vendredi 30 mars 2007

La formule magique pour sauver le monde.

Ce serait quelque chose comme : Musil + Hegel.

Il n'y a plus qu'à faire ce calcul - en admettant que le monde mérite d'être sauvé.

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jeudi 29 mars 2007

Trouvé dans un vieux livre.

Et c'est présenté comme un lieu commun : "La France est une grande puissance musulmane." (Ce qu'il faut connaître de l'Islam, H. Desson, Boivin, 1932). Hallelujah !


Dans un tout autre domaine, j'apprends le décès du grand ténor Ernst Haefliger

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- après Astrid Varnay, Leopold Simoneau, Elisabeth Schwarzkopf, il serait injuste de ne pas lui consacrer quelques mots, il serait regrettable de ne pas profiter de l'occasion, si l'on ose dire, pour recommander sa prestation d'évangéliste dans la Passion selon Saint Matthieu de Jochum, ainsi que tous les enregistrements qu'il a effectués avec le génialissime chef Ferenc Fricsay,

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à la troupe duquel il eut l'honneur d'appartenir : L'enlèvement au sérail (version de référence, selon l'expression consacrée), La flûte enchantée (la meilleure version avec celles de Furtwängler, et à un moindre degré, Solti et Marriner, de cet opéra dont je n'arrive pas à décider si c'est un chef-d'oeuvre ou de la crétinerie, ou les deux, mais un chef-d'oeuvre peut-il être crétin, car c'est crétin, mais c'est génial aussi, etc.), Fidelio (la seule bonne version, mozartienne d'ailleurs, de cet opéra raté ?)... C'était l'Europe. - Et c'est pratique quand les gens passent, on en profite pour donner son avis sur tout et rien. Je m'arrête donc, et avant cette dure journée d'esclavage salarié, un dernier petit cadeau, piqué sur un site de philosophie - je ne pense rien du métissage en général, mais là il faut avouer que la collaboration libano-mexicaine a du bon :

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Chasse gardée du petit Pinault, ainsi va la vie. Et l'on voudrait ne pas être riche ! Ach, on a beau être baudelairien ("La femme est naturelle, c'est-à-dire abonimable", "Ce qui est créé par l'esprit est plus vivant que la matière", "L'enthousiasme qui s'applique à autre chose que les abstractions est un signe de faiblesse et de maladie.", etc.), on a ses jours de matérialisme. (Le 30.03 : Mais enfin, c'est de l'esprit, aussi, tout de même !)


Quant au site de philosophie en question, je ne sais pas trop ce qu'il vaut, mais on y trouve au moins un lien vers cette page consacrée à René Girard - je conseille notamment les entretiens avec l'intéressant Lucien Scubla et l'intéressant aussi, mais tout de même social-traître, Jean-Pierre Dupuy.

Un slogan des porteurs de valises durant la guerre d'Algérie pour finir : "Si vous voyez un flic blessé, achevez-le."


La paix soit avec vous !

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dimanche 25 mars 2007

Un bon socialiste est un socialiste mort (au travail).

En complément au texte déjà cité de M. Aliéné : je retrouve cette incise de Léon Bloy (Le mendiant ingrat, mai 1893) :

"Discours de Zola aux étudiants. A conserver. Cet idiot remplace Dieu par le travail."

Voici les extraits de ce discours, tel qu'ils sont donnés par l'édition que j'utilise ("Bouquins", p. 679) :

"On vous conjure de croire sans vous dire nettement à quoi (...). Vous croyez pour le bonheur de croire, vous croyez surtout pour apprendre à croire ; le conseil n'est pas mauvais en soi : c'est un grand bonheur de se reposer dans la certitude de la foi, n'importe laquelle. Je vais donc finir en vous proposant moi aussi une foi, en vous suppliant d'avoir la foi au travail. (...) Quelle saine et grande société cela ferait, qu'une société dont chaque membre apporterait sa part logique de travail ! L'homme qui travaille est toujours bon. Aussi suis-je convaincu que l'unique foi qui peut nous sauver est de croire à l'efficacité du devoir accompli et de l'effort de tous... Certes il est beau de rêver d'éternité, mais il suffit à l'honnête homme d'avoir passé en faisant son oeuvre."

Je ne tiens pas spécialement à faire porter la lecture d'un tel texte dans un sens murayen (Le XIXè siècle à travers les âges), mais il m'est difficile de ne pas le rapprocher d'une autre sentence de Bloy, fort proche dans le temps (janvier 1894) de la précédente, en rappelant au passage les tendances occultistes de Zola :

"L'imbécillité sentimentale du Protestantisme, compliquée vaguement des saloperies du Spiritisme, quoi de plus invincible ?"

(Sur le socialisme français, je rappelle l'existence de ces deux textes : politique et lobbying, réformisme et abolition de la peine de mort.)

Et puisque parler de socialisme dans le contexte actuel rappelle qu'une élection est à venir, et que l'on ne va tout de même pas faire comme si elle n'avait pas lieu, parlons-en, à un mois de l'échéance, ce sera fait.

Grosso modo, on s'en fout.

Cette élection me rappelle les débats sur le dopage dans le cyclisme et l'athlétisme. La chance du cyclisme, c'est que le public est capable de se passionner pour une course moins rapide que les années précédentes, tant que le suspense est au rendez-vous (alors que l'athlétisme ne peut impunément accepter que les records des années 80-90 restent invaincus jusqu'à la fin des temps : il est donc coincé entre l'aveu et la fuite en avant). Dans la campagne présidentielle, que je suis il est vrai d'assez loin, les candidats sont médiocres, mais proches les uns des autres, ce qui entretient la curiosité. D'où que l'on puisse claironner que les Français se passionnent pour elle - sans pouvoir dire pour quoi, effectivement, ils se passionnent.

Ceci dit, récapitulons rapidement : Nicolas "Commerce-Sionisme-Darwin-Flic-Cécilia-etc." Sarkozy est de loin le pire, mais - héritage Castoriadis-Verschave - mieux vaut un Sarkozy qui n'ait pas les mains libres, qu'une Royal ou un Bayrou que l'on laisse nous enduire de vaseline, avec ce qui s'ensuit. Le résultat des élections est une chose, l'attitude de la "société civile" (hum ! passons) en est une autre.

Sinon... Je ne peux que citer de nouveau Léo Ferré :

"T"as voté,
T"as voté,
Si t'as voté c'est qu't'avais l'choix,
Alors alors, démerde-toi !"

Sauf péripétie, je ne reviendrai pas sur le sujet, lequel m'inspire, on le voit, modérément. De surcroît - et ce n'est pas contradictoire avec ce que dit Léo -, je travaille dans les bureaux de vote le jour des élections, je ne pourrai même pas réagir à chaud à l'annonce du deuxième tour.


