident que Maurras joue de la fibre catholique du croyant Boutang, mais ce n’est pas que manipulation ou stratégie : s’il a tourné autour de la question de Dieu une bonne partie de sa vie, il finira par se convertir avant de mourir. 

 - Et ce n’est pas une question anecdotique. Ce texte a été écrit il y a 57 ans : par-delà sa beauté propre, quand on pense aux dégâts commis par l’« irrésistible » démocratie depuis, l’accélération de ce processus « apocalyptique » ces dernières années, on se dit que l’« arche » pour laquelle il faut encore lutter, les raisons de Maurras demeurant valides, si elle est encore franco-catholique, ne sera peut-être plus française que d’esprit, pas de lieu, en tout cas pas nécessairement. Depuis 1950 un pas aurait été franchi, l’« expatriation » à laquelle pensait Boutang et que Maurras condamnait étant maintenant un processus « démocratique » à l’oeuvre en France même et s’exerçant sur les Français. - Heureux ceux qui ont une foi religieuse, qui leur permet d’affronter cette déconfiture avec d’autres armes que les miennes… Je décrypte ici la pensée de Maurras tout en parlant en mon nom. 



Et pourtant, au jour le jour, malgré la saleté et la tension croissantes à Paris, on y vit toujours agréablement. C’est encore civilisé…  

vendredi 29 septembre 2017

"La France n'a plus besoin de héros ; elle a besoin de travailleurs."

Formule du franc-maçon P. Ramadier (entré dans l'histoire, en tant qu'austéritaire, comme on dirait aujourd'hui, sous le surnom de « Ramadiète »), premier ministre, en 1947. Difficile de ne pas imaginer des variations sur cette sentence, citée par Pierre Boutang dans son La Fontaine politique : "La France n'a plus besoin de travailleurs ; elle a besoin d'esclaves." ; "La France n'a plus besoin d'esclaves ; elle a besoin de robots." ; "La France n'a plus besoin de Français ; elle a besoin de migrants." Etc.

La France a sans doute besoin de héros (mais peut-elle encore les produire ?). Elle n'a pas forcément besoin d'hommes politiques - surtout pour lui dire ce dont elle est censée avoir besoin. 

jeudi 28 septembre 2017

The times they are a-changing...

"Dans ma jeunesse la musique – qui est l’ambiance même des jeunes d’aujourd’hui, n’existait pas. Nous n’avions à l’époque ni grammophone, ni disques, ni télévision. Je n’ai donc jamais entendu de musique avant l’âge de vingt ans." 

Jacques Ellul. 

mercredi 27 septembre 2017

Sartre : "Abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre."

Et François Bousquet d’enchaîner, dans sa brillante recension (dernier numéro d’Éléments) d’un livre que je n’ai pas ouvert, l’Histoire mondiale de la France de Patrick Boucheron (dont la thèse semble être : non seulement la France n’a jamais existé mais elle a toujours été nulle ; de même que dans la théorie du genre il n’y a pas de sexe mais les hommes hétérosexuels sont des merdes) : 

"Du moins la haine de soi était-elle chez Sartre sous amphétamines, électrisant le lecteur. Chez Boucheron, elle est sous sédatif, l’assommant, tant elle est sinistrement moralisatrice, comme un prêche postconciliaire ou un laïus cornichon sur les droits de l’homme. Personne n’y croit. Surtout pas lui. Toute bonne carrière universitaire se fait désormais sur la haine de soi, passeport de la réussite. (…)

Derrière ces expiations théâtrales et doloristes, se cache toujours la figure de Tartuffe. C’est ce que Daniel Sibony a appelé la « culpabilité narcissique » et qui n’est jamais que l’ultime avatar du complexe de supériorité occidental. Cette culpabilité d’un genre nouveau, « signe d’une exigence éthique supérieure », tient lieu d’ « éthique officielle ». Elle repose sur un procédé psychologique fréquent : endosser ou feindre d’endosser sur soi une faute pour en décharger l’Autre. Ce qui vous place au centre du jeu et fait de vous une personne responsable au-dessus de la mêlée. Accessoirement, ajoute Sibony, « c’est la carte la plus rentable ». Car cette haine de soi, cette francophobie échevelée est trop controuvée, trop insincère, trop célestement vertueuse, pour ne pas être à son tour interrogée. N’obéirait-elle pas à de tortueuses stratégies académiques ? Dans tous les cas, elle répond à la demande de conformisme universitaire, univers de cooptation du même par le même. Ainsi de Boucheron, type même de l’intellectuel organique, au sens gramscien du mot, organiquement lié au groupe institutionnellement dominant. C’est lui qui trône au Collège de France, ce sont les siens qui verrouillent l’appareil universitaire, qui contrôlent l’EHESS, l’École des hautes études en sciences sociales, et trustent les postes au CNRS. Partout ailleurs, on parlerait d’abus de position dominante, pas ici, alors que cet abus est double, en tant que tel et en tant qu’il est nié. Du haut de sa chaire, Boucheron se croit autorisé à parler au nom des dominés. C’est le tour de passe-passe des bourdieusiens qui jouent commodément aux résistants, en première ligne face au péril de l’« étrécissement identitaire ». Ils n’ont jamais à questionner leur domination. Elle est prééminente, mais occultée."

Après tout il est normal que dans un pays occupé les arrivistes pratiquent la haine de soi, que les collabos engueulent le bas peuple. 


Pour nous/vous changer les idées, je vous signale un excellent texte de Pierre-Michel Bonnot, admirable chroniqueur rugby à l’Équipe, sur l’évolution si regrettable de ce qui fut le plus beau et le plus poétique des sports collectifs. Le début de l’article est ici : https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Le-contre-pied-de-bonnot-rendez-l-argent/837628, peut-être trouvera-t-on la suite reproduite par d’autres dans les jours à venir, j’ai quant à moi assez travaillé…

mardi 26 septembre 2017

"Chacun doit être acteur de sa propre sécurité."

Lorsque le sous-préfet (c'est du neutre, pas du masculin, il faut tout expliquer...) Anne Loubiès dit cette phrase, elle ne se rend probablement pas compte de la portée potentielle de ses propos. Rappelons d'abord que ce généreux conseil a été donné avant l'arrivée du cyclone Irma sur Saint-Martin, et donc avant les pillages subis par ceux que Mme Loubiès et l'État français n'ont pas réussi à protéger : l'effet désastreux produit après coup par une telle phrase ne peut en toute justice faire oublier qu'il s'agit là, aussi, d'un avis de bon sens. 

Mais Irma et les pillards sont passés par là, ils ont été plus efficaces et plus présents que Mme Loubiès et l'État français... et cette phrase prend toute sa portée. Je ne dis là rien de nouveau, Marcel Gauchet a expliqué, après le 21 avril 2002 et le choc de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle ce que je vais répéter aujourd'hui. La nouveauté est qu'un représentant de l'État vende aussi ingénument et clairement la mèche, par l'union de ses paroles et de son déficit en action


Gauchet, donc : la naissance de l'État moderne, telle que théorisée et modélisée par Hobbes, se fait très clairement via un donnant-donnant entre les citoyens, qui sortent du régime féodal aux solidarités et contraintes multiples, et l'État en question. En gros, les particuliers déposent les armes, laissent l'État assurer leur sécurité et maintenir l'ordre, ils lui remettent, pour parler comme Max Weber, le monopole de la violence légitime. Pour une vie quotidienne plus pacifiée en son ensemble, chacun accepte de se désarmer (ce n'est pas un geste anodin ni facile) et de laisser l'État assurer la sécurité de tous, via des forces armées spécialisées et un univers juridique formalisé. La notion de légitime défense étant à la fois un résidu de l'ancien système et la limite acceptée par le nouveau. 