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Eux (eux seuls ?) avaient tout compris : les échanges comme prétexte à vivifier l'existence, la monotonie et la différence, la "tradition" et la "nouveauté" du même mouvement - le système et l'excès. C'est une des rares conséquences positives de la Grande Guerre : le Polonais Malinowski se retrouva bloqué plusieurs années par les Anglais aux Trobriand, et il en ramena ce témoignage unique sur l'existence de cette merveilleuse organisation de la société (disparue depuis). Et l'on sait l'influence de ce texte sur l'Essai sur le don. Bon, ça n'a pas changé grand-chose à l'avenir des hommes, mais au moins sait-on, sait-on effectivement quitte à n'en pouvoir pas beaucoup plus influer sur les événements, qu'"un autre monde est possible", ou l'a été.

Baudelaire, pour finir : "Ce qui est créé par l'esprit est plus vivant que la matière." Amen !

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vendredi 23 mars 2007

Rien de nouveau sous le soleil (nuancé).

[Petit ajout le 24.03.]

[Ajout le 6.04.]

[Ajout le 12.01.08.]



Je découvre, sur l'un des sites de J.-P. Voyer, l'existence, à la suite de la section "Fanatique", où se trouvent des textes sur l'Islam et M. Ben Laden, d'une rubrique intitulée "Fanatique modéré", où sont regroupés des textes consacrés principalement à Durkheim. Cet oxymore m'a d'autant plus frappé qu'il y a quelque temps, avec un ami, nous en arrivions à la conclusion qu'il fallait souvent se comporter en extrémiste de la modération, pour couvrir, ou essayer de couvrir le bruit de tous les grands prêtres de l'Economie, du Communautarisme, de la Bien-Pensance..., toujours prêts à flinguer la moindre expression, surtout nuancée, de doute, de scepticisme, et, donc, de modération (fût-ce d'ailleurs, chez certains, au nom même de la modération).

[Le 24. 03.] Ce n'est pas le seul but poursuivi ici, mais il arrive que je me dise que si tout le monde s'exprimait avec un minimum d'honnêteté, je ne fermerais peut-être pas boutique, mais réduirais fortement mes horaires d'ouverture. On se nourrit de ce que l'on critique. - Autant dire que je n'ai pas fini d'engraisser. De toutes façons, le paradis ne se trouve pas sur terre, surtout depuis la disparition de la kula. [Fin.]

(Une réminiscence d'Anders, une nouvelle fois : "Aujourd'hui il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d'une façon révolutionnaire. Mais avant tout, nous devons être conservateurs au sens authentique, conservateurs dans un sens qu'aucun homme qui s'affiche conservateur n'accepterait." - 1977. "Ensuite", "ensuite"... il y a déjà pas mal de travail avant.)

Il y a cette pente-là chez Durkheim, justement, de même que chez V. Descombes, mais avec des moyens différents : leur position dans le monde universitaire leur permet d'accomplir un travail de démolition réel mais paisible, serein, presque sans avoir l'air d'y toucher. Un exemple parmi d'autres : au détour d'un paragraphe de la Division du travail social, Durkheim sort brièvement de son sujet et ose une supposition : "Peut-être même l'observation établirait-elle que, chez les individus, comme dans les sociétés, un développement intempérant des facultés esthétiques est un grave symptôme au point de vue de la moralité." Nous sommes en 1893, et voilà une bonne partie du travail de Philippe Muray déjà effectuée. D'une façon générale, Durkheim comme V. Descombes écrivent comme des héritiers des Lumières, mais en partie pour détruire certains présupposés des Lumières.

Dans les deux cas - "Fanatique", "Fanatique modéré" -, il y a un prix à payer. Dans le premier cas, on risque de passer pour un pitre et/ou un fasciste, ce qui, lorsque l'on a autant le sens de la nuance que J.-P. Voyer (ou, d'ailleurs, M. Limbes), est, inévitable peut-être, sans aucun doute regrettable. Dans le deuxième cas, on peut être victime de l'effet inverse : malgré l'héritage sulfureux d'un Bataille, Durkheim est toujours trop souvent présenté comme un triste positiviste, et V. Descombes, après trente de carrière universitaire, commence juste (mais c'est déjà ça) à être un peu connu "hors du cercle des spécialistes".

(A ce propos, vient de sortir un livre collectif consacré au maître

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je vous en reparlerai... un jour
)

Ne confondons pas pour autant l'image des écrivains (Durkheim positiviste, Voyer extrémiste, Bloy pamphlétaire, etc.) avec la réalité de leur oeuvre, n'en concluons pas que ces deux "fanatismes" soient exclusifs l'un de l'autre, ni qu'ils soient les seuls moyens de se faire entendre. On peut aussi, comme Musil, se perdre pendant vingt ans dans l'infini de la nuance, jusqu'à en mourir... et ridiculiser sept décennies à l'avance un brave bloggeur, qui découvre que ce qu'il lui arrive d'écrire, peut-être pas comme on découvrirait la lune, mais avec un certain enthousiasme, est déjà énoncé lors d'une réunion pompeuse, en 1913 par le personnage certes émouvant mais tout de même ridicule de la belle Diotime :

"Aussitôt après l'entracte, lorsqu'ils s'étaient retrouvés à leur place, on avait pu lire sur le visage de tous les assistants la conviction qu'un événement allait enfin être trouvé. Aucun d'entre eux n'y avait réfléchi entre-temps, mais tous avaient pris l'attitude de qui attend une grave décision. Diotime maintenant concluait : si la question se posait de savoir si notre temps, si les peuples d'aujourd'hui sont encore réellement capables d'engendrer [de] grandes idées communes, on devait, on avait le droit de demander également s'ils trouveraient la force rédemptrice. Car c'était bien d'une rédemption qu'il s'agissait. D'un élan rédempteur. La définition était brève : on ne pouvait encore se représenter la chose exactement. Cet élan surgirait de la totalité ou ne sortirait pas." (ch. 44)

Une preuve de plus que les problèmes que nous débattons ne datent pas d'hier.

[Le 6.04.] Je tombe sur ce commentaire de Canetti, lequel confirme mes propos (Oeuvres autobiographiques, "Pochothèque", p. 1306) : "J'admire Musil, ne serait-ce que parce qu'il ne lâche pas ce que sa sagacité a pénétré. Il s'y établit pendant quarante années et s'y trouve encore à sa mort." [Fin.]

Tiens, une autre dans le genre, et sortons clairement de notre sujet du jour - Bloy rencontrant R. de Gourmont : "Il me reproche ma dureté pour les Allemands, qu'il ne juge pas inférieurs aux Français. La supériorité de race, évidemment, n'existe pas plus pour lui que la présence réelle de Dieu dans les événements humains. Il parle des Slaves qui noieront Germains et Latins, et des Chinois qui noieront le monde entier. Opinion dont l'extrême banalité me surprend et me déconcerte." (Le mendiant ingrat, mars 1893.) Voilà qui rappelle des sentences céliniennes (Céline qui connaissait son Bloy) auxquelles j'ai déjà fait allusion, et avec éloge, autant que des fantasmes bien contemporains.

Non, rien de nouveau sous le soleil - "mais c'est vieux comme le monde, la nouveauté".



Les liens du jour : deux textes du même sur Molière : Dom Juan, L'avare. Dans le PS du premier, notre auteur, catholique pourtant revendiqué, fait du Girard sans avoir l'air de s'en rendre compte.

A bientôt !


[Le 12.01.08] Citées par J. Bouveresse (Essais, t. 1, Agone, 2000, p. 158), ces lignes de Nietzche sur les hommes forts, c'est-à-dire "les plus modérés, ceux qui n'ont pas besoin de croyances extrêmes, ceux qui non seulement acceptent mais aiment une bonne part de hasard, d'absurdité, ceux qui sont capables d'avoir une pensée de l'homme fortement réductrice de sa valeur, sans pour autant en être amoindris ni affaiblis...", ces lignes quelque peu baudelairiennes dans l'esprit, ces lignes nous séduisent - à la réserve près, bien sûr, que cette modération n'est pas un but en soi. Il y a des domaines où elle n'est pas de mise (l'honnêteté de BHL, l'agression américaine en Irak, les goûts sexuels de Carla Bruni, etc.).

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mercredi 21 mars 2007

"Parce que loin d'être philosémite à outrance, je suis philosémite en puissance."

(Léger ajout le 23.03.)

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Ce n'est pas le mot de la fin sur la question - qui n'a pas de fin, j'espère du moins pour les intéressés -, mais je retrouve dans ce texte, daté de 1954, beaucoup de mes impressions :

"Le Juif qui exige avec trop d'insistance d'être traité "comme un homme" - comme si rien ne le distinguait des autres - me paraît être un Juif insuffisamment conscient de son état de Juif. C'est là, bien, sûr, une exigence juste et combien compréhensible. Et pourtant, elle n'est pas à la mesure de leur réalité. C'est trop simple, trop facile...

Il me déplaît de voir que des Juifs ne soient pas à la hauteur de leur mission. Combien de fois dans mes conversations, même avec des Juifs pleins de bon sens, ne me suis-je pas heurté avec stupéfaction à une pareille mesquinerie dans l'appréciation de leur destinée ? (...)

Lorsque j'entends ces gens me dire que le peuple juif est tout à fait semblable aux autres peuples, c'est un peu comme si j'entendais Michel-Ange déclarer que rien ne le distingue de personne, Chopin demander pour lui-même une "vie normale", ou bien encore Beethoven assurer qu'il a lui aussi plein droit à l'égalité. Hélas ! ceux à qui fut donné droit à la supériorité n'ont plus droit à l'égalité.

Il n'est pas de peuple plus manifestement génial que le peuple juif, et je le dis non seulement parce que les Juifs ont engendré et nourri les plus hautes inspirations dans l'univers, qu'ils ont marqué de leur sceau l'histoire universelle, et qu'un nom juif, à jamais illustre, éclôt et naît à chaque époque. Mais c'est par sa structure même que le génie juif est manifeste : à l'instar du génie d'un individu, il est intimement lié à la maladie, à la Chute, à l'humiliation. Génial parce que malade. Supérieur parce qu'humilié. Créateur parce qu'anormal. Ce peuple - de même que Michel-Ange, Chopin et Beethoven - représente une décadence qu'il transcende en création et en progrès. Pour lui, la vie n'est jamais facile, il est en désaccord avec la vie, voilà pourquoi il se transforme et se tourne en culture...

La haine, le mépris, la peur, l'aversion que ce peuple suscite chez les autres peuples rappellent les sentiments avec lesquels les paysans allemands regardaient le Beethoven malade, sourd, sale et hystérique qui se promenait en gesticulant dans la campagne. Le chemin de croix des Juifs, c'est le chemin de Chopin. L'histoire de ce peuple - comme d'ailleurs toutes les biographies des grands hommes - n'est qu'une secrète provocation : il a le don de provoquer le sort, d'attirer sur sa tête toutes les calamités qui peuvent, peuple élu, l'aider à remplir sa mission. Quelles obscures nécessités furent à l'origine du phénomène ? Nul ne saurait le dire... Mais que ceux qui en demeurent les victimes ne tentent pas d'imaginer fût-ce un instant qu'ils arriveront à se tirer de ces abîmes pour en sortir sur un terrain droit et plat...

Il est curieux de noter que la vie du plus normal, du plus vulgaire des Juifs est dans une certaine mesure la vie d'un homme éminent : aussi normal et équilibré qu'il soit, et ne se distinguant en rien des autres, il s'affirmera pourtant différent ; il se trouvera, bien malgré lui, toujours en marge. Dès lors, on peut dire que même un Juif moyen est condamné à la grandeur, uniquement parce que Juif. Et pas seulement à la grandeur : condamné à une lutte désespérée, à un duel-suicide contre sa propre forme (en effet, comme Michel-Ange, il ne s'aime pas).

Aussi, ne croyez pas "réparer" cette épouvante en vous figurant être "comme tout le monde" et en avalant l'idyllique brouet des sentiments humanitaires. Que le combat pourtant qu'on vous livre puisse être moins vil ! Quant à moi, l'éclat dont vous resplendissez a plus d'une fois illuminé ma route - et je vous dois vraiment beaucoup."

W. Gombrowicz, Journal ("Folio", pp. 178-181).

Ce texte peut être prolongé, ou contredit, dans deux directions notamment, vers les rapports entre judaïsme et sionisme (cf. ce texte, dans lequel j'utilise l'expression "rançon de la gloire", qui m'est revenue à l'esprit en découvrant ce passage de Gombrowicz) ; vers les tensions entre richesse psychologique individuelle et pauvreté spirituelle communautariste (via notamment la référence à Michel-Ange et son homosexualité).


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(Message personnel ajouté le lendemain matin : je constate, le monde est petit et il n'y a pas de hasard, que ce Moïse offre dans son regard de frappantes ressemblances avec un ami juif homosexuel, E.L., que j'ai perdu de vue depuis quelque temps. Si cet ami me lit, il peut me contacter - au moins pour me rendre le disque auquel il est fait allusion ici. Fin de l'interruption.)


Il faudrait d'ailleurs soumettre le Journal de Gombrowicz à une étude serrée : dans la même page le terme "individu" peut vouloir dire quelque chose, puis, le paragraphe suivant, être brandi comme un fétiche et n'avoir aucune signification concrète. Ceci pour signaler aussi que je n'oublie pas le holisme et ses paradoxes. Mais depuis que je me suis aperçu que pour ne pas se soucier de l'argent il fallait en avoir très peu ou beaucoup, et que la deuxième solution présente l'avantage de me permettre de goûter plus souvent à des tournedos Rossini - eh bien, je m'enrichis, et ça prend du temps...

A la vôtre !


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(Le 23.03.)
Oui, j'écrivais hier "Il n'y a pas de hasard", et voilà que je tombe sur ces lignes de L. Bloy : "Il n'y a pas de hasard, parce que le hasard est la Providence des imbéciles, et la Justice veut que les imbéciles soient sans Providence." (Le mendiant ingrat, mars 1894). Espérons-le !