De ce point de vue, M. Gauchet le rappelait avec force quelques mois après que des millions d'électeurs français qui n'ont jamais lu Hobbes l'avaient fait dans les urnes, l'État ne saurait surestimer l'importance de sa mission régalienne d'assurer la sécurité de ses ressortissants : c'est cette mission qui l'a fait naître dans sa forme actuelle. Plus familièrement : c'est là-dessus que s'est fait le deal. Si l'État ne peut plus assumer cette mission, eh bien oui, on ne saurait mieux le dire que Mme Loubiès, chacun doit être acteur de sa propre sécurité. - Évidemment, pour reprendre un raisonnement de G. Debord dans les livraisons précédentes, nous sommes ici aussi les dindons de la farce, puisque le port d'armes est nettement plus réglementé en France qu'aux États-Unis : l'État (ou le truc qui nous contraint à plein de choses, nous donne des leçons et nous prend du fric) peut donc à la fois nous laisser tomber et nous punir si nous nous réarmons parce qu'il nous a laissés tomber. 


On peut disserter sur les causes, mais pas sur les responsabilités : c'est l'État qui a commencé, comme diraient des enfants. Il est aussi logique qu'inévitable que les autres contractants (du « contrat social »), en l'occurrence les simples citoyens, constatant que l'accord est de moins en moins respecté, agissent en conséquence et en anticipent, sans la souhaiter, la rupture.  



Peut-être reverra-t-on des Français avec des couilles et des responsabilités dans une cinquantaine d'années. 



lundi 25 septembre 2017

Triple peine.

Trois citations qui nous placent, nous les petits, les obscurs, les sans-dents, les remplacés…, dans un bien inconfortable triangle : 

 - "Le Traité de libre échange CETA est entré en vigueur" ; 

 - "L’État supprime les aides au maintien de l’agriculture bio" ; 

 - J. Attali : "Les villages retrouveraient une vie si l’on y recevait les réfugiés."

Sale week-end pour les agriculteurs français ! Le message des grands démocrates Macron et Attali est clair : nous allons maintenant bouffer de la nourriture encore plus trafiquée qu’avant, nous ne pourrons plus y échapper en payant, de temps en temps, un peu plus ; et, de toutes façons, ce qui reste d’agriculteurs dans les campagnes françaises, une fois suicidés ou retraités, laisseront la place à des « migrants » et autres « réfugiés » qui à n’en pas douter mettront une bonne ambiance dans les villages. Occasion de rappeler que jusqu’à une date relativement récente la France était un pays majoritairement rural, et que, pour reprendre et élargir le diagnostic de G. Debord cité dans les textes précédents, c’est sur le rapport dialectique et conflictuel entre Paris et la province que se sont construites certaines formes de la spécificité française. 


Bref, comme disait Jean-Paul Sartre, on a raison de se révolter… D’ailleurs, une femme politique de gauche nous l’a récemment confirmé. Mais ce sera pour demain, vous avez déjà eu trois citations aujourd’hui et, j’espère, le moral en hausse. 

dimanche 24 septembre 2017

Debord, suite et fin. La France est assurément regrettable. La question centrale, profondément qualitative...

"Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front national) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré ». Tout ce qu’ils veulent tous conserver leur interdit de regarder un seul problème en face, et dans son véritable contexte. Les uns feignent de croire que ce n’est qu’une affaire de « bonne volonté anti-raciste » à imposer, et les autres qu’il s’agit de faire reconnaître les droits modérés d’une « juste xénophobie ». Et tous collaborent pour considérer cette question comme si elle était la plus brûlante, presque la seule, parmi tous les effrayants problèmes qu’une société ne surmontera pas. Le ghetto du nouvel apartheid spectaculaire (pas la version locale, folklorique, d’Afrique du Sud), il est déjà là, dans la France actuelle : l’immense majorité de la population y est enfermée et abrutie ; et tout se serait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul immigré. Qui a décidé de construire Sarcelles et les Minguettes, de détruire Paris ou Lyon ? On ne peut certes pas dire qu’aucun immigré n’a participé à cet infâme travail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter strictement les ordres qu’on leur donnait : c’est le malheur habituel du salariat.

Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (Et pas seulement par le statut juridique, la couleur, le faciès.) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de Français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, de Français ? On sait que la natalité baisse. N’est-ce pas normal ? Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. Ils les envoient à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour apprendre l’analphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nombreux sont ceux qui les trouvent « insupportables » et les frappent plus ou moins violemment. Les enfants sont encore aimés en Espagne, en Italie, en Algérie, chez les Gitans. Pas souvent en France à présent. Ni le logement ni la ville ne sont plus faits pour les enfants (d’où la cynique publicité des urbanistes gouvernementaux sur le thème « ouvrir la ville aux enfants »). D’autre part, la contraception est répandue, l’avortement est libre. Presque tous les enfants, aujourd’hui, en France, ont été voulus. Mais non librement ! L’électeur-consommateur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choisit » quelque chose qu’il n’aime pas. Sa structure mentale n’a plus cette cohérence de se souvenir qu’il a voulu quelque chose, quand il se retrouve déçu par l’expérience de cette chose même. (…)

Il vivra des gens sur la surface de la terre, et ici même, quand la France aura disparu. Le mélange ethnique qui dominera est imprévisible, comme leurs cultures, leurs langues mêmes. On peut affirmer que la question centrale, profondément qualitative, sera celle-ci : ces peuples futurs auront-ils dominé, par une pratique émancipée, la technique présente, qui est globalement celle du simulacre et de la dépossession ? Ou, au contraire, seront-ils dominés par elle d’une manière encore plus hiérarchique et esclavagiste qu’aujourd’hui ? Il faut envisager le pire, et combattre pour le meilleur. La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains."


J’ai pratiqué quelques coupures (signalées), vous pouvez vous reporter à cette "Note sur la « question des immigrés »" (http://sinistrespectacle.exprimetoi.net/t24-notes-sur-la-question-des-immigres-guy-debord) pour les examiner si le coeur vous en dit. Disons que j’ai gardé ce avec quoi je suis le plus en accord (et ai enlevé quelques exemples un peu datés), l’idée n’étant pas de discuter les thèses de Debord pour elles-mêmes. 

samedi 23 septembre 2017

Debord, suite. "Une fierté pour leurs rares jours de fête..."