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mardi 20 mars 2007

"Minuscule noyau de feu."

Le plus simple est de reprendre les affaires presque là où nous les avions laissées, soit au chapitre 40 de la deuxième partie de L'homme sans qualités :

"Ulrich pensa tout à coup : "Pourquoi ne me suis-je pas fait pèlerin ?" Ses sens entrevoyaient une vie pure, absolue, d'une fraîcheur consumante comme l'air limpide. Celui qui ne veut pas dire "oui" à la vie devrait au moins lui opposer le "non" des saints ; pourtant, y penser sérieusement était strictement impossible. Il n'aurait pas pu davantage se faire aventurier, bien que cette vie-là dût ressembler à d'éternelles fiançailles, que ses membres et son courage en devinassent le plaisir. Il n'avait pu devenir un poète, ni l'un de ces désillusionnés qui ne croient plus qu'à l'argent et à la violence, encore qu'il eût des dispositions pour tout cela. Il oublia son âge, s'imagina qu'il avait vingt ans : alors, déjà, néanmoins, une décision intérieure voulait qu'il ne pût rien devenir de tout cela ; quelque chose l'attirait vers toutes les formes de la vie, mais quelque chose de plus puissant l'empêchait d'y atteindre. Pourquoi donc vivait-il d'une manière si peu claire, si indécise ? Sans aucun doute, se disait-il, ce qui l'exilait dans cette existence anonyme et confinée n'était pas autre chose que cette obligation de lier et de délier le monde que l'on appelle, d'un mot que l'on n'aime pas rencontrer sans épithète, l'esprit. Ulrich ne savait même pas pourquoi, mais il devint brusquement triste et pensa : "Tout simplement, je ne m'aime pas." Dans le corps gelé et pétrifié de la ville il sentait battre, tout au fond, son coeur. Il y avait là quelque chose en lui qui n'avait jamais voulu rester nulle part, sentant le long de lui les murs du monde et se disant qu'il en avait encore des millions d'autres ; ce Moi, goutte dérisoire, lentement refroidie, qui ne voulait pas céder son feu, son minuscule noyau de feu.

L'esprit sait que la beauté rend bon, mauvais, bête ou séduisant. Il dissèque un mouton et un pénitent, et trouve dans l'un et dans l'autre humilité et patience. Il analyse une substance et constate que, prise en grandes quantités, elle devient un poison, en petites doses, un excitant. Il sait que la muqueuse des lèvres est apparentée à celle de l'intestin, mais il sait aussi que l'humilité de ces mêmes lèvres est apparentée à celle du sacré. Il mélange, il dissout, il recompose différemment. Pour lui, le bien et le mal, le haut et le bas ne sont pas comme pour le sceptique des notions relatives, mais les termes d'une fonction, des valeurs qui dépendent du contexte dans lequel elles se trouvent. Les siècles lui ont enseigné que les vices peuvent devenir des vertus, et réciproquement ; il tient pour pure maladresse que l'on ne réussisse pas encore, dans le temps d'une vie, à récupérer un criminel. Il n'admet rien de licite ou d'illicite, parce que toute chose peut avoir une qualité qui la fera participer un jour à un nouveau grand système. Il hait secrètement comme la mort tout ce qui feint d'être immuable, les grands idéaux, les grandes lois, et leur petite copie pétrifiée, l'homme satisfait. Il n'est rien qu'il considère comme ferme, aucune personne, aucun ordre ; parce que nos connaissances peuvent se modifier chaque jour, il ne croit à aucune liaison, et chaque chose ne garde sa valeur que jusqu'au prochain acte de la création, comme un visage auquel on parle et qui s'altère avec les mots.

L'esprit est donc l'opportuniste par excellence, mais on ne peut le saisir nulle part, et l'on serait tenté de croire qu'il ne demeure de son action que décadence. Tout progrès constitue un gain de détail, mais une coupure dans l'ensemble ; c'est un accroissement de puissance qui débouche dans un progressif accroissement d'impuissance, et c'est une chose à quoi l'on ne peut rien."




Deux liens sur l'esclavage, salarié ou non, pour finir : une note de M. Aliéné, un article du Monde. Dieu nous protège !

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vendredi 9 mars 2007

Apocalypse - Misère de l'altermondialisme - Littérature et anthropologie.

Commençons par une citation d'ampleur quelque peu disproportionnée avec notre sujet - mais pourquoi se priver d'utiliser et d'exposer le talent des autres ?

"Cela se passait en 1945. L'Europe, dans la démence des jours de liberté et des ultimes batailles de la Lieutenance Nazie, tandis que fumait la Chancellerie, que s'achevait la Septième Symphonie de Bruckner, tandis que tout se déchaînait, subissait la prise, coups de force sur coups de force, tandis que les généraux russes couverts de vison entraient dans Prague, dans Buda, escortés de dromadaires chargés d'obus ; tandis que l'armée américaine dans ses ponchos de nylon, casquée d'acier, s'approchait pesamment de la Bavière et d'Ulm, derrière ses escadrons de chars, ses bulldozers ; tandis que sur le front d'Asie Tokyo Rose répétait d'une voix encore plus douce au G.I. en pleine jungle : "Hello boys... I hope you're having fun, because your wives at home are certainly having fun too with all those lucky guys...", la plus éclatante image de Rita Hayworth se balançait un instant au-dessus du Japon et la victoire remportée au prix de l'unique conflagration. Le XXè siècle, drakkar vert sur les flots de mazout, explosait dans un tourbillon d'étincelles, cent millions d'hommes, et c'était tout."

(D. de Roux, La mort de Céline, C. Bourgois, 1966, pp. 153-154).


Exprimer une déception revient à reconnaître une attente préalable - et pourtant je n'attendais pas grand-chose du nouveau Politis. Mais il était satisfaisant de voir que ce journal, avec ses qualités et ses limites, s'était sauvé tout seul, sans "l'aide" d'un Rothschild ou d'un BHL, en une certaine conformité avec son propos. Las, la première couverture de la nouvelle formule,


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avec le visage rayonnant de cynisme fier de la souillon pro-Royal Jamel Debbouze - Javel de Bouse : la merde à l'intérieur, le désinfectant universel à l'extérieur, M. Propre-sur-lui, M. République française et Islam moderne à moi tout seul, M. "je-suis-un-meilleur-flic-que-Sarkozy", etc. -, cette première couverture avait sonné comme un avertissement : nous sommes maintenant comme des poissons dans l'eau dans la réalité virtuelle des contestataires qui aident le système à fonctionner. La revue veut désormais assurer ses arrières, à grands jets de vaseline sur tout ce qui passe. Et cette semaine,


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à l'occasion de la pathétique "journée de la femme", l'appel à la si ridicule Clémentine "Je veux être Ségolène Royal à la place de Ségolène Royal" Autain (c'est la blanche derrière, oublions la rappeuse-à-l'air-à-moi-on-ne-la-fait-pas de service pour cette fois), quelle ambition, les putains modernes sont de sacrées donneuses de leçons, plus j'avale et plus je recrache (ah, la bi-phobie, ce douloureux problème !), un peu de folklore latino à la clé (la "Pasionaria"), confirme ce virage, ou cette actualisation d'une tendance déjà présente, ou cet aveu de soumission : on s'agenouille d'abord, on réfléchit après. Bref, et de nouveau sans prétendre découvrir la lune, on ne peut qu'être frappé par la coïncidence entre cette attitude et celle des différents leaders de l'altermondialisme ces derniers mois. Dans un cas comme dans l'autre, si j'avais versé de l'argent pour aider Politis, ou si j'avais eu le désir de voter pour une candidature "antilibérale", j'aurais de quoi déprimer. Mais, à mon tour d'avouer, ou d'expliciter l'implicite, si j'éprouve le besoin de m'énerver sur le sujet, c'est que, outre le plaisir de dire du mal des arrivistes modernes, de tels désirs m'ont à un moment ou un autre traversé l'esprit. Tous dans la même galère !


Pour conclure cette longue note de façon peut-être un peu plus constructive que ces plaisanteries de cour de récréation, poursuivons notre investigation des rapports entre littérature et anthropologie. Après Baudelaire, et plus anciennement, Dostoïevski (gosh ! je ne trouve pas la référence !), voici un passage de Musil (L'homme sans qualités, "Toujours la même histoire", ch. 39), que je livre à votre sagacité :

"Cette incertitude donnait au problème personnel d'Ulrich un vaste arrière-plan. Jadis, l'on avait meilleure conscience à être une personne qu'aujourd'hui. Les hommes étaient semblables à des épis dans un champ ; ils étaient probablement plus violemment secoués qu'aujourd'hui par Dieu, la grêle, l'incendie, la peste et la guerre ; mais c'était dans l'ensemble, municipalement, nationalement, c'était en tant que champ, et ce qui restait à l'épi isolé de mouvements personnels était quelque chose de clairement défini dont on pouvait aisément prendre la responsabilité. De nos jours, au contraire, le centre de gravité de la responsabilité n'est plus en l'homme, mais dans les rapports des choses entre elles. N'a-t-on pas remarqué que les expériences vécues se sont détachées de l'homme ? Elles sont passées sur la scène, dans les livres, dans les rapports des laboratoires et des expéditions scientifiques, dans les communautés, religieuses ou autres, qui développent certaines formes d'expérience aux dépens des autres comme dans une expérimentation sociale. Dans la mesure où les expériences vécues ne se trouvent pas, précisément, dans le travail, elles sont, tout simplement, dans l'air. Qui oserait encore prétendre, aujourd'hui, que sa colère soit vraiment la sienne, quand tant de gens se mêlent de lui en parler et de s'y retrouver mieux que lui-même ? Il s'est constitué un monde de qualités sans homme, d'expériences vécues sans personne pour les vivre ; on en viendrait presque à penser que l'homme, dans le cas idéal, finira par ne plus pouvoir disposer d'une expérience privée et que le doux fardeau de la responsabilité personnelle se dissoudra dans l'algèbre des significations possibles. Il est probable que la désagrégation de la conception anthropomorphique qui, pendant si longtemps, fit de l'homme le centre de l'univers, mais est en passe de disparaître depuis plusieurs siècles déjà, atteint enfin le Moi lui-même ; la plupart des hommes commencent à tenir pour naïveté l'idée que l'essentiel, dans une expérience, soit de la faire soi-même, et dans un acte, d'en être l'acteur. Sans doute y a-t-il encore des gens qui ont une vie tout à fait personnelle ; ils disent : "Nous étions hier chez tel ou tel", ou bien : "Nous faisons aujourd'hui ceci ou cela", et ils s'en réjouissent sans qu'il soit même nécessaire que ces phrases aient encore un contenu et un sens. Ils aiment tout ce qui est en contact avec leurs doigts, ils sont aussi "personne privée" qu'il est possible ; le monde, aussitôt qu'ils ont affaire à lui, devient "monde privé" et scintille comme un arc-en-ciel. Peut-être sont-ils très heureux ; mais d'ordinaire, cette sorte de gens paraît déjà absurde aux autres, sans qu'on sache encore bien pourquoi.


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Et tout d'un coup, devant ces considérations, Ulrich fut obligé de s'avouer, dans un sourire, qu'il était malgré tout ce qu'on appelle un "caractère", même s'il n'en avait aucun."


(Pour ceux que cela intéresse : mieux vaut choisir Furtwängler (qui s'y connaissait en apocalypse) ou B. Walter pour la 7è de Bruckner.)


P.S.1 : je m'absente de l'internet quelques jours. Au plaisir !

P.S. 2 : vive la liberté d'expression (note 2 de ce lien)...

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mercredi 7 mars 2007

"Tout va trop vite...

(Ajout le 9.03)



...et tout change sans crier gare.", chantaient Stone et Charden ("Heureusement il y a toi / Tu ne changes pas / Tu as toujours la même tête. / Toi, tu ne changes pas / T'es comme le prix des allumettes.") - Troyat, Baudrillard, Barre, Bush, Sarkozy, Royal..., on ne sait plus où donner de la plume. Heureusement il y a elle !

De mauvais esprits - des démons - y verraient de l'incitation au calembour lepéniste sur les différents usages du four, me souffle mon inconscient freudien, lourdement plombé de meaux (d'esprit), manifestement hanté par Lanzmann, c'est répugnant - et encore Mauricette (et son rapport au père) m'a-t-elle heureusement distrait quelque temps d'inavouables rêveries suggérés par M. Cinéma dans son commentaire du texte précédent, une bonne partie de la ma journée d'esclave salarié s'étant passée, Wagner à l'oreille ("Mein lieber schwann..."), hier, à imaginer ce que pouvaient être des rapports avec la fille du père - il faut dire qu'une des premières femmes nues qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie, après ma mère, fut Pierrette Le Pen en couverture du Canard enchaîné - ça vous pose un homme. Bon, il est des détails (aïe, Le Pen, encore...) qu'il vaut mieux passer sous silence, - "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire", comme disait un ancien camarade de classe de Hitler (la légende dit d'ailleurs que Wittgenstein n'avait pas arrêté de martyriser le petit Adolf à l'école - petites causes, grands effets ? -, mais je n'en garantis pas la véracité).


Il y eut une autre femme avant Pierrette (avant ma mère ?) - un célèbre livre de Norman Mailer trônait dans la bibliothèque maternelle, et a occupé quelques heures de ma vie :


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Cette photo ne s'y trouve pas, mais elle correspond à mon souvenir. - Les hommes juifs, les femmes blondes, Le Pen au milieu de tout ça... Voilà quelques choses inconnues, voilà comment se forme l'univers d'un gamin ! - Une prochaine fois je vous montrerai que le vrai responsable est Mitterrand. Bonne journée !