"Nous avons ici les ennuis de l’Amérique sans en avoir la force. Il n’est pas sûr que le melting-pot américain fonctionne encore longtemps (par exemple avec les Chicanos qui ont une autre langue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un moment fonctionner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le centre de la fabrication du mode de vie actuel, le cœur du spectacle qui étend ses pulsations jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser aucune indépendance à ses sous-traitants locaux (la compréhension de ceci montre malheureusement un assujettissement beaucoup moins superficiel que celui que voudraient détruire ou modérer les critiques habituels de « l’impérialisme »). Ici, nous ne sommes plus rien : des colonisés qui n’ont pas su se révolter, les béni-oui-oui de l’aliénation spectaculaire. Quelle prétention, envisageant la proliférante présence des immigrés de toutes couleurs, retrouvons-nous tout à coup en France, comme si l’on nous volait quelque chose qui serait encore à nous ? Et quoi donc ? Que croyons-nous, ou plutôt que faisons-nous encore semblant de croire ? C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs esclaves s’indignent que des métèques menacent leur indépendance !

Le risque d’apartheid ? Il est bien réel. II est plus qu’un risque, il est une fatalité déjà là (avec sa logique des ghettos, des affrontements raciaux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décompose entièrement est évidemment moins apte à accueillir sans trop de heurts une grande quantité d’immigrés que pouvait l’être une société cohérente et relativement heureuse. On a déjà fait observer en 1973 cette frappante adéquation entre l’évolution de la technique et l’évolution des mentalités : « L’environnement, qui est reconstruit toujours plus hâtivement pour le contrôle répressif et le profit, en même temps devient plus fragile et incite davantage au vandalisme. Le capitalisme à son stade spectaculaire rebâtit tout en toc et produit des incendiaires. Ainsi son décor devient partout inflammable comme un collège de France. »"

vendredi 22 septembre 2017

Extraits de la "Note sur la question des immigrés", G.-Ernest Debord.

"On ne discute que de sottises. Faut-il garder ou éliminer les immigrés ? Naturellement, le véritable immigré n’est pas l’habitant permanent d’origine étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et destiné à le rester. Beaucoup d’immigrés ou leurs enfants ont la nationalité française ; beaucoup de Polonais ou d’Espagnols se sont finalement perdus dans la masse d’une population française qui était autre. Comme les déchets de l’industrie atomique ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « scientifiquement » les seuils d’intolérance — les immigrés, produits de la même gestion du capitalisme moderne, resteront pour des siècles, des millénaires, toujours. Ils resteront parce qu’il était beaucoup plus facile d’éliminer les Juifs d’Allemagne au temps d’Hitler que les maghrébins, et autres, d’ici à présent : car il n’existe en France ni un parti nazi ni le mythe d’une race autochtone !


Faut-il donc les assimiler ou « respecter les diversités culturelles » ? Inepte faux choix. Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. Qu’est-ce qu’un centralisme sans capitale ? Le camp de concentration n’a créé aucun Allemand parmi les Européens déportés. La diffusion du spectacle concentré ne peut uniformiser que des spectateurs. On se gargarise, en langage simplement publicitaire, de la riche expression de « diversités culturelles ». Quelles cultures ? Il n’y en a plus. Ni chrétienne ni musulmane ; ni socialiste ni scientiste. Ne parlez pas des absents. Il n’y a plus, à regarder un seul instant la vérité et l’évidence, que la dégradation spectaculaire-mondiale (américaine) de toute culture." (...)

"Certains mettent en avant le critère de « parler français ». Risible. Les Français actuels le parlent-ils ? Est-ce du français que parlent les analphabètes d’aujourd’hui, ou Fabius (« Bonjour les dégâts ! ») ou Françoise Castro (« Ça t’habite ou ça t’effleure ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-t-on pas clairement, même s’il n’y avait aucun immigré, vers la perte de tout langage articulé et de tout raisonnement ? Quelles chansons écoute la jeunesse présente ? Quelles sectes infiniment plus ridicules que l’islam ou le catholicisme ont conquis facilement une emprise sur une certaine fraction des idiots instruits contemporains (Moon, etc.) ? (...)

Nous nous sommes faits américains. Il est normal que nous trouvions ici tous les misérables problèmes des USA, de la drogue à la Mafia, du fast-food à la prolifération des ethnies."


jeudi 21 septembre 2017

Dans le porno, "l'objet, c'est l'homme et son pénis toujours prêt."

Élisabeth Lesne, lors d'une enquête sur le cinéma X publiée par la revue féministe Le temps des femmes, en 1982, citée par Jacques Zimmer dans ses Histoires du cinéma X (2010), la coupure est faite par J. Z. :

"Nous avions presque toutes, à un moment ou à un autre, cassé du porno, sans trop connaître, mais en ayant très peur (...). Nous avions peur d'être confrontées à la violence, de voir des femmes humiliées, battues, or, dans la production visible en grandes salles, les femmes ne sont pas plus traitées en objets que les hommes, elles se montrent plutôt actives et pleines d'initiatives. L'objet, c'est l'homme et son pénis toujours prêt."

Malgré mon titre aguicheur, il faut bien sûr faire attention aux dates : cette dame évoque le cinéma des années 70, on ne généralisera pas sans prudence. - Et si, dans d'autres contextes, on voit bien la dialectique entre la révolte et l'éducation (par exemple, les surréalistes, formés par l'école de la IIIe République, qui tous savent leur latin, qui partent en guerre contre le système avec les armes que le système leur a données), pourquoi ne pas l'appliquer ici ? Pourquoi ne pas émettre l'hypothèse, fût-elle contestable, que le porno est resté regardable, et les actrices enthousiastes (et d'autant plus enthousiasmantes), tant qu'il y avait un vieux fond chrétien dans l'affaire ?

Bunuel serait vivant, j'en parlerais avec lui.


mercredi 20 septembre 2017

Les philosophes ne sont pas toujours beaucoup plus finauds que M. Tin.

"Nous vérifions une fois de plus [l'auteur évoque ici Deleuze, note de AMG] que la relation du maître à l'esclave est une constante de la pensée française depuis Kojève. Ce fait peut surprendre puisqu'en somme l'esclavage auquel on se réfère de tous côtés n'est pas celui qui a été aboli au XIXe siècle, mais toujours l'esclavage antique. En réalité, ce lieu commun « maître et esclave » recouvre une interrogation sur le progrès historique, sur l'éventuelle supériorité des Modernes (de religion chrétienne) sur les Anciens (de religion païenne). Et en même temps sur l'origine de ce progrès : la civilisation dont nous jouissons aujourd'hui est-elle l'œuvre du travail des esclaves, les maîtres faisant alors figures de parasites ? Ou bien est-elle la création d'une minorité d'hommes supérieurs ? On assiste, dans le discours post-kojévien, à de curieux échanges. Tantôt la « dialectique du maître et de l'esclave » se charge de connotations marxistes : le maître est un exploiteur, il jouit sans travailler (et sa seule justification devant le tribunal de l'histoire universelle est d'obliger son esclave à travailler sous peine de mort). Tantôt elle a des accents nietzschéens : le bourgeois moderne est considéré comme un être méprisable parce qu'il n'est qu'un esclave émancipé, un affranchi qui a intériorisé le maître."

Vincent Descombes. Qui ajoute en note : "Kojève disait par exemple : “Le Bourgeois n'est ni esclave ni maître ; il est - étant esclave du Capital - son propre esclave”."