(Ajout le 9.03)


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J'ai adoré Portnoy quand je l'ai lu, m'identifiant sans peine à ce juif libidineux cherchant à baiser les Etats-Unis en même temps que les shiksa (femmes goy) américaines - comme si, quelque part, les femmes blanches n'étaient pas de mon monde. A ceux qui ne l'ont pas lu, et bien que cela remonte déjà à une bonne dizaine d'années, je ne peux que le recommander.

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mardi 6 mars 2007

Réac(tif). (Ajout le 28.04.)

La vie sans Marc-Edouard Nabe ne serait fondamentalement pas moins belle, mais elle serait moins drôle, ainsi que le prouve son nouveau tract, disponible sur les murs de Paris (rue Gît-le-Coeur notamment)... mais pas encore sur son site, que je vous encourage donc à surveiller ces prochains jours, notamment si vous êtes déjà convaincu que je suis complètement lepénisé et soralisé.

Je sais, c'est une annonce un peu frustrante. Ceux qui en ont l'occasion peuvent se promener dans le quartier latin, même si, avec le beau temps, les touristes y pullullent - et lorsque l'on accélère le pas pour contourner leur rythme si tristement pachydermique, l'on risque fort d'être renversé par les innombrables joggeuses, un peu trop souvent blondes pour être toutes françaises d'ailleurs, que le réchauffement de la planète nous envoie sur le rable dès fin février début mars. On ne m'ôtera pas de l'idée que l'énergie corporelle n'est pas indéfiniment cumulable et que ces dames seraient mieux inspirées d'utiliser la leur à des activités plus agréables, plus amusantes, et, en principe, moins masochistes. Au lieu de quoi elles s'épuisent à être sérieuses, massacrent leur poitrine, et, plus généralement, s'échinent à ruiner le fragile équilibre entre chair et muscles qui fait leur charme, comme écrit quelque part, justement, Alain Soral, au lugubre profit de ceux-ci.

Encore dois-je peut-être m'estimer heureux que les températures "clémentes" n'aient pas encore fait refleurir le doux son des tam-tam, qui pour toujours m'empêchera de trouver vraiment sympathiques les élégants noirs glandeurs qui m'empoisonnent la vie avec ces laïus si paresseux. Ach, eux au moins gardent leur énergie pour la gaudriole, eux au moins aiment les femmes bien en chair - ce qui prouve de nouveau que les joggeuses se cassent le cul pour rien, il ne leur reste que les esclaves salariés blancs et impuissants pour peloter le peu qu'il en reste. Heureusement, le CRAN oeuvre sans relâche pour que les "noirs de France" rejoignent ce si enthousiasmant troupeau des esclaves salariés, loin des stéréotypes néo-coloniaux dont je suis si lamentablement solidaire.


(Avez-vous remarqué ces femmes grassouillettes se promenant fièrement dans la rue au bras d'un étalon noir, en permanence sur leurs gardes, comme une lionne surveillant ses enfants, face à toute tentative d'approche de la part d'une sportive de service ? Cela me rappelle, bien que le rapport soit j'en conviens un peu lointain, ce que raconte Hérodote sur je ne sais plus quelle peuplade barbare, qui avait un original système pour marier ses jeunes filles : les plus belles étaient mises aux enchères, et l'argent ainsi recueilli servait de dot aux plus laides. Tout le monde y gagnait quelque part, toutes les filles étaient mariées, l'avenir de la tribu était assuré. Pas mal, non ?)

Bon, je m'arrête, mais je ne suis pas responsable du beau temps ni du réchauffement de la planète. Lesquels ne sont pas non plus directement responsables de ce que les jeunes femmes se déshabillent au moindre rayon de soleil - ce qui fait que, l'hiver, on peut regarder avec plaisir les jolies filles, alors que, l'été, il faut aussi supporter les moches (je laisse les lectrices transposer selon leur point de vue. Par ailleurs, on ne m'otera pas non plus de l'idée que la libido ainsi investie dans la jouissance de se faire regarder est en partie perdue pour la consommation de l'acte).

Pas que les jeunes femmes, d'ailleurs, c'est aussi ça le drame. J'ai brièvement évoqué, il y a longtemps, le livre La génération lyrique de François Ricard, consacré à la génération du baby-boom. L'auteur y explique, notamment, que ce que l'on a appelé la révolution sexuelle a surtout consisté, les jeunes filles n'ayant jamais, par définition, eu du mal à trouver des partenaires de jeu (sauf peut-être aux pires heures du triomphe de la bourgeoisie, et encore), à convaincre leurs mères qu'il était de leur devoir moral, vis-à-vis de leur propre féminité, de rester dans la danse aussi longtemps que possible. Ma foi, si les efforts qu'elles doivent consentir pour cela leur apportent assez de plaisir(s) en retour, je n'ai rien à y redire. Mais les mamans peroxydées avec string apparent, l'été, honnêtement... Bon, allez, une journée d'esclave salarié m'attend. A bientôt !


(Ajout le 28.04.)
Concernant le rapport entre exhibitionnisme et libido, voilà ce que l'on trouve au détour d'une page de L'homme sans qualités (ch.109) :

"On peut d'ailleurs considérer comme une règle générale que les femmes qui soignent à l'excès leur apparence sont relativement vertueuses, le moyen usurpant la fin ; tout de même que les grands champions sportifs donnent de médiocres amants, des officiers d'allure particulièrement martiale de mauvais soldats, et que des têtes aux traits particulièrement intellectualisés se révèlent vides comme des cruches." Amen !

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samedi 3 mars 2007

Baudelaire anthropologue.

"Le sacrifice et le vœu sont les formules suprêmes et les symboles de l'échange."


Par ailleurs, ce commentaire de Pierre Pachet :

"[La politique de Baudelaire] vise non pas à conserver, mais à conduire l'état social à un point de tension et de rupture, en évitant la rupture effective grâce à laquelle s'édifieraient en un mouvement oscillatoire, de nouvelles et plus féroces tyrannies ("les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d'ordre, de recourir à des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie". Nietzsche a traduit ce texte, en marquant sa désapprobation du "si endurcie")." (Le premier venu. Essai sur la politique baudelairienne, Les lettres nouvelles, 1976, pp. 165-66.)

Pour cela Baudelaire effectue des variations sur la peine de mort (cf. notamment "Une mort héroïque" dans Le spleen de Paris) en s'acharnant à déjouer aussi bien l'antique mise à mort sacrificielle que le pathos civilisateur, sur lequel il ne se fait pas d'illusions ("Il y a, dans nos races jacassières, des individus qui accepteraient avec moins de répugnance le supplice suprême, s'il leur était permis de faire du haut de l'échafaud une copieuse harangue, sans craindre que les tambours de Santerre leur coupassent intempestivement la parole." - cité par P. Pachet, p. 163). Quand le bouffon Fancioulle, dans "Une mort héroïque", condamné à mort, tient la foule sous la domination de son talent d'acteur, on touche à l'instable et profonde perversion du système baudelairien, ainsi que l'explique P. Pachet :

"En définitive, la foule se trouve sauvée parce que paradoxalement elle est "damnée" en un certain sens du mot ; au lieu d'avoir une foule rassurée dans sa bonne conscience par l'anathème jeté sur un condamné (foule sauvée selon la légalité [ou par le système antique de la victime émissaire]), on aura une foule exclue (...) du domaine paradisiaque où se meut pour un instant et pour toujours le condamné, une foule rejetée dans le domaine de Satan, et par là sauvée spirituellement (selon la légitimité)." car sans illusions.

Soit l'illusion, soit l'amertume.

Mentionnons, sans connaître la teneur exacte des objections de Nietzsche, que "l'endurcissement" de "l'humanité actuelle" est une réalité qui se manifeste par son indifférence au malheur (les grandes proclamations n'y changeant évidemment rien). Que par ailleurs l'humanité soit en même temps plus douillette n'a rien de contradictoire, au contraire. On n'insistera pas sur la véracité prophétique du propos de Baudelaire.


D'une façon générale, il est de plus en plus frappant de constater à quel point la période qui va du Second Empire à la Belle Epoque nous semble plus proche intellectuellement que les années 30. Il est vrai que si ladite période fut animée d'une énorme et féconde tension, les années 30 eurent tout, à la fois, d'un cauchemar et d'une hallucination.

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vendredi 2 mars 2007

Appel à témoins (du monde).

Nouvelle petite annonce : je compte mettre sur pied d'ici quelque temps une base documentaire, réunissant des textes consacrés aux thèmes et auteurs habituellement traités sur ce site. Je vous invite donc à m'envoyer, soit via les commentaires de cette note, soit par e-mail (mon adresse doit être affichée à droite, mais on m'a dit qu'il y avait parfois des problèmes : cafeducommerce arobase hotmail.fr), tout ce qui peut vous sembler digne d'intérêt - pour peu, au moins dans les semaines à venir, que ce ne soit pas trop lié à l'actualité immédiate.



En attendant, pour montrer l'exemple et pour coller justement un peu à l'actualité (drôle de terme, d'ailleurs... Nous verrons cela à l'occasion), je recopie (en la prenant sur le site d'Etienne Chouard) une interview d'Emmanuel Todd à Télérama en date du 3 mars. Bien que certains points soient discutables, je m'abstiens de tout commentaire.


" - Le 13 septembre 2006, vous déclariez dans une interview au Parisien : « Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont “les candidats du vide”. » C’est toujours votre opinion ?

À ce jour, je ne vois pas ce qui pourrait me faire changer d’avis. Je les appelle comme ça non pas pour leur côté people, la brume autour de leur vie de couple, mais pour une absence de discours sur la seule chose qui intéresse et angoisse les Français : le système économique qui a engendré la pression sur les salaires et l’insécurité sociale. Toutefois, il serait injuste de jeter l’anathème sur Sarkozy sous prétexte qu’il dit tout et n’importe quoi, et sur Ségolène Royal parce qu’elle ne dit rien sur l’économie, sans ajouter que François Bayrou les a malheureusement rejoints. Je persiste à dire que s’ils ne mettent pas la question du libre-échange au cœur de leur programme, ils seront à côté de la situation réelle du pays, des souffrances des gens. Cela explique que la campagne ne démarre pas, et que le corps électoral ne suive pas.

- Vous dénoncez un « système médiatico-sondagier » qui aurait « imposé » le binôme Sarkozy-Royal...

Dans les phases pré-électorales, avant que les thèmes aient été présentés par les candidats ou les partis, l’électorat populaire est inerte. Les sondages qui ont été réalisés à ce moment-là représentaient l’opinion des classes moyennes, et plutôt des classes moyennes supérieures, parmi lesquelles on trouve les journalistes, les sondeurs… Ces derniers le savaient mais, au lieu de reconnaître que leur boulot ne valait rien, ont préféré dire : « les sondages sont une photographie de l’opinion à un moment donné ». C’est une escroquerie ! Ils suggèrent que l’opinion change, alors qu’on assiste en réalité à un phénomène de formation, de cristallisation d’une opinion populaire qui n’existait pas et qui émerge dans le courant de la campagne.

- Mais ce ne sont quand même pas les sondeurs qui ont choisi Ségolène Royal !

Il est vrai que les adhérents n’étaient pas obligés d’écouter les sondages qui leur disaient que seule Ségolène Royal avait des chances. Beaucoup plus qu’il n’a désigné sa candidate, le PS s’est révélé indifférent aux questions économiques. C’est dommage, lorsque l’on voit qu’un Fabius, dans ses derniers discours, a mûri sa réflexion et propose une vraie vision de l’Europe.

- Un peu tard…

Oui, mais il ouvre aujourd’hui la voie à une contestation efficace du libre-échange. Et le premier candidat majeur qui abordera le sujet cassera la baraque !

- À quoi le voyez-vous ?

À l’automne dernier, j’ai fait quelques interventions radio en faveur de ce que j’appelle « un protectionnisme européen raisonnable ». La montée d’un prolétariat chinois sous-payé a un effet gravement déflationniste sur les prix et les salaires des pays industrialisés et elle n’est pas près d’être enrayée, car la Chine est un pays totalitaire. Il faut donc des barrières douanières et des contingentements provisoires. J’ai été très frappé de la réceptivité de la société française à cette remise en question du libre-échange. Puis Dominique de Villepin m’a demandé d’ouvrir la conférence sur l’emploi par un topo sur le sujet. Lorsque vous intervenez, non plus à la radio, mais au cœur du système, en présence du Premier ministre, du ministre de l’Économie, des syndicats, du Medef, c’est la panique. Tout le monde sent en effet qu’un candidat qui arriverait avec un projet protectionniste européen bien ficelé serait élu, d’où qu’il vienne. Et personne ne peut rire d’une Europe protégée de 450 millions d’habitants, d’autant moins qu’elle pourrait réaliser l’impossible, c’est-à-dire, à l’intérieur de chaque pays, la réconciliation des dirigeants et des groupes sociaux.

- Vous avez déclaré que l’émergence du thème protectionniste viendrait plutôt de la droite…

Le Parti socialiste et l’UMP sont tous deux décrochés des milieux populaires et probablement d’une bonne partie des classes moyennes. Ce sont des superstructures qui flottent dans les classes moyennes supérieures. Mais cette oligarchie est coupée par le milieu : le PS représente l’État, et l’UMP, le marché. Ceux qui sont bien logés dans l’appareil d’État — fonctionnaires de catégorie A, j’en fais partie — ont une indifférence encore plus grande aux maux du libre-échange. À droite, c’est vrai que le capitalisme financier s’en contrefout. Mais ce n’est pas le cas des secteurs de production. N’oubliez pas que le premier théoricien du protectionnisme, l’économiste allemand Friedrich List, était un libéral. Les protectionnistes sont des adeptes du marché, à condition de définir la taille du terrain…

- La régulation du marché ne serait pas qu’une histoire de gauche ?