Ce qui n'est pas idiot, mais réducteur. Je vous cite ce passage sans arrière-pensées précises et sans morale simple et explicite, pour son intérêt propre. Il y aurait ceci dit une piste à suivre, comme explication de certains malentendus : l'esclavage des intellectuels est l'esclavage antique, pas la traite des noirs ou l'esclavage en pays musulman. - Cela n'empêche évidemment pas Louis-Georges Tin d'être un gros con - de plus en plus gros d'ailleurs ; quand je le critiquais, il y a... 11 ans, Dieu me préserve ! (http://cafeducommerce.blogspot.fr/2006/05/le-beurre-et-largent-du-beurre_10.html), il était moins bouffi qu'aujourd'hui. Colbert te l'aurait grave asséché ! - C'est la mauvaise graisse de l'arriviste raté, de l'arriviste qui a toujours un train de retard, qui le sait, qui angoisse, qui digère mal, qui se doute qu'il fera un vilain petit vieux, une vieille commère envieuse que plus personne n'écoute, étouffé-e par sa rancoeur comme par son cholestérol...


mardi 19 septembre 2017

Autrefois...

"Autrefois la Grèce fleurissait au sein des plus cruelles guerres ; le sang y coulait à flots, et tout le pays était couvert d’hommes… Un peu d’agitation donne du ressort aux âmes, et ce qui fait vraiment prospérer l’espèce est moins la paix que la liberté."

Rousseau. « Un peu d'agitation... », le genevois se la joue facile, on parle tout de même de guerres. L'idée néanmoins n'est pas absurde, que la liberté soit plus profitable à l'espèce, comme il dit, que la paix. Nous qui sacrifions petit à petit toutes nos libertés à la paix, pourrions y réfléchir. (A moins que des « flots de sang » sur le territoire ne distraient bientôt et dans un premier temps nos esprits de ces réflexions générales...)

Ceci étant, un prototype, dans l'imaginaire en tout cas, du libéral, à savoir Guizot, nous avertit qu'il faut être prudent lorsque l'on parle de liberté : 

" Si le pouvoir n’a plus de mystères pour la société, c’est que la société n’en a plus pour le pouvoir ; si l’autorité rencontre partout des esprits qui prétendent à la juger, c’est qu’elle a partout quelque chose à exiger ou à faire ; si on lui demande en toute occasion de légitimer sa conduite, c’est qu’elle peut disposer de toutes les forces et a droit sur tous les citoyens ; si le public se mêle beaucoup plus du gouvernement, le gouvernement agit aussi sur un autre bien public, et le pouvoir s’est agrandi comme la liberté."

Voilà qui n'est pas sans évoquer Abel Bonnard, et notamment son Éloge de l'ignorance. Guizot-Bonnard, je n'aurais pas imaginé les rapprocher un jour... Mais c'est que nous sommes ici devant un couple paradoxal, État / liberté, que l'on peut comparer à celui formé au XIXe et dans la première partie du XXe par le bourgeois et l'artiste. Ça grandit ensemble, dans les querelles morales et de territoire, mais ça participe du même phénomène. Pour le dire vite, si les surréalistes n'avaient eu que des paysans à choquer, non seulement ils n'auraient pas gagné leur croûte, mais ils auraient vite cherché des occupations plus récréatives. De même, il y a une forme spécifique de liberté, envisagée par Guizot, qui croît en même temps que l'État moderne, dans une espèce de donnant-donnant, chacun intervenant de plus en plus dans le domaine de l'autre. Co-dépendance toujours conflictuelle, assez surréaliste pour le coup aujourd'hui : l'État nous a rarement autant emmerdé ; mais, dans le même temps, la position des représentants dudit État devient des plus fragiles - un rien, un presque rien, un trois fois rien ("C'est déjà quelque chose", comme disait R. Devos) pouvant les forcer à démissionner. C'est bien fait pour la gueule des arrivistes qui prétendent faire notre bonheur et même nous expliquer comment être heureux, mais ce n'est évidemment pas très sain. Et, comme beaucoup de phénomènes du monde actuel, cela n'a pas de raison de s'arrêter. Le système qui nous donne Internet, Tweeter, à l'aide desquels nous pouvons (entre autres) le faire chier, est aussi celui qui s'incruste chez nous, dans nos téléphones, nos ordinateurs, et nous le laissons faire, parce que nous ne savons pas comment nous y opposer, autrement, justement, que sur Internet. Et ainsi de suite... pour l'instant. 

lundi 18 septembre 2017

"C'est l'ennemi qui vous désigne..."

"...Et s'il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d'amitié, du moment qu'il veut que vous soyez son ennemi, vous l'êtes."


J'ai déjà cité, dans le contexte du bien que pense de nous le monde islamique, et de la façon dont il nous le prouve de plus en plus régulièrement, cette phrase de Julien Freund. Elle m'est revenue à l'esprit en lisant l'article (j'ai du mal à insérer des liens en ce moment, je recopie : http://rochedy.com/2017/09/finir-complexe-mediatique-de-droite-face-a-gauche/) que Julien Rochedy a adressé à Eugénie Bastié concernant l'attitude à avoir par rapport aux journalistes de gauche sur les plateaux de télévision. N'ayant grâce à Dieu aucune expérience de cet univers et sachant que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, c'est avec mesure et modestie que j'abonde dans le sens de J. R. : un militant LGBT, quand il se trouve en face d'Eugénie Bastié pour un « débat », ne voit pas en elle un contradicteur, mais un ennemi. Et elle ne risque pas de le faire changer d'avis. Au moins peut-elle, à côté de l'énoncé de ses arguments, être aussi ironique et incisive que possible. De toutes façons, les arguments égalitaristes que l'on entend en ce moment sont tellement débiles qu'il n'est pas possible de les démonter logiquement sans perdre un temps fou : il vaut donc mieux les « tailler ». 

Après, c'est ce que je voulais vous dire aujourd'hui avant que la maxime freundienne ne me revienne en tête, le drame actuel est bien là, drame dans tous les sens du terme, dramaturgique et émotionnel : plus la gauche est minoritaire dans le pays, plus elle le sent, plus ses arguments sont simplistes et stupides, plus elle tend à les remplacer par des insultes ou des procès d'intention... et plus elle gagne des élections, et impose sa loi - là encore, dans le sens juridique comme dans le sens de la légitimité morale ! Il y a quelque chose de pourri dans ce qui n'est plus le Royaume de France : plus ceux qui le détruisent sont cons, et plus ils l'emportent... 

On peut bien sûr penser qu'une situation aussi aberrante n'aura qu'un temps, ce serait même plutôt mon sentiment, mais celui-ci risque d'une certaine manière de conduire au pire. Que ce soit sur les questions d'avortement ou d'éducation, la conscience de la défaite prochaine chez ceux qui voient dans les Français des ennemis, peut amener à des extrémités regrettables. J'y pensais en voyant que certains manuels scolaires, plein de bonnes intentions (infernales, donc ?) concernant les « migrants » pratiquaient dans le même temps ce qu'on appelle, dans l'ignoble novlangue actuelle, l'écriture inclusive. Il y a quelques années, ce genre de lubies grotesques me faisaient rire à la lecture de textes pesants comme ceux de l'inénarrable Pierre Tévanian. J'avais manifestement sous-estimé le potentiel de nuisance de tous ces trous du cul : comment un gamin peut-il apprendre sa propre langue dans de telles conditions ? 