D’abord, il faut rappeler que les socialistes ont une arrogance de bons élèves que n’ont pas les gens de droite. Ils oublient facilement que dans l’histoire des idées économiques, les basculements sont transpartisans ; au début des années 70, la gauche et la droite étaient en faveur d’une économie régulée par l’État. Le basculement dans l’ultralibéralisme a fini par toucher tout le monde. Si l’on en vient, comme je l’espère, à l’idée que la protection européenne est la bonne solution, au final, gauche et droite seront d’accord. Reste à savoir qui va démarrer le premier.

- Vous avez eu des mots très durs pour « la petite bourgeoisie d’État », qui « ne comprend pas l’économie »…

L’une des forces de la France, c’est son égalitarisme, et la capacité de sa population à s’insurger. Cet esprit de contestation explique dans notre pays la suprématie de la sociologie. En revanche, la France n’a jamais été en Europe l’économie dominante, elle a toujours été, depuis le Moyen Âge, en deuxième position. La pensée économique française est donc restée à la traîne. Il se trouve que notre unique Prix Nobel d’économie, Maurice Allais, un vieux monsieur, est protectionniste ! Alors on décrète que notre vieux Prix Nobel ne vaut rien en économie… Ne soyons pas naïfs, toutes les rigidités ne sont pas intellectuelles, car deux nouvelles catégories de soi-disant économistes sont apparues : des types issus de la haute fonction publique, d’autant plus adeptes du marché qu’ils ne savent pas ce que c’est, et des économistes bancaires, qui sont en fait des commerciaux dont les intérêts sont imbriqués à ceux du système.

- Vous avez prédit en 2003 le déclin américain, qu’on ne voit toujours pas venir…

Je maintiens que si une économie est puissante, cela s’exprime dans l’échange international. Or, les États-Unis, avec 800 milliards de déficit commercial, sont déficitaires avec tous les pays du monde, y compris l’Ukraine. Les États-Unis, c’est le pays des mauvaises bagnoles, des trains qui vont lentement, où rien ne marche très bien, où il est difficile de faire changer un compteur à gaz en dehors des grandes villes, où la mortalité infantile est la plus forte du monde occidental. Où l’informatisation et la robotisation — c’est masqué par l’essor des ordinateurs individuels — est faible. Là-bas, le discours sur l’économie virtuelle, sur « l’immatériel », est un discours délirant. Parce que l’économie, ce n’est pas l’abolition de la matière, mais sa transformation par l’intelligence. De temps en temps, l’état réel de l’Amérique apparaît : face à un événement comme l’ouragan Katryna, l’économie virtuelle, les avocats, les financiers, pas terrible, hein…

- C’est cette Amérique-là qui fascine Nicolas Sarkozy...

Ce n’est pas tant le bushisme de Sarkozy qui est scandaleux, que sa mauvaise maîtrise du temps, son manque d’à-propos, puisqu’il est allé faire allégeance à Bush juste avant que l’énormité de son échec en Irak ne soit reconnue aux États-Unis mêmes ; quant à Ségolène Royal, elle a manifesté une vraie rigidité de pensée en refusant pour l’Iran le nucléaire civil aussi bien que militaire. Je ne vois pas comment ces deux candidats pourraient penser le protectionnisme européen, question qui suppose intérêt pour l’économie, mais aussi maîtrise de la politique étrangère, car la première chose qu’il va falloir faire, c’est négocier avec l’Allemagne !

- L’économie allemande est repartie. En quoi l’Allemagne aurait-elle besoin du protectionnisme ?

Pour les idéologues du libre-échange, l’Allemagne est le pays qui réussit le mieux. Mais de mon point de vue, c’est celui qui arrive le mieux à se torturer lui-même. Au prix d’une terrible compression salariale, l’Allemagne a abaissé ses coûts de production et gagné des parts de marché en Europe, contribuant à l’asphyxie de la France et de l’Italie.

Elle aurait maintenant tout à gagner à un marché européen prospère, où l’on protège nos frontières, augmente les salaires, gonfle la demande intérieure. Tout cela, il faut le penser, être capable de le négocier. Et je ne ressens pas dans notre binôme cette compétence diplomatique…

- Le système libéral peut-il se régénérer ?

Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu’il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les États américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe. La Chine a résolu le problème : c’est un modèle totalitaire qui pratique le libre-échange. Avec la Chine, on parle d’un modèle capitaliste imparfait, alors que c’est peut-être le modèle achevé !

- Si l’Europe se décidait pour le protectionnisme, comment la Chine réagirait-elle ?

Elle s’écraserait parce qu’elle a trop besoin des machines-outils allemandes. Le rétablissement d’une souveraineté économique aux frontières de l’Europe renforcerait nos capacités de négociation. Le protectionnisme, ce n’est pas l’autarcie, on définit des zones de protection, tout peut se négocier. Ce n’est pas un univers idéologique, contrairement au libre-échange qui prétend avoir une recette universelle pour tous les produits.

- Autre sujet polémique, l’Iran, que vous déclarez depuis 2002 être engagé « dans un processus d’apaisement intérieur et extérieur »…

En octobre, dans Marianne, je disais : Ahmadinejad et ses horreurs sur l’Holocauste, ce n’est que la surface des choses, il faut faire le pari d’un Iran avec de vraies virtualités démocratiques, associé à sa spécificité chiite, parce que le chiisme, culture du débat, de la révolte, est une bonne matrice pour la démocratie. Or, que s’est-il passé ? Ahmadinejad s’est pris une claque électorale. Vous remarquerez d’ailleurs que l’Iran, où l’alphabétisation des femmes a fait chuter la fécondité à 2,1, où les étudiants sont en majorité des étudiantes, est un pays qui n’arrête pas de voter ! Il faut donc continuer à dire tout le mal qu’on pense d’Ahmadinejad, mais résister aux provocations, ne pas se laisser entraîner par les États-Unis dans une confrontation.

- Pourquoi l’Europe devrait-elle se rapprocher de l’Iran ?

L’objectif des États-Unis n’était pas seulement de faire la guerre en Irak mais d’entraîner Français et Allemands dans cette guerre, et ils feront de même avec l’Iran. Par ailleurs, l’intérêt des Iraniens est d’importer des machines-outils européennes, celui des Européens, inquiets de la prédominance de la Russie dans leurs approvisionnements énergétiques, est d’avoir un deuxième partenaire. Ma position traduit un désir de paix mêlé d’une géopolitique raisonnable. Mais je crains que les Américains n’attendent la présidentielle française pour déclencher leur attaque sur l’Iran, une fois débarrassés de Chirac. Il faut donc absolument contraindre nos deux candidats à dire ce qu’ils feraient en cas d’attaque américaine."



Chirac nous protégeant de l'apocalypse... Quel monde ! - "La création ne serait-elle pas la chute de Dieu ?"

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