C'est aussi ça le drame, ou la tragédie : ceux qui ne croient pas à la perfectibilité de l'homme, réputés donc « pessimistes », sont les mêmes qui restent trop optimistes, tant sur la force de conviction du bon sens, que sur la morale et la conscience morale de leurs adversaires. Et c'est ainsi qu'Allah est grand, concluait Vialatte dans ses chroniques. Et c'est ainsi que Macron est président. Et c'est ainsi qu'on parle de PMA, de GPA, d'écriture inclusive, etc., comme de réelles possibilités... 


dimanche 17 septembre 2017

Je sème à tout vent.

"Sous le capitalisme, les gens ont plus de voitures. Sous le communisme ils ont plus de parkings." (W. Churchill.) - Et sous le socialisme d'A. Hidalgo, ils n'ont ni l'un ni l'autre, tout en payant quand même.

"Ce n'est pas l'élection qui est démocratique, c'est le dépouillement." (T. Stoppard)

"Quand j'étais petit, on me disait que tout le monde pouvait devenir président. Je commence à le croire." (Anonyme)

Dans un autre domaine, une pensée profonde de Jerry Seinfeld :

"Si l'on ne mentait pas, on ne ferait jamais l'amour."

Le mensonge qui rappelons-le n'est pas mentionné dans le décalogue (il y est question de faux témoignage tout de même) et ne figure pas parmi les sept péchés capitaux.

samedi 16 septembre 2017

Détente.

"Un député français s'était endormi pendant un débat. Quand il s'est réveillé, il s'est aperçu qu'il avait été deux fois Premier ministre." (O. Lewis)

"Si j'avais été assassiné à la place de Kennedy, je ne suis sûr qu'Onassis aurait épousé ma femme." (N. Kroutchev !)

"Un homme d'État est un homme politique décédé. Nous avons besoin de plus d'hommes d'État." (B. Edwards)

"Un homme politique, c'est quelqu'un qui est prêt à donner votre vie pour sauver sa patrie." (T. Guinan). - Voilà qui en Europe occidentale mériterait d'être réactualisé : il va donner votre vie pour sauver la patrie des étrangers.

"La seule différence entre les démocrates et les républicains, c'est que les démocrates permettent aux pauvres d'être aussi corrompus." (O. Lewis) Une bonne définition de la gauche...

vendredi 15 septembre 2017

Piqué chez E&R, ce n'est pas tous les jours.

Je n'ai pas pu lire encore dans son intégralité le face-à-face entre E. Zemmour et E. Todd publié par Le Figaro (il faut être abonné...), mais j'ai été frappé par une remarque dans la recension qu'en fait Égalité et Réconciliation : 

"À travers leurs réponses, on se dit que Zemmour est un drôle de nationaliste, qui rêve presque de son cauchemar, la fin de la nation française, tandis que Todd est une espèce d’antinationaliste plus compatible avec la nation et une nation apaisée."


Il faudrait voir pour Todd, il faudrait aussi se demander si la ligne de fracture entre les deux coreligionnaires n'est pas plus liée à la place accordée à l'économie et au matérialisme qu'au débat identité/souveraineté dont on nous rebat les oreilles, y compris à E&R, en tout cas dans cette recension, mais je trouve la remarque consacrée à E. Zemmour assez juste d'un point de vue psychologique. Il y a une drôle de pulsion de mort dans l'état d'esprit d'Éric Zemmour. Ce n'est pas tout à fait Onfray qui se réveille un matin et qui décide que puisqu'il pense que décadence il y a, tout est foutu, point à la ligne, c'est plus passionné, mais aussi vicieux. 


A suivre ! 

jeudi 14 septembre 2017

Les journalistes vus par Karl Kraus.

Ils "écrivent parce qu'ils n'ont rien à dire, et ils ont quelque chose à dire parce qu'ils écrivent."

Je retombe sur cette amabilité d'un grand journaliste à l'égard des moutons qui formaient et forment toujours l'écrasante majorité ("multitude accablante", comme chantait Brassens) de ses collègues. Je retrouve au même endroit deux citations de Jacques Bouveresse au sujet de Wittgenstein : 

"Wittgenstein s'est appliqué, pourrait-on dire, avec une sorte de génie de la destruction, à combattre toute espèce d'enthousiasme théorique et spéculatif : pour lui, l'entendement humain est en quelque sorte perpétuellement malade de ses propres succès, il ne connaît le plus souvent que pour méconnaître, il ne produit guère de lumières qui ne finissent par le rendre quelque peu aveugle ni de solutions qui ne constituent en même temps des problèmes." (On se permettrait de suggérer au rationaliste Bouveresse, avec tout le respect qui lui est dû à de nombreux égards, que son philosophe préféré n'était donc pas hermétique à la thématique du péché originel.)

"Ce que tous les ouvrages qui prétendent traiter de l'éthique ont en commun, pour des raisons intrinsèques, c'est le fait d'être condamnés à une sorte de mutisme prolixe ou de prolixité muette : ils en sont réduits, d'une certaine manière, à conjurer l'absence de l'objet par la prolifération indéfinie du discours  ; mais à aucun moment ils ne parviennent à donner l'assurance qu'une question véritable a été posée et que quelque chose a été réellement dit. C'est du moins ainsi que Wittgenstein tendait à les considérer."

- Et c'est ainsi que Luc Ferry ou André Comte-Sponville ont pu écrire - et vendre - de nombreux livres. 

mercredi 13 septembre 2017

Retour à et perpétuation du XIXe siècle. Balzac ne pensait pas printemps, n'était ni fainéant ni esclave salarié, ni enculiste...

Il était écrivain :

"M. Poiret était une espèce de mécanique. En l’apercevant s’étendre comme une ombre grise le long d’une allée au Jardin des Plantes, la tête couverte d’une vieille casquette flasque, tenant à peine sa canne à pomme d’ivoire jauni dans sa main, laissant flotter les pans flétris de sa redingote qui cachait mal une culotte presque vide, et des jambes en bas bleus qui flageolaient comme celles d’un homme ivre, montrant son gilet blanc sale et son jabot de grosse mousseline recroquevillée qui s’unissait imparfaitement à sa cravate cordée autour de son cou de dindon, bien des gens se demandaient si cette ombre chinoise appartenait à la race audacieuse des fils de Japhet qui papillonnent sur le boulevard Italien.

Je vous épargne l'explication de la métaphore, cela signifie : s'il appartenait encore à l'espèce humaine.

Quel travail avait pu le ratatiner ainsi ? quelle passion avait bistré sa face bulbeuse, qui dessinée en caricature, aurait paru hors du vrai ? Ce qu’il avait été ? (…) Peut-être avait-il été receveur à la porte d’un abattoir, ou sous-inspecteur de la salubrité. Enfin cet homme semblait avoir été l’un des ânes de notre grand moulin social (…), quelque pivot sur lequel avaient tourné les infortunes ou les saletés publiques, enfin l’un de ces hommes dont nous disons, en les voyant : Il en faut pourtant comme ça. Le beau Paris ignore ces figures blêmes de souffrances morales ou physiques. Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur. Parcourez-le, décrivez-le : quelque soin que vous mettiez à le parcourir, à le décrire ; quelque nombreux et intéressés que soient les explorateurs de cette mer, il s’y rencontrera toujours un lieu vierge, un antre inconnu, des fleurs, des perles, des monstres, quelque chose d’inouï, oublié par les plongeurs littéraires."

Dans l'édition Pléiade sur laquelle je relis ce début du Père Goriot, la métaphore de l'âne qui fait tourner le moulin de la société tout en restant bloqué à la même place et à la même tâche bêtifiante est évoquée ainsi en note :

"Cette image, par laquelle Balzac se représente le travail stupide de l'employé (l'esclave salarié du tertiaire, dirions-nous aujourd'hui, note de AMG), le hante depuis longtemps. En 1821, il écrivait à sa soeur Laure : « Si j'ai une place, je suis perdu, et M. Nacquart en cherche une. Je deviendrai un commis, une machine, un cheval de manège qui fait trente ou quarante tours, boit, mange et dort à ses heures ; je serai comme tout le monde. Et l'on appelle vivre, cette rotation de meule de moulin, ce perpétuel retour des mêmes choses ? »"

Apparemment, pour certains, en CDI, oui, ça s'appelle « vivre ». 

mardi 12 septembre 2017

"Fainéants…"

Aucune indulgence dans ce qui suit à l'égard de M. Macron : Président des patrons, de la généralisation de l'enculisme, de la morgue à l'égard des « petits blancs », immigrationniste, arrogant, aveugle (ne « voyant » pas la culture française…), etc. : ce petit merdeux semble bien confirmer les craintes que l'on pouvait légitimement éprouver à son endroit après son élection.

Ceci étant dit, et conformément, tant à mon impartialité bien connue qu'au principe énoncé hier à ce comptoir par feu Jean Madiran, ce n'est pas parce que M. Macron donne l'impression d'être un petit enculé qu'il a nécessairement tort sur tous les plans. "Fainéants", a-t-il donc osé dire. Je travaille quant à moi 70 heures par semaine, je connais beaucoup de gens qui travaillent beaucoup, j'en connais aussi qui aimeraient avoir un travail, un de mes meilleurs amis est syndicaliste et m'explique très bien quand nous nous voyons à quel point la phrase de Warren Buffet sur la lutte des classes (elle continue, mais il n'y a plus que les riches qui la font…) est vraie et décourageante pour qui se bat comme lui contre des patrons qui poussent en ce moment leur avantage le plus loin possible… Ce n'est pas parce que je mesure à quel point E. Macron se place ici dans le camp des riches et des vainqueurs, ce n'est pas parce qu'il est méprisable, que cela exonère les Français de la nécessité d'un examen de conscience sur ce thème.

Quand on prend le métro comme moi au moins deux fois par jour (hélas ! Dieu maudisse Anne Hidalgo…), quand on aime écouter les conversations des gens, quand on entend tous ces employé-e-s du tertiaire (j'utilise à dessein l'écriture dite inclusive - génie de la novlangue… - dans un but explicitement misogyne, tant il y a ici surreprésentation du genre féminin (genre et non pas sexe, décidément je suis ouvert à la modernité aujourd'hui  : surreprésentation des femmes, des homosexuels, des hommes féminins)) -, quand on voit tous ces gens se lamenter de leur ennui dans leur boulot de merde en ne pensant qu'à faire la fête à partir du vendredi soir, et aux vacances à l'autre bout du monde que ça leur permet de se payer une fois l'an, le tout sur fond de tristesse quotidienne et de consommation régulière d'euphorisants et d'antidépresseurs….

Eh bien, on se dit que si tous ces gens-là ne sont pas à proprement parler fainéants, ils sont bien tristes et fatigués, et l'on se demande si l'on ne devrait pas réfléchir aux dégâts humains du fameux modèle social français. J'entends l'objection : c'est parce qu'on détricote hypocritement ce modèle depuis trente ans (à cet égard, les saillies d'un Gattaz ou d'un Macron sur l'absence de réformes en France étaient effectivement des plus tartuffes et des plus culottées) que les Français sont aussi las, mal à l'aise, apeurés, schizophrènes. Il y a là une part de vérité, mais qui cache mal que si l'ensemble du pays va mal, c'est peut-être aussi parce que la génération qui a bénéficié des droits sociaux, des CDI, de la bonne conjoncture économique, etc., a profité bien plus pour elle-même que pour ses descendants de ses avantages. Il n'est pas illégitime de se demander si un peu d'inquiétude pour soi comme pour ses enfants au moins (n'en demandons pas trop aux gens) ne sert pas mieux la continuité d'un pays que cette sécurité, que nous n'avons pas fini de payer.

- Ceci ne voulant certes pas dire qu'il faille tout libéraliser, enlever tous les filets de sécurité pour les gens qui travaillent comme pour ceux qui ne trouvent pas de travail ou qui viennent de se faire virer. Je ne dis pas non plus que l'on doive aller au boulot en sautant de joie ou en affichant un sourire béat - j'ai la chance d'aimer mon travail, je ne m'y rends pas toujours plus content que ça. Formulons le problème ainsi : il ne serait pas inutile de se demander si le système actuel permet aux gens d'être à peu près heureux hors de leur travail, qu'ils aiment ou non celui-ci. Puisque M. Macron semble vouloir défaire un modèle déjà fatigué, n'est-ce pas l'occasion pour les opposants de « Jupiter » de se demander ce qui dans ce modèle vaut vraiment la peine ? Se faire chier toute sa vie dans le même boulot, est-ce un but ? La sécurité de l'emploi vaut-elle toutes les fainéantises morales ? A quoi sert de gueuler sur les immigrés qui viennent pour l'argent, sur les Arabes qui profitent des allocs, si l'on se maintient soi-même dans le matérialisme et l'immanence ? (Formulation préférable à celle qui m'est venue d'abord sous la plume : si l'on ne pense soi-même qu'au pognon.)

(Une précision : dans un texte quelque peu virulent, je disais il y a un mois que les « barbares » qui nous envahissent copiaient « leurs maîtres » dans le matérialisme de ceux-ci. Je maintiens ces termes, mais ils ne visent pas bien sûr des Africains qui pensent à se développer chez eux, sans vouloir à tout prix imiter l'homme blanc, y compris et surtout dans ses pires travers.) 

- C'est amusant, plus il me semble comprendre l'Islam, plus cette religion me semble aussi limitée que dangereuse ; et dans le même temps, plus il m'arrive (je devrais dire de nouveau, car c'était une des thématiques majeures de ce blog quand je l'ai démarré il y a douze ans) de comprendre ces musulmans et leur haine de la petitesse actuelle de notre mode de vie. - Des Français chiants, fatigués et fatigants, détestés et agressés par des cons de musulmans impérialistes, enculés en même temps par des capitalistes carnassiers, voilà le spectacle pathétique que notre pays nous offre depuis quelques années. Et ce ne sont pas les mariages pour tous, PMA et autres GPA qui vont décrisper l'ambiance…


(La schizophrénie française, je reviens sur ce thème : elle remonte bien plus probablement à la Révolution française qu'aux trente dernières années. C'est la Révolution finalement, encore à l'oeuvre de façon très manifeste chez M. Macron, qui donne aux Français une sorte de complexe vis-à-vis de l'humanité : comme si (cela s'est construit au fil du temps) on avait plus de chance de mériter de l'humanité si l'on se montrait de moins en moins Français. Ce travail étant par définition impossible à parachever, on peut dire que depuis deux siècles (graduellement), les Français soulèvent le rocher de Sisyphe, et qu'il leur retombe périodiquement sur la gueule. Ce qui serait une possible piste d'interprétation des multiples changements de régime depuis 1789).

lundi 11 septembre 2017

Les merveilleuses distinctions de l'oncle Jean (Madiran).

En note de son ouvrage sur L'intégrisme, Jean Madiran nous donne une mise au point ma foi claire sur les fausses symétries que l'on a trop souvent tendance à voir entre deux adversaires : capitalistes et communistes, Israéliens et Palestiniens, extrême-gauche et extrême-droite, etc. Je vous laisse appliquer les idées qui suivent aux exemples que vous souhaitez, en insistant sur le fait important que, justement, tous les cas que j'ai cités ne sont pas équivalents à cet égard, que la façon dont les symétries sont fausses n'est pas nécessairement la même dans chaque cas.

Précisons de plus que J. Madiran raisonne ici sur le cas des progressistes par rapport aux intégristes au sein du monde catholique, comme s'il suffisait de dire que certains étaient trop dans le camp du progrès, d'autres trop dans le camp de la réaction, pour régler la question. Qu'il y ait du trop dans deux camps ne signifie pas que ce trop soit de même nature, ni que les deux camps aient également tort.

Quant à la notion de prudence et de jugement prudentiel (Aristote, Saint Thomas, Wittgenstein...) : il s'agit une morale de l'action, la prudence est ici la vertu de la raison pratique lorsqu'elle affronte un cas singulier, que les seuls commandements religieux ou éthiques, ou la seule appréhension intellectuelle, ne peuvent définir parfaitement. En vocabulaire sportif, on parlerait de prise de risques contrôlée. J'y reviendrai peut-être, Madiran a écrit un joli petit opuscule sur le sujet. Laissons-lui donc la parole.

"En face de tendances ou d'excès contraires, on a facilement tendance à croire qu'il y aurait automatiquement symétrie de contenu et de gravité : si une telle simplification est commode aux auteurs de manuels, elle est rarement conforme à la réalité ; c'est une simplification logique, une classification claire, mais souvent, rien de plus. Modernisme et intégrisme, ou ultérieurement, si l'on veut, progressisme et intégrisme, sont contraires en ce qu'ils s'opposent l'un à l'autre : il ne s'ensuit pas qu'ils soient absolument symétriques, ni qu'ils doivent forcément, en justice et en prudence, être traités strictement de la même manière. En outre, il peut se trouver, à la racine de leur opposition, une erreur commune, mais inégalement acceptée, interprétée et développée. Selon les circonstances, un jugement prudentiel de l'autorité religieuse peut désigner, parmi deux tendances opposées et erronées, l'une des deux comme le plus grand péril du moment ; ce n'est pas un encouragement à tomber dans l'excès contraire (et non symétrique) ; mais c'est la nécessaire prise en considération de facteurs existentiels, contingents, qui sont hors des prises de la seule analyse logique."

Appliquons ces idées à notre situation : ce n'est pas parce que l'on est sensible aux dangers du sionisme que l'on doit considérer les djihadistes comme de simples instruments, comme de simples manipulés. Et inversement, on peut être antisioniste et considérer qu'en ce moment la priorité pour un Français réside plus dans la lutte contre le djihadisme que contre le sionisme. Etc.

dimanche 10 septembre 2017

Ce n'est pas tout à fait ce que je pense...

...mais c'est intelligent et exprimé en beau français :

"Toutes les cités, tous les États, tous les royaumes sont mortels ; toute chose soit par nature soit par accident un jour ou l'autre arrive à son terme et doit finir ; de sorte qu'un citoyen qui voit l'écroulement de sa patrie, n'a pas tant à se désoler du malheur de cette patrie et de la malchance qu'elle a rencontrée cette fois ; mais doit plutôt pleurer sur son propre malheur ; parce qu'à la cité il est advenu ce qui de toute façon devait advenir, mais le vrai malheur a été de naître à ce moment où devait se produire un tel désastre."

Guichardin, cité par Guy-Ernest (Debord). Si ce doit être un jour tout à fait ce que je pense, c'est que le désastre aura vraiment eu lieu (et que j'y aurai survécu).

samedi 9 septembre 2017

"Ce qu'il y a de pire pour un écrivain, c'est d'être un citoyen."

Paul Morand, 31 juillet 1973. Le même jour (dans son Journal inutile), il écrit :

"L'Europe, après avoir vu arriver Saxons et Frisons, ceux-ci remplacés par les Anglais, Belges... attend les Peche-nègres et les Turcomans."

Et encore une autre, toujours à la même date, suite à des réflexions sur le procès de Nuremberg :

"L'agresseur, c'est le vaincu."

vendredi 8 septembre 2017

"En ce qui me concerne, l'homosexualité a été une erreur."

Ce que j'aime bien dans la phrase un peu biscornue de Patrick Dupont, c'est qu'elle prend la théorie du genre au mot : si l'orientation sexuelle n'est plus tant une fatalité qu'un choix, ce que l'on nous serine maintenant après nous avoir répété le contraire il y a vingt ans (le problème étant dans la radicalité et le simplisme de ces « explications », personne ne détient la vérité sur l'homosexualité), il est logiquement possible de se tromper dans le choix en question. L'univers homo est rempli d'histoires de gars qui ont cru ou voulu croire qu'ils n'étaient pas pédés, et qui se sont rendu compte de leur « erreur ». Il ne devrait donc y avoir aucun problème logique à admettre une erreur dans le sens inverse. On devrait même applaudir, voilà un « progrès », une « avancée », une leçon de tolérance pour les homophobes, puisqu'une tarlouse de danseur étoile se révèle finalement capable de faire vibrer une sportive de haut niveau. On devrait. Mais Patrick Dupont s'en prend aujourd'hui plein la gueule, sous le prétexte qu'il ne veut plus en prendre plein le cul.

Peut-être est-il vrai qu'il n'y a pas de théorie du genre (au contraire de la culture française, soit dit en passant) : il n'y a qu'une vaste propagande pour l'homosexualité. Et tout le reste est littérature, comme écrivait un pédé célèbre, qui avait du mal à ne pas considérer son homosexualité comme une erreur...

jeudi 7 septembre 2017

Paul Morand lit des livres et des journaux sur l'Occupation et l'actualité.


"Abellio, mélange de polytechnicien et de Gascon, de rigueur scientifique et de fantaisie. (Femmes en amour, Cagoule en politique.)

Bruit fait autour du ridicule livre d'O. Paxton, auteur yankee sur un Vichy qu'il ignora. Il mentionne, entre autres bourdes, l'élection de J. Chardonne à l'Académie ! Il ne se doute pas du proaméricanisme de Laval et de Pétain ; il ignore qu'en 42, quand tout le monde était prêt à se replier sur l'Afrique du Nord, c'est l'ambassadeur des É.-Unis qui nous a dit : « Restez sur place ; vous nous êtes plus utiles à Vichy. » Après quoi, il nous ont laissés matraquer, à la Libération, par les communistes, comme de simples Indochinois."

 - Ne faites jamais confiance aux Américains… Ils traitent tout le monde comme de « simples Indochinois » (sauf… les Vietnamiens !), de toutes manières.

Une autre du même :

"L'Allemagne a attendu 1973 pour gagner la guerre ; en ce jour même [2 mars], à Bruxelles, la banque fédérale allemande a le franc et le dollar à sa merci."

mercredi 6 septembre 2017

Tamagoshi ta mère !

Relire Après l'histoire, écrit par Muray en 1998, conduit à se poser un certain nombre de questions, tant sur le dispositif théorique mis au point par l'auteur - évidemment très pertinent à de nombreux égards, mais aussi moins dense, plus rigide et plus poseur qu'à l'époque (1984) de la parution du 19e siècle à travers les âges -, que sur la problématique de la sortie de l'histoire. Non d'ailleurs, concernant ce thème précis, qu'il faille d'emblée donner tort à P. Muray : la façon dont une partie des Européens de l'Ouest semble se résigner plus ou moins consciemment à mourir, comme s'ils étaient, ou se pensaient, ou se savaient en fait déjà morts, va au contraire plutôt dans son sens. Mais nous aurons probablement - il faut le craindre… - l'occasion de revenir sur cette thématique brûlante. Pour aujourd'hui en effet, il s'agit d'un texte sur lequel on ne saurait guère reprocher, a posteriori et vu de 2017, à l'auteur de s'être trompé. Voici ce qu'il écrit au détour d'un texte consacré aux tamagoshis :

"Dans notre monde en cours de pacification, s'il n'y a plus guère de différence entre l'univers humain et l'univers animal, il n'y en a pas beaucoup plus entre ceux-ci et l'univers virtuel. Si la distinction entre humain et non-humain s'efface, on ne voit pas pourquoi les objets ne bénéficieraient pas, eux aussi, d'une reconnaissance pleine et entière (sauf à risquer de leur faire subir une régime de ségrégation des plus abusifs). D'autant qu'en l'occurrence, avec le « tamagoshi », il s'agit d'un objet propre à attendrir, à émouvoir, à bouleverser une humanité qui, c'est le cas de le dire, ne se préoccupe plus du tout de savoir si c'est la poule qui fait l'oeuf ou si c'est l'oeuf qui fait la poule. D'ailleurs, il n'y a même plus de poule et même plus d'oeuf. A sa façon, le  « tamagoshi » réalise presque idéalement le rêve de reproduction asexuée, de procréation autiste (sans père et sans mère) qui sera peut-être un jour pour tous le comble de la festivophilie en matière d'engendrement."

Le transhumanisme est festivophile… - Il faut se méfier des lignes de fracture trop simples ou trop systématiques, mais il est difficile ne pas noter que, si les événements récents - attentats, migrations massives… - vont peut-être forcer l'Europe à remettre le nez dans l'Histoire, ce sont souvent les plus Festivus de nos contemporains (avec guillemets si vous le souhaitez), les plus anti-Histoire, les plus LGBT-friendly, etc., qui sont aussi les plus « accueillants » envers les « réfugiés ». Et ce n'est pas une question de grandeur d'âme, pas du tout : c'est une question de philosophie, voire de religion. On est indifférentialiste ou on ne l'est pas. - Bref, nous en reparlerons !

mardi 5 septembre 2017

Il paraît que les jésuites (les vrais, les bons) reviennent à la mode.

A lire Baltasar Gracian, leurs leçons ne seraient en effet pas complètement inactuelles :

"La subtilité du raisonnement est pour les philosophes, la beauté du discours pour les orateurs, la force du corps pour les athlètes ; et le coeur grand est pour les rois. C'est la pensée de Platon dans son livre des Divinités. Qu'importe qu'on ait un esprit supérieur, si le coeur n'y répond pas ? L'esprit pense et arrange à peu de frais ce qui coûte infiniment au coeur à mettre en oeuvre. Souvent les plus sages conseils sur une glorieuse entreprise ne passent point le cabinet, et y avortent par manque de courage lorsqu'il s'agit de l'exécution. Les grands effets sont produits par une cause qui leur est proportionnée : et les actions extraordinaires ne sauraient partir que d'un coeur qui le soit aussi. Lorsqu'un coeur de héros forme des desseins, ce sont des desseins héroïques ; sa hauteur est la mesure de ses efforts, et le prodige est celle de ses succès."


lundi 4 septembre 2017

Retour au XIXe siècle.

Il faut se méfier de ce genre de lieux communs, mais quand on tombe (chez P. Muray...) sur cette phrase de Balzac, on doit bien admettre qu'ils ont leur part de vérité :

"Comme jamais il n'y a eu plus de positif dans les affaires, on a senti le besoin de l'idéal dans les sentiments. Ainsi moi, je vais à la Bourse et ma fille se jette dans les nuages."

Et Macron adopte Némo. Sentimentalité mièvro-fasciste et sentimentalité hippie rose gay friendly drogues douces etc. ne s'excluent pas. Le « système », pour parler comme Soral, aime bien les deux.  

dimanche 3 septembre 2017

Identité nationale rugbystique.

"Vu jouer à la télévision les All-Blacks. Le demi de mêlée, course de lièvre, les feintes des trois-quarts. Les passes qui se font dur et sec, comme l'éclair. Et toujours un homme à côté de son coéquipier devant l'obstacle."

Paul Morand, lui-même ancien rugbyman, en 1973.

samedi 2 septembre 2017

Rentrée littéraire.

"Nous étions à l'Étude..." - incipit de Madame Bovary, que je viens de rouvrir. Je vous retranscris pour reprendre cette série de citations un joli petit passage sur la jeunesse de Charles Bovary.

"Il maigrit, sa taille s’allongea, et sa figure prit une sorte d’expression dolente qui la rendit presque intéressante.

Naturellement, par nonchalance, il en vint à se délier de toutes les résolutions qu’il s’était faites. Une fois, il manqua la visite, le lendemain son cours, et, savourant la paresse, peu à peu, n’y retourna plus.

Il prit l’habitude du cabaret, avec la passion des dominos. S’enfermer chaque soir dans un sale appartement public, pour y taper sur des tables de marbre de petits os de mouton marqués de points noirs, lui semblait un acte précieux de sa liberté, qui le rehaussait d’estime vis-à-vis de lui-même. C’était comme l’initiation au monde, l’accès des plaisirs défendus ; et, en entrant, il posait la main sur le bouton de la porte avec une joie presque sensuelle. Alors, beaucoup de choses comprimées en lui, se dilatèrent ; il apprit par cœur des couplets qu’il chantait aux bienvenues, s’enthousiasma pour Béranger, sut faire du punch et connut enfin l’amour."

- Bien que l'envie soit forte de déverser des flots d'amertume décliniste pour mon retour de vacances, j'en resterai là pour aujourd'hui. A demain !